To psy or not to psy

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Gaby » 18 Fév 2012, 17:15

Allez, Luc, mets en pratique ton incroyable capacité à tout saisir des sciences humaines tant qu'il ne s'agit pas de charlatans... Je te propose quelque chose de pas trop loin de ce que tu as étudié je crois, l'histoire.

Si j'écris cela sur le vol, qui pourrait être dans un cours de 3ème année de licence ou de master :
La tentative de réinterprétation de la révolution américaine par les historiens néo-progressistes a rencontré une relative popularité d'abord pour l'écho qu'elle rencontrait avec le contexte de l'émergence de la nouvelle gauche, mais aussi et surtout parce qu'elle proposait un compromis pratique entre le paradigme du consensus de Hofstadter et la dialectique du conflit de Beard, sans fondamentalement menacer l'hégémonique synthèse républicaine puisque son sujet n'est précisément pas l'origine intellectuelle de la Constitution des Etats-Unis. C'est une illustration parmi d'autres que les avancées historiographiques de la deuxième moitié du XXème siècle n'étaient désormais plus des ruptures entre systèmes qui s'opposent, mais des réponses à une profonde volonté de préciser des idées parfois anciennes en surmontant les divisions méthodologiques héritées du passé.

C'est de mon point de vue parfaitement clair, exprimé dans des termes quasiment simplistes, et parce que c'est plutôt synthétique, sans besoin de gloser, cela facilite la discussion entre américanistes. Alors est-ce que toi tu as juste besoin de consulter un dictionnaire pour en faire quelque chose ? C'est de la poudre aux yeux, ou tout simplement tu n'es pas formé et tu devrais demander des éclaircissements avant de balancer ça à la poubelle ? Bien sûr je pourrais le reformuler en fonction du coénonciateur, et en faire quelque chose de plus immédiatement compréhensible, mais tout texte ne doit pas s'adapter à tout public. Ce n'est juste pas pratique.
Gaby
 
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Message par Jacquemart » 18 Fév 2012, 17:22

C'est vrai, Gaby, t'as bien raison. Le Luc, il se trouve que je le connais un peu, c'est rien qu'un gros con prétentieux, pas fin pour deux ronds. Heureusement que tu es là pour lui apprendre un peu la modestie.

Et sinon, question générale qui m'angoisse un peu à lire certains ; si demain je tombe sur un médecin qui parle latin et qui prescrit des saignées, lui dois-je un respect et une admiration d'autant plus grands que je ne pige pas un mot de ce qu'il dit ? Et sinon, pourquoi ce qui s'applique aux médecins ne devrait-il pas s'appliquer à tous ceux qui prétendent posséder une expertise ?
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Jacquemart
 
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Message par Blondin » 18 Fév 2012, 17:37

ah? parce que dans Urgence les médecins parlaient pas en latin? on m'aurait menti :-)
Blondin
 
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Message par luc marchauciel » 18 Fév 2012, 18:28

(Gaby @ samedi 18 février 2012 à 16:50 a écrit : Tu montres bien que tu n'as jamais vraiment approfondi en histoire...

Je suis ravi que je le jury d'agrégation n'ait pas pensé comme toi, ça m'arrange au niveau de mon salaire
[ce que je viens de faire là, je l'ai un peu en horreur, mais j'ai pas pu m'en empêcher, face à cette attaque très malpolie]

Ton pararagraphe sur la révolution américiane, je ne le comprends pas immédiatement, il y a trop de trcus que je ne connais pas dedans. Mais à première vue, si je vérifies qui sont les auteurs, quelles sont les notions, je pense que je devrais m'en sortir.

Ce qui me fait penser à un autre truc qui m'énerve chez pas mal de gens qui font des sciences humaines : la propension à citer des auteurs et des concepts au lieu de développer des idées et des faits dans une argumentation construite. Fin de l'apparté.

Mais quel rapport entre ton texte sur la Révolution Américiane et par exeple cet extrait de lacan trouvé en 30 secondes au hasard via Google ?

a écrit :
Primum non nocere – Tel était le principe dont pendant des siècles le médecin mesurait son action.

