Le débat LO LCR

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Jenlain » 30 Juin 2007, 12:46

(pelon @ mercredi 30 mai 2007 à 17:50 a écrit : Eh bien, on t'explique que LO a décidé de ne se centrer que sur les priorités des milieux populaires : les logements, l'emploi, les salaires sans ajouter tout un catalogue de revendications auquelles sont sensibles bien d'autres catégories sociales.


Tu crois franchement que les revendications sur le logement, l'emploi et les salaires ne sont pas AUSSI des priorités pour les classes "petites-bourgeoises" ? Plus que les OGMs et le nucléaire ?
Je suis pas fan de décortiquer tous les mots un par un des uns et des autres, mais à ce petit jeu la, pour ce que j'ai entendu (les meeting de lo et de la ligue à Grenoble), Besancenot à clairement parler de socialisme, de gérer la production selon les besoins des travailleurs, et pas Laguiller. Et ça, c'est loin d'être pour faire plaisir à la classe "petite bourgeoise", c'est clairement une politique de classe !
Après ça fait pas un argument c'est sur, je n'accuse PERSONNE, je trouve seulement votre débat d'apothicaire complètement surréaliste.
Jenlain
 
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Message par Jenlain » 30 Juin 2007, 13:00

(Puig Antich @ jeudi 31 mai 2007 à 11:34 a écrit : Disons que c'est surtout nier que la réaction publique de la direction de la Ligue, malgré la participation d'un certain nombre de ses militants sur le terrain, ne différait pas fondamentalement de celle du PS et du PC.

Mouais faut pas exagérer quand même, en tout cas pour les sous-entendu, puisque le PS et le PC sont des partis institutionnels.
Ou alors il faudrait, MALHEURESEMENT, rajouter tout un tas d'acteurs du mouvement social au niveau local, pour être honnête.

Je pense que ce problème est bien plus profond que la direction de tel ou tel parti, la position d'un certains nombres de militants de la ligue dont Besancenot vis à vis des manifs anti-Sarko est malheureusement loin d'être ultra-minoritaire, même dans le milieu militant qui a été très divisé...

Après sur l'inconsistance entre le discours avant et après élection de Besancenot, tout à fait d'accord, c'est très... inconsistant, pour ne pas utilisé de gros mot :hinhin:
Jenlain
 
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Message par interluttant » 08 Juil 2007, 15:17

Salut les amis,
sur ce sujet, on peut lire "Sale temps pour les révolutionnaires ?" et "LCR et LO en chemin vers un parti ?", deux articles récents de la Fraction de LO.
interluttant
 
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Message par Wapi » 08 Juil 2007, 17:24

A propos de "sale temps pour les révolutionnaires", je trouve que cet article, sous des airs qui se veulent intelligents, n'est vraiment pas politique.

Il ne l'est pas parce qu'il projette sur la situation actuelle ce que ses auteurs veulent y lire.

Selon les auteurs, la comparaison des socres de LO et de la LCR serait l'alpha et l'oméga de toute analyse politique de la période. Et se focaliser là-dessus, c'est déjà se mettre des oeillères.

D'un certain point de vue, celui des idées politiques, LO peut sembler plus proche de la LCR que du PC. Mais le milieu social de LO, c'est plus celui du PC. C'est l'électorat ouvrier.

Alors oui, l'electorat ouvrier a voté Royal, en se faisant des illusions, il n'a pas voté pour Buffet, sa candidate anciennement "naturelle", ni pour Arlette non plus, qui aurait pu être la candidature naturelle de remplacement dans d'autres circonstances.

Il n'a pas voté bien plus pour Besancenot. Ceux qui ont voté pour lui sont des gens qui ont des idées peut-être plus radicales, au moins pour cette fois, mais qui ne sont pas forcément des ouvriers ni des travailleurs salariés au bas de l'échelle.

C'est pour ça que la LDC écrit avec raison que les électeurs de Besancenot étaient aussi moins solidaires de ceux qui ne voulaient pas revoir Le Pen au second tour, et qui voulaient se rassembler pour battre Sarkozy, par crainte de classe de la droite dans ces élections-là.

Quiconque a beaucoup discuté dans le milieu ouvrier pendant la campagne ne peut pas ne pas s'en être rendu compte, ou alors c'est qu'il est de mauvaise foi.
Wapi
 
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Message par Jacquemart » 08 Juil 2007, 17:47

a écrit :Il n'a pas voté bien plus pour Besancenot. Ceux qui ont voté pour lui sont des gens qui ont des idées peut-être plus radicales, au moins pour cette fois, mais qui ne sont pas forcément des ouvriers ni des travailleurs salariés au bas de l'échelle.

