il semblait dire que l'énoncé: "le réel est la superposition de possibles imaginaires" était bel et bien démontré.
Je reviens là dessus car j'ai été un peu expéditif... Je n'ai pas vu le film de Depardon... sauf si c'est le même qui était projeté à la Fondation Cartier dans l'exposition sur les maths, auquel cas je l'ai vu mais pas revu.
Je pense qu'en affirmant ça, il faisait référence aux
théorèmes de Gödel.
Ces théorèmes... sont des théorèmes, déjà il faut expliquer ce que c'est : c'est une affirmation qui est démontrée, et donc considérée comme définitivement "vraie", au sens des mathématiques.
Ces théorèmes, donc, impliquent que une fois qu'on a posé un certain nombre d'axiomes (c'est à dire d'affirmations considérées comme vraies), il existe des énoncés dont on ne pourra pas démontrer qu'ils sont vrais ou faux sur la base de démonstrations mathématiques.
Ces énoncés sont dits "indécidables".
Si on déniche un de ces énoncés et qu'on parvient à prouver qu'il est bien indécidable, on peut donc poser qu'il est vrai et cela fournira un nouvel axiome. Ou bien, poser qu'il est faux, et ça fera un autre axiome.
Il n'est donc pas faux de dire que les mathématiques sont "la superposition de possibles imaginaires".
J'ai appelé ça ironiquement "le réel des mathématiciens", car il me semble que confondre les mathématiques et le réel (au sens auquel non seulement les matérialistes mais la majorité des scientifiques l'entendent) c'est franchir un pas, que Alain Connes franchit il me semble purement par foi idéaliste. Affirmer que "le matérialisme est disqualifié" sur de telles bases me semble une erreur de raisonnement étonnante de la part d'un aussi bon mathématicien !
En passant, on a vu pire dans l'Histoire des mathématiques, avec David Hilbert qui prophétisait l'"axiomatisation de la physique". Enfin, bon, c'était avant Gödel...
Il est vrai que quand on s'invente un adversaire, il vaut mieux imaginer qu'il est stupide, on gagne plus facilement. "Identifier le réel au matériel", c'est un matérialisme très vulgaire. Dire que les idées ont une origine matérielle n'empêche absolument pas de les considérer comme des objets d'étude, ni de reconnaître aux idées une réalité objective, indépendamment du cerveau qui les formule.
Seulement, dans "le réel", il y a aussi le matériel. Connes ne l'ignore sans doute pas, mais son affirmation que "le réel" a forcément la forme que décrivent les mathématiques, révèle son présupposé idéaliste.