Tessier et Maffesoli ridiculisés

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par luc marchauciel » 22 Mai 2011, 17:51

Elisabeth Tessier est l'astrologue médiatique bien connue, ex conseillère de Mitterrand paraît-il, qui s'est illustrée en soutenant (avec succès, c'est ça qui est dingue) à la Sorbonne une thèse en sociologie sur l'astrologie.

Récemment, ET a eu une certaine exposition médiatique liée à ses prédictions passées relatives à l'avenir de Strauss Kahn.
Rions un peu avec ET :

http://www.20min.ch/ro/news/dossier/affair...niale--16760815

a écrit :
L’astrologue française Elizabeth Tessier avait prédit une année 2011 faste à Dominique Strauss-Kahn. Elle s’était visiblement trompée.

Dominique Strauss-Kahn aurait dû avoir une année 2011 magnifique selon Elizabeth Tessier. "Depuis 2010, Pluton imprime un grand tournant dans son destin, qui se prolonge sur le printemps 2012. 2011 sera pour lui une année géniale. Peut-être un destin présidentiel».

Lors d’un entretien avec «Paris Match» en décembre dernier, Elizabeth Tessier avait prédit une année fabuleuse à Dominique Strauss-Kahn. Mais l’astrologue française ne s’était pas arrêtée en si bon chemin lors de l’interview avec le magazine en ajoutant: «2011 sera pour lui une année géniale: à 62 ans, c’est l’année de sa vie».

Elizabeth Tessier n’en est pas à sa première prévision fausse. L’astrologue avait dû subir en 2008 plusieurs critiques, après avoir annoncé que l’équipe de France de football allait remporter l’Euro, explique le «NouvelObs».


Ce qui est marrant, c'est que sur son blog, elle n'e démord pas et "persiste et signe" [attention au charabia] :

http://www.eteissier.com/astron/astro.asp?pagex=1&bouton=2

J'adore ce passage :

a écrit :
MON PRONOSTIC : UN ACQUITTEMENT ou UNE RAHABILITATION POUR CLORE UN CAUCHEMAR ?
Dans ce drame digne d’une tragédie antique, où un instant de folie assorti de pièges neptuniens peut causer la chute et la mort politique d’un homme extraordinairement puissant- le 14 mai montrait une date fatidique liée à son destin (Jupiter= la loi conjoint à ses Nœuds Lunaires = le destin), DSK jouit aussi de plusieurs jokers planétaires.
Les 19-20, puis 24 mai, Jupiter/Uranus devrait être porteur de bonnes nouvelles. Dans le meilleur des cas, DSK pourrait sortir de prison en liberté sous caution, muni de son bracelet électronique ? Osons le pari !
Mais tout est relatif. Le trio Neptune/Saturne/Uranus continue d’être actif et août/septembre sera une phase critique pour DSK.
Bref, je persiste et signe ! Il est vrai que cette mi- mai dramatique et le tsunami médiatico-politique qui l’accompagne auront plongé DSK en enfer, mais je pense que, grâce aux deux trigones régénérateurs de Pluton, il va renaître de ses cendres d’ici la fin de l’année, ou le premier trimestre de 2012 et que fin 2012, il sera de nouveau en selle. Un non-lieu en vue, faute de preuves tangibles ?
Bien sûr, plus question pour lui d’élection présidentielle-et là encore, j’ai été trop optimiste. Je pense d’ailleurs à ce propos qu’il a brûlé ses vaisseaux dans un suicide politique inconscient et qu’il ne souhaitait pas se porter candidat. Mais je peux me tromper. Personne ne pourra prouver la chose ou son contraire. Lui seul, peut-être ?



Bref, je peux raconter une chose et son contraire, je retombe toujours sur mes pieds grâce aux astres (et à un emprunt à l'Inconscient freudien, très passe -partout lui aussi)

Maintenant, alllons voir du côté du directeur de thèse d'ET, le pseudo-sociologue Michel Maffesoli, qui vient de sortir un bouquin sarkozyste.
Il est allumé par Sylvestre Huet ici :

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2...as-sarkozy.html

mais surtout par le sociologue Laurent Mucchielli, dans un compte rendu qui est un bonne illustration de la différence entre ce qu'est une science sociale et ce qu'est l'escroquerie postmoderne :

a écrit :
La sarko-astro-pseudo-sociologie de Michel Maffesoli
Laurent Mucchielli
Le dernier livre de Michel Maffesoli est intitulé Sarkologies. Pourquoi tant de haine(s) ?. A travers la quatrième de couverture, l'auteur se présente lui-même comme « professeur de sociologie à la Sorbonne, lauréat de l'Institut de France et directeur d'un laboratoire de recherche », ou encore comme « sociologue reconnu de l'imaginaire et des tribus ». C'est une pleine page d'interview dans un quotidien régional qui nous a appris début mai l'existence de livre. Intrigué, nous l'avons lu, ce que nous n'avions pas fait avec les publications de cet auteur depuis de nombreuses années, et que nous ne ferons probablement jamais plus. Voici pourquoi.

