Faut-il sortir du nucléaire ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par canardos » 13 Avr 2012, 07:52

sur le site imposteurs de Pangloss un article interessant qui prouve que ne nucléaire peut tuer à distance....la raison et la rigueur des antinucléaires...


a écrit :

Global malchance : les certitudes d’une association anti-nucléaire

Notre ami Nicolas Gauvrit a récemment épinglé dans un article au titre ironique -nouveau record du monde de probabilités (1)- une tribune parue dans Libération de deux scientifiques (2) membres de l’association Global Chance (3). Comme l’indique son titre, cette tribune entend ,à la lumière de l’accident de la centrale de Fukushima, remettre en cause les discours des spécialistes du nucléaire qui estiment extrêmement faible la probabilité d’un accident nucléaire majeur. Au contraire, disent-ils, la survenue d’un accident majeur en Europe au cours des 30 prochaines années est une certitude statistique.

Que les probabilités théoriques subissent des critiques au regard de la vraie vie, c’est-à-dire d’un accident théoriquement très improbable mais qui a eu en fin de compte eu lieu, voilà qui ne choquera personne. Mais comment deux scientifiques de haut niveau (4) peuvent-ils transformer un doute sur la validité de probabilités théoriques en la certitude d’un accident nucléaire ? Comment deux personnes, peu suspectes d’être analphabètes dans le domaine statistique peuvent-elles écrire l’absurdité qui suit : « La France compte actuellement 58 réacteurs en fonctionnement et l’Union européenne un parc de 143 réacteurs. Sur la base du constat des accidents majeurs survenus ces trente dernières années, la probabilité d’occurrence d’un accident majeur sur ces parcs serait donc de 50% pour la France et de plus de 100% pour l’Union européenne. Autrement dit, on serait statistiquement sûr de connaître un accident majeur dans l’Union européenne au cours de la vie du parc actuel et il y aurait une probabilité de 50% de le voir se produire en France. On est donc très loin de l’accident très improbable. »

On remarquera ici que la conclusion « On est donc très loin de l’accident très improbable » semble avoir été écrite comme pour tempérer l’affirmation audacieuse d’une probabilité supérieure à 100%. Y croient-ils eux mêmes ? Comment un événement pourrait-il être plus que certain ? Comme le fait remarquer Nicolas Gauvrit, on pardonnerait difficilement ce genre de bourde à un élève de Terminale ! Mais cette bourde n’a pas froissé l’intelligence de Libération, ni celle de Politis qui s’est empressé de reproduire la tribune.

Bernard Laponche et Benjamin Dessus  se sont bien gardés de détailler leur calcul, mais c’est sans peine que le mathématicien Étienne Ghys a reconstitué celui-ci (5):

Depuis l’avènement des centrales nucléaires, on dénombre 4 accidents majeurs de réacteurs (1 à Tchernobyl, 3 à Fukushima) pour l’équivalent de 14000 réacteurs/an. La probabilité d’un accident est donc de 0,0003 accident par réacteur et par an, en déduisent Laponche et Dessus, qui par extrapolation , déduisent une probabilité d’environ 129% en Europe , qui compte 143 réacteurs pour les 30 prochaines années :  P= 143 x 30 x 0.0003 = 1,29 = 129%.

Cela aura échappé à ces brillants savants : ce qu’ils ont calculé n’est pas une probabilité, mais l’espérance mathématique du nombre d’accidents en Europe  au cours des 30 prochaines années compte tenu de probabilité annuelle d’un accident sur un réacteur calculé sur la base des 3 décennies précédentes. En faisant pour l’instant abstraction de la valeur douteuse de cette probabilité de 0,0003, on reconnaît en effet une loi « binomiale » pour un  paramètre n = 4290  (n est le nombre d’ « épreuves » correspondant aux années/réacteurs) et p=0.0003  (p étant la probabilité d’un accident à chaque « épreuve »). L’espérance mathématique de cette loi est égale à n x p=1.29. On devrait donc s’attendre en moyenne à 1,23 accident, en admettant que rien d’autre dans le raisonnement de Laponche et Dessus ne soit frelaté. Mais en aucun cas, cela ne signifierait la certitude d’un accident nucléaire en Europe. La probabilité d’un accident majeur  serait en fait de 72% (6), comme l’a calculé Etienne Ghys. Le calcul exact aurait de toute façon été suffisamment alarmant : pour quelles raisons Laponche et Dessus ont-ils éprouvé le besoin d’évoquer une absurde probabilité de plus de 100% ? Ont-ils simplement été aveuglés par le désir de convaincre du danger, au point de ne pas s’apercevoir qu’ils commettaient une erreur grossière ?

