L'état des riches a les serviteurs qu'il mérite

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Bertrand » 03 Oct 2011, 19:48

Edito LO du 3 octobre


a écrit :L'ÉTAT DES RICHES A LES SERVITEURS QU'IL MÉRITE


Le directeur-adjoint de la police judiciaire de Lyon mis en examen et emprisonné, ça fait désordre ! Il s'agit pourtant de ce que les policiers appellent un "grand flic" qui a même inspiré un film. Le voilà donc interrogé par ses collègues après une enquête de près de dix mois parce qu'il est soupçonné de corruption, de trafic international de stupéfiants, de blanchiment d'argent et de quelques autres bricoles du même genre. Et l'affaire ne fait que commencer car d'autres ont déjà été arrêtés dans des milieux policiers liés au milieu tout court.

Mais, à en juger par ce qui se passe plus haut dans la hiérarchie de l'État, le "superflic" devenu voyou a de quoi s'inspirer ! L'actualité bruit de scandales impliquant des dignitaires politiques, des ministres, des ex-candidats à l'élection présidentielle. La proximité d'une élection présidentielle incite souvent à des confidences susceptibles de nuire à un rival.

Comme dans de mauvais films d'espionnage, il est question de valises de billets qui circulent dans la plus parfaite illégalité, de rétro-commissions, c'est-à-dire de dessous de table dans des contrats d'armement, sans parler des enveloppes distribuées par une Madame Bettencourt et sans doute quelques autres.

Tous les hauts dignitaires de l'État ne se livrent certes pas à de petites et grandes malversations pour leur compte personnel. Mais, dans cet État, avec sa hiérarchie de haut en bas sans contrôle, un poste d'autorité permet bien des choses.

La raison d'être de tout ce système hiérarchique de haut en bas n'est certes pas de permettre à un policier ripoux ou à un ministre de faire ses petites crapuleries personnelles. Sa raison d'être est de protéger une hiérarchie sociale, des inégalités autrement plus pesantes sur la société. C'est de protéger la mainmise d'une minorité de possesseurs de capitaux sur les richesses créées par la majorité travailleuse.

Les lois, la justice, la police, l'armée, toute l'administration de l'État, servent avant tout à protéger la propriété capitaliste et l'exploitation.

Et l'honnêteté elle-même est mesurée à cette aune : elle signifie servir l'État des riches de façon désintéressée, sans recevoir d'enveloppes, sans enrichissement personnel.

Mais, en revanche, les dirigeants de l'État, même élus, sont libres de renier leur parole et leurs promesses, de faire l'inverse de ce qu'ils ont promis pour se faire élire. La seule sanction qui les attend, éventuellement, c'est qu'ils ne soient plus réélus au bout de cinq ou six ans.

On nous dit que la France est une démocratie. Mais la démocratie dans le fonctionnement de l'État se limite à autoriser les électeurs à élire périodiquement des responsables politiques. Les élus servent de fusibles. La permanence du pouvoir est assurée par de hauts fonctionnaires inamovibles que personne n'élit et que personne ne contrôle, sauf de haut en bas.

Derrière ce pouvoir étatique incontrôlé, il y a le pouvoir encore moins contrôlé des grands groupes capitalistes, des grandes dynasties bourgeoises qui règnent tout à fait légalement sur la vie de dizaines de milliers de travailleurs, sans avoir de comptes à rendre à personne.

Lors de la seule et courte période où les travailleurs insurgés ont exercé le pouvoir dans ce pays, en 1871, pendant la Commune de Paris, une de leurs premières décisions a été de décréter que tous ceux qui occupaient une fonction de responsabilité devaient être élus et révocables à tout instant. Leur revenu ne devait pas excéder un salaire d'ouvrier.

Pensons-y maintenant qu'on recommence à nous chanter que l'espoir de changement réside dans la prochaine élection présidentielle. Le bulletin de vote permettra tout au plus de remplacer Sarkozy par le candidat qui sortira vainqueur des primaires socialistes. Mais rien ne changera pour le reste : l'État restera au service des plus riches, et demeurera la dictature sur l'économie et la société des grands capitalistes, les Arnault, Dassault, Mulliez, Lagardère, Pinault et autres Peugeot.

Le pouvoir de ces gens-là ne sera menacé que par un mouvement venu d'en bas, de ces exploités qui n'ont que leur travail pour vivre - quand la folie de l'économie capitaliste ne les prive pas même de cela. La société ne sera débarrassée des petits parasites qui prospèrent par la corruption, que lorsqu'elle sera débarrassée des grands parasites du travail humain : les exploiteurs capitalistes.

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Bertrand
 
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Message par Oel » 28 Oct 2011, 22:44

Bonjour,

Désolé de remonter le sujet
je discutais avec un camarade sur la pertinence de l'utilisation des termes "riches"-"pauvres". Selon moi ils ne veulent pas dire grand chose. Pour lui non plus mais ça n'a pas l'air de le déranger quand LO s'en serve autant.
Je suppose qu'il n'est pas pertinnt que je rappelle que l'Etat n'est au service de celui qui gagne au loto. Il ne me semble donc pas que ça soit du luxe d'éviter de parler de riches - pauvres et plutot diviser la sociétés en classes.
Le même camarade trouvait que je faisais du chipotage, pourtant lui-même trouvait quelques semaines avant que ces termes étaient ceux des partis de la social-démocratie.
je dis ça aussi car le marcxisme peut sembler dépassé étant donné qu'aujourd'hui le niveau des richesses est très éparse (ex : ma mère mélenchonniste) Comment voulez-vous que je puisse argumenter si LO parle de riches et de pauvres ? :cry3:

