l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Message par canardos » 01 Jan 2014, 16:19

L'INRA vient de publier un rapport qui aboutit aux conclusions inverses. Certes à l"'hectare elle est moins polluante mais ce n'est pas le cas si on mesure la pollution par unité produite compte tenu de sa faible productivité.

Voila d'abord un lien pour télécharger le rapport de l'INRA si vous avez le courage de lire ce pavé:

http://institut.inra.fr/Missions/Eclairer-les-decisions/Etudes/Toutes-les-actualites/Rapport-Agricultures-hautes-performances#

Pour un petite synthèse voila un article trouvé dans "agriculture et environnement"

http://www.agriculture-environnement.fr/edito,2/l-inra-met-les-pieds-dans-le-plat-bio,911.html

L’Inra met les pieds dans le plat bio

Suite à une demande du Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), l’Institut de recherche agronomique a publié une remarquable étude de plus de 300 pages sur l’agriculture biologique. Occasion de dresser un portrait de ce mode de culture beaucoup plus proche de la réalité que ceux déjà brossés par le lobby du bio et ses services de communication.

« L’analyse des performances de l’AB montre que celle-ci souffre d’un handicap de productivité physique », constate l’Inra. Trois raisons expliquent ces moindres performances productives : l’interdiction du recours aux engrais et aux pesticides de synthèse ainsi que les fortes limitations du recours aux produits vétérinaires curatifs ; des pratiques de gestion de la fertilisation et de la santé qui ne permettent pas d’assurer une nutrition et une protection sanitaire des cultures et des animaux équivalentes à celles que l’on peut obtenir en agriculture conventionnelle ; des pratiques mises en œuvre souvent ajustées à des objectifs de production moindres.

Certes, le rapport –coordonné par Hervé Guyomard, directeur scientifique de l’Inra– ajoute que « les performances environnementales (consommation des ressources naturelles et protection des biens et services environnementaux) sont plus élevées en AB ». Mais seulement lorsqu’elles « sont mesurées par hectare », précise-t-il aussitôt. « L’écart se réduit, voire s’inverse, quand ces performances environnementales sont mesurées par unité de produit, du fait des performances agronomiques et zootechniques plus faibles en AB qu’en AC », soulignent les auteurs du rapport.

Même constat très mitigé en ce qui concerne le caractère « sociétal » de l’AB. « Les performances sociales de l’AB sont globalement positives (contribution positive à l’emploi agricole et au développement des territoires ruraux, plaisir du métier d’agriculteur retrouvé, développement des relations de proximité avec les consommateurs, etc.). Ces bénéfices sont contrebalancés par des inconvénients (charge de travail supérieure en AB, inégalités sociales d’accès aux produits issus de l’AB du fait de leurs prix plus élevés, etc.) », peut-on lire dans l’étude. Enfin, l’Inra rappelle quelques vérités dérangeantes au sujet des questions sanitaires : « Les qualités nutritionnelles, sanitaires et organoleptiques des produits issus de l’AB et de l’AC n’apparaissent pas significativement différentes ». Au final, les auteurs du rapport estiment « peu probable que les consommateurs de ces produits en tirent un bénéfice significatif en termes de santé, toutes choses égales par ailleurs et en particulier pour des compositions de paniers alimentaires et des modes de vie inchangés ». Voilà qui a le mérite d’être clair !

Curieusement, ce rapport a été totalement occulté par la presse. Y compris la presse agricole, qui l’a complètement ignoré. En revanche, ce crime de lèse-majesté commis par l’Inra envers le lobby du bio a suscité « perplexité et malaise » au sein du syndicat Sud-Recherche, qui accuse l’institut agronomique de vouloir « officiellement la disparition de l’agriculture biologique ».

Soyons sérieux ! Qui voudrait faire disparaître un mode de culture qui occupe moins de 5% des surfaces agricoles ?
canardos
 
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Re: l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Message par Indesit » 07 Jan 2014, 15:41

canardos a écrit :L'INRA vient de publier un rapport qui aboutit aux conclusions inverses. Certes à l"'hectare elle est moins polluante mais ce n'est pas le cas si on mesure la pollution par unité produite compte tenu de sa faible productivité.