Malheureusement, les soupçons ne s’arrêtent pas là. La démonstration vient opportunément quelques mois après Fukushima , et on dénombre désormais 4 accidents de réacteurs au lieu d’un seul .  Selon ce raisonnement, la probabilité d’un accident calculée sur 30 ans, a été miraculeusement multiplié par 4 en 4 jours, du 11 au 15 mars 2011. Cela ne suffit-il pas à s’interroger sur la valeur de cette probabilité de 0,0003 ?

Raisonner comme le font Laponche et Dessus en nombre de réacteurs touchés, au lieu de compter le nombre d’accidents (1 à Tchernobyl , 1 à Fukushima) permet opportunément  de gonfler la probabilité . Or, ce calcul ne vaut que pour des évènements indépendants (7).  Les accidents simultanés des 3 réacteurs de Fukushima ne respectent évidemment cette condition d’indépendance, puisqu’ ils ont lieu sur le même site et ont une cause unique, le tsunami. Traiter de la même façon statistique l’accident de Fukushima que 3 accidents qui auraient eu lieu à des milliers de kilomètres de distance et à des années de distance en dit long sur la rigueur méthodologique de nos deux experts…

Mais les manquements à la rigueur ne s’arrêtent pas là.Comme le note Nicolas Gauvrit, chaque accident (et même les incidents mineurs) amène à un renforcement de la sécurité des centrales, si bien que calculer une probabilité sur 30 années écoulées pour les appliquer aux 30 années suivantes n’a guère de sens. Et tirer des conclusions sur le parc nucléaire français ou européen à partir de deux évènements survenus l’un dans l’URSS en déliquescence, l’autre au Japon frappé par le plus fort séisme jamais enregistré dans ce pays et un tsunami n’a pas plus de sens. Quelle est la probabilité que la centrale de Dampierre en Burly soit touchée par un tsunami de 20 mètres de haut ?

Il n’en reste pas moins que deux accidents majeurs ont bien eu lieu, et que personne ne comprendrait qu’on n’en tire pas les leçons dans la politique d’implantation, de sécurisation des sites atomiques etc… Alors, ne faut-il pas suivre Laponche et Dessus lorsqu’ils questionnent : « Plutôt que de continuer à calculer des probabilités surréalistes d’occurrence d’événements qu’on ne sait pas même imaginer (cela a d’ailleurs été le cas pour Three Mile Island, Tchernobyl et Fukushima), n’est-il pas temps de prendre en compte la réalité et d’en tirer les conséquences ? »

Sauf que pour eux, les conséquences étaient tirées bien avant le dernier accident : ils veulent inconditionnellement sortir du nucléaire. D’où la nécessité d’opposer à des probabilités qualifiées de surréalistes (8) des  probabilités totalement bidons.

Personne ne peut se leurrer sur le fait que des probabilités théoriques sont ,par définition, différentes de la réalité. Qui peut douter, par contre, que toute action qui contribue à diminuer le risque théorique diminue également le risque réel ?



Le message qui ressort de cette tribune est dangereux. A quoi bon en effet renforcer la sécurité des installations, assurer scrupuleusement l’entretien des centrales et un haut niveau de formation de sa main d’œuvre, renforcer les verrous qui empêchent un incident mineur de dégénérer en catastrophe, si on considère le risque nucléaire comme inhérent à ce mode de production, identique quoi que l’on fasse pour le minimiser ?

 

En 1972, on dénombrait 16000 morts sur les routes françaises. Sur la base de l’augmentation du trafic routier depuis lors, Laponche et Dessus auront sans doute calculé que 50000 personnes meurent en 2012 sur nos routes et de réclamer la sortie de l’automobile pour arrêter le carnage. Or, le nombre réel de tués sur la route est passé sous la barre des 4000.  On remarquera que c’est encore par an à peu près l’équivalent de la catastrophe de Tchernobyl sur le seul territoire français . Personne ne réclamera pour autant la fin de l’automobile, mais on mesure au regard de ces bilans respectifs  l’absurdité de demander la sortie urgente du nucléaire. 

