Faut-il sortir du nucléaire ?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par luc marchauciel » 02 Avr 2012, 21:01

(redspirit @ lundi 2 avril 2012 à 20:23 a écrit :
(luc marchauciel @ dimanche 1 avril 2012 à 20:28 a écrit :
(redspirit @ dimanche  1 avril 2012 à 14:36 a écrit : (le traumatisme des populations locales est bien plus lié à la catastrophe nucléaire qu'au séisme).

Ce qui est incroyable, c'est de dire un truc pareil.
Cela revient à dire que 30 000 morts et d'immenses destructions, c'est assez négligeable, comparé au stress de la crainte de la radioactivité, au déplacement de populations et à la stérilisation de terres :altharion:

Luc, je parlais de traumatisme pour les populations locales encore en vie après le séisme.

Je n'ai heureusement aucune expérience de ce type d'événements, mais a priori, pour les survivants, il me semble que c'est infiniment plus traumatisant d'avoir eu sa maison détruite par une vague gigantesque et de chercher les cadavres de ses proches dans les décombres plutôt que de devoir être évacué au cas où la radioactivité deviendrait dangereuse.

Sinon, là, la seule personne qui a l'air pas disposée à discuter de la question de la sortie du nucléaire, c'est toi, d'après ton dernier post.
luc marchauciel
 
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Message par lucifer » 03 Avr 2012, 07:54

(redspirit @ lundi 2 avril 2012 à 20:23 a écrit : [/QUOTE]

Pour le reste, je ne discuterai pas. Il n'y a de discussions possibles qu'avec des gens disposés à le faire, ce qui n'est pas le cas. C'était ma dernière intervention sur le sujet sur le forum.

C'est dingue comme le nucléaire est dangereux :headonwall: ,ca arrive meme a faire des dégats sur notre forum :halalala: ....par"auto-désintégration" :cry3: .
lucifer
 
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Message par Matrok » 03 Avr 2012, 12:43

Un billet du blog de Nathalie Arthaud (pas tout récent, ça date du 10 décembre quand même) :
a écrit :Samedi 10 Décembre - En Saône-et-Loire
À propos du nucléaire

À Chalon-sur-Saône, où j’étais jeudi der­nier pour une réu­nion publi­que, l’indus­trie nucléaire est très pré­sente. C’est le cas d’ailleurs dans toute la région. J’ai donc été inter­pel­lée par plu­sieurs per­son­nes, dont des jour­na­lis­tes, sur ce que je pen­sais du nucléaire.

Si je suis évidemment cons­ciente du danger que peut repré­sen­ter l’indus­trie nucléaire, je pense que la menace est décu­plée du fait de la ges­tion capi­ta­liste qui en est faite. Et l’his­toire a montré que mal maî­tri­sées, toutes les formes d’énergie peu­vent repré­sen­ter un danger pour les tra­vailleurs, la popu­la­tion et l’envi­ron­ne­ment, à des degrés divers. Je tiens à rap­pe­ler que l’économie basée sur la recher­che du profit maxi­mum a trouvé le moyen de tuer avec des vaches ren­dues « folles » parce que nour­ries en dépit du bon sens. Et l’indus­trie chi­mi­que a fait plus de morts à Bhopal ou à Seveso que les cen­tra­les nucléai­res.

Alors je pense que sur le fond, le débat ne doit pas se limi­ter à une ques­tion tech­no­lo­gi­que : « nucléaire ou pas ? » Toute tech­ni­que dépend de l’orga­ni­sa­tion sociale dans laquelle elle est mise en œuvre et je pense que si l’on veut se pro­té­ger des dan­gers du nucléaire et de toutes autres indus­tries, il faut com­men­cer par les sortir de la ges­tion capi­ta­liste à courte vue et aveu­glée par la recher­che du profit et de la ren­ta­bi­lité. À la ques­tion « faut-il sortir du nucléaire ? », je réponds qu’il faut sortir du capi­ta­lisme.