Voila d'abord un lien pour télécharger le rapport de l'INRA si vous avez le courage de lire ce pavé:

http://institut.inra.fr/Missions/Eclairer-les-decisions/Etudes/Toutes-les-actualites/Rapport-Agricultures-hautes-performances#

Pour un petite synthèse voila un article trouvé dans "agriculture et environnement"

http://www.agriculture-environnement.fr/edito,2/l-inra-met-les-pieds-dans-le-plat-bio,911.html

L’Inra met les pieds dans le plat bio

Suite à une demande du Commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP), l’Institut de recherche agronomique a publié une remarquable étude de plus de 300 pages sur l’agriculture biologique. Occasion de dresser un portrait de ce mode de culture beaucoup plus proche de la réalité que ceux déjà brossés par le lobby du bio et ses services de communication.

« L’analyse des performances de l’AB montre que celle-ci souffre d’un handicap de productivité physique », constate l’Inra. Trois raisons expliquent ces moindres performances productives : l’interdiction du recours aux engrais et aux pesticides de synthèse ainsi que les fortes limitations du recours aux produits vétérinaires curatifs ; des pratiques de gestion de la fertilisation et de la santé qui ne permettent pas d’assurer une nutrition et une protection sanitaire des cultures et des animaux équivalentes à celles que l’on peut obtenir en agriculture conventionnelle ; des pratiques mises en œuvre souvent ajustées à des objectifs de production moindres.

Certes, le rapport –coordonné par Hervé Guyomard, directeur scientifique de l’Inra– ajoute que « les performances environnementales (consommation des ressources naturelles et protection des biens et services environnementaux) sont plus élevées en AB ». Mais seulement lorsqu’elles « sont mesurées par hectare », précise-t-il aussitôt. « L’écart se réduit, voire s’inverse, quand ces performances environnementales sont mesurées par unité de produit, du fait des performances agronomiques et zootechniques plus faibles en AB qu’en AC », soulignent les auteurs du rapport.

Même constat très mitigé en ce qui concerne le caractère « sociétal » de l’AB. « Les performances sociales de l’AB sont globalement positives (contribution positive à l’emploi agricole et au développement des territoires ruraux, plaisir du métier d’agriculteur retrouvé, développement des relations de proximité avec les consommateurs, etc.). Ces bénéfices sont contrebalancés par des inconvénients (charge de travail supérieure en AB, inégalités sociales d’accès aux produits issus de l’AB du fait de leurs prix plus élevés, etc.) », peut-on lire dans l’étude. Enfin, l’Inra rappelle quelques vérités dérangeantes au sujet des questions sanitaires : « Les qualités nutritionnelles, sanitaires et organoleptiques des produits issus de l’AB et de l’AC n’apparaissent pas significativement différentes ». Au final, les auteurs du rapport estiment « peu probable que les consommateurs de ces produits en tirent un bénéfice significatif en termes de santé, toutes choses égales par ailleurs et en particulier pour des compositions de paniers alimentaires et des modes de vie inchangés ». Voilà qui a le mérite d’être clair !

Curieusement, ce rapport a été totalement occulté par la presse. Y compris la presse agricole, qui l’a complètement ignoré. En revanche, ce crime de lèse-majesté commis par l’Inra envers le lobby du bio a suscité « perplexité et malaise » au sein du syndicat Sud-Recherche, qui accuse l’institut agronomique de vouloir « officiellement la disparition de l’agriculture biologique ».

Soyons sérieux ! Qui voudrait faire disparaître un mode de culture qui occupe moins de 5% des surfaces agricoles ?



Bonjour,

je ne sais pas si passer un communiqué d'Agriculture et Environnement est vraiment une bonne pub, c'est manifestement de l'idéologie pure et simple qui défend le patronat du secteur ; la prochaine fois, tu nous mets un communiqué du MEDEF ?

