L'autisme mieux compris ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par luc marchauciel » 22 Fév 2012, 10:13

(canardos @ mercredi 22 février 2012 à 09:35 a écrit : voila une interview d'une mère d'un autiste de haut niveau qui à eu à subir la mise en accusation des psychanalystes d qui ne lui ont par ailleurs apporté aucune aide pour son fils:

Témoignage de Muriel, maman de Léonard, 11 ans, autiste de haut niveau

édifiant...

Edifiant, c'est le mot !
Ce témoignage, parmi d'autres (j'en ai entendu plusieurs de vive voix, des comme ça, c'est plutôt la règle que l'exception, j'en ai peur) m'inspire deux réflexions :
1) J'écoutais hier une émission assez surréaliste ("Le téléphone sonne" sur France Inter) sur les effets sanitaires des ondes électromagnétiques, dans laquelle Aurengo s'échinait [en vain, ses interlocuteurs des associations étaient totalement imperméables à ça] à rappeler les résultats de 46 études sur les électrohypersensibles montrant qu'en aveugle on ne pouvait détecter aucune sensibilité particulière chez eux aux ondes, et que donc continuer à parler pour eux "d'électrohypersensibilité", c'était poser un faux diagnostic qui non seulement n'allait pas les aider, mais même les enfoncer, en empêchant l'accompagnement psychiatrique dont ils auraient besoin pour gérer leur phobie. Là, c'est exactement la même chose : l'indifférence aux recherches scientifiques et le fait de s'accrocher à des présupposés "idéologiques" débouche sur un faux diagnostic qui peut aggraver le mal [par manque de prise en charge plus performante, mais aussi en pourrisant la vie des parents et en rajoutant des problèmes psychologiques dans la famille]
2) Dans une certaine mesure [mais seulement dans une certaine mesure, parce que ça peut agir sens inverse aussi pour d'autres pseudosciences], Internet va contribuer à faire disparaître une pseudo-science comme la psychanalyse cf dans beaucoup de témoiganges, on voit que grâce à Internet, des parents ont eu accès facilement à une information sur ce qui se pratique ailleurs qu'en France, et on eu les moyens intellectuels et les connaissances pour s'opposer aux institutions gangrénées par l'approche psychanalytique.
luc marchauciel
 
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Message par canardos » 22 Fév 2012, 16:58

canardos
 
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Message par canardos » 22 Fév 2012, 17:03

et encore un autre témoignage d'une maman qui s'est encore fait culpabiliser à mort...le psychiatre a vraiment été odieux...le mur à coté c'est de la gnognotte...

une maman de Antony témoigne du parcours de sa fille, autiste
canardos
 
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Message par canardos » 23 Fév 2012, 09:15

Dans le Monde d'hier il y avait deux points de vue sur l'autisme,

D'une part celui d'"un philosophe" à la con, Jean-François Rey, dont je vous épargne la prose sauf quelques formules.

Le monsieur confond psychanalyse et psychiatrie "c'est la psychiatrie qu'on attaque" dit il dans son titre,

Il plaint le professeur Delion, le grand pratiquant du packing, "dont on ne dira jamais assez la gentillesse et l'esprit d'ouverture"

il accuse les parents d'autistes à cause de leur "haine" de s'opposer à des soins qui faisaient du bien à leurs enfants, "Menée à son paroxysme, la haine vise à soustraire l'enfant souffrant à une pratique qui vise pourtant à le soulager."

il refuse de reconnaitre bien sur que l'autisme n'est pas une maladie mais un handicap. Il ose dire "Si la psychiatrie n'est plus dans l'homme, on assistera à des pratiques de contention et de répression que l'on signale déjà ici ou là."...alors qu'il defend le packing, pratique de contention si il en est!

il dénonce bien sur le "scientisme" et se contredit toutes les deux phrases en disant dans la foulée

a écrit :

Il faut insister là-dessus : la psychanalyse, discipline libérale, ne s'autorisant que d'elle-même, selon les termes de Lacan, indépendante du discours universitaire mais mobilisant toutes les ressources de la science et de la culture, n'a jamais prétendu se dérober au débat scientifique. "



bref, un papier plein d'une bêtise haineuse qui prétend pourtant que la haine est de l'autre coté...du coté des parents d'enfants autistes manipulés.

voila le lien vers l'article complet

autisme, c'est la psychatrie qu'on attaque

pour que vous vous fassiez votre opinion et que vous voyiez que je n’exagère pas.

en face un article intéressant de deux neuroscientifiques et d'un pédopsychiatre, des affreux "scientistes"...

a écrit :

Ni rituel psychanalytique ni réductionnisme génétique !
LEMONDE | 22.02.12 | 14h32  •  Mis à jour le 22.02.12 | 14h32

Les débats homériques en cours sur les causes de l'autisme laissent perplexe toute personne un tant soit peu informée sur la réalité de cette maladie. Des conflits idéologiques, forts éloignés de la réalité médicale et biologique, semblent fleurir particulièrement dans l'autisme. Il convient de rappeler quelques faits qui ne sont pas contestables.

1. L'autisme est une maladie précoce qui prend naissance le plus souvent pendant la grossesse. On trouve plus de neurones dans certaines régions cérébrales des enfants autistes. La prolifération cellulaire ayant lieu exclusivement in utero chez l'homme, cette preuve ne peut être contestée. L'autisme est une maladie du développement cérébral avec la formation très tôt de réseaux neuronaux aberrants qui rendent difficile la communication des enfants autistes dès leur plus jeune âge.

2. L'autisme a parfois une origine génétique, mais l'environnement joue un rôle crucial. On a pu identifier des mutations génétiques dont l'expression chez l'animal cause des malformations et un "comportement autistique". Ces mutations, qui ont un impact sur la formation de connexions entre cellules nerveuses, entraînent dans le cerveau de l'embryon un cercle vicieux avec des effets délétères sur les régions atteintes.

3. Des études épidémiologiques montrent une bonne dizaine de facteurs de type environnementaux ayant un rapport avec l'autisme. Ainsi, une étude danoise des corrélations entre autisme et complications à la naissance montre plus de soixante facteurs périnataux liés à l'autisme, y compris une présentation anormale du bébé lors de la naissance, des complications de type ombilicale/placentaire, une détresse foetale, une lésion ou un trauma néonatal, une naissance multiple, une hémorragie maternelle, une naissance en été, un faible poids à la naissance, une petite taille pour l'âge gestationnel, une malformation congénitale, des difficultés de nutrition, une anémie néonatale, une incompatibilité ABO (les trois groupes sanguins) ou de type rhésus.