Pour évoquer l’actua­lité, je note que les direc­tions des Verts et du PS ont joué une comé­die pitoya­ble, se jetant au visage le nombre de cen­tra­les nucléai­res à fermer alors que, de toute évidence, la seule chose qui les préoc­cu­pait était… le par­tage des sièges de futurs dépu­tés. Et à aucun moment je ne les enten­dus dire que, der­rière ces chif­fres, il y a des mil­liers de femmes et d’hommes qui tra­vaillent. Aucun n’a dit com­ment il ferait, si on fer­mait telle ou telle cen­trale nucléaire, pour que pas un seul de ceux qui y tra­vaillent, ou dont l’emploi en dépend, ne se retrouve au chô­mage.

Il y a des écologistes qui disent qu’il faut « sortir du nucléaire », il y en a d’autres qui disent qu’on ne peut pas s’en passer. Moi, je dis qu’on ne pourra répon­dre à cette ques­tion que lorsqu’elle ne sera plus pol­luée par la soif de pro­fits des capi­ta­lis­tes, qu’on ne pourra réel­le­ment faire des choix cons­cients et maî­tri­sés, pour la sécu­rité de la popu­la­tion et pour la pro­tec­tion de l’envi­ron­ne­ment, que lorsqu’on sera sorti de cette économie capi­ta­liste gou­ver­née par la recher­che du profit maxi­mum.

Évidemment, d’ici là, les tra­vailleurs n’ont qu’une chose à eux : leur emploi. Et par­tout, nucléaire com­pris, ils ont le droit moral et l’obli­ga­tion vitale de le défen­dre contre tous ceux qui, patro­nat et poli­ti­ciens à son ser­vice, le mena­cent.

D'abord une remarque : Bhopal a en effet fait à peu près autant de morts que Tchernobyl (savoir si c'est plus ou moins dépend des estimations). Seveso, par contre, mauvais exemple : il y a eu une pollution qui a entrainé des maladies, beaucoup d'animaux en sont morts, mais aucun homme. À part le directeur de l'usine, assassiné par les brigades rouges. Ceci dit, il est exact que "les dangers du nucléaire" sont essentiellement ceux que fait peser la négligence et la mauvaise gestion, et que bien d'autres activités industrielles présentent des risques du même ordre, sinon du même type. Au moins Nathalie Arthaud se distingue sur ce point des marchands de peur soi-disant écologistes...
Ensuite sur le fond : l'esprit de cette réponse (et c'était aussi celui du débat organisé l'année dernière à la fête), c'est de dire "on ne pourra répon­dre à la ques­tion de sortir ou non du nucléaire que lorsqu’on sera sorti du capitalisme". Certes, pour pouvoir appliquer de telles décisions il faut d'abord prendre le pouvoir ! Mais dire qu'on ne peut rien proposer, c'est faire comme si on n'avait aucun moyen de s'informer, d'analyser, de comprendre les questions touchant à la politique énergétique. Heureusement c'est faux. Je pense donc que cette réponse est insuffisante.
Matrok
 
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Message par Matrok » 03 Avr 2012, 12:47

(redspirit @ lundi 2 avril 2012 à 19:23 a écrit : il est honteux que ce drame soit réduit à Fukushima. Symétriquement, il est honteux que la catastrophe nucléaire de Fukushima soit réduite à "zéro mort".

Dans le fond, je suis assez d'accord avec toi là-dessus. C'est juste sur ton affirmation au sujet du "traumatisme plus grand" que je pense que tu te goures.

