A ce jour, 58 982 morts dans le monde depuis le début de la pandémie.
Remarque : depuis 2 jours, la France bat le triste record du premier pays en nombre de morts de la veille. Début de la vague en île de France.
Zelda_Zbak a écrit :A ce jour, 58 982 morts dans le monde depuis le début de la pandémie.
Remarque : depuis 2 jours, la France bat le triste record du premier pays en nombre de morts de la veille. Début de la vague en île de France.
Covid-19 : comment l'Italie et l'Espagne comptent-elles leurs morts ?
Par Pauline Moullot 1 avril 2020
Contrairement à la France, l'Italie et l'Espagne ne comptent pas seulement les personnes mortes à l'hôpital mais toutes celles qui ont été testées.
Question posée par AGPJ, le 27/03/2020.
Bonjour,
Vous nous avez interrogés après un article sur le nombre de morts en France, qui n’inclut pour l’instant pas les décès survenus dans les Ehpad. Vous nous demandez ce qu’il en est en Italie et en Espagne, où le nombre de morts est plus important qu’en France.
Pour rappel, la France ne communique que sur les victimes du Covid-19 mortes à l’hôpital. Cela signifie que toutes les personnes décédées en maison de retraite ou à domicile ne sont pas comptabilisées. Le 24 mars, Jérôme Salomon reconnaissait ainsi : «On sait que les décès survenus à l’hôpital représentent probablement une faible part de la mortalité». Le gouvernement a donc annoncé vendredi dernier qu’il allait désormais tenter de compter les cas de personnes mortes en Ehpad : «Le dispositif va être testé au cours du week-end. L’idée est qu’à partir de lundi, nous rajoutions au bilan en hôpital que je vous donne quotidiennement les décès survenus en institution, pour avoir ainsi les deux lieux principaux d’observation des décès.»
En Italie et en Espagne, les autorités ne communiquent que sur les personnes décédées et testées. Dans ces deux pays, si la mort survient en dehors de l’hôpital mais que la personne avait probablement été testée positive, elle sera comptée comme morte du nouveau coronavirus.
Pour autant, les mêmes débats agitent les trois pays européens les plus touchés : le nombre de morts serait sous-estimé, notamment parce que les personnes âgées ne sont pas toutes comptées.
Regardons d’abord ce qu’il se passe en Italie. C’est l’Institut supérieur de la santé (ISS), qui est chargé de confirmer le nombre de morts dans le pays. Ainsi, les communiqués de presse de la Protection Civile, qui fait un point statistique quotidien, précisent bien à chaque fois que le nombre de décès «ne pourra être confirmé qu’une fois que l’Institut supérieur de la santé aura établi la cause réelle du décès». En attendant cette confirmation, l’ISS veille à préciser qu’il s’agit d’un décompte des morts «avec» le coronavirus et non «du coronavirus», signifiant que ce décompte ne se base que sur les tests, indépendamment des maladies antérieures que pouvaient avoir ces patients. Cet institut confirme à CheckNews que seules les personnes testées positives par test PCR sont comptabilisées, «indépendamment de l’endroit où elles meurent». Il n’y a donc pas, comme en France, de focalisation sur les seuls décès en milieu hospitalier.
Localement, des taux de mortalité beaucoup plus élevés que les données officielles
Mais, localement, maires et médias dénoncent malgré tout des chiffres sous-estimés. C’est le cas de la province de Bergame, en Lombardie, la plus touchée par l’épidémie. Ainsi, le journal local l’Eco di Bergamo a décidé de comptabiliser les victimes du Covid-19, partant du constat que «les chiffres officiels des décès pour Covid-19 ne représentent qu’une petite partie des cas réels dans la province de Bergame». Le journal demande à chaque mairie de l’informer des morts des résidents au cours des trois premiers mois de 2020 afin de comparer la mortalité par rapport aux années précédentes. Dans la ville même de Bergame, le quotidien explique : «De 45 morts par semaine en moyenne au cours des dix dernières années, on est passés à 313 par semaine, soit presque sept fois plus que pendant les sept jours du 15 au 21 mars. Du 1er au 21 mars, en revanche, le ratio est quatre fois supérieur à la moyenne des dix dernières années.»
Ainsi, le maire de la commune de Seriate ajoutait, le 22 mars : «Dans notre cas, les documents officiels disent que le coronavirus a causé 9 décès, mais depuis le début du mois, notre bureau d’enregistrement en a recensé environ 60. En l’absence de prélèvement, les médecins écrivent "pneumonie", mais les symptômes sont clairs et les données sont donc irréalistes.»