Anton Suwalki

Notes :

http://www.pseudo-sciences.org/spip.php?article1795

http://www.liberation.fr/politiques/010123...ude-statistique

http://www.global-chance.org/index.php

BERNARD LAPONCHE est physicien nucléaire, BENJAMIN DESSUS est ingénieur et économiste.

http://images.math.cnrs.fr/Accident-nuclea...-certitude.html

En réalité , 28% étant la probabilité qu’il y ait 0 accident. 72% est la probabilité de l’événement complémentaire 1 accident ou plus, et non pas 1 accident.

Certes, je ne doute pas qu’un probabiliste très pointilleux critiquerait l’emploi du terme  indépendant dans ce cas , sans doute pas très orthodoxe .

http://spiral.univ-lyon1.fr/mathsv/cours/s...nchor-3.3-60255

irréalistes aurait été un terme plus adéquat, mais l’emploi de « surréalistes » n’est sans doute pas innocent.

http://www.inrets.fr/ur/lte/publi-autresac...notehugrel.html


canardos
 
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Message par canardos » 21 Mai 2012, 10:09

Une étude qui confirme largement ce que disait Aurengo sur le fait que les faibles doses n'entrainent pas d'augmentation des mutations et des cancers.

Dans les échos:

a écrit :

L'ADN résisterait mieux que prévu aux radiations nucléaires chez la souris

Par Alain Perez | 21/05 |

Les résultats de l'étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT) vont probablement déclencher une réaction en chaîne dans le monde médical : le ruban d'ADN logé dans le noyau cellulaire résiste beaucoup mieux que prévu aux radiations nucléaires faibles et continues. Selon les biologistes de l'institut de Boston, les souris résistent sans dommages à un rayonnement continu 400 fois supérieur aux valeurs moyennes actuellement reconnues comme dangereuses. Les chercheurs américains ont voulu mesurer la dose que peut supporter un rongeur exposé en continu à une faible source radioactive, plutôt que la dose maximale supportable ponctuellement par un organisme vivant. Selon ces travaux, publiés dans la revue « Environnemental Health Perspectives », des souris exposées pendant cinq semaines à un rayonnement correspondant à une exposition annuelle de 105 cGy (centigray) par an n'ont pas de cassures de leur ADN. Tant que les ruptures restent inférieures à un seuil de 10.000 par jour et par cellule, elles sont prises en charge par le système de réparation de l'ADN intégré dans chaque cellule.



voila l'abstract de l'article publié dans la revue « Environnemental Health Perspectives »

a écrit :

Integrated Molecular Analysis Indicates Undetectable DNA Damage in Mice after Continuous Irradiation at ~400-fold Natural Background Radiation

Werner Olipitz, Dominika Wiktor-Brown, Joe Shuga, Bo Pang, Jose McFaline, Pallavi Lonkar, Aline Thomas, James T. Mutamba, Joel S. Greenberger, Leona D. Samson, Peter C. Dedon, Jacqueline C. Yanch, Bevin P. Engelward

Abstract Top

BACKGROUND: In the event of a nuclear accident, people are exposed to elevated levels of continuous low dose-rate radiation. Nevertheless, most of the literature describes the biological effects of acute radiation. Our major aim is to reveal potential genotoxic effects of low dose-rate radiation.

OBJECTIVES: DNA damage and mutations are well established for their carcinogenic effects. Here, we assessed several key markers of DNA damage and DNA damage responses in mice exposed to low dose-rate radiation.

METHODS: We studied low dose-rate radiation using a variable low dose-rate irradiator consisting of flood phantoms filled with 125Iodine-containing buffer. Mice were exposed to 0.0002 cGy/min (~400X background radiation) continuously over the course of 5 weeks. We assessed base lesions, micronuclei, homologous recombination (using fluorescent yellow direct repeat [FYDR] mice), and transcript levels for several radiation-sensitive genes.

RESULTS: Under low dose-rate conditions, we did not observe any changes in the levels of the DNA nucleobase damage products hypoxanthine, 8-oxo-7,8-dihydroguanine, 1,N6-ethenoadenine or 3,N4-ethenocytosine above background. The micronucleus assay revealed no evidence that low dose-rate radiation induced DNA fragmentation. Furthermore, there was no evidence of double strand break-induced homologous recombination. Finally, low dose-rate radiation did not induce Cdkn1a, Gadd45a, Mdm2, Atm, or Dbd2. Importantly, the same total dose, when delivered acutely, induced micronuclei and transcriptional responses.