Là-dessus, franchement, je ne serais pas aussi affirmatif, et je ne vois pas ce qui pourrait permettre de l'être...
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Message par Puig Antich » 08 Juil 2007, 17:52

a écrit :Là-dessus, franchement, je ne serais pas aussi affirmatif, et je ne vois pas ce qui pourrait permettre de l'être...


Il me semble que Besancenot fait ses meilleurs scores dans les quartiers ouvriers et populaires. Donc je vois pas ce que veut dire wapi. Par contre effectivement il y a aussi une part de l'électorat de Besancenot, certainement plus proche de la petite bourgeoisie et de la jeunesse radicalisée que des ouvriers d'industrie, qui, par illusions démocratiques sur le fait que l'objet de l'élection était de choisir entre deux programmes plutôt que de chasser Sarkozy, n'a pas voté Royal au second tour. De là à mettre en question le fait que la LCR se situe dans le camp du mouvement ouvrier, comme le fait la dernière LDC, il y a de la marge!
Puig Antich
 
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Message par Barnabé » 08 Juil 2007, 18:26

Wapi accuse les auteurs du texte de la fraction de projeter ceux qu'ils souhaitent sur la situation. Pour ce faire il se base très scientifiquement sur ... les discussions qu'il a eu! Des discussions avec des travailleurs durant la camapgne tout le monde en a eu. Les camarades répètent à juste titre que nous sommes petits, loin d'être implantés partout, et même là où on l'est un peu il est assez clair qu'on ne discute pas avec tout le monde.
D'ailleurs lorsqu'on dit que les élections sont aussi un thermomètre, c'est parce qu'elles permettent de mesurer un certain nombre de choses à une bien plus grande échelle que l'extrapolation à l'ensemble de la classe ouvrière des discussions qu'on a dans un milieu forcément restreint.
Alors concernant l'électorat qui a voté Besancenot cette fois-ci, on ne peut que constater que ce sont dans des circonscriptions ouvrières, là où LO faisait ses meilleurs scores précédemment, que le LCR fait les meilleurs résultats. Ca c'est un fait incontestable. Et on peut répéter sur tous les tons le contraire, c'est cela plaquer ses propres idées sur la situation rélle.

Cela n'épuise évidemment pas la discussion sur la politique de la ligue, les perspectives qu'elle propose etc.
Barnabé
 
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Message par Wapi » 08 Juil 2007, 18:32

(Jacquemart @ dimanche 8 juillet 2007 à 18:47 a écrit :
a écrit :Il n'a pas voté bien plus pour Besancenot. Ceux qui ont voté pour lui sont des gens qui ont des idées peut-être plus radicales, au moins pour cette fois, mais qui ne sont pas forcément des ouvriers ni des travailleurs salariés au bas de l'échelle.

Là-dessus, franchement, je ne serais pas aussi affirmatif, et je ne vois pas ce qui pourrait permettre de l'être...

Le trait est un peu grossi, mais enfin je ne crois pas être dans le faux.

Regarde chez les enseignants et les étudiants par exemple ... bien plus nombreux étaient les électeurs d'Olivier que d'Arlette.

Je note aussi les forts bons scores de la LCR aux législatives, dans des coins plutôt bobo, comme le dixième arrondissement de Paris par exemple.


edit : l'article en question

a écrit :Sale temps pour les révolutionnaires ?

Mis en ligne le 29 juin 2007

Les plus faibles scores que Lutte ouvrière ait jamais réalisés depuis plus de 30 ans d’interventions électorales, ont marqué ces présidentielles et législatives 2007 (487 857 électeurs soit 1,33% pour Arlette Laguiller aux présidentielles ; 218 264 électeurs soit 0,86 % pour les 563 candidates et candidats de LO aux législatives).

Si l’on en croit la revue politique mensuelle de notre organisation, Lutte de Classe, le « vote utile » pour Ségolène Royal aurait happé non seulement les voix des alliés traditionnels du Parti socialiste (dont le Parti communiste ramené à un score de 1,93 %, les Verts à 1,57 %), mais celles de l’extrême gauche. Pour preuve, le score d’Arlette. Phénomène auquel LO s’attendait, ayant même fait l’hypothèse longtemps à l’avance que l’appel à voter pour le candidat socialiste, pour la première fois depuis plus de 25 ans, pourrait être légitime au soir du premier tour – par solidarité avec les travailleurs anti-Sarkozy.

