Edito LO du 2 février

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Edito LO du 2 février

Message par Bertrand » 02 Fév 2015, 17:26

En Grèce, l’épreuve de force qui s’annonce est entre les travailleurs et la bourgeoisie

En votant pour Syriza, l’électorat populaire grec a fait un geste fort. Après cinq années d’austérité inouïe ponctuée de licenciements, de coupes dans les salaires, les retraites et les services publics, il a eu le courage de refuser de nouveaux sacrifices. Malgré le chantage des financiers et des dignitaires européens qui tiennent les cordons de la bourse de leur pays, il a osé rejeter leur diktat. C’est un encouragement pour tous ceux qui n’acceptent pas la situation bien au-delà de la Grèce.
La Grèce a été frappée par la crise et les cures d’austérité avec une brutalité particulière. Mais quel pays n’a pas été touché d’une façon ou d’une autre ? En France, des milliers de travailleurs s’enfoncent mois après mois dans le chômage et la misère. Tour à tour, droite et gauche s’emploient à défaire nos droits et à aggraver la précarité. Alors réclamer le droit à une vie digne est aussi notre combat.
L’électorat populaire grec a porté Tsipras au pouvoir. Sans attendre, celui-ci a annoncé l’augmentation du Smic de 170 euros, un 13ème mois pour les pensions inférieures à 700 €, la réembauche de milliers de fonctionnaires, l’arrêt des privatisations et la distribution de bons d’alimentation.
De Paris à Berlin en passant par Londres, cela lui a valu d’être traité d’irresponsable et de provocateur par nombre de politiciens bourgeois. Il suffit qu’il y ait un chef de gouvernement qui montre l’intention de réaliser ses promesses électorales pour que son pays soit mis à l’index par les représentants de la bourgeoisie. C’est dire leur mépris de la démocratie !
Cela a le mérite d’être clair : ces messieurs-dames ne feront pas de cadeau à la Grèce. Et tous de dire et de répéter qu’il est hors de question d’annuler la dette.
Au moment où la Banque centrale européenne s’apprête à mettre 1 000 milliards à la disposition des banquiers, alléger les 300 milliards de la dette grecque ne serait pas la mer à boire. Mais c’est une question de principe. Pour ces représentants de la bourgeoisie, il faut que les pauvres et les travailleurs le sachent : « une dette, ça se paye » ! Et ils ne cèderont pas à la pression populaire !
Quant à la bourgeoisie grecque, grande ou moyenne, qui n’a pas l’habitude de payer des impôts et n’aime pas rendre de comptes, elle s’oppose déjà de toutes ses forces au gouvernement. Elle a commencé sa pression en retirant 14 milliards des guichets des banques grecques. Autant dire qu’elle n’acceptera pas sans rien faire d’augmenter le Smic et de payer des impôts.
Que les électeurs de Syriza en soient conscients ou pas, leur vote a, de fait, engagé une épreuve de force. Oh, les mesures de Tsipras ne sont pas révolutionnaires et elles ne suffiront pas à sortir la Grèce du chômage et de la misère ! Syriza et les dirigeants européens peuvent d’ailleurs en rabattre et négocier de telle façon que chacun sauve la face sur le dos des classes populaires grecques.
Mais le peu que Tsipras a promis aux plus démunis devra être pris sur la bourgeoisie et fera l’objet d’un bras de fer entre, d’un côté, les classes populaires et, de l’autre, la classe capitaliste. Cela ne dépend pas seulement de la détermination d’un homme ou d’un gouvernement, ni même de sa force de conviction.
La seule garantie que le Smic et les pensions augmentent et qu’il y ait les embauches promises dans la fonction publique, réside dans la mobilisation des travailleurs et dans leur organisation. Le plus dur reste donc à faire pour les travailleurs grecs et ils doivent pouvoir compter sur notre solidarité.
Cette solidarité commence par rejeter les laquais de la bourgeoisie qui veulent nous opposer aux Grecs en nous expliquant que, s’ils ne payent pas leur dette, cela coûtera 600 € par Français. La population grecque n’est pas plus redevable de la dette grecque que nous ne le sommes de la dette française.
Toutes ces dettes ont servi à sauver les banquiers, à commencer par les actionnaires du Crédit agricole et de la BNP et à faire des cadeaux au grand patronat. Alors, qu’ils s’en débrouillent entre eux !
Au-delà de la solidarité avec les travailleurs grecs, il faut rejeter la politique anti-ouvrière de notre gouvernement. Ici aussi, il faut dire que l’emploi, les salaires, les retraites, la vie des travailleurs, c’est ce que nous avons de plus cher. Ici aussi, il faut dire que les banquiers pourront bien attendre pour être payés !
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Bertrand
 
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Re: Edito LO du 2 février

Message par Paul Lafargue » 08 Fév 2015, 14:12

Que les électeurs de Syriza en soient conscients ou pas, leur vote a, de fait, engagé une épreuve de force. Oh, les mesures de Tsipras ne sont pas révolutionnaires et elles ne suffiront pas à sortir la Grèce du chômage et de la misère ! Syriza et les dirigeants européens peuvent d’ailleurs en rabattre et négocier de telle façon que chacun sauve la face sur le dos des classes populaires grecques.

