Lévothyrox

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Lévothyrox

Message par com_71 » 25 Août 2017, 14:55

La nouvelle formule du Lévothyrox du laboratoire Merck fait débat.

ladepeche.fr 3 mars 2017 a écrit :Levothyrox : une nouvelle formule pour plus de sécurité
Médicaments

A la demande de l’Agence du Médicament (ANSM) le laboratoire Merck a modifié la formule de Levothyrox. Et ceci pour garantir une stabilité plus importante de la teneur en substance active tout le long de la durée de conservation du médicament.

Les médicaments à base de lévothyroxine sodique sont indiqués pour traiter les hypothyroïdies (insuffisance de sécrétion de la glande thyroïde ou absence de celle-ci). Mais également dans les situations où il est nécessaire de freiner la sécrétion d’une hormone stimulant la thyroïde, appelée TSH (Thyroid stimulating hormone).

« Les modifications ne changent ni l’efficacité, ni le profil de tolérance du médicament », précise l’ANSM. Toutefois, par mesure de précaution, l’ANSM préconise, pour certains patients, de réaliser un dosage de TSH quelques semaines après le début de la prise de la nouvelle formule. Par ailleurs, les couleurs des boîtes et des blisters vont être modifiées. « Une attention particulière des professionnels de santé et des patients devra être portée lors de la phase de transition pour éviter les erreurs ».

Quels changements pour les patients ?

En pratique pour les patients, les modalités de prise de la nouvelle formule sont les mêmes que pour l’ancienne formule et les dosages restent inchangés. Il est indispensable de toujours lire le dosage inscrit sur la boîte et sur le blister pour éviter les erreurs.

Si vous êtes placé sous Levothyrox, l’ANSM recommande de contacter votre médecin pour contrôler le TSH dans les 6 à 8 semaines après le début de la prise de la nouvelle formule si :

votre équilibre thérapeutique a été particulièrement difficile à atteindre ;
vous avez un cancer de la thyroïde ;
vous avez une maladie cardiovasculaire (insuffisance cardiaque ou coronarienne et/ou des troubles du rythme) ;
le patient ou la patiente est un enfant ;
le patient ou la patiente est une personne âgée.

Par ailleurs, si vous êtes enceinte, il vous est recommandé de contacter votre médecin pour contrôler votre TSH dans les 4 semaines après le début de la prise de la nouvelle formule.

Lorsque vous êtes passé à la nouvelle formule, ne reprenez pas du Levothyrox ancienne formule.

Si vous avez des questions ou si vous ressentez des symptômes inhabituels pouvant traduire un déséquilibre thyroïdien, n’hésitez pas à vous rapprocher de votre médecin ou de votre pharmacien.

L’ANSM a mis en place une surveillance renforcée pendant cette phase de transition pour s’assurer qu’elle se passe dans les meilleures conditions.
DestinationSante


http://www.ladepeche.fr/article/2017/03 ... urite.html

Le même journal publiait un rappel le 11/4/2017 : http://www.ladepeche.fr/article/2017/04 ... sages.html

Ces articles reprenaient une info de l'ANSM du 2 mars 2017 (pour une mise sur le marché fin mars 2017) : http://ansm.sante.fr/S-informer/Points- ... nformation. Cette info relayait (cf. en bas de page) une note aux professionnels de santé du laboratoire Merck, elle aussi du 2 mars 2017.

Ces informations n'ont pas eu la diffusion qu'elles méritaient et, une fois de plus la rumeur enfle, dans un climat de méfiance généralisée envers l'industrie pharmaceutique coupable d'être loin d'être la dernière dans la course aux profits.

Dans le cas d'espèce du Lévothyrox, les explications de l'ANSM et de Merck ne sont pas contredites par les effets secondaires induits par la nouvelle formule, effets secondaires qui seraient observés sur 1% des plusieurs millions de patients.
Il s'agirait bien d'effets secondaires, non directement du nouvel adjuvant, mais d'un léger dérèglement du dosage dans le sang du principe actif (lévothyroxine sodique). Une particularité du Levothyrox est que ce dosage a toujours été relativement difficile à mettre au point, pour beaucoup de patients, lors des débuts de traitement.

Béate Bartes, responsable de "Vivre sans Thyroïde" est au diapason des explications de l'ANSM, contrairement à Chantal l'Hoir, fondatrice de l'association française des malades de la thyroïde (AFMT). A quelle association fait allusion la brève, peut-être trop hâtivement rédigée, de LO ? :

Brève LO 24/08/2017 a écrit : La recherche du profit : une maladie incurable
Près de 76 000 personnes ont signé une pétition contre la nouvelle formule du Levothyrox. Le Levothyrox, traitant les malades de la thyroïde, est le troisième médicament le plus vendu en France. Depuis que le géant de l'industrie pharmaceutique Merck a changé la formule du médicament dont il a le monopole, nombre de malades sont victimes d'effets secondaires parfois très invalidants. Selon une association de malades, Merck ne recherchait qu'à faire des profits supplémentaires. Et pour cela, il n'a pas hésité à risquer la santé de ses clients.