En revanche le rapport de l'INRA a l'air très intéressant, mais il est beaucoup plus nuancé (ce qui n'est pas vraiment étonnant). On a besoin de vérités scientifiquement établies, pas d'ayatollahs pro-science.

Cdt

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Re: l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Message par canardos » 07 Jan 2014, 17:58

je cite agriculture et environnement parce que l'animateur de ce site dit en général des choses exactes. Jusqu'à présent, au moins en ce qui concerne son domaine de compétence, je te mets au défi de me citer des faits erronées ou des mensonges. Je sais que le bulletin "agriculture et environnement" défend l'agriculture conventionnelle, ne dénonce jamais ses abus et ses dégâts et est de parti pris mais cela ne veut pas dire qu'il raconte des bobards. Et surtout il donne toujours ses sources...là, c'est le rapport de l'INRA

tu dis que le contenu du rapport de l'INRA est plus nuancé... je vais citer intégralement l'extrait de la synthèse de l'INRA sur cette question:


A - Performances comparées de l’AB et de l’AC: principaux enseignements

Les performances qualitatives appréhendées concernent les qualités nutritionnelle, sanitaire et organoleptique des produits agricoles issus de l’AB, par comparaison à ceux issus de l’AC.
A 2 .1 - Qualité nutritionnelle
La teneur en matière sèche des produits végétaux issus de l’AB est plutôt supérieure à celle des produits issus de l’AC du fait d’un rendement et d’une vitesse de croissance moindres. Ce résultat favorable à l’AB n’est cependant pas général : il n’est ainsi pas possible de mettre en évidence une différence statistiquement significative du taux de matière sèche pour les légumes-fruits (tomate) et les fruits issus de l’AB
versus de l’AC.
La teneur en glucides des produits végétaux issus de l’AB est identique à celle des produits issus de l’AC.
La teneur en protéines des céréales et des légumes en AB est inférieure, en lien avec la problématique de la fertilisation azotée, alors que celle des légumineuses et des produits animaux est identique.
La composition e n lipides des produits animaux issus de l’AB est plutôt favorable avec moins d’acides gras saturés et davantage d’acides gras poly-insaturés sous le triple impact(i) d’un recours plus important au
pâturage, (ii) de rations plus riches en légumineuses, et (iii) de rations moins énergétiques car contenantmoins de lipides et/ou moins de protéines de soja remplacées par des protéines de colza. Ces trois pratiquessont plus fréquemment mises en œuvre en AB qu’en AC.

Enfin, la revue de la littérature ne permet pas de mettre en évidence de façon systématique une différence statistiquement significative entre AB et AC en termes de teneur en micronutriments (minéraux, oligo-
éléments, vitamines, métabolites secondaires). On peut néanmoins noter trois exceptions :

une teneur en vitamine C potentiellement plus élevée des fruits et légumes en AB (les résultats ne sontnéanmoins pas toujours convergents selon les études)
;

une teneur en vitamine E plus élevée de l’huile d’olive en AB
;

une teneur en composés phénoliques plus élevée dans les fruits issus de l’AB, toujours en lien avec laproblématique de la fertilisation azotée (avantage qui disparaît dès lors que la fertilisation azotée n’est
plus limitante).

A 2.2 - Qualité sanitaire
La qualité sanitaire des produits issus de l’AB versus de l’AC peut être appréciée sur la base d’une analyse des risques de contaminations de diverses origines.

Les risques de contaminations microbiologiques seraient plus élevés chez les monogastriques en AB et les produits qui en sont issus (viandes blanches et œufs), mais identiques chez les ruminants et les produits qui en sont issus (viandes rouges et produits laitiers). Dans le cas des productions végétales, les risques de contaminations microbiologiq ues seraient identiques en dépit de facteurs de risques augmentés en AB
(utilisation plus importante de fertilisants organiques, recours accru au pâturage et déjections animales plus importantes sur les pâtures dans les systèmes de polyculture - élevage, etc.), facteurs de risques néanmoins atténués dès lors que l’air et le sol sont peu favorables à la survie des agents pathogènes.