Oel
 
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Message par jeug » 29 Oct 2011, 14:59

Tu as raison que, pour exprimer des idées le plus clairement possible, pour être le plus précis possible, il faut employer les mots les plus adaptés.
Mais justement, dans le cas de cet article, il me semble que c'est le cas. Il parle des riches pour souligner que l'Etat est le leur. Il n'emploie d'ailleurs pas le mot "pauvres". Sur d'autres sujet, on va par contre opposer les riches aux pauvres. Les salariés aux actionnaires. Les exploiteurs aux exploités. Les travailleurs aux capitalistes. Etc. Il y a des nuances et tu as raison qu'à chaque fois ce ne sont pas les mêmes idées qui sont mises en avant.
jeug
 
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Message par Oel » 29 Oct 2011, 23:26

a écrit :Tu as raison que, pour exprimer des idées le plus clairement possible, pour être le plus précis possible, il faut employer les mots les plus adaptés.
Mais justement, dans le cas de cet article, il me semble que c'est le cas. Il parle des riches pour souligner que l'Etat est le leur. Il n'emploie d'ailleurs pas le mot "pauvres". Sur d'autres sujet, on va par contre opposer les riches aux pauvres. Les salariés aux actionnaires. Les exploiteurs aux exploités. Les travailleurs aux capitalistes. Etc. Il y a des nuances et tu as raison qu'à chaque fois ce ne sont pas les mêmes idées qui sont mises en avant.

Bonjour,
Tout d'abord merci de ne pas avoir dit que je faisais du chipotage, jh'avais peur de ce genre de réponses, surtout que je constate autour de moi l'importance de notre vocabulaire (entre autres bien sûr) pour propager nos idées
Il est vrai que l'Etat appartenant fondalement à la grande bourgeoisie, et non à la petite (ou on retrouve plus les bourgeois pauvres (PME en faillite ou qui a du mal, artisan livré à la mondialisation, agriculteur possédant écrasé sous les firmes)) les riches sont quasi-systématiquement dans la classe dirigeante, toutefois seulement quasi il me semble. On ne devient toujours riche par l'accumulation du profit (même si la plupart du temps)! Comme de disais, si moi-même je venais de gagner une grosse cagnotte ou si je venais de toucher un gros héritage, je ne pense pas que je verrais la couleur de privilèges garantis par l'Etat. de ce fait, certains qui lisent cet article vont se demander pourquoi on dit que l'Etat appartient aussi à ces gens-là, vont trouver ça ridicule (à raison) :( ...
Oel
 
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Message par artza » 30 Oct 2011, 09:07

(Oel @ dimanche 30 octobre 2011 à 00:26 a écrit :Comme de disais, si moi-même je venais de gagner une grosse cagnotte ou si je venais de toucher un gros héritage, je ne pense pas que je verrais la couleur de privilèges garantis par l'Etat.

Tu bénéficierais au moins d'une fiscalité injuste, d'un droit du travail qui laisse le dernier mot à l'employeur pour gérer tes relations avec tes domestiques et de l'attention respectueuse des autorités de ta localité de résidence.

Ceci dit je ne pense pas que l'auteur de cet édito avait Zidane, Halliday ou le dernier gagnant du loto spécialement en ligne de mire.

Toutefois je suis sur que ces derniers ont de toutes autres relations avec les pouvoirs publiques que le SDF "ramassé" par les "bleus".
artza
 
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Message par Oel » 30 Oct 2011, 21:26

a écrit :
Tu bénéficierais au moins d'une fiscalité injuste, d'un droit du travail qui laisse le dernier mot à l'employeur pour gérer tes relations avec tes domestiques et de l'attention respectueuse des autorités de ta localité de résidence.

Ceci dit je ne pense pas que l'auteur de cet édito avait Zidane, Halliday ou le dernier gagnant du loto spécialement en ligne de mire.

Toutefois je suis sur que ces derniers ont de toutes autres relations avec les pouvoirs publiques que le SDF "ramassé" par les "bleus".

Oui bon, il est vrai que l'Etat défend la société où l'argent c'est le pouvoir, toutefois le dernier gagnant au loto n'est pas un maître de la société (tant qu'il ne fait pas frucitifier son fric en devanant un capitaliste)
Oel
 
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Message par redspirit » 01 Nov 2011, 14:57

(Oel @ vendredi 28 octobre 2011 à 22:44 a écrit :
je dis ça aussi car le marcxisme peut sembler dépassé étant donné qu'aujourd'hui le niveau des richesses est très éparse (ex : ma mère mélenchonniste) Comment voulez-vous que je puisse argumenter si LO parle de riches et de pauvres ? :cry3:

Salut Oel,

Je ne comprends pas ce que tu veux dire par "le niveau de richesse est très éparse". Le salaire net médian en France, c'est autour de 1 500/1 600 euros (j'ai lu les deux chiffres) par mois. Une personne sur deux vit avec moins.
J'ai plutôt l'impression que le niveau de rémunération en France est aujourd'hui très concentré à des faibles niveaux.

Quand tu es riche, que tu sois un capitaliste ou non n'est pas la question, tu bénéficies de politiques fiscales, budgétaires et monétaires de la part de l'Etat (ou au niveau européen) qui défendent objectivement l'intérêt de ceux qui détiennent la richesse monétaire dans notre pays.

redspirit
 
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