Derrière une langue un peu compliquée, un tantinet pédante par instants (usage du Latin et du Grec, création et jeux de mots), le propos de ce livre est très simple. Il s'agit de dire que la réalité est double, que derrière la face rationnelle, consciente et avouée des choses, se cache une face émotionnelle, irrationnelle, imaginaire, inconsciente ou inavouée qui serait autrement plus déterminante. On retrouve là le credo de l'auteur. Appliqué à ce nouveau sujet, cela donne la thèse suivante : même quand il est au plus bas dans tous les sondages, Nicolas Sarkozy n'en demeure pas moins puissant et aimé des Français car il est « en phase avec les aspirations profondes du peuple » (page 26), « fondamentalement, Sarkozy, en ses aspects changeants, avec sa syntaxe approximative, dans sa théâtralité voyante, avec son côté m'as-tu-vu, au travers d'un désir de jouissance, ici et maintenant, ne fait que tendre au peuple ébaudi un miroir où celui-ci peut voir le reflet de son âme collective » (p. 20). En réalité, la face rationnelle des choses serait celle des « élites éduquées » produisant « l'opinion publiée », tandis que la face émotionnelle des choses serait celle du « peuple » produisant « l'opinion réelle » (p. 14). Le « pays légal » opposé au « pays réel » 1. Les 200 pages du livre ne sont au fond qu'une longue variation autour de cette unique et simple idée.

Sur les deux approches de la sociologie
Il est certain que l'imaginaire et les émotions sont des dimensions essentielles voire primordiales de la vie tant individuelle que collective, et que la sociologie quantitative ne saurait les saisir que très grossièrement. A fortiori les simples sondages d'opinion. Sur le principe, Michel Maffesoli a raison de le rappeler du début à la fin de son livre (voir encore p. 153). Mais il a tort d'une part de croire que cette idée est originale (qui, au fond, n'est pas d'accord ?), d'autre part de croire que la sociologie des autres-que-lui (qu'il vilipende à longueur de pages) s'arrête là. C'est bien parce que les enquêtes quantitatives ne suffisent pas pour analyser la société qu'il existe aussi une sociologie qualitative permettant de mieux saisir des comportements individuels et collectifs dans toute leur complexité. Sur ce point, il y a en réalité consensus parmi les sociologues, au-delà des courants et des traditions qui ont pu jadis opposer des « écoles » aujourd'hui à peu près disparues. Il est donc faux et même hypocrite de vouloir faire croire que la sociologie se réduit généralement aux sondages et aux statistiques. Et il faut une forte dose d'auto-aveuglement et de prétention pour s'imaginer être le héros de la sociologie qualitative. En réalité, ce n'est pas là que Michel Maffesoli se distingue, mais sur le point suivant.

Sur la méthode, qui fonde la sociologie comme science
Michel Maffesoli se présente comme un « vieux savant ». Or il n'y a de science que parce qu'il y a des méthodes d'objectivation du réel et d'administration de la preuve. Tout le reste n'est que littérature. Et c'est précisément là que Michel Maffesoli se distingue. Dans tout son livre, on ne trouve pas une seule fois l'utilisation d'un quelconque corpus de données, ni d'une quelconque méthode.

Aucune donnée historique permettant un minimum de comparaisons, d'où notamment une lancinante discussion sur la personnalisation du pouvoir et les attaques ad hominem que subiraient N. Sarkozy de façon exceptionnelle (c'est le titre du livre : « pourquoi tant de haines ? »), ce qui est facilement réfutable. Il n'est en effet pas besoin d'une grande culture historique pour savoir que, au contraire, la caricature du Prince est un classique et une constante de la vie politique. Quel responsable politique de premier plan y a échappé dans l'histoire ? De nombreux travaux historiques analysent en détail ce phénomène . Michel Maffesoli n'en cite aucun.

Aucune utilisation évidemment des données d'enquêtes quantitatives quelles qu'elles soient, M. Maffesoli les déteste plus que tout. Ce qui - là aussi - simplifie bien le travail, c'est certain. Voilà pourtant une paresse intellectuelle également fort dommageable. Car il n'est pas bien compliqué de jeter un coup d'oeil à quelques uns de ces fameux sondages d'opinion, même en connaissant leurs fortes limites, ne serait-ce que par curiosité intellectuelle. Ils sont très nombreux et, à l'heure d'Internet, quelques clics sur un ordinateur y donnent immédiatement accès. Mais il est vrai que leurs résultats ont l'inconvénient de contredire Michel Maffesoli. Ils montrent en effet que les personnes interrogées appartenant à des ménages dont la personne de référence est ouvrier ou employé et ayant les revenus les plus modestes font encore moins confiance à Nicolas Sarkozy que les autres . C'est ballot tout de même... ! D'autant que, par ailleurs, le personnage dont Michel Maffesoli prétend faire l'étude (Nicolas Sarkozy) est probablement - faut-il le rappeler ? - le plus grand consommateur de sondages que l'histoire des présidents de la République ait connu 4. L'auteur n'en dit étrangement pas un mot non plus.



suite sur :

http://lectures.revues.org/5576

luc marchauciel
 
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