Les risques de contaminations parasitaires seraient plus importants chez les monogastriques en AB du fait d’un recours accru au plein air qui augmente les probabilités d’ingestion de terres ou de fèces d’animaux sauvages, du fait aussi de l’impossibilité, sauf exception, de recourir à une médication prophylactique

Les risques de trouver des résidus de pesticides de synthèse dans les produits végétaux est, «par construction », plus faible en AB qu’en AC: les taux reportés sont très souvent égaux à zéro en AB et quand ils ne sont pas nuls (contaminations accidentelles, dérogations, etc.), ils sont très majoritairement inférieurs aux Limites Maximales de Résidus (LMR). L’emploi de pesticides d’origine naturelle (pyréthrines, cuivre, soufre, etc.) est autorisé en AB mais dans ce cas aussi, il n’est pas possible de mettre en évidence des risques de contaminations différents en AB et en AC. Il est vrai que très rares sont les études qui prennent en compte ces pesticides d’origine naturelle ou quand elles le font, précisent les substances recherchées, les seuils de détection, etc. Il en est de même pour les contaminations par des polluants d’origine organique, les très rares études disponibles ne permettant pas de comparer AB et AC. Cette même revue de la littérature ne permet pas non plus de mettre en évidence des teneurs en mycotoxines significativement différentes dans les céréales issues de l’AB versus de l’AC, les travaux insistant sur la multiplicité des facteurs de risques favorables au développement de moisissures sources potentielles de mycotoxines, ces facteurs jouant aussi bien en AB qu’en AC.

Enfin, la revue de la littérature suggère que les légumes en AB présentent des teneurs en nitrate plus faibles que les légumes en AC du fait d’une nutrition azotée plus contrainte chez les premiers.

A 2.3 - Qualité organoleptique
Pour ce qui est de la qualité organoleptique ou sensorielle , il n’est pas possible de mettre en évidence de différences significatives entre produits végétaux ou animaux issus de l’AB
versus de l’AC, d’autres facteursque ceux imposés par les seuls cahiers des charges de l’AB jouant ici un rôle essentiel, en parti culier dans le cas des produits animaux (facteurs intrinsèques comme le génotype de l’animal, son genre ou l’âge à l’abattage; et facteurs extrinsèques qui ne se limitent pas au seul maillon de l’exploitation : conditions d’élevage, composition des rations alimentaires, mais aussi conditions de transport et d’abattage


Une petite remarque, l'agriculture biologique s'en tire à bon compte faute, comme le fait remarquer l'INRA, d’études scientifiques sur les effets des pesticides d'origine naturelle et les polluants d'origine organique, études qui si elles étaient entreprises seraient surement qualifiées de persécutions inspirée par l'industrie agro-alimentaire.

résumons, avec la généralisation de l'agriculture biologique 6 milliards d'hommes sur 7 milliards mourraient de faim et le dernier milliard ne serait même pas assuré de manger plus sainement.

Un dernier point, ce n'est en général pas chez les scientifiques qu'on trouve les ayatollah mais chez ceux qui remplacent l’étude des faits par la théorie du complot...
canardos
 
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Re: l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Message par Indesit » 08 Jan 2014, 17:17

Bonjour,

c'est vrai, ce site est bien informé mais le souci est qu'il ne donne que des informations à charge. Es-tu déjà allé à un procès ? TU verras qu'entre le discours du procureur puis celui de l'avocat, tu aboutis à des conclusions tout-à-fait différentes, même quand les deux disent la réalité. La différence n'est pas dans les faits mais dans le fait que le premier parle à charge, le second à décharge. Eh bien là, c'est à charge.

Par ailleurs il emploie des expressions de type "les effets pervers de..;" qui sont typiques de l'idéologie réactionnaire, voir Hirschmann Deux siècles de rhétorique réactionnaire.

