Nathalie Arthaud répond
Publié : 28 Mars 2017, 20:54
Cybersécurité : Nathalie Arthaud répond aux questions d'A. Kahn et C. Villani
Le 28.03.2017
Intelligence artificielle, robotisation du travail, cybersécurité : Nathalie Arthaud, de Lutte Ouvrière, répond aux questions adressées par le généticien Axel Kahn et le mathématicien Cédric Villani aux candidats à la présidentielle.
Cédric Villani: Au conseil scientifique de la Commission européenne, nous travaillons sur la cybersécurité. Un sujet qui ne peut pas être abordé seulement de manière scientifique parce que s'y mêlent les questions politiques, économiques, de souveraineté de l'Europe… Un commentaire ?
Nathalie Arthaud: La cybersécurité recouvre des intérêts contradictoires. On ne peut que souhaiter que les messageries, les comptes internet et les informations des particuliers soient protégés le plus possible contre les escrocs. Mais la cybersécurité c'est aussi celle des entreprises des médias qui font la chasse à tous ceux qui pourraient écouter de la musique, regarder des films sans avoir payé leur dîme à ces multinationales richissimes.
La cybersécurité, c'est aussi celle qui concerne les États. Au nom de la " sécurité ", l'État surveille la population. Et il y a aussi l'espionnage industriel à petite ou grande échelle, ou encore la lutte que se mènent les Etats, bien souvent encore pour le compte des géants industriels et financiers de leur pays. Il n'y a donc pas beaucoup d'illusion à avoir sur ce que peut être la cybersécurité de la population dans ce contexte.
"Libérer l’imagination et la créativité de milliards d’êtres humains"
Axel Kahn: Avec l'intelligence artificielle, la nouvelle génération de robots ne peut-elle pas remettre en question la partition du travail entre la machine et l'humain ?
Nathalie Arthaud: Le courant communiste, marxiste, dont je me revendique n'a jamais été opposé ni au progrès, ni aux machines. Au contraire. Le progrès technique est le fondement matériel d'une organisation sociale communiste. L'économie capitaliste actuelle empêche l'utilisation pleine et rationnelle du progrès technique. Dans bien des cas, il sert à accroître l'exploitation au lieu de libérer les êtres humains. Alors qu'il devrait signifier une réduction globale du temps de travail pour tous, la logique capitaliste le transforme en chômage pour les uns et l'intensification du travail pour les autres.
Oui, il faudrait que l'humanité use à plein du progrès et des robots, dans l'intérêt collectif. Mais pour cela, elle doit être capable de maîtriser sa production et donc renverser la dictature s'émanciper de la classe capitaliste sur l'économie. En retour, une utilisation bien gérée, sous contrôle de la population, de la technique, des ressources naturelles, sans gaspillage de matière première et de main-d'œuvre, permettrait de libérer l'imagination et la créativité de milliards d'êtres humains.