Il faut bien sûr distinguer les victimes du séisme et du tsunami de celles de l'accident nucléaire qu'il a entrainé. Ce que les Verts, le NPA, le FdG et le réseau "Sortir du Nucléaire" n'ont pas fait, lorsqu'ils ont choisit pour leurs manifestations anti-nucléaires la date anniversaire du séisme, qui devrait décemment être laissée pour le recueillement des victimes d'une catastrophe épouvantable dont la cause n'était pas le nucléaire. Pourtant, on ne peut pas réduire le bilan de l'accident nucléaire à "zéro mort". D'abord parce qu'on ne peut pas l'affirmer avec certitude : non seulement les effets à long terme sont incertains, mais on n'a pas de vrai bilan des conséquences sur les personnes ayant travaillé dans l'urgence à tenter d'empêcher le pire sur la centrale dans les jours qui ont suivi la catastrophe. J'ai entendu sur France Inter qu'un journaliste japonais aurait notamment révélé qu'une cinquantaine de personnes environ avaient été recrutées pour le compte de TEPCO par les yakuzas - cela n'a rien de folklorique, la pègre japonaise est toujours là dans bien des sphères de la société japonaise, le BTP notamment, et les chantiers de reconstruction après les catastrophes naturelles. Ces personnes n'auraient pas été suivies médicalement et auraient "disparues dans la nature"... Ensuite parce que évidemment, on doit tenir compte dans ce bilan des évacuations, et des villages, des terres rendues inhabitables pour des décennies voire des siècles, ce que même le pire tsunami ne pourrait pas faire à lui seul. Alors que tout reste de la région sinistrée du Tohoku peut se reconstruire, la "zone interdite" autour de la centrale de Fukushima Daiichi ne le peut pas. Oui, un tel accident nucléaire était bien "le pire des scénarios possibles" suite à cette catastrophe.

Maintenant, est-ce la faute "du nucléaire" ? Je ne le pense pas. Si Fukushima Daiichi a sauté c'est surtout qu'elle était mal conçue et que toutes les occasions de la remettre à un niveau de sécurité correct ont été ignorées. Les centrales de Fukushima Daini et de Ibaraki ont subi également le même séisme et le même tsunami, mais comme elles étaient plus récentes, elles avaient été construites plus en hauteur et leurs groupes électrogènes de secours étaient mieux protégés contre l'éventualité d'un tsunami, ce qui fait qu'ils ont pu fonctionner. Dans ces deux centrales là, mieux conçues, alors que tout autour d'elles était dévasté, l'incident nucléaire qui (si on en croit la presse) a pourtant démarré comme à Fukushima Daiichi, s'est finalement résolu sans risque pour la population, un peu comme à la centrale du Blayais lors de la crue de la Gironde provoquée par la tempête de 1999.
Matrok
 
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Message par Faber » 04 Avr 2012, 14:54

a écrit :Il divise tout ça par un facteur 3, avec "ses propres calculs". Au NPA, on sort du nucléaire, on construit plein de trucs et on se passe du charbon en même temps, et tout ça en 10 ans. C'est Harry Potter qui fait les "propres calculs" du NPA, avec sa baguette magique ?


ouais, attention quand même à ce genre d'arguments... l'aspect "réaliste" ou "crédible" des revendications de l’extrême gauche ne se juge qu'à l'aune de la lutte que leur réalisation engendrerais.

En cela, oui, il y a bien des facteurs "objectifs", "scientifiques" et "raisonnables" que l'on peut facilement diviser par 3, les profits des patrons par exemple pour obtenir des augmentations de salaires.

Car a trop entrer dans la technique et la faisabilité, on trouve (ce qui suit dans l'article du blog des imposteurs que tu nous invites à lire, qui critique le scénario négawatt, à partir duquel le NPA fait de la surenchère, si j'ai bien compris) de jolies petites perles toute reformardes comme

a écrit :Atteindre un taux d'exploitation optimal d'une ressource renouvelable est difficile : l'État peut facilement freiner en cas de surexploitation (comme il le fit dans le passé pour sauver la forêt française), mais sa marge de manœuvre pour favoriser la production est limitée.


ou encore

a écrit :L'intervention de la puissance publique peut certes favoriser l'exploitation mais elle ne peut dépasser les limites accordés par la loi. Dans le cadre d'une société démocratique et libérale le propriétaire d'un terrain reste maître chez lui, c'était une des revendications de la révolution de 1789, partagées par les petits paysans comme par la haute bourgeoisie. Redonner ce pouvoir arbitraire à l'État serait une rupture avec notre République.


