Petro-apocalypse

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par Clash » 07 Mai 2004, 12:01

J'ai trouvé l'article suivant, très alarmiste de Yves Cochet sur le site REG (resistance electrique et gazière), excellent site militant qui concerne EDF-GDF : :hot: [url=http://www.globenet.org/aitec/reg/]http://www.globenet.org/aitec/reg/[/url] :bounce:
Cela vaut le coup d'y jeter un oeil pour ceux qui s'intérrèssent à EDF et aux pbs energétiques en général, ils le mettent à jour une fois par mois (en début de mois), c'est très complet sur l'actualité de EDF-GDF et sur les pbs energétiques dans le monde. Souvent très virulent.

Voilà l'article de Cochet , que pensez-vous du constat : Alarmiste? Réaliste?
Pour les solutions (accords aux nations unis, tout ça...), forcément c'est pas vraiment les notres...

==>
Vers la pétro-apocalypse
DANS QUELQUES années, la production mondiale de pétrole conventionnel déclinera tandis que la demande mondiale ne cesse de croître. Le choc résultant de cette famine pétrolière structurelle est inévitable, tant sont importantes la dépendance de nos économies au pétrole bon marché et l’impossibilité concomitante de les en sevrer rapidement.

Nous pouvons seulement espérer amortir ce choc, à condition que cette perspective proche devienne dès aujourd’hui le repère unique d’une mobilisation générale de nos sociétés, imposant des conséquences drastiques dans tous les secteurs sous peine de chaos. Cette anticipation est fondée sur la méthode du géologue américain King Hubbert, qui avait prédit en 1956 le pic de la production pétrolière domestique aux Etats-Unis pour 1970. Ce qui fut exactement observé.

La transposition de la méthode d’Hubbert à d’autres pays a donné des résultats prédictifs similaires : aujourd’hui, tous les champs pétrolifères géants - les seuls qui comptent - voient leur production décroître, sauf dans le « triangle noir » Irak-Iran-Arabie saoudite.

Le pic d’Hubbert de ce Moyen-Orient pétrolier devrait être atteint autour de 2010, selon la reprise plus ou moins tardive de la pleine production irakienne et selon le taux de croissance de la demande chinoise.

Les secteurs les plus touchés par la hausse continue des cours du pétrole brut seront d’abord l’aviation et l’agriculture productiviste, dont les prix du kérosène pour l’une et ceux des fertilisants azotés ainsi que du gazole pour l’autre sont assez directement liés au prix du brut.

Ceci sans la souplesse politique stabilisatrice permettant, pour un temps et dans d’autres secteurs, de baisser les taxes sur le pétrole lorsque les prix montent. Puis, les transports terrestres, le tourisme, la pétrochimie et l’industrie automobile subiront les effets dépressifs de la diminution de la quantité de pétrole (déplétion).

Jusqu’à quel point cette situation conduira-t-elle à une récession générale ? Nul ne le sait, mais l’aveuglement des politiques et le panurgisme panique coutumier des marchés peuvent nous laisser craindre le pire.

Cette prophétie certaine est universellement ignorée, déniée ou sous-estimée. Rares sont ceux qui mesurent exactement l’imminence et l’ampleur de son avènement. Michael Meacher, ancien ministre de l’environnement du Royaume-Uni (1997-2003), écrivait récemment dans le Financial Time qu’à défaut d’une prise de conscience générale et de décisions planétaires immédiates de changements radicaux en matière d’énergie, « la civilisation affrontera le plus aigu et sans doute le plus violent bouleversement de l’histoire récente ».

Si nous voulons néanmoins maintenir un peu d’humanité à la vie sur Terre dans les années 2010, nous devons, comme le suggère le géologue Colin Campbell, appeler les Nations unies à convenir aujourd’hui d’un accord fondé sur les objectifs de garantie, pour les pays pauvres, d’importer encore un peu de pétrole ; d’interdiction de tirer profit de la pénurie pétrolière ; d’incitation aux économies d’énergie ; de stimulation des énergies renouvelables. Pour atteindre ces objectifs, l’accord universel devra mettre en oeuvre les mesures suivantes : chaque Etat réglementera les importations et les exportations de pétrole ; aucun pays exportateur de pétrole ne produira plus de pétrole que ne lui permet son taux de déplétion annuel scientifiquement calculé ; chaque Etat réduira ses importations de pétrole à un taux de déplétion mondial convenu.

