Un article du Monde sur le rationalisme et le relativisme.

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Zorglub » 01 Oct 2012, 22:59

Bon désolé pour le sous-titre.

L'article du Monde

Le Monde nous fait l'éloge d'un nouveau bouquin du sociologue Bruno Latour. Triplement méfiance, sur Le Monde comme source, comme critique et, sur le sujet, Bruno Latour étant une des figures du relativisme.
Ainsi, le bouquin "pourrait bien marquer" tout bonnement la fin "de ce qui a été appelé la "guerre des sciences" (sic). Par qui ? Cette appellation, sous prétexte de simplification tout simplement fausse voulant faire croire, comme le dit la suite de l'article, qu'il y aurait opposition entre les sciences dures et celles, comme les sciences humaines, relativistes.

Pour justifier cette éloge, Le Monde veut nous montrer que Latour a changé, parce qu'il affirme qu'il faudrait dépasser ce clivage avec des phrases, que le journaliste semble citer au permier degré, du genre : "Devant la ruine des institutions que nous commençons à léguer à nos descendants, suis-je le seul à ressentir la même gêne que les fabricants d'amiante visés par les plaintes au pénal des ouvriers victimes de cancers du poumon ? Au début, la lutte contre l'institution paraissait sans danger ; elle était modernisatrice et libératrice - amusante même - ; comme l'amiante, elle n'avait que des qualités. Mais comme l'amiante, hélas, elle avait aussi des conséquences calamiteuses que nul n'avait anticipées et que nous avons été bien trop lents à reconnaître." Cela prêterait à sourire, ne serait-ce les scientifiques corrompus et surtout les victimes.

L'article note que ce soi-disant changement de position s'est fait avec le débat sur le réchauffement climatique. Les relativistes étaient bien contents de se retrouver, en plus des écolos, bien souvent miscibles avec eux, avec les scientifiques montrant la réalité du réchauffement et de son origine anthropique. Latour ne donne ici raison aux scientifiques que parce que cela correspond à son relativisme.

Bref, pourquoi tant de haine, "si l'on s'accorde sur l'idée qu'il est possible de parvenir à des vérités." Peu importe la manière, on peut arriver à des vérités avec des raisonnements faux. A mauvais escient, on pourrait citer : "Personne n'a jamais tout à fait tort. Même une horloge arrêtée donne l'heure juste deux fois par jour." (Lewis Carrol ?)

Enfin : "La question n'est pas que théorique. Comment un enseignant donnant un cours sur l'origine de l'homme ou la théorie darwinienne de l'évolution peut-il répondre à un élève acquis au créationnisme en lui rétorquant : "C'est votre opinion, mais ce n'est pas la mienne" ? Deux livres récents s'efforcent, de manière différente, de répondre à cette objection." Pour citer des livres de G. Lecointre et H. Krivine.

Bref, quel embrouillamini.

Il est cité un autre article, payant, parlant de l' "anti-écologisme" de l'Afis et de l'Union rationaliste.
Zorglub
 
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Message par Gaijin » 07 Oct 2012, 21:15

J'aimerais bien camarade avoir ton avis sur les arguments de l'article. J'avoue avoir eu du mal à le lire et à m'en faire une opinion. Beaucoup de chose m'ont parus louche sans que je m'en explique pourquoi.
Gaijin
 
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Message par canardos » 10 Oct 2012, 08:52

c'est un sujet un peu long à discuter ici, mais si tu veux voir comment le relativisme du courant intitulé "sociologie constructiviste des sciences" représenté par Barnes, Bloor Collins ..et l'inénarrable Latour..est incompatible avec la démarche scientifique et sert au courant postmoderniste à mettre les les pseudosciences les religions et les superstitions au même niveau de validité que les sciences et à justifier politiquement tous les courants politiques les plus réactionnaires, je te conseille de lire le petit livre de Alan Sokal "Pseudosciences et postmodernisme, adversaires ou compagnons de route?" aux éditions Odile Jacob.

et lis aussi le chapitre "Intermezzo : le relativisme cognitif" du livre "Impostures intellectuelles" de Sokal et Bricmont toujours aux éditions Odile Jacob, et notamment cette citation de Latour qui dans son livre "La "science en action" 1995 développe sept règles de méthode en sociologie des sciences. voila la troisième:

"Etant donné que le règlement d'une controverse est la cause de la représentation de la nature et non sa conséquence, on ne doit jamais avoir recours à l'issue finale - la nature - pour expliquer comment et pourquoi une controverse a été règlée ".

et encore cette citation:

La Science en action (La Découverte, 2005) : "Même si vous avez écrit un article qui prouve de manière définitive que la Terre est creuse ou que la Lune est faite en fromage de Roquefort, cet article ne sera pas définitif tant qu'il ne sera pas repris par d'autres et utilisé ultérieurement comme un fait établi."