Et concernant la synthèse de l'INRA que tu copies-colles, elle est en fait très nuancée, très technique et tu en déduis "6 milliards de personnes mourraient de faim avec l'AB" soit une affirmation pour le moins péremptoire et définitive, et que rien dans la synthèse ne permet d'étayer.

Rien qu'en lisant les premières pages de leur rapport, ils disent que le différentiel de productivité entre AB et AC n'est qu'en partie dû aux différences de structure, il est aussi dû au fait que l'AB est majoritairement représentée dans des zones par nature moins productives (en gros, plus dans les montagnes qu'en Beauce). Le problème est de savoir dans quelle mesure c'est le cas.

A titre personnel, je sais que l'AB a aussi des inconvénients sociétaux, à commencer par la moindre productivité, et même sanitaires. MAis ce n'est pas en l'attaquant à charge et en faisant dire à l'INRA ce qu'elle ne dit pas, qu'on avancera sur ce dossier qui mérite mieux et plus que des invectives.

D'ailleurs la question que je me pose spontanément est dans le calcul de la productivité, comptent-ils le travail contenu pour fabriquer les engrais ? S'il faut 10 heures de travail humain pour fabriquer une quantité d'engrais nécessaire à la culture d'un HA de blé tendre, il faut compter ce travail dans la production de l'HA de blé tendre... ça va donc au dénominateur et fait baisser la productivité. C'est juste une question, je n'ai pas la réponse.

Je vais lire les rapports sérieusement, et je réinterviendrai à l'issue de cette lecture, d'ici quelques semaines.

Cdt

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Re: l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Message par canardos » 21 Mai 2014, 18:09

pour illustrer la question je vous donne le lien vers un article du blog "ecologie, environnement....mythes et réalités Planète bleue et illusions vertes"

le titre de l'article est:

"L'Agriculture biologique et faim dans le monde :
peut-elle nourrir l'humanité ?

Le bio du riche mange le riz du pauvre."

bonne lecture!

http://ecologie-illusion.fr/agriculture-bio-peut-elle-nourrir-humanite.htm
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Re: l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Message par logan » 23 Juil 2014, 07:47

Les fruits et légumes bio, plus riches en antioxydants

Le Monde.fr | 22.07.2014 à 14h07


Des légumes provenant de l'agriculture biologique. Des légumes provenant de l'agriculture biologique. | AFP/JEAN-PIERRE MULLER

La consommation de fruits, légumes et céréales bio peut fournir un complément en antioxydants équivalant à une consommation supplémentaire de une à deux portions de fruits et légumes par jour. Autrement dit, choisir des aliments produits selon les normes de l’agriculture biologique peut conduire à une consommation accrue d’antioxydants, bénéfiques pour la santé, sans augmentation de l’apport calorique.

Tel est le constat établi par une grande étude internationale coordonnée par l’Université de Newcastle, au Royaume-Uni, et comparant la teneur en éléments nutritifs dans les aliments bio et ceux issus de l’agriculture conventionnelle.


Publiée mardi 15 juillet dans la revue British Journal of Nutrition, cette méta-analyse montre que les fruits, légumes et céréales bio ont des concentrations en antioxydants de 18 % à 69 % plus élevées que ceux produits en agriculture conventionnelle. Or de nombreuses études épidémiologiques ont clairement démontré le bénéfice pour la santé des antioxydants, notamment pour la protection contre des maladies chroniques, telles que les maladies cardio-vasculaires, neurodégénératives et certains cancers.

MANIÈRE DE PRODUIRE DIFFÉRENTE

Qu'est-ce qui explique ce « plus » des produits bio ? « Les raisons de cette différence ne sont pas encore précisément connues, mais l'une des hypothèses serait que les cultures bio, plus soumises à des attaques parasitaires, sont davantage portées à se défendre. Or, pour s’adapter à un stress, en réaction à un environnement, les plantes produisent des molécules de défense dont certaines sont des antioxydants », explique le microbiologiste Philippe Nicot, chercheur à l’Institut national de recherche agronomique (INRA, qui a participé à l’étude).