alors question Luc, si le NPA, en faisant ses propres calculs, n'a pas jugé utile de s'appesantir sur le fait que le propriétaire du terrain reste maitre chez lui, et que par là même, non content de filer le train aux écolos (car fondamentalement tu as raison là dessus), il a pu diviser par 3 la durée possible de sortie du nucléaire, il a eu plutôt raison non ?
Faber
 
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Message par luc marchauciel » 04 Avr 2012, 15:58

(Faber @ mercredi 4 avril 2012 à 15:54 a écrit :
a écrit :Il divise tout ça par un facteur 3, avec "ses propres calculs". Au NPA, on sort du nucléaire, on construit plein de trucs et on se passe du charbon en même temps, et tout ça en 10 ans. C'est Harry Potter qui fait les "propres calculs" du NPA, avec sa baguette magique ?


ouais, attention quand même à ce genre d'arguments... l'aspect "réaliste" ou "crédible" des revendications de l’extrême gauche ne se juge qu'à l'aune de la lutte que leur réalisation engendrerais.

(...)

alors question Luc, si le NPA, en faisant ses propres calculs, n'a pas jugé utile de s'appesantir sur le fait que le propriétaire du terrain reste maitre chez lui, et que par là même, non content de filer le train aux écolos (car fondamentalement tu as raison là dessus), il a pu diviser par 3 la durée possible de sortie du nucléaire, il a eu plutôt raison non ?

Oui, évidemment, si l'on discute de... coûts, pas de quantité d'énergies produites.

Faber, ton post ne colle pas (selon moi) parce qu'il met sur le même plan des questions de mesures sociales et politiques (quelle fraction du produit d'une entreprise est dilapidé en profits au lieu d'être utilement utilisée en salaires et investissements) et des questions de grandeurs physiques (comment produire x quantité d'énergie ?)
Evidemment, ma critique portait sur le second aspect, pas sur le premier. Il s'agit de dire que, si on veut maintenir un certain niveau de vie [mais quand on répond positivement aux sirènes de la Décroissance, le veut-on vraiment ?] et prévoir des "grands travaux" ayant une dimension environnementale [en ce qui concerne les moyens de tranpsort ou l'isolation des bâtiments], dire qu'on peut se passer du nucléaire d'ici à 10 ans me semble irréaliste. "Physiquement", pas politiquement. Politiquement, on peut prendre toutes les déicisons qu'on veut, il n'y a aucune loi de la nature qui l'empêche.
Ce mois-ci, dans Pour la Science, il y a un spécialiste de ces questions, un gars très antinucléaire qui veut absolument en sortir à cause de la question des risques, qui développe un scénario faisant la part belle aux économies d'énergie. Il propose une sortie encore plus rapide que Négawatt, soit en 20 ans. Le NPA lui va toujours deux fois plus vite que tout ce beau monde, j'aimerais bien voir l'exposé de ses considérants et calculs [si ça existe quelque part, je suis preneur]
Là où le NPA ets gauchiste ou technophobe ou je ne sais quoi, c'est qu'il fait d'une question de choix technologiques [qui est un peu un choix de société par ailleurs, Matrok a raison de dire que ça se discute dès aujourd'hui, même si je trouve que ce serait compliqué pour LO de prendre une position précise et bien arrêtée là-dessus] une question d'essence politique, en se faisant fort de démontrer que le nucléaire est une énergie typiquement "capitaliste ou, pour faire plus moderne : "productiviste" [quoi que ce dernier terme, aussi répandu qu'absurde veuille dire].
Ce qui, maintenant que j'y pense, a effectivement des airs de lyssenkisme, Canardos n'a peut-être pas tout à fait tort là dessus....
luc marchauciel
 
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Message par Faber » 04 Avr 2012, 17:49