Cette priorité nécessaire accordée à l’économétrie physique disconviendra aux économistes et aux politiques, notamment américains. Les gouvernements successifs des Etats-Unis n’ont jamais accepté la remise en cause du mode de vie américain. Depuis le premier choc pétrolier de 1973-1974, toutes les interventions militaires américaines peuvent être analysées à la lumière de la crainte du manque de pétrole bon marché. Ce fut d’ailleurs le pic de la production pétrolière américaine en 1970 qui permit à l’OPEP de prendre la main et de susciter ce premier choc, en même temps que la guerre de Kippour. Les Etats occidentaux tentèrent alors de reprendre le contrôle et de conjurer le spectre de la pénurie, moins par la sobriété énergétique que par l’activation des champs pétroliers de l’Alaska et de la mer du Nord. Derechef, en 1979, la révolution iranienne et le second choc pétrolier permirent à l’OPEP de reconquérir la prééminence tandis que les économies occidentales payèrent cher leur pétrovoracité par la récession des années suivantes.

Au début des années 1980, la reconquête américaine sur les cours et les flux de pétrole passa par le financement et l’armement de Saddam Hussein pour guerroyer en Iran, et par la complicité acquise du roi Fahd en Arabie saoudite pour augmenter les exportations de brut vers l’Occident. Cela permit le contre-choc pétrolier de 1986, regain de la croyance occidentale en l’abondance pétrolière illimitée, continuation de l’avidité énergétique jusqu’aux guerres d’Irak (1991, 2003) quels qu’en soient les morts (100 000 ? 300 000 ?), quels qu’en soient les coûts (100 milliards de dollars ? 300 milliards ?), quels qu’en soient les moyens (budget annuel du département de la défense : 400 milliards de dollars).

Pendant les mêmes quinze dernières années, les multiples conflits des Balkans trouvent leur source et leur résolution dans la volonté américaine d’écarter la Russie des routes de transport du pétrole de la mer Noire et de la Caspienne vers les ports de l’Adriatique via la Bulgarie, la Macédoine et l’Albanie. La géopolitique du pétrole autorise tous les pactes avec les diables islamistes, de l’Asie centrale jusqu’en Bosnie, toutes les connivences cyniques avec les terroristes, jusqu’au récent voyage de Tony Blair en Libye pour permettre à Shell de remonter le volume de ses réserves au prix de quelques centaines de millions de dollars. L’actuel projet américain de Grand Moyen-Orient, habillé de considérations humanitaires et démocratiques, n’est rien d’autre que la tentative de poser définitivement la main sur tous les robinets pétroliers de la région.Plus de trente ans de souci pétrolier n’ont pas dessillé les yeux des dirigeants américains et européens sur la crise énergétique qui se profile à court terme. Malgré ce que disaient René Dumont et les écologistes dès la campagne présidentielle de 1974, les gouvernements des pays industrialisés ont continué et continuent à croire au pétrole bon marché quasi inépuisable - au détriment du climat et de la santé humaine, détraqués par les émissions de gaz à effet de serre - plutôt que d’organiser la décarbonisation de leurs économies. Cependant, le choc pétrolier qui s’annonce avant la fin de la décennie ne ressemble pas aux précédents. Cette fois-ci, la partie n’est plus géopolitique, elle est géologique. En 1973 et 1979, la pénurie était d’origine politique, décidée par l’OPEP. Puis il y eut restauration de l’offre. Aujourd’hui, ce sont les puits eux-mêmes qui déclinent. Même si les Etats-Unis parvenaient à imposer leur hégémonie sur tous les champs pétroliers du monde (hors Russie), leur armée et leur technologie ne pourront rien contre la déplétion prochaine du pétrole conventionnel. Il nous reste de toute façon trop peu de temps pour remplacer un fluide aussi bon marché à produire, aussi énergétique, aussi facile d’emploi, de stockage et de transport, aux utilisations aussi multiples (domestique, industrielle, carburant, matière première...) et réinvestir en moins de dix ans 100 000 milliards de dollars dans une autre source d’abondance qui n’existe pas.

Le gaz naturel ? Il n’a pas les qualités susdites du pétrole et atteindra son pic de production mondiale dix ans après celui-ci, vers 2020. La seule voie viable est la sobriété pétrolière immédiate organisée par un accord international tel qu’esquissé ci-dessus, autorisant un prompt sevrage de notre addiction à l’or noir.

Sans attendre ce délicat accord international, nos nouveaux élus régionaux et nos prochains élus européens devraient s’attacher en toute priorité à réaliser localement les objectifs de ce projet en organisant sur leurs territoires la décroissance pétrolière. A défaut, le rationnement viendra du marché par l’escalade prochaine des prix du pétrole, puis, par propagation de l’inflation, le choc atteindra tous les secteurs. A bientôt 100 dollars le baril, ce ne sera pas un simple choc pétrolier, ce sera la fin du monde tel que nous le connaissons.

par Yves Cochet

:hot: :hot: :hot: :bounce: :hot:
Clash
 
Message(s) : 0
Inscription : 11 Mars 2004, 15:01

Message par volodia » 07 Mai 2004, 21:58

Le problème posé par Yves Cochet n'est pas du tout exagéré, même si comme le souligne justement Canardos les verts sont incompréhensiblement hostiles au nucléaire. Il est urgent d'entamer une adaptation à la période post hydrocarbures, car ce genre de transition est longue et complexe, et le capitalisme semble s'en montrer complètement incapable.