CONCLUSIONS: Together, these results demonstrate in an in vivo animal model that lowering the dose-rate suppresses the potentially deleterious impact of radiation, and calls attention to the need for a deeper understanding of the biological impact of low dose-rate radiation.



et voila un lien vers l'article entier en pdf

Integrated Molecular Analysis Indicates Undetectable DNA Damage in Mice after Continuous Irradiation at ~400-fold Natural Background Radiation
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Message par shadoko » 21 Mai 2012, 12:51

(Canardos a écrit :
Une étude qui confirme largement ce que disait Aurengo sur le fait que les faibles doses n'entrainent pas d'augmentation des mutations et des cancers.

Ce que fait l'étude, c'est tester si l'exposition à des doses "faibles" de radiations en continue provoque des lésion de l'ADN, en regardant certains marqueurs. Par ailleurs, certaines études montrent montrent un lien entre lésions de l'ADN et cancers (ce qui n'est pas très étonnant). Mais il me semble que les mécanismes d'apparition de cancer sont extrêmement mal compris, et sont susceptibles être influencés par de nombreux autres mécanismes cellulaires qu'une détérioration de l'ADN. Donc, passer de "pas de lésion de l'ADN" à "pas de cancer", ça me paraît un peu osé. Et d'ailleurs, je n'ai rien trouvé dans ce sens dans l'article.
shadoko
 
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Message par canardos » 21 Mai 2012, 13:57

c'est vrai la deterioration de l'ADN et le cancer, ce n'est pas la meme chose mais il y a quand meme une correlation entre les deux.

Dans une annexe du rapport de l'Academie des sciences sur Fukushima, Aurengo explique:

a écrit :

Nos connaissances sur les effets aléatoires des rayonnements reposent en grande partie sur le suivi, depuis cinquante ans, de la cohorte des survivants des bombardements nucléaires d’Hiroshima et Nagasaki.

Cette cohorte comportait à son début près de 86 000 personnes (Life Span Study3). Pour 60 % d’entre elles, les doses efficaces reçues, reconstituées en fonction de la distance à l’explosion et de l’environnement immédiat, étaient d’au moins 5 mSv. Le dernier rapport fait état, pour un suivi de 47 ans, de 9 300 morts d’un cancer dont environ 355 cas de cancer solide et 85 cas de leucémie secondaires à l’irradiation reçue et dits « radioinduits ».

Les leucémies radioinduites ont été observées chez des survivants d’Hiroshima-Nagasaki avec un maximum de fréquence 6 à 7 ans après les bombardements nucléaires. Dans le rapport de 2003, on dénombrait 85 leucémies radioinduites, représentant environ 10 % de l’ensemble des leucémies observées dans ce groupe. Rappelons que Marie Curie elle-même est décédée d’une leucémie probablement radioinduite. Des cancers solides sont apparus dix ans environ après l’irradiation ; leur incidence a augmenté avec les années.

Des doses inférieures à 100 mSv n’entraînent aucune augmentation significative du risque de leucémie ou de cancer solide.

Ce seuil pratique de 100 mSv pourrait ne traduire que l’incertitude statistique inhérente à la très faible efficacité de l’effet cancérogène radioinduit. Mais il s’explique par le fait que les mécanismes de défense de l’organisme contre les faibles et fortes doses sont très différents et sont proportionnellement beaucoup plus efficaces à faible dose. Schématiquement, quand il s’agit de faibles doses ayant endommagé l’ADN d’un petit nombre de cellules, celles-ci sont simplement éliminées et ne dégénèreront donc pas en cancer. Pour des doses efficaces dépassant 100 à 200 mSv, le nombre de cellules lésées ne permet plus leur élimination pure et simple. Les systèmes de réparation de l’ADN sont alors activés pour permettre la survie cellulaire et préserver les fonctions des tissus.

Mais il arrive que la réparation de l’ADN soit imparfaite, avec des erreurs qui peuvent conduire à la cancérogenèse avec un risque d’autant plus grand que la dose est plus élevée. Le cancer thyroïdien radioinduit est le seul cancer dont l’augmentation d’incidence (massive) a été observée après l’accident de Tchernobyl. Ce cancer touche des personnes qui étaient très jeunes ou in utero lors de l’accident. Les études épidémiologiques montrent que le risque n’est significativement augmenté que pour des doses à la thyroïde dépassant 100 mGy.