Sauf que quand le blogueur des imposteurs nous explique pourquoi c'est impossible, irréalisable etc, il ne parle pas seulement de grandeurs physiques (en l’occurrence de la dimension des forêts, de leur productivité), il nous expose aussi des considérations très politiques comme le respect du propriétaire.
Et si exproprier un agriculteur ou un propriétaire quelconque de terrain pour planter la forêt nécessaire au bois de chauffage ou de construction, c'est du lyssenkisme, et bien soit.
D'ailleurs, je ne vois pas dans la prudence de LO une quelconque réticence à faire des choix technologiques une question d'essence politique, pour reprendre tes termes. De même, la quantité d’énergie produite dépend évidement de mesures sociales et politiques, notamment que les gains de productivité profitent au plus grand nombre...
Bref, je suis d'accord pour critiquer le npa sur son empressement à plaire aux écolos, mais pas avec ce raisonnement.
Faber
 
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Message par luc marchauciel » 04 Avr 2012, 18:15

(Faber @ mercredi 4 avril 2012 à 18:49 a écrit : Sauf que quand le blogueur des imposteurs nous explique pourquoi c'est impossible, irréalisable etc, il ne parle pas seulement de grandeurs physiques (en l’occurrence de la dimension des forêts, de leur productivité), il nous expose aussi des considérations très politiques comme le respect du propriétaire.

Evidemment, là dessus, on est entièrement d'accord, je m'étais fait la même remarque en lisant l'artcile la première fois, je trouvais que ça affaiblissait son argumentation (je m'en souvenais plus quand j'ai posté le lien sans relire l'article, au temps pour moi)

Sur les problèmes et une forme d'irréalisme du scénarion Négawatt (qui prévoit une sortie du nucélaire deux à trois fois plus longue que le NPA, je le rappelle encore une fois), il y a aussi les critiques de l'association Sauvons le Climat (un "lobby" qui regroupe des ingénieurs pro-nucléaires sensibles à la question de réchauffement climatique), promoteure du scénario énergétique futur dit "Négatep"

Voici leur dernier communiqué sur le sujet :

a écrit :
Sauvons le Climat avait soigneusement analysé le scénario Négawatt dans sa version 2006 (voir le document SLC daté de février 2007 : « Comparaison des scénarios Negawatt et Negatep »). C’est avec intérêt que Sauvons le Climat attendait « les profondes améliorations » annoncées par l’Association Négawatt et révélées le 29 septembre 2011.

Hélas, si comme pour les éditions précédentes nous partageons quelques avis sur l’importance de la sobriété énergétique, nous constatons notre désaccord total sur la faisabilité des réductions de consommation retenues, sur la possibilité de faire face à l’intermittence de l’éolien et du photovoltaïque et sur le rôle primordial dévolu au méthane.

Le scénario Négawatt, par une approche dite « sobriété et efficacité » prétend diviser par deux la consommation finale d’énergie. Compte tenu de l’accroissement de la population, chaque Français devrait ainsi réduire sa consommation de 60 %. Les réductions de consommation escomptées aussi bien dans les logements que dans les transports sont techniquement et financièrement totalement irréalistes. Certaines des mesures préconisées vont sans doute dans le bon sens, mais poussées à l’extrême elles se traduiraient par un ensemble d’interdits qui ne peuvent qu’inquiéter : interdit d’augmenter les surfaces des logements, alors que les tendances actuelles sont dues en grande partie à la multiplication des familles monoparentales et au vieillissement de la population ; interdits sur l’alimentation ; interdits sur l’habitat individuel, etc.

Les difficultés engendrées par les très fortes variations de la puissance fournie par les éoliennes et le solaire – pudiquement rebaptisées « fluctuations » - sont très largement sous-estimées ; et la solution proposée, consistant à utiliser les pics de production pour produire de l’hydrogène par électrolyse, est elle aussi irréaliste.