L’étude de l’Université de Newcastle met également en évidence des niveaux sensiblement plus faibles de métaux lourds toxiques dans les cultures bio. Le cadmium, en particulier, a été retrouvé à des concentrations près de 50 % inférieures dans les cultures biologiques que dans les cultures conventionnelles.

Ce métal lourd est l’un des trois contaminants métalliques, avec le plomb et le mercure, pour lesquels la Commission européenne a établi des niveaux maximum tolérables admissibles dans les aliments. Il est connu pour s’accumuler dans le corps humain, en particulier dans le foie et les reins.

PESTICIDES CHIMIQUES DE SYNTHÈSE PROSCRITS

« On trouve des traces de cadmium dans les engrais phosphatés. Or les agriculteurs bio excluent l’usage de ce type de fertilisants, note Philippe Nicot. La manière de produire influe fortement, de toute évidence, sur la qualité de la nourriture. » L’agriculture biologique proscrit l’utilisation de pesticides chimiques de synthèse. Elle promeut la rotation des cultures et le recours à des méthodes mécaniques, biologiques et culturales pour la lutte contre les adventices, les ravageurs et les maladies.

Les concentrations en azote total, en nitrate et en nitrite sont ainsi respectivement de 10 %, 30 % et 87 % plus faibles dans les cultures bio que dans celles issues de l’agriculture conventionnelle. On a aussi quatre fois moins de chances de trouver dans l’agriculture biologique des résidus de pesticides. La présence résiduelle de pesticides dans les produits bio pourrait être liée aux traitements conventionnels à proximité des exploitations.

Ce sont les fruits produits en agriculture conventionnelle qui contiennent le plus de résidus de pesticides, soit sept fois plus que ceux produits en agriculture biologique. Pour les légumes cultivés en agriculture conventionnelle et les aliments produits à base de ces légumes, la fréquence de résidus est trois à quatre fois plus élevée qu’en bio.

Dans son dernier rapport, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) estimait pour sa part que 97 % des échantillons alimentaires testés présentaient des taux de résidus se situant dans les limites européennes légales et que l’exposition ne présente pas de risque à long terme dans le cadre d’une alimentation diversifiée. Cependant, cette évaluation du risque est controversée, car elle ne tient pas compte des effets à faibles doses spécifiques à certains pesticides.

POINT DE DÉPART

Synthétisant les résultats des études scientifiques sur les différences de composition entre les cultures biologiques et conventionnelles, cette méta-analyse, financée dans le cadre du projet européen Quality Low Input Food, est la plus complète jamais entreprise sur le sujet. Ses résultats viennent contredire ceux d’une étude conduite en 2009 pour la Food Standards Agency (FSA) au Royaume-Uni qui avait conclu qu’il n’y avait pas de différences substantielles ou de bénéfices nutritionnels importants pour les aliments bio par rapport à ceux issus de l’agriculture conventionnelle.

L’étude réalisée pour la FSA reposait néanmoins sur l’examen de seulement 46 publications, lesquelles couvraient à la fois les productions végétales, la viande et les produits laitiers, alors que la méta-analyse menée par l’Université de Newcastle inclut 346 publications se focalisant toutes sur les productions végétales. « Il existe cependant aujourd’hui beaucoup plus de données qu’il y a cinq ans », souligne Philippe Nicot.

Pour Carlo Leifert, professeur d’agriculture écologique à l’Université de Newcastle qui a piloté ces travaux, cette méta-analyse doit constituer « un point de départ ». « Nous avons montré sans l’ombre d’un doute qu’il existe des différences de composition entre les cultures biologique et conventionnelle, mais, estime-t-il, il y a maintenant un besoin urgent de réaliser des études diététiques spécialement conçues pour identifier et quantifier les impacts sur la santé d’une transition à une alimentation biologique. »
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Re: l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Message par luc marchauciel » 23 Juil 2014, 17:24

Cette étude qui contredit les précédents souffre de plusieurs biais classiques semble-t-il (je reprends ici ce que me dit un copain américain qui l'a regardée de près, ce que je n'ai pas fiat):

