santé publique et capitalisme

Et lutte contre les pseudo-sciences et les obscurantismes

Message par pelon » 03 Jan 2005, 08:31

<!--QuoteBegin--></div><table border="0" align="center" width="95%" cellpadding="3" cellspacing="1"><tr><td><b>QUOTE</b> </td></tr><tr><td id="QUOTE"><!--QuoteEBegin--><br><b>Santé. Pour Bernard Bégaud, pharmacologue, l'innovation prend le pas sur la sécurité:<br>«Dès qu'un médicament présente un bénéÞce, on perd tout sens critique»</b><br><br>Par Eric FAVEREAU<br>lundi 03 janvier 2005<br><br><br><br><i>bernard Bégaud, président de l'université Bordeaux II, est l'un des experts les plus indépendants en pharmacologie. Il dirige le seul laboratoire en France qui étudie les médicaments après leur mise sur le marché.</i><br><br>On ressent un vent de panique dans les grandes firmes pharmaceutiques. Etes-vous surpris par ce qui se passe?<br><br>Non, parce qu'une crise de confiance couvait depuis longtemps. Depuis une évolution commencée il y a vingt ans, avec la concentration de l'industrie qui a abouti à un changement radical des rapports de force et des stratégies. On aurait pu trouver des points de convergence entre, d'une part, une industrie qui a, logiquement, besoin de faire des profits et, d'autre part, les intérêts de santé publique. Cela n'a pas eu lieu.<br><br>Quel est le point de départ de cette crise?<br><br>Depuis 1945, nous avons connu une phase triomphaliste des médicaments. Avec l'arrivée des antibiotiques puis d'autres classes de médicaments, on a assisté à la mise à mort de certaines maladies, comme la tuberculose ou certaines infections cardiaques. Ce sont des traitements très ciblés sur des maladies très identifiées. Aujourd'hui, changement radical: l'industrie s'intéresse aux maladies chroniques, avec des traitements à vie, prenant en charge des maladies à forte prévalence. Sont arrivés des médicaments nouveaux, présentés comme très innovants, avec un coût très élevé.<br><br>Mais ce n'est tout de même pas la faute de l'industrie pharmaceutique...<br><br>Ce qui est problématique, c'est qu'il n'y a jamais eu de positionnement clair de l'industrie pharmaceutique sur ce bouleversement. Elle s'est peu intéressée à l'impact de ces médicaments sur le marché, ni cherché à voir si les énormes sommes d'argent dépensées étaient bien utilisées. Si elle s'en était préoccupée, les prescriptions auraient été rationalisées. Il y aurait eu des recherches sur les effets réels de ces médicaments et de nouvelles preuves sur leur efficacité. On aurait évité la crise de confiance .<br><br>D'où vient cette crise?<br><br>Il y a eu quatre affaires, coup sur coup, similaires dans leur déroulement: les statines (utilisées contre les maladies cardiaques), le vaccin contre l'hépatite B, le THS (traitement hormonal de substitution pour les femmes ménopausées), et les anti-inflammatoires non stéroïdiens. A chaque fois, le scénario est le même : des millions de sujets traités, puis une étude discordante, souvent médiatisée, avec des questions sur des effets secondaires. L'industrie fait le dos rond et, comme les autorités sanitaires sont incapables de fournir des réponses claires et adaptées, elle cherche à rassurer l'opinion, mais c'est la pire des stratégies.<br><br>Dans le cas du vaccin contre l'hépatite B, on s'est servi de fausses analyses en publiant, dans le New England Journal of Medicine, une étude pour réfuter tout lien avec les problèmes de sclérose en plaques. On est allé droit dans le mur. Les industriels se sont trouvés dans une obligation de décision dans les plus mauvaises conditions, dans un contexte de suspicion généralisée.<br><br>Même déroulement avec le THS. Des millions de femmes sont traitées en France. Aucune étude au préalable pour savoir qui doit prendre ces hormones et pourquoi. On tient un discours généraliste en conseillant d'en prendre à toute femme ménopausée. Puis arrive une étude américaine qui signale un lien entre THS et cancer du sein. Réponse? Ce sont des femmes américaines. Quand est publiée une étude européenne confirmant tout cela, le mal est déjà fait...<br><br>Avec les coxxibs, c'est encore la même histoire. Voici une nouvelle classe d'anti-inflammatoires qui possède des bénéfices réels par rapport aux anciennes. Il est vrai que les anti-inflammatoires classiques posaient un vrai problème. Ils provoquaient, rien qu'en France, 15 000 cas d'hémorragies digestives par an. Mais, du coup, on perd tout sens critique. Du moment que la nouvelle molécule est présentée comme innovante, on n'a plus le droit de regarder dans les recoins, de déterminer par exemple si elle ne provoque pas des problèmes cardio-vasculaires. Or, dès le début, le risque avait été évoqué. Cela ne voulait pas dire qu'il fallait tout arrêter. Le retrait brutal du Vioxx par Merck m'a beaucoup surpris, car même s'il y a une augmentation des infarctus chez les personnes âgées, le rapport bénéfice-risque reste très positif. Mais là encore, pour avoir nié au début ces problèmes cardio-vasculaires, tout a explosé.<br><br>Que font les agences américaine et européennes du médicament?<br><br>C'est inédit, mais il n'y a plus de véritables contre- pouvoirs. Aux Etats-Unis, la FDA (1) a du mal à être une véritable agence de régulation et de contrôle, même si elle a beaucoup plus de pouvoir que nos agences en Europe. Ce qui manque terriblement, ce sont des études post-AMM (2), des études qui regardent ce qui se passe quand le médicament est réellement mis sur le marché. L'objectif d'un médicament n'est pas d'être efficace lors d'un essai thérapeutique, mais d'avoir un impact de santé dans une population donnée. Or, les industriels mettent toutes leurs forces pour obtenir l'AMM. Après, ils disent qu'ils n'ont plus d'argent pour étudier les effets réels du médicament dans la population.<br><br>Peut-on encore trouver un équilibre entre industrie et santé publique?<br><br>Tout le monde y a intérêt. Prenons l'exemple des statines, ces molécules anticholestérol. En France , elles ont envahi le marché. Le coût direct et indirect pour l'assurance maladie est supérieur à 1 milliard d'euros, ce qui est énorme. Or, une bonne partie des prescriptions sont inutiles et beaucoup de traitements sont mal suivis. Plus de 20 % des prescriptions ne devraient pas avoir lieu; ce qui fait beaucoup d'argent perdu, environ 200 millions d'euros par an. Parallèlement, il y a des patients qui ne sont pas traités assez longtemps. C'est une gestion «en direct» de santé publique qui doit se développer...<br><br>(1) Food and Drugs Administration.<br><br>(2) Autorisation de mise sur le marché.<br><br> <a href="http://www.liberation.fr/page.php?Article=265502" target="_blank">http://www.liberation.fr/page.php?Article=265502</a><br><br> <br><br>© Libération <!--QuoteEnd--></td></tr></table><div class="postcolor"><!--QuoteEEnd-->
pelon
 
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