Cela dit on ne peut pas UNIQUEMENT refuser le RSA en raison de son mode de fonctionnement ! Il faut également parler des effets pervers de cette mesure, qui assure un bel avenir à la précarité
a écrit :Le Revenu de solidarité active (RSA) : une réforme qui ne combat pas la précarité
Le gouvernement financera donc le Revenu de solidarité active (RSA) par un prélèvement de 1,1 % sur les revenus du capital. Le pire semble ainsi évité, puisque, à l’origine, le RSA devait être financé par une baisse de la prime pour l’emploi, les pauvres finançant ainsi les plus pauvres.Contrairement à ce que nous entendons, cette réforme est loin de taxer le capital mais surtout ne combat en rien la précarité .
Concernant le financement, le prélèvement envisagé va toucher de la même manière les gros épargnants et les petits.Concrètement, l’essentiel sera supporté par les « classes moyennes » et touchera peu les grosses fortunes. Si le gouvernement voulait vraiment taxer le capital, il aurait pu s’en prendre, par exemple, aux 100 milliards de profits dégagés en 2007 par les entreprises du Cac 40.
Au-delà du financement, la logique du RSA revient à entériner la précarité comme une fatalité à accompagner socialement et non à combattre. Le choix du RSA, c’est le choix d’une société où se développe le travail précaire et dans laquelle le nombre de travailleurs pauvres augmente.
Pour la LCR, une autre logique est possible : celle du travailler moins pour travailler tous et toutes, l’ augmentation pour tous de 300 euros net et aucun revenu ni minimas sociaux en- dessous de 1500 euros nets par mois mais aussi de refaire du contrat à durée indéterminée à temps plein la norme de l’emploi.
et un autre point de vue (pas "politique", mais intéressant quand même)
a écrit :Bénévole
L'idée phare du RSA, dont on attend avec impatience les décrets d'application afin d'en saisir toutes les subtiles nuances, c'est qu'il faut donner un complément de salaire pour inciter les bénéficiaires de minima sociaux à retourner au turbin.
Déjà, en soi, ce point de départ est un constat des plus intéressants. Il signifie que même les gougnafiers les plus conservateurs de notre pays ont fini par remarquer ce que nous dénonçons depuis des années, à savoir l'indigence des salaires proposés aux travailleurs en recherche d'emploi et le fait que bosser ne protège plus du tout de la pauvreté, voire rend encore plus pauvre, ce qui est à la fois paradoxal et éclairant.
En deuxième lecture, ce dispositif présente le bénéficiaire de minima sociaux comme un être rationnel qui refuse de bosser à perte, ce que l'on pourrait comprendre. Pourtant, tous ces brillants diagnostiques se fourrent le doigt dans l'œil jusqu'au coude, puisque dans les faits, c'est surtout le manque d'emplois et la pression patronale sur les salaires qui créent des pauvres à la pelle et quelques rentiers de plus en plus morfals à l'autre bout du spectre social.
Ces histoires de pauvres et de propension à bosser qui augmenterait avec le revenu m'ont rappelé un entretien que j'ai mené il y a quelques mois et dont j'aimerais vous restituer l'esprit à défaut d'en avoir la lettre.
Au service des autres
J'ai rencontré Michèle (appelons-la Michèle) il y a quelques mois, à l'occasion d'un papier sur le secourisme.
Les secouristes, ce sont ces gens en bleu et orange qui font vaguement penser à des pompiers et que l'on rencontre régulièrement embusqués autour de manifestations diverses et variées, comme les courses landaises, les matches de rugby ou les festivals d'été. On sait qu'ils sont là pour ramasser ceux qui sont terrassés par un coup de chaud ou un coup de trop, mais c'est à peu près tout. Or, la Protection civile, c'est une énorme association déclarée d'intérêt public depuis 1996, qui réunit plus de 32 000 bénévoles et dont les missions vont du secours aux personnes à la formation en passant par l’aide humanitaire et sociale aux premiers secours sur le territoire national et à l’étranger. En plus de tout cela, leur présence (ou celle des pompiers, mais ceux-là sont déjà bien pris par ailleurs) est maintenant obligatoire sur les manifestations culturelles et/où sportives du territoire, autrement dit, sans eux, il ne se passerait plus grand-chose d'intéressant dans notre beau pays ou cela signifierait immanquablement le recours à un service sanitaire privé et donc inabordable pour bien des évènements. Enfin, les secouristes, se sont aussi ceux qui se sont cognés le nettoyage des plages souillées par l'Érika, qui sont allés ramassé les morceaux sur le site d'AZF ou sur les plages d'Asie après le tsunami de 2004, qui sont partout où cela va mal et où on l'on est bien content de voir une main secourable se tendre vers soi.