La probabilité d'avoir un enfant autiste augmente de façon significative quand deux facteurs sont réunis. Des toxiques tels que les métaux lourds et les pesticides ont aussi une incidence sur l'expression de la maladie. En résumé, l'autisme est une maladie développementale multifactorielle.

4. Une malformation cérébrale est un phénomène "biologique" qui ne nage pas dans l'éther et ne se guérit pas avec des mots. Parler de la responsabilité de la mère et de vouloir guérir les rapports avec son enfant fait fi de cette réalité biologique. Par exemple, l'ocytocine - une hormone libérée pendant la naissance et l'allaitement joue un rôle certain dans l'attachement mère-enfant. Imaginons que cette hormone marche moins bien chez une mère et son enfant ; va-t-on l'accuser d'en être responsable et va-t-on guérir ce rapport difficile avec des mots ou plutôt avec l'hormone déficiente ? Il faudrait rappeler que même les aspects affectifs qu'affectionnent les psychanalystes ont par essence un substratum biologique. La prétention des psychanalystes de guérir cette maladie avec des séances de psychanalyse ne tient pas, car on ne peut pas ignorer la biologie. Le manque de fondement scientifique de cette branche et le fait qu'elle s'affranchit du minimum de preuves statistiques auxquelles sont astreints tous ceux qui veulent développer des traitements est inacceptable.

De plus, non seulement les preuves d'une quelconque amélioration sont toujours attendues, mais de plus la méthode provoque des dégâts en culpabilisant les mères et en faisant prendre du retard à l'enfant pendant que celui-ci est privé d'une éducation qui pourrait l'aider à se développer. A l'autre extrême, le réductionnisme génétique procède d'une simplification abusive qui, tout en dédouanant les mères de leurs responsabilités, ne tient pas compte des facteurs environnementaux.

On a pu identifier des centaines de mutations associées à l'autisme, dont plusieurs sont aussi à l'origine d'autres maladies neurologiques. Il y a donc plusieurs gènes pour une même maladie et plusieurs maladies pour un même gène montrant la difficulté du diagnostic et rendant une thérapie génique illusoire. Cette double OPA sur une maladie et des parents dont le courage mérite plus de respect et d'admiration n'a pas lieu d'être. Cette maladie et son traitement posent un problème redoutable aux chercheurs, qui doit être abordé avec pragmatisme et sérieux. Les parents rapportent souvent avoir vécu la prise en charge de leur enfant comme une épreuve, d'une part par la culpabilisation maternelle qu'elle engendre, mais surtout en proposant une hiérarchie des priorités, souvent sans prendre en compte les objectifs essentiels d'autonomie et d'intégration. Les parents ont souvent à juste titre le sentiment d'être dépossédés de leur fonction parentale, incapables qu'ils seraient de faire des choix pour leur enfant.

Il faut avoir le courage de dire que cette maladie ne va pas être guérie au sens où on l'entend avec une aspirine. Des méthodes différentes peuvent permettre d'améliorer le quotidien des parents, tant mieux, c'est déjà cela ! La guéguerre entre droite et gauche n'a pas lieu d'être ici, marier la gauche avec la psychanalyse est aussi simpliste que prétendre que les approches comportementales sont de droite. Commençons par comprendre comment se construisent ces réseaux aberrants, comment réduire leurs effets nocifs sur les réseaux voisins et, surtout, comment arriver à réduire tout cela le plus tôt possible, et on aura avancé.

Cessons de promettre la guérison miraculeuse à partir d'un gène ou d'une molécule qui effacera les séquelles des malformations développementales. C'est en bloquant ces activités aberrantes avec des outils pharmacologiques que les promesses les plus sérieuses sont en cours de développement. En attendant, une approche à la carte sans menu fixe et sans hégémonie s'impose, mais elle doit être basée sur des méthodes qui ont fait leurs preuves.


Yehezkel Ben-Ari, neurobiologiste, président de l'association Vaincre l'autisme ; Nouchine Hadjikhani, neuroscientifique, membre du conseil scientifique de Vaincre l'autisme et Eric Lemonnier, pédopsychiatre au CHU Brest


ps: "vaincre l'autisme" dont Yehezkel Ben-Ari est président et Nouchine Hadjikhani, est membre du conseil scientifique, est une association de parents d'enfants autistes
canardos
 
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Message par luc marchauciel » 23 Fév 2012, 09:16

Sur un blog de Médiapart, un très bel article sur "psychanalyse et autisme", qui est à la fois un témoignage de parent et une implcable argumentation sur le fond.
Je poste le début, la suite ici :


http://blogs.mediapart.fr/blog/camille-lef...comment-1707319

a écrit :
AUTISME et PSYCHANALYSE


22 Février 2012Par Camille Lefèvre



"L'autiste n'est pas un handicapé mental, mais un sujet au travail pour tempérer son angoisse."

http://www.radio-a.com/index.php?option=co...878c98072b01f28

Cette affirmation est extraite d'un site dédié à la psychanalyse. En cela, la phrase respecte la Classification française des troubles mentaux de l'enfant et de l'adolescent, ( CFTMEA ), qui affirme que l'autisme est une psychose, non un handicap. La science, depuis quelques années, a commencé de montrer que les origines de l'autisme sont très diverses. Souvent elles se combinent pour former un ensemble de pathologies extrêmement complexes. Celles-ci peuvent être neurologiques, génétiques (à l'heure où je vous parle, on cite le chiffre de 25 %), et/ou métaboliques, immunologiques, etc. Ces connaissances apportent les premières pierres de la compréhension des pathologies autistiques.Elles interdisent désormais toute personne honnête et sérieuse de prétendre que l'autisme est une psychose. Refuser que la connaissance soit un pilier de toute réflexion sur les autistes (ou de toute pathologie par ailleurs) est de l'ordre du mensonge et de la tromperie intellectuelle. Cette attitude de la psychanalyse est à rapprocher de celle de l'Eglise quand elle soutenait que la terre était au centre du monde alors que la science commençait de démontrer la réalité physique du mouvement des astres.