Pourtant, Ségolène Royal – au profil de « Marie-Chantal » – n’a pas emporté l’adhésion des travailleurs. Le vote pour elle n’a pas été un raz-de-marée. Il ne s’est pas avéré « utile » puisque la gauche a perdu, de beaucoup. Et si certains ont effectivement été laminés, à gauche ou à l’extrême gauche, Olivier Besancenot a maintenu un score de 4,08 % (1 498 581 électeurs), similaire à son score de 2002. Différence entre Arlette et Olivier qui appelle réflexion.

« Il faut évidemment se demander pourquoi Besancenot a résisté, dans les chiffres mieux que les autres et, en particulier, bien mieux qu’Arlette Laguiller », écrit la Lutte de Classe, laquelle sans analyse des votes, invoque une différence sociale et politique des électorats qui relève de l’intime (et fielleuse) conviction. « La fraction de l’opinion à laquelle la LCR s’est adressée était certainement beaucoup plus hostile au Parti socialiste. Peut-être, dira-t-on, beaucoup plus consciente mais, peut-être aussi, beaucoup moins solidaire des sentiments des classes sociales les plus exploitées qui sont les plus victimes du maintien d’un gouvernement de droite et les plus enclins à avoir des illusions sur les partis bourgeois de gauche », peut-on lire..

Arlette est du côté des plus exploités, d’accord. Mais Olivier Besancenot ? N’aurait-il les faveurs que de petits bourgeois anti-socialistes qui ne sont pas solidaires des plus exploités ? Vraiment ?
Scores, lieux et milieux

La présidentielle de 1995 a été la première élection où les scores de l’extrême gauche ont marqué l’opinion, sautant brusquement d’un classique 2 % à 5,3 % (pour notre camarade Arlette Laguiller qui était seule candidate d’extrême gauche, la LCR absente ayant appelé à voter indifféremment pour Arlette Laguiller, Robert Hue du PC, ou Dominique Voynet des Verts). Les meilleurs scores d’Arlette le furent dans des villes ou quartiers ouvriers : 8,5 % à Dunkerque-Est, 7,8 % à Clermont-Ferrand ou à Cherbourg, 7,7 % à Caen-Est, 7,6 % à Elbeuf, 7 % à 7,3 % à Liévin, Calais, Saint-Omer, Sotteville-lès-Rouen, Saint-Nazaire. Avec des pointes dans les quartiers les plus ouvriers. Les grandes villes de banlieue parisienne, jadis fiefs du PC, donnaient des résultats moindres, mais souvent plus élevés que la moyenne, dont les meilleurs : 6,9 % à Montreuil, 6,6 % à Saint-Ouen, 6,5 % à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) ou 7,74 % aux Ulis dans l’Essonne.

Nous en étions, à juste titre, plutôt fiers : « Ceux qui ont fait le geste de voter pour Arlette Laguiller ont certes d’abord exprimé leur mécontentement. Mais pas de façon neutre. Ce mécontentement s’est exprimé à l’extrême gauche. Arlette Laguiller a fait les meilleurs scores, jusqu’à 10 % parfois, dans les banlieues ou quartiers ouvriers des grandes villes », écrivait la Lutte de Classe de l’été 1995. Cela valait pour appréciation sociale.

La présidentielle de 2002 a doublé pratiquement le score de l’extrême gauche, avec cette fois deux candidats, Arlette Laguiller 5,72 % et Oliver Besancenot 4,25 % (0,47 % pour Daniel Gluckstein, du Parti des Travailleurs). La raison en était particulière : l’écoeurement suscité par la politique du gouvernement Jospin, particulièrement dans les milieux ouvriers. Nombre d’électeurs habituels du Parti communiste ou du Parti socialiste l’ont sanctionnée en votant pour l’extrême gauche.

Au-delà des différences politiques entre les deux organisations, c’était sur des programmes semblables que les deux candidats s’étaient présentés aux électeurs, Olivier Besancenot ayant repris à son compte l’essentiel des mesures d’urgence mises en avant par Arlette Laguiller. Il est frappant de voir que les meilleurs scores de LO et de la LCR le furent en grande partie dans les mêmes départements, mêmes circonscriptions, où déjà en 1995 Arlette avait « percé ». Dans l’Aisne, le Nord, le Pas-de-Calais, ou les anciennes régions minières ou sidérurgiques de l’Est notamment. Dans une cinquantaine de circonscriptions, l’extrême gauche (LO + LCR) y cumulait entre 13 % et 15,94 % : parmi elles encore Sotteville-lès-Rouen (15,94 %), Elbeuf (15,37 %), Saint-Nazaire (14,91 %), Cherbourg (14,85 %), Liévin (14,71 %), etc.