1) Elle est financée par un lobby du bio, ce qui peut avoir une petite influence sur les auteurs quand même. Imaginons qu'une méta-analyse payée par Monsanto affirme que les aliments OGM sont meilleurs pour la santé que les autres, on imaginerait les réactions.... Les études précédentes qui ne voyaient pas de différence significative entre les aliments bio et les autres étaient plus "indépendantes"

2) Les auteurs qui ont fait cette méta-analyse (= pas une nouvelle étude, mais une analyse des études publiées) n'ont introduit aucun critère de sélection des études qu'ils considèrent, ce qui mécaniquement, en incluant des études de qualité médiocre qui peuvent aller dans tous les sens, crée un "bruit de fond" avec tout un tas de résultats différents voire contradictoires, ce qui est bien pratique pour qui veut sélectionner les résultats qui l'arrange (voir point 4) )

3) Les pesticides pris en compte sont les pesticides utilisés en agriculture conventionnelle. Curieusement, la concentration en pesticides "naturels" utilisés en bio n'a pas été étudiée, alors que ces produits peuvent être très toxiques (roténone, huile de neem...)

4) Les auteurs ont sélectionné dans leur masse de résultats ce qui pouvait faire bien voir le bio. Ils ne mettent pas en avant le fait que l'on peut aussi trouver des déficiences en fibres ou en protéines du côté des aliments bio, et ensuite titre "Les aliments bios sont moins bons pour la santé".

Bref, c'est je crois de la poudre aux yeux avant tout
luc marchauciel
 
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Re: l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Message par Indesit » 26 Sep 2014, 09:37

canardos a écrit :pour illustrer la question je vous donne le lien vers un article du blog "ecologie, environnement....mythes et réalités Planète bleue et illusions vertes"

le titre de l'article est:

"L'Agriculture biologique et faim dans le monde :
peut-elle nourrir l'humanité ?

Le bio du riche mange le riz du pauvre."

bonne lecture!

http://ecologie-illusion.fr/agriculture-bio-peut-elle-nourrir-humanite.htm



L'article est intéressant, le problème est l'usage que tu en fais.

L'auteru affirme par exemple que le rendement de l'agriculture bio (AB) est inférieur de 20 à 30 % à celui de l'agriculture conventionnelle (AC).

C'est évidemment vrai, mais comme je l'ai dit dans le message plus haut, c'est aussi lié à un effet de structure : l'AB est plus répandue dans les endroits moins productifs que l'AC, plus répandue dans le Cantal que dans la Beauce. En statistique, on appelle cela un biais de sélection, mais avec deux doigts de bon sens, n'importe quel élève de 3ème est en mesure de le comprendre.

Je l'ai déjà dit dans mon message ci-dessus, l'INRA le dit, mais tu réaffirmes le fossé de productivité sans même répondre à cet argument, qui a comme unique défaut de ne pas aller dans ton sens.

Seconde chose, l'auteur prend en compte la productivité, mais bien d'autres facteurs rentrent en compte dans la nutrition, relatifs au mode de production capitaliste, notamment les gaspillages de toutes sorte d'un bon à l'autre ce la chaîne marchande de la nourriture. Un officiel de l'UE, peu suspect d'être un khmer vert, affirme ainsi qu'on pourrait nourrir 2 milliards de personnes rien qu'avec la nourriture gaspillée (donc, déjà produite) dans l'UE.
http://www.latribune.fr/opinions/tribun ... ndial.html

Comme il le dit très justement, la solution passe par un mélange pragmatique entre différentes techniques - dans lesquelles l'AB et l'AC ont toutes deux leur place.

Mais toi, tu te contentes d'affirmer des points de vue idéologiques, hostiles à l'AB sans même répondre aux objections les plus élémentaires comme celle que je te fais ci-dessus (et que fait l'INRA). Au passage, ton point de vue, précisément du fait de son caractère idéologique et a-critique, est anti-scientifique puisque la science est une démarche avant d'être une technique, et que cette démarche implique la critique rationnelle et réfutable des points de vue, des faits.