Cf. Science et Avenir : https://www.sciencesetavenir.fr/sante/l ... que_115625
https://www.sciencesetavenir.fr/sante/m ... ert_115741
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Lévothyrox

Message par Plestin » 26 Août 2017, 17:22

Vu de l'intérieur du monde industriel, il y a sans doute une explication...

Merck (le groupe allemand, pas américain, car il y en a deux) commercialise le Lévothyrox en France, et (sous d'autres noms) des produits similaires dans d'autres pays.

Le Lévothyrox est déjà un produit ancien, mais les ventes en France ont connu une hausse assez régulière depuis au moins la fin des années 1980. Merck a un quasi-monopole en France, ce qui n'est pas le cas partout, dans certains autres pays européens (Espagne, Allemagne...) d'autres labos, ou les fabricants de génériques, sont parfois mieux placés.

Il y a depuis longtemps de petites différences entre les formules de la France et des autres pays, mais dans chaque pays les patients sont habitués à la formule locale. Or, les changements même mineurs sont facilement générateurs d'effets secondaires pour les patients, c'est connu depuis longtemps. "La fenêtre thérapeutique est étroite", c'est-à-dire que de très faibles variations en quantité de principe actif peuvent suffire à déclencher de tels effets secondaires dus à une quantité insuffisante ou trop importante. Dans ce cas, il faut réajuster les doses en s'appuyant sur la réalisation de tests TSH, coûteux. Et il semble que le changement d'excipients, selon les patients, ait un effet sur ce plan, ce qui est assez déroutant puisque le choix des excipients n'est pas censé influencer l'efficacité thérapeutique (mais on ne le découvre pas maintenant, on le savait déjà dans le cas du Lévothyrox).

Cette particularité a rendu Le Lévothyrox français plus résistant à l'arrivée des génériques, qui sont généralement fabriqués dans des usines alimentant toute l'Europe avec une autre formule ne correspondant pas exactement au Lévothyrox français.

En effet, pour un médicament lambda, quand les génériques arrivent, ils bénéficient du droit de substitution par les pharmaciens, c'est un phénomène bien connu : si le médecin prescrit une marque, le pharmacien peut quand même donner un générique. Le Lévothyrox, du fait de ses particularités, a bénéficié jusqu'à il y a peu d'un statut d'exception qui a fait que la Haute Autorité de Santé a fait une recommandation de non substitution pour tous les patients déjà sous Lévothyrox, seuls les nouveaux patients étant susceptibles d'être mis d'emblée sous générique. En effet, si la substitution classique avait lieu, cela conduirait au basculement de nombreux patients - il y en a autour de 3 millions en France - vers les génériques et, en admettant par exemple que seulement la moitié passe au générique (censé faire faire des économies), il aurait fallu réaliser 1,5 million de tests TSH coûteux !

Merck a donc pu bénéficier en France d'une situation privilégiée qui lui a permis de garder jusque tout récemment 95 % du marché, alors qu'en général, quand un produit original voit arriver ses génériques, ses ventes s'effondrent de 50 à 90 % au profit de ces derniers. Mais, Merck savait déjà en 2014 par exemple, et le disait en interne à ses salariés, que ses ventes seraient encore protégées en 2015-2016 mais que, aux environs de l'année 2017, il était probable que la Sécurité sociale cherche une alternative. A l'époque, en interne, Merck expliquait cela auprès des élus du personnel pour justifier son incapacité à faire une prévision de vente fiable pour l'année 2017 en valeur et en volume.

Or, là, nous sommes en 2017 et on apprend que le changement de formule du Lévothyrox a eu lieu, non de la propre initiative de Merck, mais à la demande des pouvoirs publics (l'ANSM). Le prétexte donné - en fait, repousser la date de péremption du Lévothyrox... alors qu'on s'en est accommodé pendant des décennies - semble donc assez fallacieux. Je subodore qu'il s'agit d'une tentative de rapprochement de la formule du Lévothyrox France et de celle de ses génériques, pour faciliter la substitution, ou quelque chose d'approchant.

Sauf que cela ne se passe pas aussi bien que prévu, et que malgré les précautions prises à la demande des autorités, ou à cause de l'insuffisance de précautions prises par un labo qui rechigne à faciliter la vie à ses concurrents génériqueurs, les problèmes redoutés surviennent et il faudra procéder à plein de tests TSH et d'ajustements de dose !

A moins qu'il s'agisse d'un accord tacite entre les pouvoirs publics et le labo (ex. : en échange d'un maintien relatif du monopole compensé un peu par une baisse de prix, ou en échange d'un bon prix accordé à un nouveau médicament autre), ce qui serait encore pire.

Il faut savoir que le labo a de la marge : le Lévothyrox ne fait plus l'objet d'une promotion par des visiteurs médicaux, c'est donc un produit extrêmement rentable puisque quasiment sans frais commerciaux. Merck se contente de participer de temps en temps à quelques colloques de la Société Française d'Endocrinologie, les endocrinologues prescrivent et, derrière, les généralistes renouvellent la prescription... (souvent à vie !)