Michèle a la petite cinquantaine pimpante, brushing platine impeccable, ongles soigneusement manucurés, maquillage discret bien que manifestement élaboré dans les années 70. Elle est présidente d'une antenne locale depuis plusieurs années, très investie dans le mouvement depuis bien longtemps, pas avare de son temps et de son énergie. Elle a toujours un petit sac bouclé, prête à partir d'une minute à l'autre au bout du monde si une feuille de route émise par la Préfecture le lui demande. Michèle est une personne volontaire, passionnée, disponible et discrète tout à la fois, habitée par sa mission : "tre au service de mes concitoyens et voyager". C'est donc à ce moment que je lui demande fort logiquement comment nait une telle vocation :
* "C'est l'assistance sociale qui nous a demandé de monter un projet."
* "L'assistante sociale?"
* "Oui, à l'époque j'étais au RMI et j'élevais seule mes enfants. À ce moment-là, les AS pensaient que monter un projet bénévole était une bonne manière de repartir vers l'emploi. J'ai donc créé un point repos pour les fêtes patronales, mais je me suis vite heurtée à mes propres insuffisances et j'ai fait appel à la Protection civile pour apprendre les gestes de premiers secours."
Michèle tient son point repos pendant quelques années, puis finit par reprendre l'antenne locale de la Protection civile qui était en sommeil avec une poignée d'autres volontaires encadrés par quelques pompiers. Les volontaires se déploient alors sur les principaux gros évènements et compétitions du coin.
* "Mais sans vous, ces gros évènements du coin ne sont pas possibles ?"
* "Non, ils n'auraient pas eu les autorisations nécessaires."
* "Mais pourquoi avez-vous arrêté de couvrir le grand raout ?" (Nom de code pour désigner l'ensemble des plus grosses manifs de la région, événements qui drainent un public fourni et payant!)
* "Parce que le directeur [du grand raout] a refusé de payer sa participation à nos frais."
* "Je ne comprends pas : son bidule génère des millions d'euros et vous, vous couvrez juste vos frais?"
* "Oui, nous sommes tous bénévoles. Nous faisons cela sur notre temps libre."
* "Vous m'avez dit que vous étiez au RMI au début de l'aventure. Et maintenant, que faites-vous?"
* "Je suis retraitée."
Oups, au temps pour moi et ma petite cinquantaine pimpante. Manifestement, le bénévolat actif, ça conserve!
* "Mais avec tout ce que vous avez fait pour la communauté, vous avez bien fini par retrouver un boulot?"
* "Non."
* "Jamais en 15 ans?"
* "Non, jamais."
* "Je ne comprends pas : tout le monde vous connaît par ici, tout le monde sait que vous êtes volontaire, compétente, que vous avez un tas de qualités que vous avez à cœur de mettre au service des autres et pendant toutes ces années, vous avez continué de vous démerder avec un RMI?"
* "Oui."
* "Personne ne vous a jamais proposé un vrai boulot?"
* "Non. Et aujourd'hui je vis avec le minimum vieillesse."
* "Et pourtant vous continuez."
* "Oui et j'espère continuer longtemps."
Aujourd'hui, en France, il y a entre 11 et 13 millions de bénévoles, certains à raison de quelques heures par mois, d'autres en font pratiquement une deuxième journée. Parmi eux, nombre de précaires et de chômeurs qui se cherchent une utilité sociale et peut-être un point d'ancrage dans le tissu social, une passerelle vers le retour au sacro-saint salariat. Avec, probablement des fortunes diverses, comme l'illustrait mon petit reportage.
Le bénévolat des chômeurs est confirmé par la loi du 29 juillet 1998, et il parait qu'il est toujours bien de faire preuve de son engagement social aux yeux des employeurs potentiels, mais dans les faits, l'intensification du contrôle des chômeurs en conduit plus d'un à cacher soigneusement son engagement associatif afin de n'être pas soupçonné par le Politburol'ANPE de ne pas consacrer le temps nécessaire à sa recherche d'emploi active.
Alors, du coup, je suis assez dubitative quant à l'efficacité du RSA : financer avec l'argent public des boulots de merde car ne permettant de passer au-dessus du seuil de pauvreté, alors que dans le même temps, il y a des millions de gens qui sont prêts à faire des miracles pour des clous... pas sûre qu'on ait pris le problème par le bon bout.