Ne pas nuire à quoi ? Là où le conflit est essentiel, comment le psychanalyste ne vacillerait-il pas sur l’idée de guérison ? S’il se résout à dire, ne pas nuire à la carrière de son patient, il se réfute. Aucune réussite à ses yeux ne saurait que masquer l’échec du désir dont l’inconscient lui donne la trace.

(501)Il faut concevoir le reste de l’opération où le sujet se stabilise comme quotient établi du désir qui l’a engendré au moi qu’il s’est cru être.

D’un tel reste peut s’éclairer l’enjeu (écrivez En-Je) de ce qui constitue un acte : à savoir, là où le sujet se réalise pour ce qu’il est, de sa structure : une perte.

Alors on verra que de la psychanalyse, le sujet sort n’ayant rien fait que d’aliéner ce reste : à savoir le rendre à l’Autre dont il provient.

Mais ainsi quitte de sa dette, il peut annuler le créancier lui-même. Il n’a plus besoin de la demande de cet Autre pour soutenir son propre désir. Il sait que son désir s’est formé de la zone qui fait barrière à la jouissance. Il se satisfait de ce vide où il peut aimer son prochain, parce que ce vide, c’est là qu’il le trouve comme lui-même, et que ce n’est pas autrement qu’il peut l’aimer.

Observer que je viens de définir l’opération psychanalytique par la voie offerte au psychanalysant – pour employer un terme mien qui se répandit comme si déjà il chargeait l’air. Ce terme ne désigne pas le psychanalyste. Mais que cette voie se dise de restaurer l’agent dans le patient, n’est-ce pas là pourtant le fait du psychanalyste ? Car c’est lui qui fait l’offre d’où naît une sorte de demande qu’on n’avait jamais vue.



http://aejcpp.free.fr/lacan/1969-04-25.htm

"D’un tel reste peut s’éclairer l’enjeu (écrivez En-Je)"
"pour employer un terme mien qui se répandit comme si déjà il chargeait l’air"

Quel clown pathétique !
luc marchauciel
 
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Message par luc marchauciel » 18 Fév 2012, 18:34

(Blondin @ samedi 18 février 2012 à 16:47 a écrit : Luc, d'abord si tu as lu du Freud, pour le coup tu reconnaîtras que c'est accessible sans trop de difficulté.

C'est vrai, et c'est pourquoi j'ai quand même beaucoup plus de sympathie pour lui que pour Lacan, malgré tout
Freud était un escroc parce qu'il mentait dans ses livres (écrits normalement) sur les résultats qu'il avait obtenus avec ses patients.
Lacan était un escroc parce qu'il racontait n'importe quoi en prenant un air profond et fascinait ses disciples qui ne pipaient pas mot de ce qu'il racontait. Je connais un gars qui a été lacanien dans sa jeunesse, et qui raconte comment après une conférence du Maître ils avaient passé deux soirées entières à débattre de la signification d'une seule phrase de Lacan... qui avec le recul n'avait juste aucun sens.
luc marchauciel
 
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Message par Gaby » 18 Fév 2012, 18:42

(luc marchauciel @ samedi 18 février 2012 à 18:28 a écrit :
(Gaby @ samedi 18 février 2012 à 16:50 a écrit : Tu montres bien que tu n'as jamais vraiment approfondi en histoire...

Je suis ravi que je le jury d'agrégation n'ait pas pensé comme toi, ça m'arrange au niveau de mon salaire
[ce que je viens de faire là, je l'ai un peu en horreur, mais j'ai pas pu m'en empêcher, face à cette attaque très malpolie]

Mais non, on a tous un surmoi, c'est normal :w00t2:

Tu peux y aller. De toute façon, tu es facilement identifiable sur internet, ne fais pas comme si tu aimais te cacher, ton nom, ta région, tes centres d'intérêts, ton métier, etc. Quelques propositions de Freud pourraient même te permettre d'accepter que quelque expression névrotique n'est pas forcément un problème... Pas la peine de fausse modestie...

Mais tu n'as pas compris ce que je faisais. Je prends précisément un sujet où tu as une capacité reconnue, et montre que tu ne peux pas comprendre un paragraphe au demeurant très simple sans y investir quelques heures : il ne te suffira pas de lire quelque micro-biographie de Gordon Wood ou Louis Hartz pour saisir l'argument en deux minutes, comme tu le prétendais juste avant sur la "simplicité" des sciences humaines pour lesquelles il suffirait d'un dictionnaire... Pour quelque chose qui est accessible à un bon étudiant de licence d'anglais...