Dernier point:

un lien pour telecharger le rapport complet de l'academie des sciences sur Fukushima:

L'accident majeur de Fukushima

un lien pour acceder à l'ensemble des annexes à ce rapport

ANNEXES au rapport de l'academie des sciences sur l'accident majeur de Fukushima

un lien pour telecharger l'annexe du professeur Aurengo Rappels sur la radioactivité et ses effets sur l’organisme
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Message par shadoko » 21 Mai 2012, 19:01

a écrit :
c'est vrai la deterioration de l'ADN et le cancer, ce n'est pas la meme chose mais il y a quand meme une correlation entre les deux.

Oui, c'est également ce que je disais. Mais je faisais simplement remarquer que l'objet de l'article que tu citais du MIT n'est pas de dire qu'il n'y a pas de cancer avec ces doses de radiation. Cela dit, je trouve qu'il est intéressant, parce qu'au contraire des études statistiques sur les accidents passés qui permettent de dégrossir le problème et de voir s'il y a des corrélations, mais pas forcément de comprendre ce qui se passe, il s'attelle à la mesure directe des mécanismes biologiques en jeu.

shadoko
 
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Message par canardos » 24 Mai 2012, 16:04

dans le Monde:

a écrit :

Après Fukushima, des niveaux de radiation très faibles au Japon

Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 24.05.2012

Les doses subies de radiations suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima, au Japon, se situent à des niveaux très faibles, en deçà des normes admises, affirme un rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) diffusé mercredi 23 mai à Genève. Ce document de 120 pages s'appuie sur des mesures officielles et sur des simulations menées par ordinateur. Il ne traite pas des personnes évacuées de la zone proche de la centrale nucléaire ni des travailleurs qui nettoient le site.

CONSÉQUENCES INFÉRIEURES À TCHERNOBYL

Les localités de Namie et Itate dans un rayon de 20-30 km autour de la centrale ont été les plus touchées avec des doses de 10 à 50 millisieverts (mSv) comparé à des doses de 1 à 10 mSv ailleurs dans la préfecture et de 0,1 à 10 dans les régions voisines. L'impact pour le reste du monde est estimé à 0,01 mSv, un niveau "très faible" souligne le rapport. "Il peut être conclu que les doses estimées à l'extérieur du Japon sont en dessous (et souvent très en dessous) de doses considérées comme très faibles par la communauté en charge de la protection radiologique", affirme l'OMS. La limite d'exposition annuelle est de 50 mSv pour les travailleurs du nucléaire.

Le groupe de travail estime que les radiations au-delà d'un an après la catastrophe de mars 2011 seront probablement inférieures à celles de Tchernobyl en Ukraine. Une dose équivalente à 30 % de la dose subie pendant toute une vie avait été diffusée la première année de la catastrophe de 1986, puis en 15 ans elle avait été équivalente à 70 % de la dose d'une vie. Le rapport diffusé mercredi servira dans un rapport plus large sur les conséquences de la catastrophe dans le domaine de la santé qui devrait être prêt à l'été, précise l'OMS.



voila un lien vers le rapport de l'OMS (en anglais) à télécharger

Preliminary Dose Estimation from the nuclear accident after the 2011 Great East Japan Earthquake and Tsunami
canardos
 
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Message par luc marchauciel » 24 Juin 2012, 10:48

Ici :

http://www.dailymotion.com/video/xrn3c0_nu...-et-debats_tech

on peut voir la vidéo d'une conférence organisée par l'AFIS Ile de France sur les enjeux du nucléaire, avec d'abord une intervention "géographique" de Bertrand Barré sur la place du nucléaire dans le défi énergétique du siècle à venir, puis une interv d'André Aurengo sur les effets sanitaires de la radioactivité, avec notamment comparaison des dégâts de Tchernobyl et Fukushima.
C'est vraiment très clair et très bien fait.

luc marchauciel
 
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Message par luc marchauciel » 07 Juil 2012, 21:12

Une mise au point sur les responsabilités humaines dans le déclenchement et la gestion de l'accident de Fukushima Daïchi

a écrit :
Fukushima: une enquête parlementaire charge la Tepco et le gouvernement


  Le Parlement Japonais vient de publier un rapport d'une Commission indépendante qu'il avait constitué sur les causes de la catastrophe nucléaire de Fukushima Daï-ichi.