En tout état de cause, il me semble que dans cette affaire, à la fois le labo (qui représente ses propres intérêts) et les pouvoirs publics (qui représentent l'intérêt collectif du patronat visant à freiner les dépenses de santé pour limiter leurs propres cotisations, et qui visent aussi à libérer de la capacité de remboursement pour les nouveaux médicaments très chers au détriment des anciens) sont mouillés !
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Re: Lévothyrox

Message par Plestin » 03 Sep 2017, 09:50

Après avoir consulté le site de l'ANSM, il ressort que :

- Les génériques du Lévothyrox avaient pour excipient, entre autres, le mannitol.
- L'ancienne formule du Lévothyrox avait pour excipient, entre autres, le lactose.
- La nouvelle formule du Lévothyrox a pour excipients, entre autres, le mannitol (on converge donc avec la formule des génériques) mais on y a ajouté de l'acide citrique.

La nouvelle formule du Lévothyrox a été mise en place à partir de fin 2016 et les génériques (Lévothyroxine Biogaran) ont été retirés du marché, suivant les dosages, entre fin 2016 et le printemps 2017. Il n'y a donc plus de génériques, cela a coïncidé avec le changement de formule, et le Lévothyrox (donc Merck) a un monopole sur la forme orale en comprimés. Cela ressemble assez fortement à un "deal" entre les autorités et Merck (on vous laisse le monopole, en contrepartie d'autre chose).

Les pouvoirs publics affirment qu'ils n'ont pas l'intention de revenir à l'ancienne formule du Lévothyrox.

D'après quelques échos d'un endocrinologue et d'un généraliste, certains commencent à prescrire une autre forme en gouttes buvables, la Lévothyroxine SERB, soit pour les patients qui ne supportent pas la nouvelle formule, soit pour les patients trop stressés par l'idée que ça puisse arriver. Cette formule est moins pratique mais ça fait une alternative. (En attendant que l'insuffisance des capacités industrielles en gouttes crée une rupture de stock ??? Car jusqu'à présent c'était un produit marginal vendu par un petit labo).

Certaines personnes ont l'air de développer des symptômes parfois graves après le changement de formule, mais le retentissement de l'affaire a aussi un impact sous forme "d'effet nocebo" : d'autres patients se mettent à développer des symptômes alors même qu'ils se traitent encore à partir des stocks de l'ancienne formule.

Enfin, je trouve qu'il y aurait au-delà de cette affaire une autre question à se poser : pourquoi depuis au moins la deuxième moitié des années 1980 les ventes de Lévothyrox augmentent pratiquement chaque année et pourquoi en consomme-t-on autant ? (3 millions de personnes en prennent en France) Effet Tchernobyl ? Part de prescriptions inutiles ? Mais pour l'instant je ne vois pas ce genre de questions surgir dans la presse.
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Re: Lévothyrox

Message par Plestin » 04 Sep 2017, 18:25

En fait, ça y est, la forme en gouttes (L-Thyroxine SERB) qui représente des petits volumes, est contingentée depuis deux jours, pour ne pas risquer la rupture de stock. Elle convient en effet aux enfants et aux patients ayant des problèmes de déglutition (qui ne peuvent pas avaler les comprimés), et leur est donc désormais réservée : si une proportion significative des 3 millions de patients utilisant les comprimés se reporte sur les gouttes, les utilisateurs habituels des gouttes risquent de rencontrer une pénurie et de se retrouver à leur tour sans solution...

Vivement l'économie planifiée...
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Re: Lévothyrox

Message par com_71 » 20 Sep 2017, 19:16

Lutte Ouvrière a écrit :Levothyrox : les industriels font la loi
20 Septembre 2017

Le Levothyrox est un médicament prescrit à trois millions de personnes en France qui souffrent de problèmes de thyroïde. En mars 2017, le laboratoire Merck-Serono a modifié la formule du produit sans toucher au principe actif, la lévothyroxine, mais en remplaçant un excipient.

Cette substance associée au principe actif, le lactose, a été remplacée par le mannitol. Depuis ce changement plus de 9 000 patients ont signalé des effets secondaires importants, crampes, maux de tête, vertiges, des pertes de cheveux ou encore une très grande fatigue.

Ce n’est pas la première fois que des effets secondaires ont été relevés avec le Levothyrox, notamment il y a quelques années avec la mise sur le marché de médicaments génériques dont les excipients étaient déjà différents. Les autorités de santé avaient alors décidé que les pharmaciens n’étaient pas obligés de proposer le générique moins cher, mais pouvaient continuer à délivrer le ­Levothyrox du laboratoire Merck-Serono mieux toléré.

Le laboratoire Merck-­Serono estime, lui, que « pour la très grande majorité des trois millions de patients traités par Levothyrox, la transition entre l’ancienne et la nouvelle formule s’est bien effectuée » et minimise le problème en parlant de « quelques centaines de cas » et de « symptômes rapportés identiques à ceux de l’ancienne formule ». De plus le laboratoire annonce qu’il ne reviendra pas à l’ancienne formule, car si la France est le premier pays où elle a été lancée, dès 2018 elle sera proposée dans les autres pays européens. Il n’est donc pas question de revenir sur ces choix industriels malgré les problèmes de tolérance rapportés en France.