Latour peut parler de la fin de la guerre des sciences, s’inquiéter à propos de la mauvaise foi des "négationnistes climatiques" et écrire ""Quand il s'agit d'obtenir des connaissances validées sur des objets aussi complexes que le système entier de la Terre, connaissances qui doivent entraîner des changements radicaux dans les détails les plus intimes de l'existence de milliards de gens, il est infiniment plus sûr de se confier à l'institution scientifique qu'à la certitude indiscutable."

la seule autorité des institutions scientifiques vient du fait que les théories scientifiques ont été validées par l'observation des faits et les théories scientifiques ne sont jamais "indiscutables"...elles doivent seulement être discutées et éventuellement contestées sur le seul fondement de leur pouvoir explicatif de la réalité extérieure telle qu'elle est observée.

Bref Latour continue à entretenir la confusion entre la démarche scientifique et l'argument d'autorité et fait bien partie de ceux qui comme Isabelle Stengers ont mis sur le même plan "la vierge et le neutrino" et ont refusé que la validation d'une théorie soit le produit de l'examen des faits, de la réalité extérieure à l'observateur...

parler de "guerre des sciences" "de réalité indiscutable" et d'"institution scientifique" c'est d'ailleurs tout un programme, , et c'est mettre sur le même plan impostures et pseudoscience et science véritable..il n'y a qu'une démarche scientifique et une seule science..pas des sciences qui se feraient la guerre...

les théories scientifiques ne sont validées que si elles sont confirmées par les faits, et l’institution scientifique n'a aucune légitimité.

Après avoir tout fait pour discréditer la démarche scientifique fondée sur l'observation des faits et l'avoir ramené au rang des croyances, Latour est vraiment mal placé pour s’inquiéter des dégâts entrainés dans l'opinion publique par cette confusion.

canardos
 
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Message par Zorglub » 10 Oct 2012, 22:07

Surtout en persistant dans la confusion, dans le propos, le fond étant clairement réactionnaire. C'est peut-être ce qui a interloqué Gaijin.

Canardos a répondu avant que je n'ai pu le faire et c'est tant mieux.

Latour nie la réalité en la prenant pour un consensus mais s'apercevrait tout d'un coup que son discours, son courant, sont... réels parce qu'ils ont des conséquences.

J'aurais aussi cité Engels avec Dialectique de la nature, par exemple en sus de Sokal et Bricmont.

En espérant avoir été, plus clair que Latour (pas tropp dur), mais assez pour répondre à Gaijin.
Zorglub
 
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Message par Gaijin » 14 Oct 2012, 21:15

Merci. Si je comprend bien, le problème est finalement la contestation de la démarche scientifique et sa mise au niveau de la croyance.

Je lirai certainement les livres proposés. Je ne connais pas vraiment ce qu'est le courant postmodernisme.
Gaijin
 
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Message par Zorglub » 14 Oct 2012, 21:42

Exactement, du coup, il y aurait plusieurs "sciences", l'homéopathie, la "médecine" ayurvédique tout aussi valables etc.

Postmodernisme est un terme à plusieurs significations, comme relativisme, le plus courante désignant un courant artistique. Dépasser le capitalisme est plus dur pour certains qui du coup ont voulu "dépasser le marxisme", de Bernstein à Dühring en passant par Mach. Tout cela pour retomber dans l'enfoncement de portes ouvertes, un réformisme au moins aussi vieux que le mouvement ouvrier. La présentation diffère, le fond reste. Ici, il s'agirait de dépasser la science, de rabaisser la démarche scientifique qu'à un ensemble de valeurs, on légitime ou reprend les pires vieilleries réactionnaires.
Zorglub
 
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