Ce rapport (ici le résumé sur le net, là en pdf) tranche de manière radicale et sans appel l'interrogation centrale posée par cet accident : était-il évitable dans sa survenue et ses conséquences ? La cause profonde de sa survenue, l'incapacité à résister à un tsunami géant, était-elle suffisamment connue pour que des travaux ou l'arrêt de ces réacteurs soient décidés ? Et son déroulement a t-il eu des conséquences en termes d'émissions de radioactivité et d'évacuation de territoires qui auraient pu être évité ?

La Commission - dix Japonais (sismologue, avocats, médecins, journaliste scientifique, professeurs) désignés par les parlementaires, tous extérieurs à l'industrie nucléaire - a auditionné plus de 1000 personnes durant plus de 900 heures. Présidée par le professeur Kyoshi Kurokawa, elle a interrogé les principaux acteurs de l'époque et mené des investigations depuis décembre 2011.

Elle répond catégoriquement oui à ces deux questions dans son rapport de 641 pages.  Surtout, elle a le courage d'affirmer que cette catastrophe n'est pas seulement "a manmade disaster", mais est profondément "made in Japan". «L'accident (..) est le résultat d'une collusion entre le gouvernement, les agences de régulation et l'opérateur Tepco, et d'un manque de gouvernance de ces mêmes instances», écrit la Commission.



  La Commission ne se cache pas derrière cette analyse des causes sociologiques profondes de l'accident pour exonérer de leur responsabilités particulières les gouvernements successifs, l'Autorité de sûreté japonaise et l'industriel exploitant, la TEPCo.


suite sur :

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2...uvernement.html

luc marchauciel
 
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Message par Vania » 17 Août 2012, 10:35

En Belgique, une autre illustration de l'irresponsabilité des capitalistes avec l'atome, et des pouvoirs publics qui les laissent jouer impunément.

a écrit :Belgique : une société en faillite abandonne ses déchets nucléaires

Les autorités belges ont révélé mardi qu’une société en faillite a abandonné dans ses locaux plusieurs mètres cubes de déchets radioactifs initialement fabriqués pour la médecine nucléaire.

La société Best Medical Belgium (BMB), filiale d'un groupe américain située près de Charleroi, dans le sud de la Belgique, était spécialisée dans la fabrication de matériel de médecine nucléaire. "Etait" car BMB a fait faillite en mai et a été placée en redressement judiciaire. Deux mois plus tard, le 17 juillet, l'Institut belge des radioéléments (IRE), propriétaire des locaux loués par BMB, s’est rendu sur place en compagnie de spécialistes de l'Organisme national des déchets radioactifs (Ondraf) et de l'Agence fédérale de contrôle nucléaire (AFCN).

Dans une lettre de mise en demeure adressée aux administrateurs judiciaires et rendue publique mardi par les quotidiens Le Soir et De Standaard, le directeur de l'IRE, Jean-Michel Vanderhofstadt, dresse ainsi un bilan édifiant de l'état de l'entreprise. "Nous avons constaté en maints endroits non seulement un état général de délabrement des installations et équipements, mais aussi, dans un désordre indescriptible, un amas non seulement de pièces, caisses, classeurs, papiers, outils, tuyaux, câbles électriques, bouteilles de solvants, quincaillerie... mais aussi de déchets radioactifs constituant, pour la plupart d'entre eux, des matériaux combustibles", indique le patron de l'IRE cité par l'AFP.

M. Vanderhofstadt souligne que cet ensemble constitue un "risque pour la sûreté des autres installations nucléaires du site et par voie de conséquence sur l'environnement et la population avoisinante". En effet 7 mètres cubes de sacs en plastique et une quinzaine de fûts contenant du strontium 90 sont entreposés au beau milieu de ce désordre. "Il n'y a pas de danger pour le voisinage" mais il faut "intervenir rapidement", a déclaré à l'AFP le patron de l'AFCN, Willy De Roovere.