L’appel massif au méthane, de préférence aux biocarburants pour la mobilité et à l’électricité pour les usages fixes, repose sur des données biaisées, notamment sur les rendements des opérations, dont celles liées à la méthanation (production d’hydrogène, collecte du gaz carbonique, transformation en méthane et stockage de ces gaz). Ceci conduit à s’interroger sur les conséquences d’un échec plus que probable de la démarche proposée : le gaz naturel, en remplacement du méthane synthétique, serait alors la seule voie possible avec, en contre partie, une dépendance accrue vis-à-vis des pays producteurs et, encore plus grave, une augmentation des rejets de CO2.

Il faut enfin noter que de façon générale toute considération financière est omise de l’analyse Négawatt. Une utopie dont le surcoût par rapport à une politique telle que préconisée par notre scénario Négatep serait de l’ordre de 1 000 milliards €, soit plus de 25 milliard €/an ; mais ceci ne doit pas nous surprendre, quand nous voyons déjà se dessiner les surcoûts de l’éolien et du solaire photovoltaïque, pour répondre aux seuls objectifs du Grenelle de l’environnement.

Qu’attendre d’un tel  scénario, qui fourmille d’approximations et d’inexactitudes: un futur qui, contrairement à ce qui est affirmé, reposera massivement sur l’usage du gaz naturel et une dépendance énergétique, un coût élevé de l’énergie, une compétitivité économique de la France sacrifiée et, plus singulièrement encore, un échec de la lutte contre le changement climatique.




et le lien vers leur analyse plus détaillée, qui est celui que j'aurais dû poster au départ :

http://sauvonsleclimat.org/etudeshtml/anal...awatt-2011.html


luc marchauciel
 
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Message par luc marchauciel » 04 Avr 2012, 18:19

Ayé, je me souviens, Faber : lors de la publication du premier des deux artciles sur Imposteurs, j'avais tout de suite mis un commentaire qui reprend ce que tu dis. Je le recopie ici, pas tellement pour sauver mon honneur de communiste révolutionnaire, mais parce que ça complète à propos de ce que nous discutons ici :

a écrit :

L'auteur développe ici deux type d'arguments pour metre en cause le réalisme du scénario Négawatt :

- ce n'est "techniquement" pas possible

- ce n'est économiquement et socialement pas possible, en fonction des contraintes de la propriété privée et de la conception de la démocratie que défend l'auteur (qui semble être d'accord avec les scénaristes  de Negawatt pour rejeter toute idée de pouvoir central fort orientant fortement les choix de production en fonction des besoins et de l'intérêt général, face à une éventuelle myriade de propritaires locaux privés ou relevant d'une collectivité territoriale -puisque cela semble être le cas de la forêt française à l'heure actuelle, mais je parie sans hésiter sur des logiques de concentration du foncier en cas d'intérêt économique accru de la filière bois)   

Le premier argument m'a l'air convaincant, pour autant que je puisse en juger (cf c'est très "technique", justement)

Le deuxième relève de l'ordre du débat politique. Je ne partage pas les présupposés de l'auteur sur la "démocratie libérale", mais je souris du pavé envoyé dans la mare des tenants de l'écologie politique qui veulent tout et son contraire :

- une politique de réorientation drastique et rapide de la production d'énergie... mais aussi, en même temps,  selon une logique du "small and close is beautiful"  : la décentralisation, la relocalisation et l'absence de planification centralisée.

- une politique de développement de la biomasse pour sortir du nucléaire [enfin, pas tous : Greenpeace vient de se prononcer contre la biomasse -car trop polluante - : en plus d'être contre les hydrocarbures et le nucléaire pour produire de l'énergie, il ne va bientôt plus rester grand chose], mais  tout en refusant le "productivisme" (dont les OGM) et en  voulant par ailleurs développer l'agriculture bio... qui vues les pertes de rendements nécessitera le développement de bien plus de surfaces agricoles, forcément au détriment... de la forêt (sauf à reconcentrer la population dans des habitats collectifs minuscules... Ceci dit, pour relocaliser la bourgeoisie, je suis pas contre).

