Après les élections municipales (1er puis 2e tour)

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par tatatitakité » 14 Mars 2008, 15:20

a écrit :As-tu envoyé un camarade de la LCR au conseil municipal ? As-tu apprécié leur campagne ? Je préfèrerais que tu te préoccupes de ça plutôt que de la façon dont les media interpréteront ton vote.

Non je n'ai pas apprécié la campagne LCR, mais je n'ai même pas aperçu la campagne LO, noyée qu'elle était localement (nationnalement, je l'ai connu par le journal). Par contre comment mon vote va être interprété est une question que je me suis toujours posé avant un vote. Et c'est une des raisons pour lesquelles j'avais toujours voté LO. J'ai voté le plus à gauche possible, pour le camp des travailleurs ou pour le plan d'urgence (j'en oublie bien sûr). Et c'est bien l'interprétation du vote qui m'a fait pour la 1ère fois voter LCR (ce qui n'est pas bien grave) mais aussi Bové (j'ai du mal à assumer).

a écrit :Mais ne va pas t'imaginer que LO mène sa politique de façon réactive à la LCR. LO ne milite pas contre la LCR, même si elle ne fait pas toujours campagne commune. La belle affaire.

Je ne pense pas et je n'ai jamais pensé que LO se déterminait en fonction et encore moins qu'elle militait contre la LCR et si mes propos précédents ont pu le laisser penser, c'est que je me suis très mal exprimé. Je ne pense même pas qu'on a assisté à un virage dans la politique de LO. Il me semble par contre que pour ces municipales le vote LO ne pouvait pas, là où LO figurait sur des listes PS, servir à exprimer les positions des travailleurs révolutionnaires. Evidemment voter LCR+Bové ça n'a pas non plus la même signification, c'est un vote pour une nébuleuse d'extrème gauche, si tant est que ça veuille dire quelque chose.
tatatitakité
 
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Message par Vérié » 14 Mars 2008, 17:42

(Ottokar @ jeudi 13 mars 2008 à 22:40 a écrit : Enfin, si les municipalités de gauche sont vraiment toujours préférables à celle de droite, il faut appeler à voter partout pour les listes de gauche, que LO soit sur les listes ou non.
a écrit :
Tout ou rien, pas de nuance. Arlette explique aussi qu'elle fait une différence entre gauche et droite, que la gauche, parce qu'elle n'a pas le même public, ne prend pas les mêmes mesures que la droite

__________________________________________________________________

Ce n'est pas "tout ou rien pas de nuance", du moins en ce qui me concerne. J'ai toujours clairement précisé que le vote pour un maire de gauche et éventuellement une alliance au premier tour(surtout avec le PC) ne devait, à mon avis, être décidée qu'en fonction, d'une part de son bilan, d'autre part de ses engagements sur un programme minimum local et national.

Quand je parle d'appeler "à voter partout pour les municipalités de gauche", c'est dans la logique de la politique adoptée par LO, pas dans la mienne. Il me semblait que c'était clair.

Car, c'est tout de même ce qui est ressorti globalement de la campagne de LO pour ces municipales 2008 :
-Les muncipalités de gauche sont préférables à celles de droite pour les travailleurs;
-Il faut faire l'union pour battre la droite.
Ca, c'est le contenu de la campagne générale. Avec, je le répète, l'argumentaire qui était, en gros, hier celui de la LCR et du PC.

Donc, paradoxalement, alors que la majorité des listes LO étaient indépendantes, ce sont les situations unitaires minoritaires qui ont donné le ton. Car la politique de LO, c'était bien celle de la gauche unie, même si elle n'a pas pu se réaliser dans la majeure partie des cas.

Donc, dans cette logique, ne pas appeler à voter pour les listes de gauche au deuxième tour est incohérent. Car ce n'est certes pas la présence d'un ou deux conseillers municipaux LO qui va changer la politique d'une municipalité.