De son côté, la ministre de l'Intérieur, Joëlle Milquet, a immédiatement réagi en qualifiant d'"inacceptable" la situation. Elle a indiqué avoir ordonné à l'Ondraf de traiter ces déchets le plus vite possible alors que les lots les plus dangereux ont déjà été placé dans des conteneurs. Le traitement des déchets et l'assainissement du site devrait débuter à la mi-septembre, les travaux devant prendre "de 5 à 7 ans".


http://www.maxisciences.com/d%e9chet-nucl%...s_art26176.html
Vania
 
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Message par Jacquemart » 06 Sep 2012, 12:26

a écrit :ALLEMAGNE

L’adieu au nucléaire ressuscite le charbon

5 septembre 2012 - WPROST VARSOVIE - Łukasz Wójcik

Au lieu de provoquer une explosion des “énergies vertes”, la sortie du nucléaire annoncée par Angela Merkel en 2011 va entraîner la construction de nouvelles — et très polluantes — centrales au charbon. Une option qui ne déplaît pourtant pas aux écologistes.

Quand l’un des nos voisins allemands commence une déclaration par : "Les Allemands ont le droit de ...", cela paraît toujours inquiétant. De quel droit s'agit-il donc ? Et bien de celui d'empoisonner l'environnement ! – soutiennent les experts de la Fondation Heinrich Böll dans un récent rapport. L'Allemagne, ayant suffisamment réduit ses émissions de dioxyde de carbone durant les années passées, devrait pouvoir désormais les augmenter. Et pourquoi ne pas tirer son énergie du charbon, quitte à produire une énergie presque aussi polluante que celle produite par la combustion de pneus ? L'Allemagne est en droit de le faire.

De telles déclarations de la part d'un pays considéré comme le chef de file de la révolution de l'énergie renouvelable, devraient susciter l’émoi des écologistes. Mais les écologistes allemands ne se trouvent pas mal, car ils ont eux-mêmes rédigé ce rapport. La Fondation Heinrich Böll est en effet un think-tank du parti Vert allemand. C'est la fin de tout. Les écologistes sont secondés par le ministre de l'Environnement Peter Altmaier, qui a déclaré récemment dans Die Zeit que d’ici 2020, le pays allait assurer 35% de son électricité à partir de sources renouvelables. Mais encore faut-il penser aux 65% restant.

Le début de la révolution verte

Peter Altmaier a beaucoup fait pour le retour allemand au charbon. Aucun autre pays ne construit actuellement autant de centrales alimentées par le coke que l'Allemagne, avec 23 installations. La plupart d'entre elles vont brûler le lignite, le combustible le plus sale des énergies fossiles, avec un impact atmosphérique de 150 millions de tonnes de CO2 de rejets, et tout cela en accord avec les Verts.

Les écologistes allemands sont ils devenus fous ? Oui, en quelque sorte. Depuis l’annonce, faite par Angela Merkel en mars 2011, quelques jours après l'accident survenu à la centrale nucléaire japonaise de Fukushima, de l'extinction de sept réacteurs nucléaires sur les dix-sept que comptait l’Allemagne, ils n’ont yeux que pour la chancelière. Quant à la décision du gouvernement allemand, officialisée le 30 mai 2011, concernant l’arrêt définitif de toutes les centrales en activité [d’ici 2022], elle a fini de transformer en réalité les rêves des écologistes et a sonné le début de la révolution verte.

La décision de la chancelière d'abandonner l'atome ne relevait pas d’un héroïsme politique particulier, étant donné qu’après la catastrophe de Fukushima, 70% des Allemands étaient opposés à l'énergie nucléaire. Cependant il aurait fallu la faire précéder de prévisions précises, ce qui n’a pas été le cas. Initialement, l'Allemagne devait renoncer à l’atome progressivement, en le replaçant au fur et à mesure par les énergies renouvelables. Au lieu de cela, l’Allemagne va perdre en une seule décennie  20 % de sa production d'électricité.

Pourtant, au départ, tout le monde s’attendait à ce que le gaz devienne le substitut naturel de l’atome. Ces prévisions ont été toutefois déçues en raison d’un système communautaire d’échange de quotas d’émission (SCEQE ou Emission Trading System – ETS) qui n’a pas tenu ses promesses. Ce mécanisme met en place des plafonds des quotas de gaz à effets de serre qu’une entreprise peut émettre et distribue à chaque entreprise, y compris aux producteurs d'énergie, un permis d’émettre du CO2. Les entreprises ayant réduit la quantité de leurs émissions peuvent vendre les quotas inutilisés à des entreprises qui ont dépassé leurs limites.

