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Message Publié : 08 Juin 2012, 14:44
par Jean-Claude
Dans le film de Depardon: Au bonheur des maths, Alain Connes émet une idée que je ne comprends pas:
"Le réel est la superposition de possibles imaginaires"
Il en déduit (sans vraiment expliquer) que le matérialisme serait disqualifié puisque le matérialisme identifie le réel au matériel.
Qu'en pensez-vous?

Message Publié : 08 Juin 2012, 15:30
par Zelda
Bah, il dit ça parce qu'il est en colère.

:hinhin:

Message Publié : 08 Juin 2012, 15:32
par lucifer
Ou bien parcequ'il n'a plus de tabac. :harhar:

Message Publié : 08 Juin 2012, 16:03
par com_71
(Jean-Claude @ vendredi 8 juin 2012 à 15:44 a écrit : Alain Connes émet une idée que je ne comprends pas:
"Le réel est la superposition de possibles imaginaires"
Il en déduit (sans vraiment expliquer) que le matérialisme serait disqualifié puisque le matérialisme identifie le réel au matériel.

Aurait-il démontré que le réel à l'échelle humaine n'existe pas, ou est généralement aléatoire ?

Message Publié : 08 Juin 2012, 16:21
par Jean-Claude
a écrit :Aurait-il démontré que le réel à l'échelle humaine n'existe pas, ou est généralement aléatoire ?


Je ne sais pas. Mais il semblait dire que l'énoncé: "le réel est la superposition de possibles imaginaires" était bel et bien démontré. Après on peut certainement discuter de ce qu'il en déduit. Mais il faut d'abord bien comprendre ce que ça veut dire.

Message Publié : 08 Juin 2012, 16:50
par Matrok
(Jean-Claude @ vendredi 8 juin 2012 à 14:44 a écrit : Dans le film de Depardon: Au bonheur des maths, Alain Connes émet une idée que je ne comprends pas:
"Le réel est la superposition de possibles imaginaires"
Il en déduit (sans vraiment expliquer) que le matérialisme serait disqualifié puisque le matérialisme identifie le réel au matériel.
Qu'en pensez-vous?

Que c'est un grand mathématicien, mais un piètre philosophe.

Message Publié : 08 Juin 2012, 17:00
par Matrok
(Jean-Claude @ vendredi 8 juin 2012 à 16:21 a écrit : Mais il semblait dire que l'énoncé: "le réel est la superposition de possibles imaginaires" était bel et bien démontré.

Le réel des mathématicien a-t-il quelque chose à voir avec la réalité objective ?

"Vrai", en mathématiques, ça veut dire cohérent avec les axiomes et les définitions, ou posé comme vrai de façon axiomatique lorsqu'il s'agit d'une proposition indécidable.

"Vrai" en physique ou dans la vie de tous les jours, ça veut dire conforme à la réalité objective.

Le "réel" des mathématiciens, c'est ce qu'ils ont posé comme "vrai" de façon axiomatique, ou démontré sur ces bases.

Message Publié : 08 Juin 2012, 17:15
par Jean-Claude
a écrit :Le réel des mathématicien a-t-il quelque chose à voir avec la réalité objective ?

Oui c'est sans doute une objection possible, ce télescopage du réel et de la réalité objective. Mais est-ce qu'il ne pourrait pas répondre qu'il y a un rapport, et même plein de rapports, entre la réalité objective et le réel: c'est que la réalité objective fait partie du réel, qu'elle y est incluse?

Message Publié : 08 Juin 2012, 19:53
par Matrok
(Jean-Claude @ vendredi 8 juin 2012 à 16:21 a écrit : il semblait dire que l'énoncé: "le réel est la superposition de possibles imaginaires" était bel et bien démontré.

Je reviens là dessus car j'ai été un peu expéditif... Je n'ai pas vu le film de Depardon... sauf si c'est le même qui était projeté à la Fondation Cartier dans l'exposition sur les maths, auquel cas je l'ai vu mais pas revu.

Je pense qu'en affirmant ça, il faisait référence aux théorèmes de Gödel.

Ces théorèmes... sont des théorèmes, déjà il faut expliquer ce que c'est : c'est une affirmation qui est démontrée, et donc considérée comme définitivement "vraie", au sens des mathématiques.

Ces théorèmes, donc, impliquent que une fois qu'on a posé un certain nombre d'axiomes (c'est à dire d'affirmations considérées comme vraies), il existe des énoncés dont on ne pourra pas démontrer qu'ils sont vrais ou faux sur la base de démonstrations mathématiques.

Ces énoncés sont dits "indécidables".

Si on déniche un de ces énoncés et qu'on parvient à prouver qu'il est bien indécidable, on peut donc poser qu'il est vrai et cela fournira un nouvel axiome. Ou bien, poser qu'il est faux, et ça fera un autre axiome.

Il n'est donc pas faux de dire que les mathématiques sont "la superposition de possibles imaginaires".

J'ai appelé ça ironiquement "le réel des mathématiciens", car il me semble que confondre les mathématiques et le réel (au sens auquel non seulement les matérialistes mais la majorité des scientifiques l'entendent) c'est franchir un pas, que Alain Connes franchit il me semble purement par foi idéaliste. Affirmer que "le matérialisme est disqualifié" sur de telles bases me semble une erreur de raisonnement étonnante de la part d'un aussi bon mathématicien !

En passant, on a vu pire dans l'Histoire des mathématiques, avec David Hilbert qui prophétisait l'"axiomatisation de la physique". Enfin, bon, c'était avant Gödel...

Il est vrai que quand on s'invente un adversaire, il vaut mieux imaginer qu'il est stupide, on gagne plus facilement. "Identifier le réel au matériel", c'est un matérialisme très vulgaire. Dire que les idées ont une origine matérielle n'empêche absolument pas de les considérer comme des objets d'étude, ni de reconnaître aux idées une réalité objective, indépendamment du cerveau qui les formule.

Seulement, dans "le réel", il y a aussi le matériel. Connes ne l'ignore sans doute pas, mais son affirmation que "le réel" a forcément la forme que décrivent les mathématiques, révèle son présupposé idéaliste.

Message Publié : 08 Juin 2012, 20:23
par Jean-Claude
Oui il s'agit bien du film de la fondation cartier.
Il dit en gros que les mathématiques modernes ont découvert des pans entiers de mathématiques (donc de réel dans son sens) qui n'ont rien a voir avec la physique (ce que tu appelles la réalité objective?).
Il prend en particulier l'exemple du monde "péadique" (sans l'avoir développé assez pour que je comprenne).
Au fond son idée est peut-être de dire que si ce réel englobe et dépasse la réalité matérielle, ça remet en cause la philosophie matérialiste.
On peut comprendre son point de vue, car si ces fameux pans entiers ne font pas partie du réel, on ne voit vraiment pas pourquoi perdre son temps à poser des axiomes "au delà de l'indécidable.
Et s'il ne s'agit pas d’élucubrations sans consistance, alors il faut bien admettre que le réel dépasse la réalité physique et qu'une vision matérialiste se révèle insuffisante pour décrire le réel?