Devant les protestations des malades, la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, a annoncé le 15 septembre avoir obtenu du laboratoire Merck-Serono que l’ancienne formule soit disponible de nouveau dans une quinzaine de jours. Dans les faits le laboratoire va proposer des médicaments pris sur les stocks des pays voisins, mais on ne pourra pas disposer de tous les dosages et les notices ne seront pas forcément en français... Enfin la ministre annonce que dans un mois d’autres laboratoires pourraient proposer l’ancienne formule mieux tolérée, mais rien n’est moins sûr.

Dans ce domaine comme dans bien d’autres les patrons font la loi... et les intérêts des malades ne sont pas forcément l’élément essentiel de leurs choix.


Il a été rapporté des effets secondaires ayant touché 3 anciens "consommateurs" de Lévothyrox sur 1000.
Il ne semble pas contesté qu'il ne s'agit pas de problèmes liés directement au nouvel adjuvant, mais des problèmes d'ajustement (en l'occurrence réajustement) à chaque patient du dosage de la molécule active. On peut se poser la question de savoir si cette proportion est vraiment notablement supérieure à la proportion de nouveaux "consommateurs" ayant, ou ayant eu des problèmes durables de dosage au début de leur traitement "ancienne formule" ?

Merck a changé sa formule en plein accord, voire sur la demande de l'Agence française du médicament.
Il y a maintenant tout un cafouillage qui suscite, certes, une méfiance légitime.
Mais, Merck attendait-il vraiment du changement un accroissement de ses profits ?
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Re: Lévothyrox

Message par Plestin » 20 Sep 2017, 19:41

De plus le laboratoire annonce qu’il ne reviendra pas à l’ancienne formule, car si la France est le premier pays où elle a été lancée, dès 2018 elle sera proposée dans les autres pays européens. Il n’est donc pas question de revenir sur ces choix industriels malgré les problèmes de tolérance rapportés en France.


Et Com pose la question :

Mais, Merck attendait-il vraiment du changement un accroissement de ses profits ?



C'est le volet industriel de l'affaire.

L'outil industriel de Merck a une particularité : contrairement à la plupart des autres labos, il manque cruellement de capacité face à la demande mondiale de trois de ses "vieux" médicaments : le GLUCOPHAGE (metformine) contre le diabète, le CONCOR (ou Détensiel / Cardensiel en France) (bisoprolol) contre l'hypertension et l'insuffisance cardiaque, et enfin le LEVOTHYROX (lévothyroxine) contre certains troubles thyroïdiens. Ses usines de comprimés sont en "surchauffe", il doit faire massivement appel à certains sous-traitants, et cela ne suffit pas, la demande en Asie, en Afrique et en Amérique latine reste bien supérieure à la capacité de réponse de Merck (en particulier pour le GLUCOPHAGE). En Europe, ces produits sont parfois largement copiés par les génériques (sauf le cas particulier du LEVOTHYROX en France), mais le laboratoire se rattrape largement à l'export.

Dans ces conditions, harmoniser les formules de LEVOTHYROX, c'est supprimer de la variété, et la variété dans l'industrie c'est du temps et de la main-d'oeuvre. Cela veut dire qu'on peut produire de plus grandes séries sans changer de formule et, comme on dit dans les métiers du conditionnement, sans changer de format, donc en réduisant le nombre d'opérations de nettoyage et de réglage entre deux campagnes de production et donc, en gagnant du temps d'utilisation des machines. Et à la vitesse où vont les machines d'aujourd'hui, en une heure, on en produit, des boîtes ! On produit plus de boîtes, avec moins d'opérations manuelles, donc on économise en même temps de la main-d'oeuvre.

Et le gain n'est pas que sur le LEVOTHYROX lui-même, il est global, sur l'ensemble des productions de comprimés, de l'usine allemande de Darmstadt en l'occurrence. Ce qui est économisé en temps est disponible pour servir davantage tel ou tel marché émergent, chinois ou autre. Donc pour y faire plus de profit...
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Re: Lévothyrox

Message par com_71 » 22 Sep 2017, 18:54

Levothyrox: une notice diffusée [par le ministère de la justice] pour aider les victimes à déposer plainte


https://fr.news.yahoo.com/levothyrox-no ... 52423.html

On ne peut pas dire que ça éclaire le tableau concernant les responsabilités respectives des uns et des autres.
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Re: Lévothyrox

Message par Plestin » 02 Oct 2017, 07:25

L'arrivée d'alternatives au Lévothyrox nouvelle formule. C'est un peu la pagaille...

https://www.lesechos.fr/industrie-servi ... 118514.php

Les Echos a écrit :Levothyrox : des médicaments alternatifs bientôt disponibles
Catherine Ducruet Le 01/10

Pour Merck, remettre en quinze jours l’ancienne formulation du Levothyrox dans les pharmacies françaises a été un véritable défi. - AFP
Le retour de l’ancienne formule ce lundi a été un défi logistique pour le laboratoire Merck. Un traitement de Sanofi est annoncé pour la mi-octobre, un autre de Biogaran pour fin 2018.