Au passage, il est piquant de voir un marxiste évacuer la réflexion sur le mode de production capitaliste de l'analyse du problème de la nutrition dans le monde ! A telire on a l'impression que le problème est uniquement technique, sans que le système économique ne joue aucun rôle.

Discute de manière un peu plus pragmatique et argumentée, et nous pourrons commencer à avancer sur ce sujet qui mérite mieux que des anathèmes. Les idées révolutionnaires (dont tu sembles te réclamer) le mériteraient.

Commence par répondre à l'objection suivante : l'AB est moins productive que l'AC mais en partie à cause d'un phénomène de structure.

Cordialement,

Indesit
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Re: l'agriculture bio est-elle vraiment ecologique?

Message par Indesit » 26 Sep 2014, 09:39

canardos a écrit :pour illustrer la question je vous donne le lien vers un article du blog "ecologie, environnement....mythes et réalités Planète bleue et illusions vertes"

le titre de l'article est:

"L'Agriculture biologique et faim dans le monde :
peut-elle nourrir l'humanité ?

Le bio du riche mange le riz du pauvre."

bonne lecture!

http://ecologie-illusion.fr/agriculture-bio-peut-elle-nourrir-humanite.htm



L'article est intéressant, le problème est l'usage que tu en fais.

L'auteur affirme par exemple que l'agriculture bio (AB) nécessite toutes choses égales par ailleurs 30 % de terres en plus que l'agriculture conventionnelle (AC).

C'est évidemment vrai, mais comme je l'ai dit dans le message en date du 8 janvier (ci-dessus), c'est aussi lié à un effet de structure : l'AB est plus répandue dans les endroits moins productifs que l'AC, plus répandue dans le Cantal que dans la Beauce. En statistique, on appelle cela un biais de sélection, mais avec deux doigts de bon sens, n'importe quel élève de 3ème est en mesure de le comprendre.

Je l'ai déjà dit dans mon message ci-dessus, l'INRA le dit, mais tu réaffirmes le fossé de productivité sans même répondre à cet argument, qui a comme unique défaut de ne pas aller dans ton sens.

Seconde chose, l'auteur prend en compte la productivité, mais bien d'autres facteurs rentrent en compte dans la nutrition, relatifs au mode de production capitaliste, notamment les gaspillages de toutes sorte d'un bon à l'autre ce la chaîne marchande de la nourriture. Un officiel de l'UE, peu suspect d'être un khmer vert, affirme ainsi qu'on pourrait nourrir 2 milliards de personnes rien qu'avec la nourriture gaspillée (donc, déjà produite) dans l'UE.
http://www.latribune.fr/opinions/tribun ... ndial.html

Comme il le dit très justement, la solution passe par un mélange pragmatique entre différentes techniques - dans lesquelles l'AB et l'AC ont toutes deux leur place.

Mais toi, tu te contentes d'affirmer des points de vue idéologiques, hostiles à l'AB sans même répondre aux objections les plus élémentaires comme celle que je te fais ci-dessus (et que fait l'INRA). Au passage, ton point de vue, précisément du fait de son caractère idéologique et a-critique, est anti-scientifique puisque la science est une démarche avant d'être une technique, et que cette démarche implique la critique rationnelle et réfutable des points de vue, des faits.

Au passage, il est piquant de voir un marxiste évacuer la réflexion sur le mode de production capitaliste de l'analyse du problème de la nutrition dans le monde ! A te lire on a l'impression que le problème est uniquement technique, sans que le système économique ne joue aucun rôle.

Discute de manière un peu plus pragmatique et argumentée, et nous pourrons commencer à avancer sur ce sujet qui mérite mieux que des anathèmes. Les idées révolutionnaires (dont tu sembles te réclamer) le mériteraient.

Commence par répondre à l'objection suivante : l'AB est moins productive que l'AC mais en partie à cause d'un phénomène de structure.

Cordialement,

Indesit
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