LO n'a pas réussi à donner des raisons aux électeurs de voter pour les listes de gauche où étaient présents ses candidats sans valoriser la gauche. Ce qui était prévisible dans la mesure où il était difficile de dire publiquement : "On s'allie avec des canailles ou des demi-canailles, mais ça n'a pas d'importance, c'est uniquement pour faire élire nos camarades". Il a donc fallu embellir un peu les canailles et les demi-canailles en question en répétant que les mairies de gauche sont quand meme préférables à celles de droite - ce qui n'est pas vrai parrtout, je me suis déjà longuement expliqué sur cette question.
__

Sur le maintien de la camarade sur une liste PS de Marseille, je prend acte des explications d'Ottokar. Mais, même si les listes sont maintenues, n'avait-elle pas la possibilité "légale" de quitter la liste ? (Bien sûr, je n'étais pas partisan qu'elle y figure au premier tour, mais au second avec le Modem c'est évidemment encore pire, tout le monde en conviendra.) Non pas tant parce qu'il y a une grande différence concrète entre Guérini et le Modem que parce que le Modem, c'est tout de même un parti ouvertement de droite issu du parti de Giscard et cie.
__
Je reviens sur l'analyse de LO du premier tour publié dans l'hebdo. Il en ressort que seules les voix qui se sont portées sur les listes LO indépendantes seraient des voix révolutionnaires. Les voix de la LCR seraient seulement des voix anti-sarkozy. Non seulement, c'est d'une rare mesquinerie sectaire, mais ça ne résiste pas trente seconde à une analyse des votes. IL apparait à l'évidence que la LCR a fait partout le plein des voix "révolutionnaires" (enfin disons plutôt les plus à gauche ou les plus radicales), sauf là où elle était en concurrence avec LO. Et même dans le cadre ce dette concurrence, la LCR a raflé pas mal de voix à LO en raison de son positionnement national plus ) gauche.

Pour qu'on ne déforme pas mes propos, je précise bien :"le positionnement national de la LCR à l'occasion de ces élections". Je ne dis pas que la LCR est passée globalement à gauche de LO. Historiquement, LO a toujours maintenu de spositions de classe plus rigoureuses que celles de la LCR, laquelle a toujours été plus suiviste par rapport aux appareils et partis de gauche. En revanche, si LO devait poursuivre dans la voie de l'union de la gauche, il faudrait évidemment réviser cette analyse... :33:
Vérié
 
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Message par quijote » 15 Mars 2008, 00:39

Vérié se répète . Vérié confond enjeu local et politique nationale ..
Il parle d' alliance avec " demi canaille" ou " canailles intégrales " ..
Il croit que LO a donné un chèque en blanc auix ténors des listes sur lesquelles LO a figuré ...
Faux , archi faux .
Union ne signifie pas qu ' on gomme les différences que Lo va s'abstenir de s' opposer quand ce sera nécessaire , de soutenir lorsqu'il y aura une avancée ..
.

Enfin , en ce qui concerne la constitution des listes unitaires , LO a pris soin d 'étudier leur programme et si LO s 'y est associé , c 'est que ce qu 'elles disaient , leur programme était acceptable .
Il est évident que si ces listes avaient comporté des clauses réactionnaires , ( anti immigrés par exemple ), LO se serait abstenu de les cautionner

Lo continuera à exister de manière indépendante , nartionalement et localement

Mais répéter cela à Vérié , c 'est " machacar en hierro frio"
quijote
 
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Message par Ottokar » 16 Mars 2008, 19:54

a écrit :Sur le maintien de la camarade sur une liste PS de Marseille, je prend acte des explications d'Ottokar. Mais, même si les listes sont maintenues, n'avait-elle pas la possibilité "légale" de quitter la liste ?

Tu prends acte, mais tu répètes la même question. La loi prévoit que les listes du 1er tour sont reconduites sans changement au second, sauf fusion. Non, il n'y a donc pas moyen de quitter la liste.
a écrit :'analyse de LO du premier tour publié dans l'hebdo. Il en ressort que seules les voix qui se sont portées sur les listes LO indépendantes seraient des voix révolutionnaires. Les voix de la LCR seraient seulement des voix anti-sarkozy.