Devant ces faits (des faits, je le répète, pas des hypothèses), les parents et les personnes concernées par la prise en charge du handicap autistique réfléchissent. Ils ne décident pas de partir en guerre contre la psychanalyse parce qu'ils se sont inventés un monstre repoussant. Ils le décident parce qu'ils se rendent compte que, malgré les connaissances, des hommes et des femmes représentant la psychanalyse continuent un peu partout en France (les témoignages sont très nombreux) à ne pas voir ou accepter les progrès scientifiques, qui montrent jour après jour que les causes de l'autisme sont exogènes à toute problématique psycho-sociale. De nombreux pays ont depuis longtemps ont intégré ces connaissances dans leurs pratiques, mais la France reste à la traîne pour une raison simple. Les pratiquants de la psychanalyse sont présents dans la majorité des instances publiques de soins et les parents ont affaire à des degrés divers à leur pouvoir. Ceci n'est pas une affaire de complot, qu'on ne se méprenne pas sur le propos. Il s'agit d'une réalité que chaque parent d'enfant autiste a pu traverser d'une manière ou d'une autre, le plus souvent de manière douloureuse. Que vous alliez vers un CMPP, un hôpital de jour, un IME et j'en passe, vous rencontrez très souvent des psychologues, des psychiatres, des psychanalystes, qui prennent en charge vos enfants au nom de théories, d' idéologies antiscientifiques, nous venons de l'expliquer et nous allons continuer de le faire. Si les psychologues et les psychiatres rencontrés s'appuyaient sur des connaissances, ils ne pourraient plus inclure, d'aucune façon, l'état psychique de la mère, de la famille dans l'équation de la problématique du handicap autistique. Ils continuent de le faire, les témoignages sont légions, et cela a pour résultat des culpabilisations, des remises en cause, et partant, des souffrances familiales injustes et inacceptables. C'est exactement comme si un de vos parents contractait un virus mortel et qu'on vous désignait pour partie responsable.

Une des phrases emblématiques des psychanalystes est celle-ci : "il faut attendre que le désir de l'enfant se manifeste". Combien de fois les parents d'autistes ont entendu cette phrase ? Celle-ci découle des théories psychanalytiques et, n'ayons pas peur de l'affirmer, elle est criminelle. Elle a permis de laisser croupir des milliers d'enfants autistes sans chercher un moyen de les éveiller à la vie, à la communication, à la socialisation. Ceci est une réalité. Pas un fantasme. Quand nous avons dû choisir un premier établissement pour mon enfant, ma femme et moi, le psychiatre directeur, charmant et doucereux comme on sait souvent l'être dans la profession (je parle de témoignages vécus, pas de calomnie), fait comprendre "qu'on observera l'enfant", "qu'on sera là pour surprendre son désir", "qu'on observera ses stratégies"....etc. Ensuite, nous avons été reçus, ma femme, mon enfant et moi, par une psychologue référente pour une place dans un autre établissement. Pendant les différents entretiens, celle-ci parlait à l'enfant à trois mètres de distance et, au cours de la conversation, faisait parler sa mère de sa grossesse, de sa situation psychologique pendant ce moment ("vous aviez beaucoup de travail ?" Vous étiez surmenée ?"). Primo, cette psychologue n'avait aucune connaissance de l'autisme. Si elle en avait eu, elle se serait approché de l'enfant, en imaginant que des déficiences visuelles pouvaient l'empêcher de discriminer ses traits de là où elle était. Secundo, elle n'aurait pas posé toutes ces questions sur la vie in-utéro de l'enfant. Le vécu psychique de l'enfant, celui de la mère ou de quiconque n'a rien à voir avec la survenue de l'autisme. C'est encore plus patent pour mon fils, qui est un cas très particulier d'enfant qui a eu une enfance normale à tout point de vue et qui a basculé dans le monde de l'autisme à l'âge de cinq ans. Un grand mal épileptique s'est déclaré et l'enfant qui avait un langage choisi, qui était gai, avait des copains, suivait allègrement sa maternelle, a connu un accident neurologique majeur, qui l'a transformé en un autre être. Un enfant avec un trop petit hippocampe. Des lésions. Un tracé électro-encéphalographique anormal. Une épilepsie majeure. Ce sont des faits. A partir de ces vérités qui expliquent en partie sa pathologie, parler aux parents de l'équilibre psychique de la mère est non seulement irrecevable, non seulement antiscientifique, mais aussi indécent, intolérable et criminel.

Mais le caractère dogmatique et idéologique de la psychanalyse ne s'arrête pas là. Il concerne non seulement les causes de l'autisme, nous venons de le voir, mais aussi la compréhension des manifestations autistiques et la prise en charge des enfants, découlant de son erreur première sur les causes. Examinons d'abord les manifestations autistiques. La psychologie enseigne :

" Les caractéristiques générales de l'autisme.(...) L'enfant paraît ne pas entendre. ne pas voir, une pseudo surdi-cécité (...) un désintérêt à l'égard des personnes (adultes comme enfants) , il se comporte comme si les autres n'existaient pas. (...) Le regard est périphérique. (...) Une absence de manifestation affective. (...) Un besoin d'immuabilité. Un besoin impérieux et tyrannique de l'autiste de maintenir l'environnement immuable (...) c'est comme si l'enfant voulait annuler la temporalité et rester dans le présent immédiat immuable. Dans le cas où cela n'est pas respecté on a droit à des crises de rage. (...) Les stéréotypies (...) autour des toilettes ils ont peur quand la chasse emporte l'intérieur de leur corps (angoisse de liquéfaction). "

http://www.delapsychologie.com/article-l-a...t-49314278.html

C'est une vision simpliste et erronée de l'autisme qui nous est donnée d'entendre là. Certains enfants vous tournent le visage pour attirer votre attention (le mien passe un temps fou à vous fixer du regard). Si les autistes se comportaient toujours comme si les autres n'existaient pas, une flopée d'entre eux ne donneraient pas la main pour marcher, ne vous donneraient pas de baisers, ne vous demanderaient pas d'un geste de s'asseoir à côté d'eux, etc. etc. Quant aux besoins de maintenir l'environnement immuable, là encore, cela ne concerne pas de loin tous les autistes, qui sur une période donnée peuvent changer plusieurs fois d'habitudes de rangement, de placement de leurs jouets, des objets usuels, etc..  Enfin, il n'est que de voir l'excitation et le sourire de mon gamin quand il tire la chasse et voir partir ses grosses crottes pour être assuré de son angoisse. Tout ceci démontre que la psychanalyse a une méconnaissance totale de la grande diversité, de la grande pluralité des désordres autistiques. En permanence, elle porte un discours sur cette prétendue psychose à coups de généralités, ou de propos péremptoires imbitables et décontextualisés.