A la demande des autorités françaises de santé, l'ancienne formulation du Levothyrox est de retour ce lundi en pharmacie en France. Pour son fabricant, le groupe Merck, la chose a été un véritable défi compte tenu du délai de quinze jours qui lui était imparti.

Pas question pour le laboratoire allemand de relancer la production de lots selon l'ancienne formule pour la France, car il faut plusieurs mois pour intégrer une nouvelle fabrication dans les plannings de production, sauf à créer des pénuries d'autres produits. Il a donc dû piocher dans les stocks tampon des autres pays européens, la France ayant été la première à basculer vers la nouvelle formule.

Des délais serrés

Même ainsi, les délais restaient très serrés. « Il nous a fallu obtenir une autorisation d'importation car il n'y a pas d'autorisation de mise sur le marché, ni de prix en France, pour l'Euthyrox, le nom sous lequel le produit est commercialisé hors de France », explique Thierry Hulot, le PDG de Merck en France. « Et puis, il y avait le défi logistique, poursuit-il. Il faut pouvoir assurer la traçabilité des boîtes. En France, dans notre système informatique, c'est un nouveau produit. »


De son côté, l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a aussi dû créer un code pour que le produit puisse s'intégrer dans la chaîne de distribution française et puisse être remboursé. Enfin, comme Merck n'avait pas le temps de reconditionner les comprimés, la notice inclue dans la boîte n'est pas en français. « Pour remédier à ce problème, nous avons prévu une notice en français qui sera remise par le pharmacien à chaque patient, avec la boîte », explique Thierry Hulot.

Deux autres médicaments


Mi-octobre, l'offre de traitements se verra enrichie par l'arrivée sur le marché d'un autre produit à base du même principe actif que celui du Levothyrox, sans en être un générique : le L-Thyroxin Henning de Sanofi. Dans l'attente d'une autorisation de mise sur le marché en France, il sera lui aussi importé d'Allemagne, « où il est commercialisé depuis plusieurs dizaines d'années » pour soigner « 3 millions de personnes », confirme le laboratoire français. Le patron de Biogaran, Pascal Brière, évoque pour sa part « un retour sur le marché à la fin 2018 » pour le traitement sur lequel travaille actuellement le génériqueur français.

Mais certains patients n'ont pas attendu pour s'approvisionner à l'étranger, en faisant jouer les circuits familiaux ou amicaux. Mais aussi en se fournissant sur Internet, où le Levothyrox est le troisième produit le plus commandé, selon une récente étude de Newpharma.fr.

Catherine Ducruet
Plestin
 
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Re: Lévothyrox

Message par Plestin » 14 Oct 2017, 15:28

Les premiers résultats de l'enquête de l'ANSM.

https://www.lesechos.fr/industrie-servi ... 121707.php

Les Echos a écrit :Levothyrox : l’ANSM défend la nouvelle formule
Pierre Demoux Le 12/10

La nouvelle formule du Levothyrox, disponible depuis mars, a suscité de nombreux signalements d’effets indésirables par des patients. L’enquête de pharmacovigilance reconnaît des effets secondaires mais soulignent qu’ils ne sont pas spécifiques à cette formule. Ils seraient liés à des problèmes de dosage et au passage d’un traitement à un autre.

C'est une enquête dont les résultats étaient attendus par les quelque 3 millions de personnes en France qui prennent du Levothyrox. L'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a publié mercredi soir les premiers résultats de l'enquête de pharmacovigilance lancée après les nombreux signalements d'effets secondaires depuis le lancement, en mars, de la nouvelle formule de ce traitement destiné aux troubles de la thyroïde.

Selon l'Agence, ces effets indésirables (fatigue, maux de tête, insomnie, douleurs articulaires et musculaires...) ne sont pas liés à la nouvelle formule elle-même, mais au passage d'un traitement à un autre.

Pas de nouveaux effets indésirables

« Tous les effets indésirables témoignent d'un déséquilibre thyroïdien en lien avec le changement de traitement ; aucun effet indésirable d'un type nouveau, qui serait spécifique de la seule nouvelle formule, n'a été retrouvé », explique l'ANSM dans un communiqué.

"Ce n'est pas la nouvelle formule qui est en cause."

Ces effets étaient déjà rapportés avec l'ancienne formule, « mais leur fréquence de notification est en revanche augmentée », note les auteurs de l'enquête. Interrogé par «Libération », le directeur de l'ANSM, Dominique Martin, explique que « c e sont des symptômes connus, d'hyper ou d'hypothyroïdie. C'est donc bien lié au passage d'une formulation à une autre, mais ce n'est pas la nouvelle formule qui est en cause, ni les nouveaux excipients. »

0,6 % des patients

A mi-septembre, 14.633 signalements d'effets secondaires ont été transmis à l'ANSM, ce qui représente « 0,6 % des 2,6 millions de patients traités » avec la nouvelle formule rappelle-t-elle. L'enquête de pharmacovigilance a porté sur 5.062 de ces cas (à 90 % des femmes), les plus graves et les plus documentés : quatre d'entre eux concernent un décès, mais « le lien avec Levothyrox n'est pas établi ».