A noter que l'état actuel des réserves est estimé en additionnant les déclarations des compagnies pétrolières. Il n'y a aucune autorité de contrôle, à ma connaissance, car seuls les pétroliers eux-mêmes savent ce qu'il y a dans leurs gisements. Ce qui est amusant c'est que leurs cours en bourse dépendent précisément... de l'importance de ces gisements ! Donc impossible pour un cadre de dire la vérité si jamais elle est défavorable...

Je signale à propos de l'hydrogène qu'il faut le produire, et que ça coûte... beaucoup d'énergie. L'hydrogène n'est une énergie propre que si la façon de le produire est propre. Dans l'état actuel de l'économie mondiale, qui fonctionne à 80% aux combustibles fossiles, produire de l'hydrogène, c'est le meilleur moyen de réchauffer la planète et d'épuiser les stocks ! D'autre part l'hydrogène est bien moins énergétique que les dérivés du pétrole ou le gaz naturel, donc les véhicules à l'hydrogène serons moins efficaces.

Donc il faut du nucléaire... et aussi des économies d'énergie, ou du moins une réorientation de la consommation énergétique vers ceux qui en ont vraiment besoin.
volodia
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Sep 2003, 14:03

Message par volodia » 08 Mai 2004, 08:19

Joli ton graphique. Tiré d'où ?

J'ai lu récemment un article d'un retraité d'Exxon (ou de je ne sais où) consacré aux réserves pétrolières. Titre : "The party is over" ("La fête est finie"). J'essaye de le retrouver.
Pour ceux que ça intéresse, un site en anglais sur le pic pétrolier, tenu par des retraités des grandes compagnies. (Pas concierge retraité, genre directeur des prospections etc.) D'ailleurs le papier dont je parle doit y être.
[url=http://www.peakoil.net/]http://www.peakoil.net/[/url]

Enfin une passionnante émission de france culture, encore en ligne jusqu'à mardi, consacrée à ce problème.
[url=http://www.radiofrance.fr/chaines/france-culture2/emissions/science_culture/index.php?emission_id=35060153]http://www.radiofrance.fr/chaines/france-c...ion_id=35060153[/url]
(Avec l'inévitable Yves Cochet, mais aussi de bons professionnels. Et un moment excellent : le type de l'IFP (Institut Français du Pétrole) qui dit "mais c'est pas si grave que vous le dites, la situation, vous dramatisez" et le gars de l'ASPO qui lui répond "mais Monsieur vous, vous ne pouvez pas parler : vous avez une direction, une carrière... tandis que nous nous sommes libres". Et le premier qui bredouille "mais si mais si je dis ce que je veux..." et qui se tait le reste de l'émission !
volodia
 
Message(s) : 0
Inscription : 15 Sep 2003, 14:03

Message par Clash » 08 Mai 2004, 08:32

Et au niveau de la crise économique dans le système capitaliste de 2010 (c'est tout proche), qu'elle pourait être les conséquences de l'inflation du baril (qui a déjà commencé puisqu'il vient d'atteindre son prix le plus haut selon les infos du jour). De plus la chine semblae accélérer les choses.
Va-t-on vers une énorme crise économique comme on en a jamais vu?
:headonwall:
Avec les pires conséquences que l'on peut envisager avec un système déjà bien mal en point???
:headonwall:
Clash
 
Message(s) : 0
Inscription : 11 Mars 2004, 15:01

Message par Barikad » 08 Mai 2004, 09:05

[quote=" (CLASH @ samedi 8 mai 2004 à 09:32"]
Et au niveau de la crise économique dans le système capitaliste de 2010 (c'est tout proche), qu'elle pourait être les conséquences de l'inflation du baril (qui a déjà commencé puisqu'il vient d'atteindre son prix le plus haut selon les infos du jour). De plus la chine semblae accélérer les choses.
Va-t-on vers une énorme crise économique comme on en a jamais vu?
:headonwall:
Avec les pires conséquences que l'on peut envisager avec un système déjà bien mal en point???
:headonwall:

Heu.... dire que le prix du Baril est au plus haut me semble abusif....
En effet, a dollar constant le prix du Baril en 1979 aurait ete de 70 dollars, il est aujourd'hui inférieur à 30 !
Le prix à la pompe, lui, c'est une autre histoire ....
Barikad
 
Message(s) : 0
Inscription : 28 Mai 2003, 09:18

Suivant

Retour vers Sciences

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 3 invité(s)