Ce dernier point est très important et nous conduit à la prise en charge des enfants. Nous allons distinguer ici les autistes dit de haut niveau, qui peuvent exprimer d'une manière ou d'une autre leur vécu (une petite minorité) de la grande majorité d'enfants dont le handicap mental est souvent très lourd. C'est de ces derniers dont il est question ici. Face au handicap, les médecins, les parents ou les éducateurs n'ont pas de solution miracle. Il n'existe pas encore de médicaments pour soigner leurs enfants. Si la science a commencé de leur expliquer les causes des désordres autistiques, elle n'a que peu de moyens de les aider dans les myriades de difficultés auxquelles ils sont confrontés. C'est pour cette raison que de nombreux thérapeutes ont travaillé année après année à des savoirs pédagogiques, et qu'ils ont fait émergé des méthodes pour améliorer la compréhension, la communication, la socialisation, entre autres, des handicapés. De multiples pratiques ont émergé (PECS, MAKATON, ABA, TEEACH font partie des plus connues d'entre elles). L'important pour les personnes qui s'occupent d'autistes, est de savoir si ces méthodes peuvent les aider à améliorer la vie de ces handicapés. Et des milliers de parents témoignent, jour après jour, de tous les profits qu'ils en ont obtenus. Les parents et les éducateurs sérieux les appliquant ne prétendent pas que telle ou telle détient la vérité. Dans la plupart des établissements qui les introduisent, il n'est pas rare qu'elles cohabitent. La méthode PECS a permis à des enfants sans langage de communiquer par le biais des images. Quel plaisir, quelle liberté pour un enfant de se saisir d'une image de tablette de chocolat pour obtenir ce qu'il désire ! La méthode Makaton a permis à  d'autres enfants qui n'ont pas cette aptitude visuelle de communiquer par signes, copiés sur le langage des sourds-muets. Tout ceci concourt à améliorer la vie des autistes. Leur communication, leur autonomie, leur liberté, en un mot leur bien-être. Aucune méthode, aucune pratique éducative reconnue ne jette le discrédit sur une autre. Les unes ou les autres sont plus ou moins adaptées à la problématique de chaque enfant.
luc marchauciel
 
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Message par luc marchauciel » 23 Fév 2012, 09:30

Le premier papier que tu as posté, Canardos, celui du philosophe à la con, est une caricature ridicule.
Le deuxième papier est évidemment beaucoup plus intéressant [à la base, il suffit de regarder les qualifications des uns et de l'autre pour s'en douter de toutes façons], mais il me pose quand même un problème. Il y a un truc, une méthode dans les débats publics qui consiste à définir deux positions antagonistes, et se présenter soi-même comme un modéré qui se situe au juste milieu entre ces extrèmes. Ce n'est pas sur un forum de trotskyste que je vais avoir besoin de développer pourquoi c'est vaiment pénible comme attitude. Ce qui compte dans la vie, c'est de dire des choses vraies et de faire des choses efficaces, pas d'être dans un juste milieu permanent et illusoire.
Là, pour se conformer à ce positionnement qui donne toujours beaucoup de crédit et dégage l'impression d'être au dessus de la mêlée, les auteurs se présentent comme rejetant d'un côté la psychanalyse et de l'autre le tout-génétique.
Ce qui me pose le problème suivant : la psychanlyse, je vois bien ce que c'est, et on a posté assez de trucs récemment ici pour qu'on voit ce que ça représente en pratique. Mais le "tout-génétique"... c'est quoi ? c'est qui ? Qui pense que tout s'epxlique par la génétique, sans intercation avec l'environnement ? Qui dit ça ?
Ceux qui s'opposent à la psychanalyse sur l'autisme ne disent pas du tout que c'est- une trouble purement génétique et que la compréhension de la chose via la génétique permettra de résoudre le problème [ils soutiennent même justement des méthodes éducatives qui ne postulent rien à propos des causes de la maladie, mais s'efforcent juste de ne pas être en contradiciton avec ce que l'on en sait, contrairement aux psychanalystes].

ça m'énerve un peu qu'ils se sentent obligés d'inventer un ennemi imaginaire, qui est un pur fantasme, pour donner l'impression d'avoir une position équilibrée.
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Message par canardos » 23 Fév 2012, 13:11

c'est vrai Luc, le seul problème c'est de savoir si l'autisme est un handicap d'origine organique ou d'origine psychique.

et si il s'agit d'un handicap et non d'un trouble psychique le fait de savoir si ce handicap organique résulte d'un ou plusieurs gènes, d'un accident du développement du fœtus, ou d'une interaction entre accident du développement et une fragilité génétique a surtout de l’intérêt pour déterminer des traitements médicamenteux efficaces.

par contre connaitre exactement la nature des déficiences organiques qui entrainent les troubles mentaux doit aider à trouver les méthodes éducatives les plus efficaces pour contourner ces déficiences.

En effet le cerveau humain se construit progressivement dans une interaction avec le milieu. si on laisse un jeune enfant autiste sans éducation adaptée et intensive des les premières années on empêche ce développement, on provoque une régression et on accroit le handicap au lieu de le réduire et d'aider l'enfant à se développer malgré le handicap.

c'est cette inaction qui est peut-être le pire crime de la psychanalyse vis à vis des enfants autistes, un crime qui s'ajoute à celui commis en culpabilisant les mères.

pour continuer sur les pistes réellement scientifiques, voila un article sur les interactions entre gènes et environnement et leur effet sur certaines formes d'autisme:

a écrit :

Autisme: la science cible les interactions entre gènes et environnement


VANCOUVER - Les chercheurs commencent à cerner les interactions entre gènes et environnement pouvant conduire à l'autisme, ce qui devrait faire avancer la compréhension de ce syndrome complexe de l'enfance, selon des travaux présentés lors d'une conférence internationale à Vancouver.