Et en te faisant l'écho de ce populisme déplorable qui critique la citation des auteurs dans la formulation d'une argumentation, tu montres bien que tu ne vois pas tellement comment fonctionne la recherche en sciences humaines, forcément en relation avec le travail des autres, quelque chose de bien plus collectif qu'il n'y parait...
Gaby
 
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Message par canardos » 18 Fév 2012, 18:54

cela dit luc, Lacan sait de temps se montrer tres clair, notamment sue sa conception des femmes:

a écrit :

Le sexe féminin a un caractère d’absence, de vide, de trou qui fait qu’il se trouve être moins désirable que le sexe masculin »
….
Dans ce qu’il en est de la jouissance, il n’y a qu’un niveau élémentaire. La dernière fois, j’ai promu qu’elle n’était pas un signe de l’amour. C’est ce qui sera à soutenir, et qui nous mènera au niveau de la jouissance phallique. Mais ce que j’appelle proprement la jouissance de l’Autre en tant qu’elle n’est ici que symbolisée, c’est encore autre chose, à savoir le pas-tout que j’aurai à articuler.

La femme n’entre en fonction dans le rapport sexuel qu’en tant que mère. […] A cette jouissance qu’elle n’est pas toute, c’est-à-dire qui la fait quelque part absente d’elle-même, absente en tant que sujet, elle trouvera le bouchon de ce a que sera son enfant.

« Il n’y a de femme qu’exclue par la nature des choses qui est la nature des mots, et il faut bien dire que s’il y a quelque chose dont elles-même se plaignent assez pour l’instant, c’est bien de ça – simplement, elles ne savent pas ce qu’elles disent, c’est toute la différence entre elles et moi.
…..

Ce qui laisse quelque chance à ce que j’avance, à savoir que, de cette jouissance, la femme ne sait rien, c’est que depuis le temps qu’on les supplie, qu’on les supplie à genoux – je parlais la dernière fois des psychanalystes femmes – d’essayer de nous le dire, eh bien motus ! On n’a jamais rien pu en tirer. Alors on l’appelle comme on peut, cette jouissance, vaginale, on parle du pôle postérieur du museau de l’utérus et autres conneries, c’est le cas de le dire. Si simplement elle l’éprouvait et n’en savait rien, ça permettrait de jeter beaucoup de doutes du côté de la fameuse frigidité

Si la libido n’est que masculine, la chère femme, ce n’est que de là où elle est toute, c’est-à-dire là d’où la voit l’homme, rien que de là que la chère femme peut avoir un inconscient. Et à quoi ça lui sert ? Ça lui sert, comme chacun sait, à faire parler l’être parlant, ici réduit à l’homme, c’est-à-dire – je ne sais si vous l’avez bien remarqué dans la théorie analytique – à n’exister que comme mère.


Dans « La relation d’objet Paris Seuil 1994 » à propos des sexes masculin et féminin :

« c’est un fait, quelque chose dont l’usage symbolique est possible parce qu’il se voit, qu’il est érigé. De ce qui ne se voit pas, de ce qui est caché, il n’y a pas d’usage symbolique possible. »



quand il est clair il est encore plus mysogine et méprisant que Freud

et pour les homosexuels je cite Didier Eribon:

a écrit :

Qu’on ouvre le volume VIII du Séminaire, intitulé Le Transfert. Lacan y commente Le Banquet de Platon. Et il décrit ce dialogue comme relevant de « ce qu’on appelle aujourd’hui une littérature spéciale, celle qui tombe sous le coup des perquisitions de police ». Et ce « banquet », ce symposium où se situe la scène platonicienne, Lacan nous dit que ce n’est qu’une «assemblée de vieille tantes », les personnages étant ainsi désignés, précise-t-il, car « ils ne sont pas tous de la première fraîcheur » (p.161). Dans toute l’introduction à ce séminaire, Lacan cherche à faire rire son public aux dépens des homosexuels, se permettant les plaisanteries ou les allusions les plus douteuses, plus proche en cela du registre d’un chansonnier de cabaret ou de la tradition la plus hideuse de la caricature anti-homosexuelle ou tout simplement de la conversation de bistrot que des réquisits d’une réflexion sérieuse.



