les theories de l'évolution

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Nadia » 11 Mars 2004, 12:32

(canardos @ jeudi 11 mars 2004 à 11:56 a écrit : maintenant un "petit" article en français sur l'origine de la vie:

14 pages, quand même... Bon, je vais essayer de le lire. :roll:
Nadia
 
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Message par Louis » 11 Mars 2004, 13:00

c'est assez étrange avec la bibliotheque que canardos nous a soumis - de longues lectures pour l'hivers - qu'il n'ait pas parlé un seul momment de patrick tort !

c'est quand meme quelqu'un qui fait "autorité" pour parler du darwinisme !


a écrit :Patrick Tort
La seconde révolution darwinienne



Patrick Tort, philosophe, linguiste, épistémologue, historien des sciences biologiques et humaines, est professeur détaché au Muséum de Paris, et auteur d'une quarantaine de livres. Il est le créateur de l'analyse des complexes discursifs, nouvelle méthodologie pour l'histoire des systèmes de pensée. Lauréat de l'Académie des sciences pour son Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution, prix Philip Morris 2000 d'histoire des sciences pour l'ensemble de son oeuvre, il a créé et dirige l'Institut Charles Darwin international. Il dirige, avec la collaboration de Michel Prum et d'une équipe universitaire, la traduction française et l'édition savante de l'intégrale des OEuvres de Darwin. Son dernier livre, La Seconde Révolution darwinienne, vient de paraître aux éditions Kimé.

- Une oeuvre complète en cours de traduction, une exposition, un film de Valérie Winckler sur Arte, un nouveau livre, un numéro hors-série de Sciences et Avenir... Darwin est d'actualité. Un Darwin rendu à sa vérité, sur la base du travail que vous accomplissez depuis plus de vingt ans. Quelles réactions vous inspire ce succès ?
Patrick Tort - D'abord le sentiment d'une conquête rationnelle et d'un gain d'intelligibilité. Lorsque je songe à ce qu'étaient les études darwiniennes il y a tout juste vingt ans, je mesure le chemin parcouru. Aucune théorie, dans l'histoire des sciences modernes, n'a donné lieu dans son interprétation à plus de contresens globaux que la théorie darwinienne. A cet égard, les erreurs des partisans ne valent guère mieux que celles des adversaires. L'"ultra-darwinisme" affiché par certains représentants de la sociobiologie anglo-saxonne, réduisant l'activité sociale humaine et ses valeurs à une ruse de la sélection naturelle, est à peu près aussi contraire à la pensée de Darwin que peut l'être, dans l'autre camp, la prétention du Vatican à accepter l'évidence de l'évolution biologique tout en réservant à l'âme humaine une origine transcendante. En analysant l'anthropologie de Darwin et le lien dialectique qui l'attache à sa biologie, j'ai montré comment une théorie scientifique de l'émergence de la morale et des conduites solidaires pouvait expliquer, dans les termes d'une histoire naturelle non réductionniste, le renversement progressif qui produit l'effet de rupture (mais non la rupture effective) que l'on attribue à la civilisation. Une généalogie de la morale, donc, plus convaincante sans doute que celle de Nietzsche.

- Cet "effet de rupture" ou de "renversement" issu de la continuité évolutive, c'est ce que vous avez nommé l'"effet réversif de l'évolution". Vous avez plusieurs fois expliqué qu'il "rend possible le matérialisme", voire qu'il est "la clé du matérialisme moderne". Est-ce en lui que vous situez la "seconde révolution darwinienne" ?
Patrick Tort - Essentiellement. La sélection naturelle privilégie dans un milieu donné les organismes porteurs d'une variation avantageuse, et tend corrélativement, à travers la lutte pour l'existence, à éliminer ceux qui n'en ont pas bénéficié. Comment, à l'intérieur d'une théorie transformiste unitaire sur laquelle règne ce principe liant le succès évolutif à l'élimination des moins aptes, peut-on expliquer la civilisation, qui au contraire, protège les existences fragiles et donne l'avantage aux conduites coopératives et altruistes ? La réponse des anciens "darwinistes sociaux" et des sociobiologistes modernes est que l'altruisme et la solidarité ne sont que des stratégies de camouflage d'un égoïsme primaire, seul maître du jeu. La réponse des Eglises est que seul Dieu est origine et garantie de la loi morale. La réponse de Darwin est que la sélection naturelle, s'exerçant non seulement sur des variations organiques avantageuses mais aussi sur des instincts, a privilégié dans l'évolution de l'homme les instincts sociaux qui sont à l'origine des conduites affectives et des sympathies altruistes, sur la base d'un avantage qui n'est plus d'ordre strictement biologique et individuel, mais est devenu par là même culturel et social. Ces instincts sociaux se développant au sein d'une intrication évolutive avec l'accroissement des capacités rationnelles, la sélection naturelle sélectionne la civilisation, qui s'oppose à la sélection naturelle. Dès lors, l'horizon de la civilisation est l'élimination tendancielle de l'élimination. Le principe méthodologique du "continuisme" généalogique du transformisme et celui du matérialisme intégral de la science sont ici respectés. Sur la question fondamentale de la généalogie de la morale, le Darwin de La Filiation de l'homme (1871) est un élément indispensable pour effectuer ce que j'ai nommé la "laïcisation du discours sur l'homme". Sur la question du matérialisme, il fournit la base naturaliste que recherchait Marx, l'ancrage dans les instincts que recherchait Freud, et la logique du vivant qu'a manquée Nietzsche lors de son naufrage "immoraliste", ainsi que l'a parfaitement perçu Yvon Quiniou.