L'autisme est un trouble très complexe résultant de nombreuses variables qui impliquent des centaines de gènes, a expliqué le Dr Scott Selleck, biologiste moléculaire à l'Université de Pennsylvanie (est des Etats-Unis), lors de la conférence annuelle de l'association américaine pour l'avancement de la science (AAAS).

Ce symposium réunissait quelque 8.000 scientifiques de toutes les disciplines et de plusieurs pays, du 16 au 20 février à Vancouver au Canada.

Le défi est d'identifier les variations génétiques importantes liées à cette déficience mentale ainsi que les facteurs environnementaux clé, et de déterminer comment ils interagissent les uns les autres pour provoquer l'autisme, a poursuivi le Dr Selleck.

De nombreuses études ont déjà révélé que les duplications ou les délétions de groupes de gènes peuvent être liées à un risque accru de ce syndrome, rappelle Scott Selleck.

Il a expliqué que selon ces recherches, les régions du génome affectées par ce phénomène seraient particulièrement sensibles à des substances chimiques présentes dans l'environnement.

Nous devons poursuivre nos efforts dans cette direction pour déterminer si elles (ces substances) altèrent l'expression génétique de certains sujets vulnérables au stade de leur développement, a-t-il dit, ajoutant que cela est vraiment la grande question.

Un autre facteur clé est le moment où cette interaction se produit dans le développement du cerveau de l'enfant, a insisté ce chercheur.

Des études sur des cellules souches neuronales montrent qu'il existe des périodes critiques dans le développement de ces cellules cérébrales immatures, notamment lors de leur division et lorsqu'elles deviennent des neurones ou des cellules gliales.

Ce sont à ces moments cruciaux que l'impact de certaines substances chimiques pourrait avoir le plus d'effet, a insisté le Dr Selleck.

Des expériences menées sur des souris par Janine LaSalle, immunologiste à l'Université de Californie à Davis (ouest), ont montré que les effets d'un ignifugeant commercial sur le développement cérébral et les fonctions cognitives de ces animaux sont similaires à ceux de l'autisme.

Le produit anti-feu utilisé est présent dans les appareils électroniques, les moquettes, les meubles et la literie.

Pour cette expérience, Janine LaSalle a créé un modèle de souris génétiquement prédisposée au syndrome de Rett, trouble neurologique touchant les filles et associé à l'autisme.

Elle a pu ainsi déterminer si une exposition à ce produit anti-feu, à des doses comparables à celles auxquelles la population est exposée, pouvait provoquer des symptômes similaires.

Les souris femelles ont été soumises à cette substance avant leur conception (via leur mère), au stade foetal et pendant la lactation. Elles ont ensuite été testées jusqu'à l'âge adulte pour mesurer les effets à long terme de la substance.

Les résultats ont montré que cette exposition a eu des conséquences néfastes sur la sociabilité, la capacité d'apprentissage et la croissance de ces animaux, a expliqué le Dr LaSalle à Vancouver.

Le Dr Pat Levitt, un neurologue de l'Université de Californie du Sud et expert de l'autisme, a quant à lui démontré qu'être exposé au benzopyrène des gaz d'échappement des moteurs diesel réduisait la production de méthionine, une protéine essentielle pour la communication des neurones.


(AFP / 22 février 2012)

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Message par canardos » 23 Fév 2012, 21:40

je voudrais revenir sur le lobby psychanalytique et sur la chaine France Culture.

lorsque le ministre de la Santé Douste-Blazy céda à la pression de supporters de la psychanalyse en retirant du site internet de son ministère le rapport de l’INSERM sur l’évaluation des psychothérapies (commandé par ses propres services à la demande d’associations de patients !), rapport très défavorable à la psychanalyse il en fit l’annonce lors d’un "forum psy" lacanien tenu le 5 février 2005 à la Mutualité ; son allocution commençait par : « Cher Jacques-Alain Miller, cher Bernard-Henri Levy, chère Catherine Clément » : trois personnes qui n’ont jamais vu un patient de leur vie. Or Catherine Clement est aussi productrice à France Culture, et Abounouwas a donné obligeamment le lien vers une émission sur l'autisme où elle a servi la soupe aux psychanalystes de façon éhontément partiale.

voila un billet d'humeur trouvé sur le site "soutenons le Mur" à propos de cette émission de France Culture. je ne suis pas le seul à avoir été indigné!

a écrit :

Billet d’humeur : Autisme & Psychanalyse : France Culture manipule-t-elle l’opinion ?

par David Heurtevent, Asperger, MA Georgetown


« De tous ceux qui n’ont rien à dire, les plus agréables sont ceux qui se taisent. »

Coluche

Écouter France Culture est un supplice. Les intellectuels naphtalinés germano-pratins nous offrent des séances quotidiennes de masturbation verbale financées par le contribuable. Dès lors, il n’est point surprenant que France Culture soit le principal relais médiatique de la psychanalyse, puisque les mécanismes pseudo-humanistes, franchouillards, verbeux et financiers sont du même ordre.

L’émission « La Grande Table », le magazine de la mi-journée sur France Culture, animé par Caroline Boué, du 10 février 2012 a été un summum de mensonge et de condescendance, au point que nous pouvons nous poser la question : France Culture manipule-t-elle l’opinion en faveur de la psychanalyse ?

Rappel des antécédents sur France Culture

Il convient d’abord de rappeler les épisodes précédents :

Le 7 décembre 2011, la psychanalyste Caroline Elachieff y qualifiait, dans sa chronique hebdomadaire, le travail de Sophie Robert « d’abus de confiance », qualification pénale, alors même que la procédure des psychanalystes est une procédure civile et que l’audience n’avait pas encore eu lieu.

Le 14 janvier 2012, l’émission « Le Grain à Moudre » n’invitait que des partisans de l’institutionnalisation des enfants et deux psychanalystes face au partisan associatif le plus tiède sur la question du débat entre psychanalyse et comportementalisme.

Cette fois-ci l’accusation est beaucoup plus grave. L’écoute de l’émission, outre un choix partisan des invités (tous proches de la psychanalyse ou ayant des conflit d’intérêts avec ce mouvement), un certain nombre de propos mensonger.