L'article montre bien que tout ne peut pas être extensif, à un moment se pose la contrainte physique de la réalité du territoire.

Bref, les mêmes qui expliquent à tout bout de champ pour nourrir la soupe décroissante que "nous vivons le temps du monde fini", en pensant à la planète et à ses "limites", explosent dans leur raisonnement  la contrainte de la finitude du territoire à l'échelle plus locale. On imagine ce que donnerait au niveau plantéaireune telle addition d'incohérences ...

 

Commentaire n°1 posté par Luc Marchauciel le 23/12/2011 à 17h25
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Message par luc marchauciel » 06 Avr 2012, 08:46

Sur le blog de Sylvestre Huet :

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2...-candidats.html

a écrit :
Sauvons le climat interpelle les candidats

Les questions climatiques et énergétiques sont peu abordées par la campagne électorale.

L'internaute peut toutefois trouver sur le site Votons pour la science, les propositions de la candidate d'EELV, Eva Joly, celles de François Hollande pour le PS, et de celles du Front de Gauche et de Jean-Luc Mélenchon qui appelle à une "planification écologique". (photo, incendie à la centrale à charbon du Havre en janvier 2012).

Un appel à les affronter vient d'être lancé par l'association Sauvons le climat. Ce texte milite pour une autre sorte de transition énergétique que celle préconisée par la plupart des candidats qui font référence à ce concept puisqu'elle consiste surtout à augmenter la part de l'électricité dans le mix enérgétique total, sur la base du raisonnement suivant: notre électricité est pour l'essentiel décarbonée (nucléaire, hydraulique, biomasse et éolienne), il faut donc l'utiliser plus massivement encore pour les transports ou le chauffage. Ce raisonnement s'oppose donc non seulement à la proposition d'EELV qui veut abandonner le nucléaire, mais également à celle de François Hollande qui propose de fermer la centrale de Fessenheim durant son mandat et de diminuer de 75 à 50% la part du nucléaire dans l'électricité d'ici 2025. Quant au Front de Gauche, il est divisé entre ceux qui souhaitent sortir du nucléaire (Parti de Gauche) et ceux qui veulent continuer à y recourir (Parti Communiste Français).


On peut lire notamment dans ce texte: «Il résulte de tous ces dérapages que la barre symbolique d’une concentration de CO2 dans l’atmosphère de 400 ppm va être très prochainement franchie, notoirement plus tôt que ce qui était prévu au moment de la conférence de Copenhague. La France n’a-t-elle plus rien à dire sur le sujet ? C’est ce que semblent penser les candidats à la Présidence de la République, à en juger par leur extrême discrétion. Nous leur demandons donc de rompre ce silence incompréhensible en prenant des engagements précis pour la France:

- Refus de voir augmenter la production d’électricité d’origine fossile.

- Décourager l’usage du chauffage au fioul et au gaz.

- Encourager fortement la transition vers l’électricité dans les transports publics et individuels.

Parmi les pays développés la France est un de ceux qui a les meilleures performances en matière d’émission de CO2. Elle doit jouer à fond cet avantage par souci écologique mais aussi, par intérêt économique bien compris en prenant sans complexe la place de leader incontesté en termes de développement des usages et de la production d’électricité décarbonée (électricité renouvelable et nucléaire), passage obligé vers une économie à bas carbone. Un dividende non négligeable d’une telle politique sera d’amortir le choc inévitable que ne manquera pas de produire l’augmentation considérable du prix des combustibles fossiles qui se profile à l’horizon.»

Parmi les premiers signataires on relève les noms de l'ancien Premier ministre Michel Rocard, de l'ex-président de l'Académie des Sciences et du Cnrs Edouard Brézin, du biologiste Pierre Joliot, de la physicienne Hélène Langevin, du Haut Commissaire à l'énergie atomique Catherine Cesarsky...




Par Sylvestre Huet, le 5 avril 2012
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