Ce n'est pas ce que dit l'article, mais que les voix LCR ont capté une partie des voix anti-Sarkozy. Les voix LO aussi d'ailleurs, mais à une moindre échelle. Sinon, dire que les listes LCR ont joué dans bien des endroits sur les ambiguités de leurs alliances n'est qu'un constat, que l'article ne fait même pas. Mais faut reconnaître qu'il fallait parfois deviner que la LCR était là.
Ottokar
 
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Message par à_Sverdlov » 17 Mars 2008, 17:30

On peut d'ailleurs ajouter que la LCR a eu des colistiers (comme à Reims) qui dénonçaient le fait qu'on les classe extrême-gauche (interview du 3ème de liste paru dans la presse locale).
à_Sverdlov
 
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Message par com_71 » 17 Mars 2008, 19:00

(Editorial des bulletins d'entreprises (17/03/08) a écrit : 
APRES LE REJET DANS LES URNES, IL FAUT LE REJET DANS LES LUTTES SOCIALES


    Les résultats du deuxième tour des élections municipales ont confirmé et amplifié ceux du premier tour. La gauche progresse encore d'un tour à l'autre au détriment de la droite. Les ministres ont beau jongler avec les mots, insister sur le caractère local de ces élections, les résultats constituent un revers pour le gouvernement et sa politique.
    En menant une politique contraire aux intérêts de la majorité de la population et au service d'une petite minorité de riches, le gouvernement a non seulement renforcé le dégoût et l'exaspération de ceux qui, à la présidentielle, avaient voté contre Sarkozy, mais il a déçu une partie de ceux-là même qui l'avaient élu. Le désaveu est clair, et il était nécessaire.
    Le soir même des élections, Fillon affirmait pourtant : "la politique de la France, les électeurs l'ont majoritairement choisie à l'occasion des élections présidentielle et législatives (...) et nous allons poursuivre cette politique".
    La référence de Fillon aux élections de l'année dernière est doublement mensongère. Sarkozy n'avait obtenu au premier tour que 31 % des votes. Même au deuxième tour, compte tenu des abstentions et des votes blancs, il n'a été suivi que par 43 % des électeurs. Se prévaloir du soutien de la majorité de la population est d'autant plus tendancieux qu'une fraction importante des salariés, les travailleurs immigrés, concernés pourtant et ô combien par les mesures anti-ouvrières et réactionnaires du gouvernement, n'a pas le droit de voter. Et puis, l'élection de Sarkozy ne signifie pas qu'il a un chèque en blanc sur tout et n'importe quoi pour les cinq ans à venir .
    Mais ce qu'on appelle la démocratie est ainsi fait que le président de la République et le gouvernement qu'il désigne peuvent poursuivre comme si de rien n'était la politique que la majorité rejette.
    Les travailleurs n'attendront pas les échéances électorales de 2012, dans quatre ans ! Ils ne peuvent pas laisser le gouvernement continuer à prendre des mesures anti-ouvrières, celles déjà annoncées comme celles qui sont encore dans les dossiers ministériels. Une nouvelle attaque contre les retraites est déjà programmée avec le passage à 41 du nombre d'annuités de travail pour avoir droit à une retraite complète. Est déjà programmée la réforme des contrats de travail, destinée à faciliter les licenciements et à rapprocher un peu plus encore les CDI des contrats précaires.
    Et il y aura ce que l'on n'a pas osé annoncer avant les élections, la hausse de la TVA pour compenser les cadeaux fiscaux aux plus riches, des mesures d'austérité qu'on baptisera autrement et dont on nous dira qu'elles sont imposées par la crise financière qui s'aggrave.
    Les travailleurs ne peuvent pas attendre que leur pouvoir d'achat s'effondre avec les hausses de prix. Ils ne peuvent pas subir les fermetures d'usines, les suppressions d'emplois, y compris et surtout par les entreprises les plus riches dont les actionnaires se partagent des profits fantastiques. Ils ne peuvent pas se contenter des statistiques bidons qui osent afficher une diminution du chômage du simple fait qu'on multiplie les contrats précaires à peine payés qui ne compensent pas les emplois en CDI supprimés.
    La poussée électorale vers la gauche qui se traduit par le changement de la majorité municipale dans plusieurs dizaines de villes, entraînera peut-être des conséquences dans la gestion des villes concernées. Le sort des classes populaires ne changera pas fondamentalement pour autant.
    Ce que l'on peut souhaiter, c'est que le rejet de la politique de la droite n'en reste pas à sa seule expression électorale mais qu'il se traduise sur le terrain social. Les urnes ont exprimé les sentiments des classes populaires. Mais, pour faire reculer le gouvernement et le grand patronat, il n'y a d'autre moyen que l'explosion sociale, que les luttes amples et déterminées, à même de faire ravaler à Sarkozy-Fillon leur prétention à continuer une politique catastrophique pour les salariés, les chômeurs et les retraités.

