Excellent billet sur le blog de Sylvestre Huet, de Libération :
a écrit :
Vignes OGM de Colmar : divergences syndicales
25 août
2010
Hier, les ministres Valérie Pécresse (recherche) et Bruno Le Maire (agriculture) se sont rendus à Colmar pour rencontrer les personnels de l'INRA dont l'essai de vignes transgéniques testant une résistance au virus du court-noué a été dévasté. Une destruction réalisé le dimanche 15 août par un groupe d'une soixantaine de personne à 5 heures du matin.
Les ministres ont réaffirmé à cette occasion leur soutien aux chercheurs et promis des crédits si ces derniers veulent poursuivre cette recherche, mais les scientifiques ont surtout montré leur découragement.
Déjà en septembre 2009 une personne s'était infiltré dans cette parcelle et l'avait en partie détruite. Une note du blog raconte cet épisode. A l'époque je soulignais les particularités de cette expérience : «un essai en champs portant sur des vignes génétiquement modifiée pour résister au virus du court-noué, une maladie transmise par des petits vers (les nématodes) et qui affecte les vignobles.Cet essai était mené avec des objectifs de recherche purs, dans des conditions de sécurités draconiennes, et dans le cadre d'une vaste concertation avec les élus locaux de toutes tendances politiques (Verts compris), les viticulteurs, les ONG écologistes, des membres de la Confédération paysanne. Le tout dans le cadre d'un comité de suivi transparent.» D'autres informations sur ce programme sont disponibles ici.
Il est utile de comparer des réactions syndicales - des syndicats de scientifiques - à cet événement. Elles montrent en effet à quel point une approche idéologique de la technologie de la transgenèse végétale en vient à faire perdre à des scientifiques non seulement leur capacité d'analyse mais même tout sens commun.
Le texte de la CGT Inra, logiquement, proteste contre la destruction de l'essai. Mais souligne surtout que, ce faisant, les "faucheurs" s'attaquent non à une recherche privée dictée par la perspective de profits financiers mais à une recherche publique dont il ne dépend que des citoyens et de leurs votes qu'elle se fixe des objectifs sociaux et écologiques, indépendants des puissances économiques de l'agro-alimentaire. Le texte est ici en pdf..
Le texte de la fédération Sud-recherche est ici en pdf. Il ne comporte aucune appréciation négative sur la destruction de l'essai, ce qui est déjà étrange. Mais sa lecture montre surtout à quel point la dérive idéologique - au sens du refus catégorique d'examiner en pratique les problèmes posés mais à se contenter d'une phraséologie générale - rend tout débat public sur la transgenèse végétale utilisée en agriculture (rien que la formule OGM utilisée sans précision signale, chez les partisans comme chez les opposants, la volonté de s'évader du côté de l'idéologie...) quasi impossible.
Ainsi, le texte de Sud-recherche ne comprend aucune information sur la maladie visée par l'essai (même pas le nom), et surtout le présente dans les termes suivants : «SUD-Recherche EPST a toujours soutenu que les OGM ne constituaient pas une solution d’avenir pour l’agriculture en France, comme ailleurs. Outre les risques sanitaires et environnementaux non maîtrisés, le modèle agricole dans lequel ils s’inscrivent est celui d’une agriculture toujours plus intensive, de type industrielle, qui est destructrice pour l’environnement mais aussi pour la profession d’agriculteur. (...) Nous avons constamment interpellé le ministère de la recherche et la direction de l’INRA pour qu’ils affichent comme priorité le développement d’un autre modèle agricole, basé sur le respect de l’environnement, des consommateurs, qui refusent les OGM dans leur assiette, et de ceux qui produisent ces ressources. Alors que d’autres voies de recherche sur les pratiques culturales restent sous-exploitées, l’utilité des essais sur les vignes transgéniques est aujourd’hui contestée par des viticulteurs qui ont aussi compris que l’image du vin en souffrirait. (...) Plus largement, nous sommes inquiets de la brevétisation du vivant, centrale dans la stratégie OGM, au même titre que la logique d'innovation marchande à court terme imposée par le gouvernement.»Quels problèmes posent de telles affirmations ? D'abord la phrase «les OGM ne constituent pas une solution d'avenir pour l'agriculture». Elle est complètement vraie et complètement absurde. Vraie parce que d'innombrables problèmes de l'agriculture française n'ont rien à voir avec les OGM, donc leur solution non plus. Et absurde parce que personne, absolument personne, ne pense que les OGM puissent constituer une telle solution générale. Idem pour le modèle d'une agriculture «intensive de type industriel, destructrice pour l'environnement.» Ce modèle existe, par exemple la grande culture du blé, du maïs, de la betterave, l'élevage industriel de poulets.... Mais : quel rapport avec les vignes transgéniques de Colmar
Suite sur
http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2...dicales.html#tpDans les commentaires, l'ami Matrok (coucou Matrok, on te voit trop peu sur le FALO ces temps-ci) signale que la position de LO sur le sujet diffère de celle du NPA.