En 2007, après 5 ans de gouvernement de droite, et une campagne prônant le « vote utile » pour le PS dès le premier tour, le score global de l’extrême gauche, 5,41 % au total pour LO et la LCR, retrouve grosso modo son niveau de 1995, et la moitié de celui de 2002, mais avec une répartition inversée entre les deux organisations. Là encore, ce sont notamment dans les circonscriptions où l’extrême gauche avait fait ses meilleurs résultats en 1995 et 2002, que ceux de Besancenot (et a fortiori ceux cumulés des deux candidats trotskystes) sont les plus élevés : 7,75 % à Liévin, 7,33 % à Dunkerque-Est, 7,33 % à Sotteville-lès-Rouen, près de 7 % à Moyeuvre, Pont-à-Mousson ou Longwy, 6,66 % à Lens. Les deux candidats de l’extrême gauche (nous n’avons pas tenu compte des scores de Gérard Schivardi qui ne s’en revendiquait pas), quand ils se sont présentés séparément, se sont évidemment trouvés, par définition, des électorats distincts, mais dont les contours ne sont pas si tranchés que la Lutte de classe veut bien le dire.

Les sondages publiés par les divers organismes (de portée certes limitée vu la taille des échantillons) vont dans ce sens. Ipsos analysant les glissements de l’électorat entre 1995 et 2002, estimait que 35 % d’électeurs d’Arlette Laguiller de 1995 avaient voté à nouveau pour elle en 2002 et 18 % pour Besancenot, l’électorat d’Arlette ayant gagné en échange ses nouveaux électeurs essentiellement parmi ceux du PC et du PS. Le candidat de la LCR avait donc récupéré une partie des électeurs d’Arlette de 1995 et nombre d’anciens électeurs du PC, du PS mais aussi des Verts.
Olivier Besancenot, une « campagne violemment anti-PS » ?

Bon nombre des électeurs de gauche qui ont exprimé leur colère contre Jospin en 2002 en votant pour l’extrême gauche, et l’ont ensuite regretté quand au lendemain du premier tour ils ont marché dans la campagne socialiste du « battre Le Pen », sont probablement revenus à leur vote classique cette année. Mais pourquoi les électeurs d’Arlette Laguiller, eux particulièrement, auraient-ils été plus sensibles que ceux d’Olivier Besancenot à l’appel du « vote utile » ? Et qui plus est, pour des raisons sociales et politiques ?

C’est pourtant ce qu’affirme la Lutte de Classe (passage déjà cité plus haut).

Les électeurs d’Olivier Besancenot de 2002, moins sensibles cette année à l’influence de la gauche réformiste que ceux d’Arlette ? C’est presque un « scoop » ! La Ligue communiste souffrait jusque-là, aux yeux de notre organisation, du défaut d’être un tantinet conciliante, si ce n’est opportuniste, à l’égard des milieux de la gauche classique. Voilà LO qui lui décerne un certificat « d’anti-PS »… mais pour l’en incriminer ! Dur de s’y retrouver.

Le zeste de vérité est que précisément dans cette campagne 2007, le candidat de la LCR a eu souvent la dent plus dure à l’endroit de Ségolène Royal qu’Arlette Laguiller. Mais n’exagérons rien. Rappelons juste que s’il y a eu dans le passé une différence perceptible entre LO et la LCR, c’est dans des attitudes différentes vis-à-vis de la gauche… en sens inverse ! Une différence qui avait marqué l’entre deux tours de l’élection de 2002. Nous avions alors reproché à la LCR, à juste titre, d’avoir appelé à voter Chirac au second tour par opportunisme, « pour ne pas se couper des milieux influencés par le Parti socialiste, de s’aligner sur le choix de celui-ci » (extrait du texte de la majorité de LO au congrès de décembre 2002).