Pour ce qui est des maisons de retraite, le maire de Bergame a dénoncé le fait que les personnes qui y meurent, si elles ne sont pas testées, ne sont pas comptabilisées. Or, selon la presse italienne, les tests n’ont pas été effectués dans de nombreuses maisons de retraite italienne. Une politique qui est là aussi en train de changer. La Stampa rapporte ainsi que, dans la région du Piémont, toutes les maisons de retraite vont désormais être testées. Comme l’explique Il Mattino, «le nombre de cas [dans les maisons de retraite] continue à augmenter également parce que jusqu’à présent, les prélèvements et les contrôles n’ont pas été effectués dans ces institutions, qui en Italie - selon les données disponibles sur le portail du ministère de la santé - sont peu nombreuses».
Les morts à domicile insuffisamment comptabilisés
En effet, dans la péninsule, les personnes âgées sont beaucoup plus souvent hébergées à domicile ou dans leur famille qu’en maison de retraite. Ainsi, selon Eurostat, le taux de personnes de plus de 85 ans en institution est de 2% dans certaines régions italiennes et peut monter jusqu’à 10% dans le Nord, alors qu’il est un peu au-dessus de 20% en France. Le problème du décompte se pose donc surtout pour les personnes qui meurent chez elles. Or, rappelle Alessandro Solipaca, directeur scientifique de l’Observatoire de la santé de l’Université catholique de Rome, les décès à domicile sont rarement comptabilisés, puisque les personnes n’ont en général pas été testées. De fait, «les décès comptabilisés ne se produisent pas tous à l’hôpital, mais en majorité».
Même problème en Espagne. Si seules les personnes testées positives sont censées être comptées, la polémique sur les maisons de retraite y est aussi très importante. «La plupart des gens qui meurent sont à l’hôpital, puisqu’ils avaient des symptômes sévères. Les gouvernements régionaux font des tests en priorité sur les personnes avec des symptômes sévères», répond le ministère de la Santé.
Selon la radio Cadena Ser, 37% des décès comptabilisés en Espagne concernaient des personnes vivant en institution pour personnes âgées. Mais ces chiffres sont à prendre avec des pincettes, explique le média de fact-checking Maldita, parce que l’on ignore si toutes les personnes décédées dans les maisons de retraite sont mortes du coronavirus. Comme en Italie, les autorités espagnoles expliquent ne compter que les personnes décédées qui ont été testées, même si elles meurent chez elles ou en maison de retraite. Mais cette règle n’est pas généralisée, puisque chaque région compte différemment ses cas de Covid-19. Ainsi, en Catalogne, le ministère de la Santé a reconnu que seuls étaient comptées les personnes décédées à l’hôpital ou dans des centres sanitaires, contrairement à ce qu’a annoncé le gouvernement.
Au niveau national, dans une enquête sur les maisons de retraite publiée il y a une dizaine de jours, El Pais explique que «le nombre officiel de victimes dans les maisons de retraite sera inférieur à ce qu’il est réellement car presque personne ne diagnostique les patients présentant des symptômes». Par ailleurs, les gérants d’institutions sont accusés de cacher le nombre de morts. Ainsi, une enquête a été ouverte dans une maison de retraite de Madrid, où plus de 17 personnes sont mortes.
En Espagne, polémique sur les maisons de retraite
Le sujet des maisons de retraite, et du nombre de décès qui y surviennent, a pris une importance telle en Espagne que, dans la région de Madrid, une enquête a été menée pour évaluer l’impact de la pandémie dans les institutions pour personnes âgées. «Cependant, ces données sont confuses et ne précisent pas les décès dus à la pandémie. Ses auteurs, les inspecteurs du ministère des politiques sociales, reconnaissent qu’il est impossible de connaître les dégâts exacts car de nombreux morts ont été enterrés ou incinérés sans être soumis à des tests», analyse El Pais.
Par ailleurs, la question des tests et du manque de masque et de matériel pour les soignants, très polémique en France, l’est aussi en Espagne. Ainsi, El Pais décrivait le 22 mars : «Commander des kits de diagnostic semble être un luxe en ce moment. Les autorités sanitaires n’ont encore même pas envoyé de gants ou de masques. Les résidences se débrouillent comme elles peuvent, avec du matériel de protection improvisé, parfois des gants de cuisine.»
Le journaliste espagnol du média de fact-checking Maldita Sergio Sangiao remarque auprès de CheckNews: «les tests en Espagne sont une question très controversée. Il n’y a pas de données officielles sur combien de tests sont faits par jour, et il y a eu différentes communications sur le sujet qui ne concordent pas. Mais si les cas ne sont pas sévères, les gens ne sont pas testés».
Pauline Moullot
Plestin a écrit :Donc je me dis que le bond à plus de 1.000 décès/jour devant l'Espagne et l'Italie depuis le 2 avril est peut-être en partie dû à un élargissement du périmètre.
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