- On comprend alors que ce que Darwin autorise comme développements théoriques dépasse très largement le cadre de la biologie. S'agit-il d'une nouvelle façon de penser ?
Patrick Tort - Cela semble hors de doute, d'autant plus que tout l'effort des principaux idéologues inégalitaristes des XIXe et XXe siècles a été d'occulter le renversement opéré par Darwin à partir de 1871. Si Darwin permet aujourd'hui de penser autrement la naissance de la morale et des solidarités socio-affectives, ce n'est pas sur la base d'une philosophie, mais sur la base d'une méthode de pensée, qui est par excellence la méthode de la connaissance par l'origine et par les mécanismes phylogénétiques (1). Cette méthode est inscrite dans la théorie globale, non fragmentée, de l'évolution. Le ratage par Marx, dès 1862, et secondairement par Engels (en 1873 et 1875) de la théorie darwinienne, né d'une interprétation précipitée de sa référence malthusienne (alors que Darwin se révélera opposé à Malthus en 1871) a fait que la gauche marxiste, tout en approuvant le matérialisme de Darwin, n'a pu s'empêcher de confondre le darwinisme et sa déformation immédiate en "darwinisme social". Et d'attribuer à Darwin, dans le même mouvement, la paternité coupable des grandes doctrines inégalitaires telles que l'expansionnisme suprématiste des nations développées, le colonialisme, le racisme "scientifique", l'eugénisme, ou encore la justification de la domination de classe ou de culture. Ces erreurs sont aujourd'hui corrigées. C'est une révolution.

Propos recueillis par Francis Sitel.

- Renseignements : 05 61 84 46 21.
1. De "phylogénèse" : histoire évolutive des espèces, des lignées et des groupes d'organismes (Petit Robert).


Louis
 
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Message par Louis » 11 Mars 2004, 15:55

je t'arrete ! il ne dit absolument pas ça mais uniquement que marx critiqua darwin sur la base erronnée du "malthusianisme" présupposé de darwin (sur la question, une these de maitrise qui fait le point a mon avis sur la question ici http://flavien.robert.free.fr/these.htm


sinon, je peut te demander a toi ce que tu pense de ce passage de "l'anti during"

a écrit :Tout ce que notre philosophe du réel sait dire de la nature organique, se réduit à la lutte contre cette demi-poésie de la philosophie de la nature, contre le “ charlatanisme avec ses niaiseries superficielles et pour ainsi dire ses mystifications scientifiques ”, contre les “tendances à la fiction” du darwinisme.

Le  reproche primordial adressé à Darwin, c'est de transposer la théorie démographique de Malthus de l'économie dans la science de la nature, de rester prisonnier des conceptions de l'éleveur, de faire de la demi-poésie antiscientifique avec la lutte pour l'existence; tout le darwinisme, une fois retirés les emprunts faits à Lamarck, est une exaltation de la brute dirigée contre l'humanité.