Nous proposons au lecteur de réécouter en préambule la version audio de l’émission afin qu’il se fasse sa propre opinion. La liste des invités est également consultable sur le site de l’émission « La Grande Table »

Les mensonges de Catherine Clément

Catherine Clément, Philosophe et écrivaine, fondatrice et directrice de l’université populaire du Musée du Quai Branly (depuis 2003) et productrice sur France Culture de l’émission « Cultures de soi, cultures des autres » était la première chroniqueuse de la Grande Table.

Après avoir annoncé qu’ « Elibabeth Rodinesco a fait aussi également un excellent article dans le Huffington Post » (03:32), elle se lance dans une attaque de la proposition de loi de Daniel Fasquelle et évoque une « lettre ouverte de remontrance » d’Edwige Antier, psychanalyse et députée UMP, « pas piquée des hannetons ». Elle s’exclame par exemple : « Un député se croit autorisé à légiférer sur les thérapeutiques comme si les lois mémorielles légiférant sur l’histoire des peuples ne suffisaient pas. Là, on est vraiment dans le délire. » (08:39).

Plus grave, Catherine Clément ment ou manipule à plusieurs reprises :

Catherine Clément manipule l’opinion concernant le documentaire « Le Mur »

Elle annonce que « la  documentariste Sophie Robert, auteur du film « Le Mur » [...] a été lourdement condamnée pour atteinte à l’image et à la réputation de trois psychanalystes lacaniens qui avaient porté plainte » (04:24).

A nouveau, France Culture fait croire que la procédure est pénale, alors que celle-ci est civile !  De plus, la condamnation est frappée d’appel.

Catherine Clément ment sur l’action de Vaincre L’Autisme

Catherine Clément s’attaque ensuite aux manifestations organisées à Lille le 16 février par Vaincre L’Autisme affirmant que ces manifestations sont contre les professeurs Delion et Cohen (04:36)

En réalité, il convient de rappeler que Vaincre l’Autisme a appelé à une manifestation contre la pratique du packing et contre l’interdiction de diffusion du film « Le Mur ».

Catherine Clément justifie le packing

Catherine Clément soutient ensuite ouvertement le packing. Elle parle d’un « enveloppement temporaire de linges froids à 10° et humides et ça ne dure pas longtemps, c’est un simple enveloppement et ces deux médecins soutiennent sur ce sujet une recherche scientifique qui a été au demeurant validée en 2008» (05:00).

Il convient de rappeler qu’une séance de packing dure 45 minutes, que la température du sujet descend à 36° et que des enfants de trois ans sont sujets à cette étude. Elle parle de validation, sous-entendant qu’elle est valide scientifiquement, alors même qu’il ne s’agit que d’une autorisation, que d’ailleurs nous considérons comme immorale et contraire au droit international.

« Pas plus qu’on ne peut démontrer la nocivité systématique du packing, je crois qu’il n’y a eu qu’un accident grave, mais on ne peut pas démontrer du tout la nocivité systématique. Moi ce que je constate sur le packing […] c’est que cela ressemble énormément à d’autres thérapies utilisées avec succès dans d’autres civilisations et à beaucoup de rites d’initiation qui fonctionnent à peu près comme ça comme le montre les récits d’ethnologues.

Catherine Clément défend une approche multidisciplinaire non validée

Parlant d’un jeune qui serait sorti de l’autisme « grâce à une combinaison de pratiques multiples comportementales et psychanalytiques » (05:51). « C’est très banal, beaucoup de professionnels emboîtent les pratiques les unes dans les autres. » (06:01)

Il convient de rappeler qu’aucune recommandation internationale dans l’autisme ne reconnaît les pratiques psychanalytiques comme utiles et scientifiquement validées dans l’autisme et que ce n’est pas parce que beaucoup de professionnels utilisent ces techniques qu’elles sont efficaces et recommandables.

Catherine Clément attaque les définitions des Troubles du spectre autistique

Catherine Clément attaque frontalement les définitions du spectre autistique telles que reconnues par les classifications internationales (CIM10 ou le DSM IV) ou la nouvelle définition de la HAS.

« Comment est ce qu’on peut classer dans une même catégorie, avec le même mot,  un autiste dit de haut niveau ou asperger, généralement bavard, surdoué dans un seul domaine et un autiste qui n’a pas accès au langage, pour moi c’est un mystère » (06 :20).

Il convient de rappeler que l’autiste est un trouble du développement et de l’interaction sociale et que la qualité du langage n’est pas critère diagnostique. Par ailleurs, Catherine Clément ne distingue pas autisme de haut niveau et asperger qui font l’objet de catégorisations séparées, à l’heure actuelle.

« On sent bien que les définitions de l’autisme qui sont venues des classifications américaines et aussi beaucoup du Canada, […] sont floues, peu étayées. Par exemple, la causalité génétique dont on nous rebat les oreilles n’est pas systématiquement démontrée. C’est une simple hypothèse. »

Il convient de rappeler que l’autisme fait l’objet de caractère diagnostiques précis dans le DSM IV et de batteries de tests validés (ex. Travaux des professeurs Simon Baron Cohen ou Gilberg). Par ailleurs, la causalité génétique est reconnue et fait l’objet de nombreuses publications même en France (cf. publication de l’Institut Pasteur du 9 février 2012 sur SHANK2).

Quelle est sa compétence pour parler d’autisme ?

Aucune, elle n’a pas qualité ni de médecin, ni de psychologue, ni même de psychanalyste. « Je ne suis ni médecin, ni psychanalyse, ni pédiatre », indique-t-elle (05:36).
Geneviève Brisac ou la condescendance vis-à-vis des parents

Le second invité était Geneviève Brisac, écrivaine, normalienne et agrégée de lettres, qui « s’intéresse à la psychanalyse », et qui était là de son propre « J’ai plus pour des choses à écouter qu’à dire » (13:51). Elle parle cependant des intentions des parents avec une certaine condescendance. Elle parle de « violence », d’un « coté passionnel » qui relèvent d’une « haine de l’incertain et de la connaissance aussi » (14:02). Elle évoque des « parents débordés […] par l’angoisse, la douleur, la peur… » (14:50)  Pour elle « il s’agit bien de maladie » (16:12).
Bernard Granger ou un cogniticien devenu l’allié objectif des psychanalystes