Pointé du doigt pour avoir mal géré cette crise sanitaire qui a pris une large ampleur au cours de l'été, l'ANSM disculpe le laboratoire allemand Merck. La nouvelle formule, réclamée au groupe pharmaceutique par l'Agence pour améliorer sa stabilité, a conservé le même principe actif, seuls des excipients ont été modifiés.

« Tout changement de spécialité ou de formule peut modifier l'équilibre hormonal et nécessiter un réajustement du dosage qui peut nécessiter un certain délai » explique le rapport. Dominique Martin pointe ainsi « un problème de dosage et d'adaptation du dosage pour le patient ».

Médicament alternatif la semaine prochaine

Pour calmer la colère des patients, le gouvernement avait demandé à Merck, mi-septembre, de réapprovisionner temporairement les pharmacies en Levothyrox ancienne formule - une marche arrière inédite et un véritable défi logistique. Disponible depuis le 6 octobre, les premiers stocks se sont rapidement écoulés.

Un engouement qui s'explique à la fois par la volonté des patients de refaire un stock d'ancienne formule avant son arrêt et par la quasi-absence d'alternative en France jusqu'à présent. Mais l'ANSM a annoncé mercredi que le traitement développé par Sanofi, le L-Thyroxin Henning, commercialisé depuis plusieurs années en Allemagne, sera disponible à partir du 16 octobre.
Volet judiciaire

Et « un autre médicament sera prochainement mis à disposition des patients au mois de novembre », sans que l'ANSM précise lequel. Le patron du fabricant de génériques Biogaran indiquait fin septembre viser une mise sur le marché de son médicament « à la fin 2018 ».

En parallèle, le volet judiciaire ouvert à la demande der certains patients se poursuit : une action collective, rassemblant plus de 1.500 personnes (fin septembre), a été lancée contre Merck et une enquête préliminaire pour « tromperie aggravée, atteintes involontaires à l'intégrité physique et mise en danger de la vie d'autrui » a été ouverte. Celle-ci a conduit à une perquisition au siège français du laboratoire début octobre.

L'enquête se poursuit


Le rapport de l'enquête de pharmacovigilance s'interroge sur les cas de « certains patients qui présentent à la fois des signes d'hypo ou d'hyperthyroïdie ». Les auteurs réclament donc « que soit mis en place un groupe de travail constitué de professionnels de santé, pharmacovigilants et patients afin de poursuivre les investigations » sur le Levothyrox.

D'autre part, une étude de pharmacoépidémiologie a également été lancée pour « étudier les effets du changement de formule sur l'ensemble des patients traités ».

Pierre Demoux
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Re: Lévothyrox

Message par Plestin » 16 Fév 2018, 08:57

Le Lévothyrox continue à faire parler de lui, diverses plaintes sont en cours d'instruction et un nouveau rapport de pharmacovigilance vient d'être remis à l'ANSM, apportant quelques éléments nouveaux.

Il subsiste deux grandes questions :

- Pourquoi les effets secondaires ?
- Pourquoi avoir changé de formule, était-ce vraiment bien nécessaire ?

Pourquoi les effets secondaires ?

A la première question, il n'y a pas vraiment de réponse nette. Les symptômes sont ceux d'un déséquilibre thyroïdien (hypo- ou hyperthyroïdie) et il est établi qu'une partie des patients ont été "déséquilibrés" par le changement de formule ; toutefois, selon le nouveau rapport remis à l'ANSM, cela ne représenterait qu'un tiers d'entre eux, les deux autres tiers ayant été contrôlés avec une TSH stable. Il y a une part d'effet nocebo (on se souvient que certains patients non encore passés à la nouvelle formule ont développé les mêmes symptômes en croyant avoir changé de formule), mais elle ne semble pas pouvoir tout expliquer.

Un médecin du Sud-Ouest interrogé par La Dépêche a émis deux hypothèses, qui sont en cours d'évaluation : l'ancienne formule avait une lévothyroxine (T4) moins pure avec des traces d'une autre hormone, T3 ; la nouvelle a une T4 très pure ; et cela, paradoxalement, rendrait plus difficile le processus métabolique chez certains patients. (Ce n'est pas impossible, il y a d'autres médicaments inefficaces lorsqu'ils sont purs et efficaces lorsqu'il y a certaines impuretés). Par ailleurs, le manque relatif d'iode dans les régions françaises les plus éloignées de la mer, et de sélénium un peu partout, participerait lui aussi à ces difficultés, mais la plupart des compléments alimentaires ont des dosages inadaptés pour répondre à ce dernier besoin. Pour l'instant, ces hypothèses sont jugées "séduisantes" par les autorités mais n'ont pas encore fait l'objet d'études pour les valider ou les invalider.