Quotas de CO2 non utilisés

Avec un ETS opérationnel, le charbon n’aurait eu aucune chance de subsister en tant que source d'énergie, face au gaz naturel, trois fois moins polluant en termes de CO2. Sauf que les créateurs d’ETS n’avaient pas prévu que l’Europe allait sombrer dans une crise économique qui a considérablement réduit la demande en électricité. Ainsi, les producteurs d'énergie électrique se sont retrouvés avec des quotas d'émission de CO2 non utilisés et dont les prix avaient chuté. Actuellement, le prix du permis d'émettre une tonne de CO2 coûte environ 7 euros, alors que, selon l’Institut de Technologie de Karlsruhe, pour que l’électricité issue du gaz naturel soit moins chère que celle tirée du charbon, ce prix devrait se situer autour de 35 euros.

Alors que certaines voix se sont élevées au Parlement pour réclamer le maintien partiel du secteur nucléaire, les Verts se disent favorables au charbon, chose jamais vue dans l'histoire pour un parti écologiste. "Nous sommes prêts à accepter un retour temporaire au charbon comme source d'énergie afin d'épargner à l'Allemagne les effets destructeurs de l’atome. Après tout, ce qui nous importe à tous c'est la protection de l'environnement", a expliqué le chef du groupe des Verts au Bundestag, Jürgen Trittin.

S'agit-il bien de l'intérêt de la planète, ou d'une convergence exceptionnelle entre les intérêts des poids lourds de l'industrie d'énergie et le soi-disant bien-être de notre planète Terre ? Quoi qu'il en soit, ce n'est assurément pas les intérêts environnementaux qui priment, comme en témoigne le triste cas de l'industrie solaire allemande.

Culture de l’ananas

Le moins que l'on puisse dire, c'est que les Allemands adorent l'énergie solaire. Le territoire de notre voisin occidental est chauffé par les rayons de soleil à peu près autant que l'Alaska, et pourtant l'Allemagne dispose à elle seule des installations de cellules photovoltaïques d'une capacité totale quasiment équivalant à la puissance de toutes les autres installations à travers le monde. "C'est comme si les habitants de l'Alaska se mettaient subitement à la culture d'ananas", a fustigé récemment le député de la CDU [conservateurs] Michael Fuchs.

Ces ananas sont extrêmement coûteux pour les Allemands. L'absurdité d'investir dans le secteur de l'énergie solaire a été très clairement décrit dans les publications de l'économiste Joachim Weimann. De son point de vue, si les 9 milliards d'euros, consacrés cette année au secteur de l'énergie solaire, étaient investis dans l'énergie éolienne, on produirait cinq fois plus d'électricité, et jusqu'à six fois plus si les investissements portaient sur l'énergie hydraulique. De même, pour réduire les émissions de CO2 d'une tonne, il suffit investir 5 euros dans l'isolation d'un bâtiment, 20 euros dans une nouvelle centrale au gaz, ou 500 euros dans l'énergie solaire.

En dépit de ces coûts exorbitants, le gouvernement allemand a soutenu pendant des années le secteur, en espérant, comme le soutient Weimann, que les fabricants allemands de cellules photovoltaïques, fortement subventionnés, arrivent à dominer les marchés mondiaux. Mais il y a deux ans, quand il s'est avéré que les Chinois étaient capables de produire des cellules moitié moins chères que les Allemands, Berlin a coupé son aide, entraînant une vague de faillites en Allemagne.

Si les dépenses en faveur des énergies renouvelables étaient engagées dans une logique de protéger l'environnement, l'énergie solaire n'aurait jamais vu le jour en Allemagne. Mais en réalité, la révolution verte allemande ne relève pas tant de l'environnement que du profit et de la volonté de créer des créneaux spécialisés où les entreprises allemandes pourraient devenir imbattables.

Puisque la chancelière Angela Merkel a réussi à convaincre les écologistes en faveur du charbon, elle pourrait probablement tout aussi bien les convertir à l'atome. Mais cela n'aurait aucun intérêt pour l'économie allemande, puisque l'énergie nucléaire est un pré-carré français. La protection de l'environnement doit être avant tout rentable.

Traduction : Lucyna Haaso-Bastin
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