En cinq ans de gouvernement de droite, ceux qui étaient les plus influencés par le Parti socialiste s’en seraient le plus éloignés ? Assez peu crédible. L’article sur « L’évolution de l’électorat en chiffres » dans le numéro de Lutte ouvrière du 27 avril 2007 écrit d’ailleurs au contraire : « Plus exactement, à en juger par le sondage sortie des urnes effectué pour le compte de L’Humanité, Olivier Besancenot a été touché à peu près autant que les autres par les effets du vote dit utile, mais ceux de ses électeurs de 2002 qui se sont portés directement sur Ségolène Royal ont été remplacés par des abstentionnistes de 2002, de nouveaux électeurs mais aussi, dans une certaine mesure, par des votants venus de l’électorat de Marie-George Buffet ou d’Arlette Laguiller ». Avec ce complément, dans les résultats du sondage, que sur les 40 % d’électeurs de 2002 de Besancenot comme de Laguiller qui auraient voté pour la gauche classique en 2007, tous seraient presque allés vers Ségolène Royal pour ceux du premier, se seraient partagés 30 % pour Royal, 10 % pour Buffet pour ceux de la seconde. Une estimation qui semble en tout cas plus conforme à ce que le public peut percevoir des différences politiques entre nos deux organisations.
Soustraire au lieu de multiplier ? Diviser au lieu d’additionner ?

À une question posée le 9 mars dernier à Arlette Laguiller par une journaliste de l’Indépendant.com, pour comprendre la différence avec Olivier Besancenot, puisque tous deux s’étaient trouvés au coude à coude à l’usine Peugeot d’Aulnay pour soutenir les 300 euros par mois et le Smic à 1 500 euros, « propositions dans vos deux programmes », Arlette Laguiller répondait à juste titre : « Nous exprimons bien souvent des revendications semblables, c’est d’ailleurs pourquoi nous avons pu nous rendre ensemble sur le site de Peugeot pour soutenir les travailleurs en grève. Ce qui nous sépare en ce moment, c’est le fait que, bien qu’en 2004 nous nous sommes présentés ensemble aux Européennes et aux Régionales, la LCR a choisi une autre voie à partir de 2005 et a recherché des alliances avec Marie-George Buffet, José Bové, Jean-Luc Mélenchon et d’autres. Alliance qui n’a d’ailleurs absolument pas réussi, qui a éclaté. Du coup, la LCR s’est résignée à présenter son propre candidat. Dans cette élection, nous serons candidats tous les deux, du moins je l’espère. Et j’espère aussi que comme d’habitude, les commentateurs additionneront les voix de l’extrême gauche au soir du premier tour de cette élection. » Dommage que les commentateurs de la Lutte de Classe n’aient pas additionné. Et surtout, creusent artificiellement un fossé.

Car les différences politiques entre LO et la LCR, évoquées ci-dessus par Arlette, existaient. Les choix politiques de la LCR depuis l’été 2004, de suivre la « gauche du Non » (et au passage, les préjugés chauvins qu’elle encourageait) et de passer alliance pour ce référendum avec d’ex-formations ou ministres de la gauche gouvernementale (jusqu’à l’inévitable rupture que tous préparaient pour l’échéance des présidentielle et législatives), n’encourageaient pas une candidature commune LO-LCR – et il n’y en a pas eu.

Deux évidences, pourtant.

D’abord, il n’est pas fondé d’affirmer, comme le fait la Lutte de Classe, qu’Olivier Besancenot aurait dû son bon score au fait d’avoir été « le » candidat commun de l’ensemble des altermondialistes, écologistes, antilibéraux. Qu’il ait cherché et réussi, par sa politique passée et certains thèmes de campagne à en capter une partie, c’est certain. Mais n’oublions pas la concurrence de Marie-George Buffet qui, pour mieux rassembler « une gauche populaire et antilibérale », a laissé tomber toute référence au communisme et même au PC. N’oublions pas surtout celle de José Bové, altermondialiste s’il en est, qui plus est quant à lui « sans parti ». Cela dit, les résultats ont montré qu’il n’y avait précisément pas un électorat pour l’« altermondialisme ». Juste un milieu, une petite planète, qui a pu assurer tout (pour José Bové) ou partie (pour Olivier Besancenot) du succès de meetings d’un ou deux milliers de personnes, mais rien qui dépasse une mouvance militante. À noter en revanche que le succès des meetings d’Olivier Besancenot a drainé des jeunes et moins jeunes dépassant nettement la mouvance militante habituelle, comme cela avait été le cas pour les meetings d’Arlette Laguiller en 1995.