Pourquoi avoir changé de formule, était-ce vraiment bien nécessaire ?

C'est là la question la plus dérangeante pour les autorités et l'industriel. Elles continuent de qualifier la nouvelle formule de produit de "meilleure qualité", parce que stable plus longtemps (et aussi parce que le principe actif est plus pur ?)

Les autorités continuent d'affirmer que ce changement était nécessaire, pourtant pendant des décennies les patients prenaient le médicament sans que cela pose de problème particulier... sauf à une minorité d'entre eux, qui avait une alternative.

Je continue de penser qu'il y a derrière tout ça un marché, explicite ou tacite, entre Merck et les autorités françaises. (C'est une pratique courante). Voici mon hypothèse :

- L'ancienne formule de Lévothyrox contenait du lactose, et il y a des patients intolérants au lactose. Jusqu'en 2016, il existait un générique du laboratoire Biogaran (Servier), sans lactose ; mais du fait de la faiblesse des volumes vendus (j'ai déjà expliqué plus haut pourquoi Merck avait un quasi-monopole en France), il a retiré son produit du marché, laissant donc sans solution les patients intolérants au lactose.

- Les autorités ont donc fait pression sur Merck pour le passage à une nouvelle formule qui conviendrait à tous les patients, même ceux intolérants au lactose ; d'où la nouvelle formule à base de mannitol et d'acide citrique, censée incarner une solution idéale pour tous les patients et ayant, en outre, l'avantage d'une durée de conservation plus grande (un argument bien utile pour justifier le changement).

- La France représentant le plus gros marché européen de Merck en Lévothyrox (grâce au monopole), une telle décision de basculement qui, sur le moment, coûte à Merck, devait avoir pour contrepartie le maintien de son monopole (mais ça, si c'est vrai, c'est indicible). Peut-être y a-t-il eu aussi une négociation autour de l'évolution future du prix du produit.

- Pour rentabiliser davantage la nouvelle formule, Merck a pris la décision de l'étendre à toute l'Europe ; la France est le premier pays à avoir basculé, mais il est envisagé qu'il en soit de même partout ailleurs. Merck a d'ailleurs fait appel à un sous-traitant (l'usine Famar à Alcorcon près de Madrid) pour l'aider à démarrer la production de la nouvelle formule à destination de l'Europe hors France (ça c'est une certitude mais vous ne le trouverez écrit nulle part dans la presse, vive l'anonymat du FALO !) tandis que l'ancienne est encore produite à Darmstadt en Allemagne ; les investissements nécessaires sont quasiment achevés, la production va bientôt pouvoir démarrer.

- Merck trouvera un gain de productivité, donc une meilleure rentabilité, à travers l'homogénéisation des formules à travers toute l'Europe. Moins de variété, c'est moins de nettoyages et de changements de format et davantage de temps d'utilisation des machines.

- Le hic, ce qui n'était pas prévu, c'est l'ampleur du problème d'effets secondaires qui a fait qu'une minorité de patients a réclamé à cor et à cris le retour de l'ancienne formule. Merck en produit encore pour les autres pays européens, mais c'est destiné à disparaître et ce n'est pas du tout son intérêt de revenir en arrière pour des raisons d'optimisation industrielle, et les autorités ne le souhaitent pas non plus.

- Cette situation a donc ouvert la voie pour que les autorités, à contrecoeur, organisent l'importation de boîtes de l'ancienne formule Merck (redirigées donc vers la France), et l'importation de produits concurrents du Lévothyrox présents dans les pays voisins (qui ont, dans ces pays, des parts de marché significatives, par exemple en Allemagne L-THYROXIN HENNING de Sanofi se vend davantage que le produit de Merck).

- Cela menacerait donc l'accord explicite ou tacite concernant le monopole de Merck en France, et c'est pourquoi, loin d'être largement disponibles ces produits sont fortement contingentés, strictement réservés à la minorité de patients concernés par des effets secondaires, au grand dam des patients dont certains expliquent les difficultés qu'ils ont pour en obtenir. Par exemple dans ce témoignage publié sur Médiapart :


Lévothyrox: une pénurie kafkaïenne des nouveaux médicaments

16 janv. 2018 Par sue landau Blog : Le blog de sue landau

Malgré les promesses du gouvernement, le cauchemar continue pour les malades de la thyroïde. De nouveaux traitements devraient être disponibles pour ceux qui souffraient des effets secondaires liés à la nouvelle formule du Lévothyrox, seul médicament jusqu'alors autorisé. Mais début 2018, ces traitements se font rares. Pas drôle si votre santé dépend de la prise quotidienne du bon comprimé.

On se croirait presque dans un pays du Tiers Monde. Aujourd’hui en France, les patients qui ont démarré l’un de ces nouveaux traitements de la thyroïde – car la nouvelle version de leur médicament habituel leur rendait malades – sont laissés dans la crainte permanente de manquer du médicament. J’en fais partie.

