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VENDREDI 30 SEPTEMBRE 2011 - 17:24
Des peines de prison avec sursis requises pour les 60 faucheurs de Colmar
agriculture ogm procès recherche
(AFP - Frederick Florin)
Des peines de trois mois de prison avec sursis ont été requises vendredi à Colmar contre les 60 faucheurs qui avaient détruit l'an dernier une parcelle de vigne transgénique expérimentale, au terme de trois jours d'audience dont les prévenus ont fait une tribune anti-OGM.
Pour six d'entre eux, déjà condamnés pour des faits comparables, le représentant du parquet, Philippe Vannier, a demandé au tribunal correctionnel d'infliger en plus 100 jours-amende à 20 euros. "On ne peut pas imposer ses opinions par la force", a-t-il fait valoir.
Le jugement a été mis en délibéré au 14 octobre.
Le 15 août 2010, les faucheurs avaient entièrement détruit une parcelle de plusieurs dizaines de pieds de vignes OGM, plantés dans le cadre d'une expérimentation en plein air de l'Institut national de la recherche agronomique (Inra), à Colmar.
Il s'agissait pour l'Inra de tester la résistance de porte-greffes de vignes génétiquement modifiés à une maladie virale de la vigne, le court-noué.
"J'ai fauché hier, je faucherai demain": la déclaration mercredi de l'un des prévenus a reflété la position de la plupart des faucheurs, aux profils différents (étudiants, chômeurs, agriculteurs, médecins, ingénieurs...), mais qui ont tous assumé leur "désobéissance civile".
Pour la défense, Me Jérôme Bouquet-Elkaïm, a plaidé la relaxe pour tous, dénonçant l'"expérience dangereuse à la légalité douteuse" de l'Inra.
L'institut avait continué selon lui son expérimentation dans l'illégalité après une interdiction prononcée en 2009 par le tribunal administratif de Strasbourg. Cette décision a ensuite été infirmée en janvier 2011 par la cour d'appel de Nancy.
Evoquant les prises de conscience tardives concernant d'autres sujets comme l'amiante, la défense a aussi invoqué pour les prévenus l'"état de nécessité" pour prévenir une éventuelle dissémination au "caractère irréversible".
Ce risque n'aurait pas été assez pris en compte malgré les plus de 200 réunions publiques organisées par l'Inra autour de cette expérimentation, qualifiées de "propagande" par la défense.
Devant le tribunal, comme dans les rues environnantes, les prévenus et leur large comité de soutien ont tout fait pour élargir le débat. Des conférences et des projections de films ont été organisées pendant trois jours, pointant les dangers des OGM.
Ce sont des "talibans", a répliqué l'avocat de l'Inra, Me Michel Ledoux, qui a défendu la légalité de l'essai et la démarche ouverte de l'institut, sans visée commerciale et financée par des fonds publics.
"Nous, on ne défend pas les OGM, on défend la recherche", a dit à l'issue de l'audience le porte-parole de l'institut de recherche, Jean-François Launay. L'essai allait révéler que le recours aux OGM "ne permettait pas aux vignes de résister à la maladie du court-noué", a-t-il souligné.
L'Inra a demandé au tribunal des "peines dissuasives" à l'encontre des faucheurs, et 550.000 euros au titre du préjudice.