Darwin avait rapporté de ses voyages scientifiques l'opinion que les espèces de plantes et d'animaux ne sont pas constantes, mais changeantes. Pour continuer à suivre cette idée dans son pays, aucun terrain meilleur ne s'offrait que celui de l'élevage des animaux et des plantes. L'Angleterre en est précisément la terre classique; les résultats d'autres pays, par exemple de l'Allemagne, sont bien loin de pouvoir donner la mesure de ce qui a été atteint en Angleterre à cet égard. En outre, la plupart des succès datent d'un siècle, de sorte que la constatation des faits comporte peu de difficultés. Darwin a donc trouvé que cet élevage avait provoqué artificiellement, chez des animaux et des plantes de même espèce, des différences plus grandes que celles qui se présentent entre des espèces universellement reconnues comme différentes. Ainsi étaient donc prouvées d'une part, la variabilité des espèces jusqu'à un certain point, d'autre part, la possibilité d'ancêtres communs pour des organismes qui possèdent des caractères spécifiques différents. Darwin rechercha alors si, par hasard, il ne se trouvait pas dans la nature des causes qui, - sans l'intention consciente de l'éleveur, - provoqueraient à la longue sur des organismes vivants des transformations analogues à celles de l'élevage artificiel. Ces causes, il les trouva dans la disproportion entre le nombre énorme des germes créés par la nature et le petit nombre des organismes parvenant réellement à maturité. Mais comme chaque germe tend à se développer, il en résulte nécessairement une lutte pour J'existence, qui apparaît non seulement comme l'acte direct, physique de se combattre ou de se manger, mais aussi comme la lutte pour l'espace et la lumière, même chez les plantes. Et il est évident que, dans ce combat, les individus qui ont le plus de chance de parvenir à maturité et de se reproduire sont ceux qui possèdent quelque propriété individuelle, aussi insignifiante qu'on voudra, mais avantageuse dans la lutte pour l'existence  [2]. Ces propriétés individuelles ont par suite tendance à se transmettre par hérédité et, si elles se présentent chez plusieurs individus de la même espèce, à se renforcer par hérédité accumulée dans la direction qu'elles ont une fois prise, tandis que les individus qui lie possèdent pas ces propriétés succombent Plus facilement dans la lutte pour l'existence et disparaissent peu à peu. C'est de cette façon qu'une espèce se transforme par sélection naturelle, par survivance des plus aptes.


ce que PT dit de cela, c'est que cette conception erronnée du darwinisme a poussé "la gauche marxiste" a accepter la filiation entre le darwinisme et la sociobiologie par exemple !
Louis
 
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Message par Louis » 11 Mars 2004, 16:02

Ceci étant dit, l'"oeuvre fondamentale de patrick tord, c'est son " Dictionnaire du darwinisme et de l'évolution " qui est réputé, pour quiconque s'interesse a ce sujet, etre la "bible" ! le probleme c'est qu'on ne peut pas l'acheter (because il coute quand meme 450€) uniquement le trouver dans une bibliotheque (de préférence universitaire) et ça va bien au dela de l'importance du bonhomme (il y a tous les biologistes, tous les spécialistes du sujet)
Louis
 
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Message par volodia » 11 Mars 2004, 16:20

(canardos @ jeudi 11 mars 2004 à 11:56 a écrit : maintenant un petit article en français sur l'origine de la vie:


L’apparition de la Vie sur la Terre

Tiré de quoi ?
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Message par Louis » 11 Mars 2004, 18:21

tu as tout a fait raison, je me suis magistralement trompé ! :wacko: méa culpa, méa culpa, méa culpa

sinon, j'ai aussi trouvé ce pâssage de bebel

a écrit :En général, il semble que ce soit une loi de la nature de remplacer en quantité ce qui se perd en qualité. Nous voyons ainsi que les animaux des espèces supérieures et les plus robustes, tels que le lion, l'éléphant, le chameau, et nos animaux domestiques, comme le cheval et la vache, font en général peu de petits, tandis qu'au contraire tous les animaux d'une organisation inférieure se reproduisent d'une façon prodigieuse et en rapport inverse de leur développement, par exemple tous les genres d'insectes, la plupart des poissons, etc., les petits mammifères tels que les lièvres, les rats, les souris, etc.

D'autre part, Darwin a établi que certains animaux, dès que de l'état sauvage ils passent sous le joug de l'homme et sont apprivoisés, perdent leur faculté de repro­duction, l'éléphant par exemple. Cela prouverait qu'une modification dans les condi­tions de l'existence influe sur le plus ou moins de développement de la faculté de reproduction.

Mais ce sont précisément les Darwinistes qui partagent la crainte de la surpo­pulation, et sur l'autorité desquels s'appuient nos Malthusiens modernes. J'ai déjà indiqué que nos darwinistes ont la main malheureuse partout ou ils appliquent leurs théories aux conditions humaines, parce qu'ils procèdent le plus souvent, dans ce cas, avec une brutalité empirique, et appliquent, simplement à l'homme ce qui est vrai pour les animaux, sans considérer que l'homme, en tant qu'animal supérieurement organisé, reconnaît les lois de la nature, mais est également en état de les diriger et de les utiliser.


comment l'interprétes tu ?
Louis
 
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Message par logan » 11 Mars 2004, 18:21

LCR fait de l' anti-duhring en croyant faire de l' anti-engels :-P
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