a écrit :

Lacan y insiste lui-même : il ne faut pas confondre, nous dit-il, la « fraternité entre hommes» que « la doctrine analytique nous indique comme le support du lien social » avec l’homosexualité qui était, au temps de Platon tout autant qu’aujourd’hui, une « perversion ». Et il martèle : « Que l’on ne vienne pas nous dire, sous prétexte que c’était une perversion reçue, approuvée, voire fêtée, que ce n’était pas une perversion. L’homosexualité n’en restait pas moins CE QUE C’EST : une perversion » (p. 42-43, c’est moi qui souligne ). Et Lacan continue alors d’enchaîner ses traits d’humour graveleux, en ironisant par exemple sur le fait que, quelle que puisse être la « dignité » culturelle que nous accordons à la Grèce et qu’elle qu’ait pu être la fonction pédagogique de cet amour dans l’antiquité, cela ne saurait signifier que ce serait « à recommencer » (p.45).



dans les débats sur le PACS l'école lacanienne a fait cause commune avec la droite chretienne et les Vannestes and co.

par exemple Pierre Legendre historien du droit et psychanalyste , directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses) et directeur du Laboratoire européen pour l'étude de la filiation.

comme dit Didier Eribon, Pierre Legendre
a écrit : agite avec hargne l’épouvantail d’un « homosexualisme » qui voudrait casser « les montages anthropologiques majeurs » (c’est-à-dire la « différence des sexes » comme fondement de la culture et du droit, c’est-à-dire le maintien de la prédominance de l’hétérosexualité dans l’ordre culturel et le refus de l’égalité des droits dans l’ordre juridique). L’homosexuel devient, aux yeux d’un tel idéologue, le nouveau barbare qui cherche à défaire l’œuvre de la civilisation. On entrevoit dans le vocabulaire même et dans la violence verbale (je parle ici de Legendre ou de ses disciples et évidemment pas de tous les psychanalystes, même si certains n’ont pas évité les dérapages de plume) les dangers d’une dérive totalitaire, où le droit et la loi sont censés obéir et correspondre à des notions posées par le « savant » dans le but de garantir la normalité de la structuration du psychisme humain. C’est même le résultat logique de cette mystique politique qui ne dit pas son nom : le droit est institué pour structurer le psychisme puisqu’il ne peut être édicté qu’en respectant les règles définies par le psychanalyste qui se fait le gardien de l’ordre immémorial sur lequel reposerait la culture. Et il suffit de lire ce qui s’est écrit dans les débats sur Pacs pour voir que cette idée, explicitement avancée par certain-e-s, hante la majorité des discours tenus par nombre de psychanalystes ou par certain-e-s juristes ou certain-e-s sociologues de la famille qui se réclament de leurs fumeuses "théories".


ça fait longtemps que l’École psychanalytique lacanienne est à la pointe du combat de la réaction en matiere d'ordre familial.

on juge aussi un arbre à ses fruits et ceux la sont sacrément pourris.

canardos
 
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Message par Gaby » 18 Fév 2012, 18:55

(canardos @ samedi 18 février 2012 à 18:54 a écrit : on juge aussi un arbre à ses fruits et ceux la sont sacrément pourris.

Canardos... Nous sommes communistes...
Gaby
 
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Message par canardos » 18 Fév 2012, 18:56

si tu es un bon communiste, tu es forcement un mauvais lacanien...tant mieux pour toi d'ailleurs
canardos
 
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Message par Gaby » 18 Fév 2012, 18:58

(canardos @ samedi 18 février 2012 à 18:56 a écrit : si tu es un bon communiste, tu es forcement un mauvais lacanien...tant mieux pour toi d'ailleurs

Je suppose que tu as compris que je voulais dire que les fruits de l'arbre de Marx (de Staline jusqu'à la Corée du Nord) sont plus terribles encore que les puces qu'il croyait avoir récolté en semant des dragons... D'où l'inutilité de ta méthode pour juger de la psychanalyse ici...
Gaby
 
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