Mais le peu que Tsipras a promis aux plus démunis devra être pris sur la bourgeoisie et fera l’objet d’un bras de fer entre, d’un côté, les classes populaires et, de l’autre, la classe capitaliste. Cela ne dépend pas seulement de la détermination d’un homme ou d’un gouvernement, ni même de sa force de conviction.


La formulation de cet édito me gène un peu. Le rôle d'une organisation révolutionnaire n'est-il pas dénoncer farouchement les "sauveurs suprême" tentant de mettre les travailleurs à la remorque d'un programme bourgeois camouflé sous un emballage "social" ? Syriza est clairement une organisation bourgeoise, son alliance avec le parti d'extrême droite ANEL et sa prévenance envers le FMI à qui Tsipras est allé dire il y a un peu plus d'un an qu'il n'était "pas si dangereux que ça" l'attestent complètement.

Partant de là, elle doit être dénoncée comme telle de façon claire, et de ce point de vu, cet édito a clairement une faiblesse. A le lire on croirait que Tsipras ne serait ni dans le camp de la bourgeoisie, ni dans celui des travailleurs et que ces derniers devraient pousser pour lui permettre de réussir à appliquer son programme. Or l'histoire a bien montré que lorsque les travailleurs entrent en lutte cela ne pousse pas un gouvernement vers la gauche mais vers la droite. Mener une telle politique sans démasquer politiquement Syriza et expliquer aux travailleurs qu'ils n'ont rien à en attendre c'est prendre le risque de les voir désarmés lorsque la bourgeoisie se mettra à faire appel à Aube Dorée contre eux (cf : le coup d’État de Pinochet au Chili).

Même si ce qui est écris n'est pas faux en soit, je m'interroge sur la manière dont il sera compris par ceux qui le liront, est-ce qu'on ne risque pas, sans le vouloir, d'entretenir des illusions chez les lecteurs du journal ?
« ! البروليتاريين جميع البلدان توحد »
« 各国无产者联合起来 ! »
« Пролетарии всех стран, соединяйтесь ! »
« Proletarier aller Länder, vereinigt euch ! »
« Workers of the world, unite ! »
« Prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »
Paul Lafargue
 
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Re: Edito LO du 2 février

Message par Doctor No » 08 Fév 2015, 17:02

Comme tout ça me rappelle des souvenirs!
Les même bêtises écrites par nos soins au Chili les voir reproduites en France (heureusement pas pour la situation française).
Allez, je resume à fond la caisse: Ce qui importe ce n'est pas ce qui dit ou pense Syriza ou le Pape ou la cohorte diabolique, mais ce qui croient les masses et son activité même si elles croient au Père Noel, quand elles se mettent en mouvement pour changer les choses.
Se mettent-elles en mouvement à partir des fausses idées? Et alors? Ce n'était pas le cas en février 17?
Tout dépend des masses. Si elles sont en mouvement, remercions le Seigneur. Si elles sont passives blâmons le Diable. Et accordons nos violons en conséquence. Tout est là et ceux qui ne voient que les "déclarations" et les "alliances" ne voient rien du tout.
La politique se fait avec les masses ou sans elles et ce facteur est le principal.
Bien sur, on peut toujours se complaire dans le gauchisme stérile; c'est un sport très pratiqué; mais...suivez les masses si vous n'êtes pas foutus de les conduire, bananes!
Elles ont un instinct bien plus sur que certains.
Allez expliquer patiemment mais surtout ne vous éloignez pas d'elles comme vous avez la sacré habitude et poussez dans le même sens qu'elles...pour une fois.
Peut-être qu'ainsi vous vous approcherez un peu; je ne dis pas que vous allez réussir, je ne crois plus en des miracles; ma chi lo sa?
Doctor No
 
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Re: Edito LO du 2 février

Message par spartacre » 08 Fév 2015, 22:39

merci de ton satisfecit , Doctor NO .. sans toi , que ferions nous ?
spartacre
 
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