C’est donc en revanche à l’échelle de l’électorat ouvrier et populaire, dont sa jeunesse, où nous savons bien que la perception dépasse de loin les phrases et virgules des professions de foi, qu’on peut raisonnablement affirmer, au vu des zones de bons scores, du style et des thèmes de campagne dominants (grosso modo les grandes lignes du programme d’urgence défendu par Arlette en 1995), ainsi que des réactions aux campagnes menées sur le terrain, dans les entreprises et les quartiers, que les images d’Olivier Besancenot et d’Arlette Laguiller se sont pour l’essentiel fondues. Le gros de l’électorat populaire porté vers l’extrême gauche n’a pas saisi la différence entre Besancenot et Laguiller, la raison de leur présentation concurrente, et a souvent opté pour celui qui était plus jeune et paraissait plus incisif dans le ton (en particulier en direction du Parti socialiste qui le méritait bien, vu sa campagne particulièrement anti-ouvrière et réactionnaire). L’image d’Olivier Besancenot ? Un copain et successeur d’Arlette ! Pour l’essentiel, tous deux sont apparus présents aux côtés de travailleurs en lutte, porte-parole de revendications essentielles de salaire et d’emploi de leur classe, défenseurs du droit de regard des travailleurs dans les affaires d’un patronat richissime et arrogant… Et tous deux féministes, écolos et internationalistes !

Ce fut indéniable dans cette campagne. On est en droit d’additionner, socialement et politiquement, les scores de l’extrême gauche. Et de constater qu’elle a résisté et gardé quelque 5 %, non négligeables. Non seulement la totalisation est légitime, mais c’est le pari à faire pour les militants révolutionnaires, qui doivent face au gouvernement Sarkozy-Fillon, d’une droite plus maligne si ce n’est plus dure, que de chercher les forces à conjuguer, pour la meilleure défense des exploités. Il va falloir faire front, résister et surtout contre-attaquer… Et quels autres peuvent sincèrement collaborer pour la défense pied à pied des travailleurs, si ce n’est LO et la LCR ? Même en adhérant à la vision caricaturale et tendancieuse de la Lutte de Classe, qui voudrait que LO représente le camp des travailleurs et la LCR celui d’une jeunesse enflammée mais légère, ne serait-ce pas un sacré enjeu que de préparer la réaction conjointe des travailleurs les plus durement exploités et d’une jeunesse révoltée par les tares de son époque ?
Au moins se poser le problème de « frapper ensemble » !

Sans vouloir gommer toutes les différences politiques, qui demeurent importantes, il faut savoir ce qu’on pourrait et voudrait mettre en commun. Ce qui semble n’être une préoccupation ni d’un côté ni de l’autre.

Pourrait mieux faire, l’extrême gauche !

Maintenant que la parenthèse électorale est fermée et que le gouvernement va passer à l’application des mesures anti-ouvrières qui ont marqué sa campagne, avec une certaine circonspection néanmoins car le spectre de la grève ouvrière semble hanter quelque peu Fillon et Sarkozy, il serait bon que les deux organisations d’extrême gauche qui existent dans ce pays, confrontent leurs appréciations de la situation, fassent l’inventaire de leurs forces et de leurs moyens, et voient ensemble comment aider les travailleurs à réagir au plus vite et au plus fort – vers une riposte générale sur un programme défendu séparément, sur le terrain électoral.

20 juin 2007

Michèle VERDIER
Wapi
 
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Message par Barnabé » 08 Juil 2007, 18:50

a écrit :Regarde chez les enseignants et les étudiants par exemple ... bien plus nombreux étaient les électeurs d'Olivier que d'Arlette.

Là tu mélanges deux choses:
1- Parmi les étudiants et les enseignants, il y a plus d'électeurs pour Besancenot que pour Arlette.
2- L'électorat de Besancenot est majoritairement constitués de gens qui n'appartiennent pas à la classe ouvrière.

La phrase 1 est certainement vraie. Elle ne permet évidemment pas d'en déduire la phrase 2.
Barnabé
 
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Message par interluttant » 08 Juil 2007, 19:40

Oui, et même, il y a de fortes chance pour que :sleep:

parmis l'électorat ouvrier, il y ait plus d'électeurs d'Olivier B que d'électeurs d'Arlette L !

Car dans les circonscriptions où la LCR et LO font leurs meilleurs scores, La LCR fait 2 ou 3 fois plus de voix que LO :rtfm: !
exemple "le havre Nord" LO 1,9 ; LCR 6,9
"Saint Nazaire" LO 1,8 ; LCR 6,3
"Bailleul Hazebrouck (Nord) LO 2,38 ; LCR 5,7
interluttant
 
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