Le troisième invité était  Bernard Granger, psychiatre et psychothérapeute, membre de l’association française de thérapies cognitives et comportementales, professeur à l’Université Paris Descartes, et responsable de l’unité de psychiatrie de l’hôpital Tarnier à Paris. Malheureusement, quatre éléments démontrent un positionnement pour le moins prudent. Premièrement, celui-ci travaille et enseigne avec une psychanalyste en charge de la maison des adolescents à l’hôpital Cochin à Paris. Or, il avoue la difficulté à avoir un poste quand on n’est pas « dans la ligne du parti » (00:00). Deuxièmement, il y a un conflit d’intérêt, puisque le magazine « Books » auquel il est associé, a un accord avec l’émission (02:33). Troisièmement, c’est un partisan en réalité de la neuro-psychanalyse et des approches combinées : «La meilleure chose c’est de combiner les approches » (13:36). Quatrièmement, il pense, comme les psychanalystes, que « Elle [Sophie Robert] les [les psychanalystes] a piégé puisqu’elle a sélectionné ce qui était le plus à charge et le plus caricatural pour donner une image déformée de ce que les psychanalystes, ou du moins ceux qui sont interrogés ont de l’autisme » (25:55), alors même que ce monsieur n’a pas vu les rushes.

On retiendra de l’intervention de Bernard Granger un discours double :

    « Et, ce que dit Catherine Clément est très vrai, c’est la combinaison de pratiques multiples qui donne les meilleurs résultats mais encore faut-il qu’ils aient accès à l’ensemble des pratiques. » (10:21)
    « Monsieur François Fillon… passons. » (10:47)
    « Je trouve que tout cela se fait dans une ambiance un peu médiévale, procédurière, y a de la sorcellerie. » (10:50)
    « Pour les uns les psychanalystes sont des diables, pour les autres, les comportementalistes sont des barbares. Je crois qu’il faut dépassionner le débat, ce qui n’est pas facile du tout. » (11:03)
    «  Il y a l’affaire des parts de marché dont vous parliez, c’est vrai que cela rentre en ligne de compte. »  (11:14)
    « Je connais bien le milieu universitaire et pédopsychiatrique. Il est évident qu’il y a une dominante psychanalytique majeure et c’est même très difficile de faire carrière et d’avoir un poste si on n’appartient pas à ce courant » (12:24).
    « On forme les internes à la psychothérapie et on les forme aux différents courants […] En matière de psychiatrie d’adulte c’est beaucoup plus ouvert. En matière de pédopsychiatrie, et c’est l’une des explications de la fureur des parents, c’est que certains aimeraient que leur enfant bénéficie de ce type d’approche et on leur oppose un refus, parce qu’il n’y a pas de gens formés ou parce que ça ne correspond pas à la façon qu’a le chef de service de voir les choses. Et s’il y a un retard en France, c’est de ce coté là. Mais comme vous le disiez tout à l’heure je ne pense pas qu’il faille passer d’un extrême à l’autre et la meilleure chose c’est de combiner les approches ». (12:48)
    « C’est vrai que les thérapeutiques actuelles laissent un espoir relativement limité, ce qui n’est pas toujours compris par les parents ». (15:07)
    Parlant de l’évolution qu’il considère générationnelle, « Ce sont des processus qui prennent beaucoup de temps » (20:13)
    « Je déteste ce terme d’usager. Je préfère les termes de patients et de malades. » (18:30)
    « Cela dit, les psychanalystes entre eux sont souvent féroces. Je crois que Mme Roudinesco [dans l’article de Libération] parlait de psychanalystes qui défendent des théories de Bazar. Elle a été elle-même beaucoup plus féroce à l’égard des trois psychanalystes qui ont porté plainte que l’a été Sophie Robert dans son film » (26:20)

Conclusion

Au final, il semble bien que France Culture doive revoir sa politique en matière de gestion des invités et de pluralité des points de vue. Autrement, nous ne pourrons que croire que France Culture ment et manipule l’opinion publique au sujet de la psychanalyse.

Parlant de la psychanalyse, Catherine Clément concluait l’émissions en disant que « dans les institutions, sa place est très gravement menacée, par ce que l’on pourrait appeler une espèce de complot. » (27:00)

Si complot il y a, il est plutôt à rechercher à France Culture et non du côté des associations d’usagers!

canardos
 
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Message par canardos » 23 Fév 2012, 22:00

mais concrètement qui sont les psychanalystes qui soignent les enfants autistes...

en voila un très intéressant, Philippe Grimbert. Après des études de psychologie, Philippe Grimbert passe une dizaine d'années en analyse chez un lacanien, avant d'ouvrir son propre cabinet à Paris. Il travaille aussi dans deux instituts médico-éducatifs, à Asnières et à Colombes, auprès d'adolescents autistes ou psychotiques. Il a publie deux essais : Psychanalyse de la chanson (Belles Lettres, 1996) et Pas de fumée sans Freud (Armand Colin, 1999).

Pour juger du sérieux du personnage qui a la responsabilité d'enfants autistes je vous livre ce petit commentaire de Jacques Van Rillaer à son sujet.

a écrit :

Concernant Philippe Grimbert.
Il dit que les TCC ne s'attaquent qu'aux symptômes et non aux causes.

Mais quelles sont les « causes », par exemple du tabagisme, selon lui ?

Il les publie dans : Pas de fumée sans Freud. Psychanalyse du fumeur. Armand Colin. Coll. Renouveaux en psychanalyse, 1999) :

"Chez le garçon devenu adulte la cigarette est le substitut du phallus de la femme (la mère) auquel il a cru étant enfant et auquel il ne veut pas renoncer, puisque ce serait accepter l'imminence de la castration. La cigarette, exhibée comme un phallus et venant obturer le vide de l'orifice buccal associé au sexe féminin, demeure le signe d'un triomphe sur la menace de castration et une protection contre cette menace. Car il n'est probablement épargné à aucun être masculin de ressentir la terreur de la castration, lorsqu'il voit l'organe sexuel féminin." (p. 137).

(Je recommande au lecteur qui n'aurait pas ressenti cette terreur de la castration de consulter d'urgence. Ce n'est épargné à aucun être masculin. Ce n'est pas normal).