Voici le problème : début avril 2017 le laboratoire Merck remplace l’ancien Lévothyrox par une nouvelle formule, mais quelques mois plus tard les associations des malades de la thyroïde font état d’effets secondaires gênants, voire graves, parmi les trois millions de patients ayant pris le médicament, sans avoir d’autre choix.

Pour le Ministère de la Santé et son agence de sécurité des médicaments (ANSM), la solution était de faire venir d’autres médicaments de la thyroïde en France. Deux sont clés : l’ancienne formule du Lévothyrox, maintenant baptisée Euthyrox, que Merck va importer d’Allemagne jusqu’en fin 2018 ; et le L-Thyroxin Henning du laboratoire Sanofi, qui est également vendu en Allemagne.

Mais malgré les annonces en octobre dernier prétendant que le scandale du Lévothyrox avait ainsi été résolu, je peux attester qu’en ce début de 2018, on en est encore très loin.

Dans la foulée de ces annonces, après avoir constaté depuis le printemps certains symptômes gênants plutôt que graves, j’ai voulu changer pour le L. Thyroxin Henning de Sanofi. Et il s’avère que les endocrinologues préconisent cette molécule.

La Société Française d’Endocrinologie écrit dans un document daté du 15 octobre dernier : “En cas d’effets indésirables persistants malgré un équilibre hormonal, envisager un changement de spécialité… prioritairement vers la spécialité L-Thyroxin Henning du laboratoire Sanofi, disponible de manière pérenne à partir de mi-octobre 2017.”

Donc fin octobre, armée de ma nouvelle ordonnance, je me présente à la pharmacie. Déjà ce n’est pas simple. La pharmacie avait reçu la consigne de ne distribuer qu’une seule boite par jour parmi toute sa clientèle. Heureusement, ce jour-là, la boite était pour moi, et ça me permet de couvrir les trois prochains mois. Mes symptômes se sont progressivement atténués.

Mais mi-janvier arrive le moment de renouveler, et tout redevient compliqué. Deux pharmacies m’informent qu’il leur est impossible d’obtenir du L-Thyroxin Henning. L’une essaie d’en trouver pendant une semaine, l’autre ne peut proposer que de l’Euthyrox. Mais on ne doit pas changer de molécule sans avis médical.

Puis un coup de fil de mon généraliste, qui a téléphoné à Sanofi pour se renseigner sur la disponibilité du L-Thyroxin Henning, m’expliquant que le médicament serait dans l’attente d’une autorisation de mise sur le marché en France. Entretemps, il est importé de manière sporadique de l’Allemagne.

Pourtant une telle autorisation est normalement accordée par les mêmes autorités qui ont annoncé en grande pompe la disponibilité du médicament en octobre. Une situation pour le moins kafkaïenne.

Et même si l’on a pu me proposer de l’Euthyrox, l’ancienne formule qui ne produisait pas d’effets secondaires chez ces patients, ce molécule n’est pas non plus très facilement trouvable, d’après les pharmaciens à qui j’ai parlé. “On nous ment sur tout depuis le début dans cette affaire,” me dit l’un des pharmaciens.

Retour à la première pharmacie, où il s’avère que cette fois, le grossiste est en mesure de proposer des boites du L-Thyroxin Henning, mais pas au dosage dont j’ai besoin. Néanmoins ça peut aller, car je peux faire l’appoint en prenant deux comprimés au lieu d’un. Mais combien d’autres peinent à renouveler leurs traitements ?

Alors, la fin du cauchemar sera pour quand ? Lorsqu’on souffre d’une condition médicale qui vous oblige à prendre un comprimé tous les jours sous peine de l’empirer, il est tout simplement inadmissible, dans un pays comme la France, de devoir aller de pharmacie en pharmacie pour obtenir son traitement.

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Ce faisant, le monopole de Merck est quasi maintenu à plus de 99 %.

Il est aussi important de comprendre que ces produits ne sont pas si faciles que ça à fabriquer. Par exemple, une polémique porte actuellement sur le fait que l'usine Merck d'Orléans-Semoy fabrique ou pas l'ancienne formule et puisse répondre à la demande. En fait, cela fait longtemps qu'elle n'en fait plus, même si elle est toujours enregistrée comme lieu de fabrication potentiel. Et elle n'est plus équipée pour le faire. La lévothyroxine est une une hormone très active à faibles doses, nécessitant d'être manipulée dans une zone dédiée et bien isolée du reste de l'usine pour éviter le risque de contamination croisée avec un autre médicament : à Orléans, cette zone dédiée n'existe plus depuis longtemps et la place a été occupée par autre chose. Remettre en place une zone dédiée est coûteux et Merck n'a pas du tout envie de le faire. Pour les mêmes raisons, les fabricants de génériques qui n'ont eu que de petits volumes ne rentabilisaient pas leurs installations et sont sortis du marché. Si le sous-traitant Famar en Espagne peut fabriquer la nouvelle formule Merck pour l'Europe, c'est parce qu'il dispose déjà d'une zone dédiée où il fabrique notamment le produit du concurrent de Merck, Sanofi.
Plestin
 
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