Grimbert nous permet de comprendre la cause réelle pour laquelle Freud, qui n'était pas lacanien, n'a pu se délivrer de son addiction : "Évidemment, Freud n'a pas pu entendre "gare!" dans cigare, "arrête!" dans cigarette ni même "t'abat" dans tabac et il a fumé jusqu'à la mort, ignorant ces avertissements implicites, jeux de sens que la langue allemande ne lui permettait pas." (id. p. 110)



vraiment le bonhomme a toutes les compétences pour s'occuper d'enfants autistes...
canardos
 
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Message par luc marchauciel » 24 Fév 2012, 08:06

Sur le blog de Nicolas Gauvrit une réponse (sous forme de questions) au philosophe Jean-François Rey, qui dans un artcile du Mond eposté par Canardos défendait la prise en charge psychanlaytique de l'autisme.


a écrit :

Questions à Jean-François Rey






L'actualité de ce début d'année est riche en rebondissements autour de la question de l'autisme et du traitement psychanalytique d'icelui. Dernier d'une liste impossible à dérouler ici, un article de Jean-François Rey (le philosophe, pas le médecin) fut publié le 22 février 2012 (voir aussi ceci). Rey y défend l'approche psychanalytique du traitement de l'autisme, en des termes parfois brumeux, mais localement compréhensibles. Il m'a paru difficile de faire un billet traditionnel ou un article publiable à partir de ce document. En revanche, j'ai voulu poser un certain nombre de questions précises à l'auteur. Le texte qui suit est donc composé de l'article du Monde, avec mes questions au fil du texte, en bleu. Cette lettre ouverte à J.-F. Rey est envoyé à l'auteur, ainsi que, dans une forme plus brève, à divers journalistes.




Cher collègue,
L’article que vous avez publié dans le journal Le Monde du 22.02.12 soulève certaines questions, que j’ai indiquées dans votre texte ci-dessous. Je vous serais très reconnaissant si vous acceptiez d’y répondre.
Nous sommes nombreux à nous poser ces questions, et une clarification de votre part serait la bienvenue.
Bien cordialement,
Nicolas Gauvrit
Université d’Artois & Université Paris VII



Autisme : c'est la psychiatrie qu'on attaque.

Défendre la psychothérapie institutionnelle

Par Jean-François Rey


Un rapport de la Haute Autorité de santé (HAS) qui doit être rendu public le 6 mars dénonce, dans sa conclusion, la non-pertinence de l'approche psychanalytique et de la psychothérapie institutionnelle dans le traitement de l'autisme, certes, et on risque de ne pas en rester là.


Qu’appelez-vous « psychothérapie institutionnelle » ? En quoi est-elle différente de la psychanalyse, ou d’une méthode fondée sur la psychanalyse ?

C'est l'humanité même de la psychiatrie qui est condamnée.

Ceux qui utilisent des thérapies alternatives à la psychanalyse pratiquent-ils selon vous une méthode inhumaine ?

La pratique du " packing ", longtemps utilisée dans le traitement des psychoses de l'adulte, repose sur l'enveloppement humide qui permet au patient souffrant d'un morcellement du corps propre de retrouver de l'intérieur son enveloppe corporelle.

Quelles données factuelles vous permettent d’affirmer que l’adulte psychotique souffre d’une « (angoisse de) morcellement du corps » ?

Quelles données vous permettent alors – s’il y a bien « morcellement du corps » – d’affirmer qu’un linge humide remédie à ce « morcellement » ?

Est-ce bien cette pratique qui suscite les cris de haine de la part des associations de parents d'enfants autistes ? Les témoignages de ceux qui en auraient été les bénéficiaires ne seront même pas entendus.

Parlez-vous ici du packing pour les adultes consentants, ou pour des enfants autistes incapables d’exprimer clairement leur éventuel désaccord ? C’est je crois contre le packing appliqué aux enfants autistes que les associations militent.

Le pédopsychiatre Pierre Delion, dont on ne dira jamais assez la gentillesse et l'esprit d'ouverture, est la victime d'une véritable persécution ; cette campagne de haine n'a cessé de gonfler jusqu'à sa convocation devant le Conseil de l'ordre. Cette douloureuse affaire ne fait qu'augmenter le niveau d'angoisse où nous jette déjà une crise sociale et morale alimentée de toutes parts : si le scientisme gagne à l'aide d'arguments et de pressions non scientifiques, alors le désert croît. Si la psychiatrie n'est plus dans l'homme, on assistera à des pratiques de contention et de répression que l'on signale déjà ici ou là.

J’ai l’impression que ce paragraphe est une erreur de votre part. En quoi l’amabilité et l’extrême bonté de Pierre Delion justifient-elles qu’on applique une méthode à des enfants autistes sans vérifier son efficacité ? Aucune association à ma connaissance n’accuse Pierre Delion d’être « méchant ».

Le fait que vous soyez très angoissés nous ennuie évidemment beaucoup, mais je pense que les associations de parents d’enfants autistes préfèrent toutefois créer une regrettable anxiété chez les praticiens plutôt que de renoncer à faire appliquer ce qu’il y a de mieux pour leurs enfants.

Quant à la fin de votre paragraphe, je peux écrire exactement la même chose en parlant des méthodes cognitives. Elle n’est qu’une profession de foi. Ma question est donc la suivante : ai-je raison de penser que vous avez écrit ce paragraphe sous le coup de la passion, ou du moins qu’il ne contient aucun argument logique pour la défense de la psychanalyse ?

La désolation caractéristique du vécu de la psychose est aussi une expérience qui nous guette tous : en allemand, la désolation (Verwüstung) se souvient du désert (Wüste) qu'elle traverse. Aujourd'hui, si on ne pense pas en même temps la psychiatrie et la culture, on accroît la désertification. Ce qui est inédit dans cette affaire, c'est que, pour la première fois, on voit qu'un procès fait à la psychanalyse, discipline qui ne s'est jamais dérobée à la critique, débouche non pas sur une controverse scientifique argumentée mais sur une interdiction disciplinaire réclamée par des lobbies.

Puisque vous prônez, ce que j’apprécie grandement, une discussion qui se place sur le plan purement scientifique, pourriez-vous répondre de manière scientifique aux études qui montrent une supériorité des méthodes éducatives sur les méthodes psychanalytiques dans le traitement de l’autisme ?





suite sur :

http://psymath.blogspot.com/2012/02/questi...ancois-rey.html
luc marchauciel
 
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