Arlette Laguiller
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Gertrude » 23 Mars 2008, 15:14

Lutte ouvrière : pour quelques élus de plus… cher payé !

« Arlette offre ses services... au PS » titrait Le Parisien du 16 novembre 2007. « Arlette Laguiller prête à rouler pour les socialistes » rajoutait le même jour sur son site internet Le Figaro. Dès qu’il a été connu, le tournant à 180° opéré par Lutte ouvrière commençait à alimenter l’ironie de la presse mais aussi sa satisfaction et surtout celle des notables de la gauche.
Un retournement...

Cette brutale volte-face a marqué toute la campagne. « Arlette soutient Stievenard et le PS » titrait en manchette la Une de la Voix du Nord du 23 février, lors de la tournée de la porte-parole de LO dans la région. La veille, le même quotidien s’étonnait de ce « recentrage, pour des militants d’extrême gauche très critiques dans un passé encore récent à l’égard des élus socialistes dont ils refusaient par exemple de serrer la main à l’époque où LO disposait d’un groupe au conseil régional, de 1998 à 2004 ? » À Villeneuve-d’Ascq, banlieue ouvrière de Lille, Lutte ouvrière avait eu 12 % des voix en 2001 et trois conseillers municipaux. Il lui en restera zéro. Le maire sortant, Jean-Michel Stievenard, était d’autant plus content de les avoir ralliés cette année à sa cause, jusqu’à promettre à l’un d’eux un poste d’adjoint, qu’il était gêné sur sa gauche par la liste montée par un des responsables du PC, conseiller municipal sortant (liste à laquelle s’associait la LCR) et mis en péril non pas par la droite mais par son semblable : le maire socialiste de la ville de 1977 à 2001, passé à la Gauche républicaine et héraut du non à la constitution européenne, désireux de reprendre sa place (ce qu’il est en bonne passe de faire, ayant pulvérisé au premier tour les scores de son successeur).

Le meeting tenu dans l’Oise en commun par Arlette Laguiller et Julien Dray n’est pas non plus passé inaperçu. Il avait pour but de soutenir la liste socialiste de Compiègne. Sans succès finalement puisque le couperet est tombé dès le premier tour au ras du candidat LO, 8e de cette liste qui n’a eu que 7 élus. Dray en profitait pour se féliciter une fois de plus de voir Arlette devenir raisonnable. Et de faire la promotion de son idée de coalition Arc-en-ciel qui irait du Modem à l’extrême gauche. « Dans le passé, François Mitterrand l’a fait avec les communistes : pourquoi ne le ferait-on pas aujourd’hui avec l’extrême gauche ? » . Pour la laminer à son tour ?
...que rien ne justifie dans la situation politique et sociale

Au départ, ce n’est que par le souci de maintenir le rayonnement et les activités de Lutte ouvrière que le texte d’orientation sur les élections municipales écrit début octobre, et adopté par la majorité du congrès deux mois plus tard, justifiait le nouveau cours : « obtenir des élus municipaux est extrêmement important pour notre rayonnement politique. Ces élus sont un point d’ancrage dans une ville et l’axe autour duquel peuvent graviter nos activités locales » . Dans ce but, concluait le texte, nous devrions à la fois présenter le plus de listes Lutte ouvrière possible, mais aussi être « ouverts à toute proposition d’alliance, que nous étudierons en fonction des situations, des rapports de forces locaux et des possibilités d’élus que ces alliances pourraient réellement nous ouvrir. Nous n’avons en effet aucun intérêt à conclure des alliances sur un programme d’accords avec nos éventuels alliés si cela ne nous permettait pas d’avoir des élus, voire nous en empêchait » .

Pas un mot alors de ce qui allait devenir le principal axe de campagne de LO dans cette élection : la nécessité de « l’Union de toutes les forces de gauche » face à Sarkozy. Au contraire même, ce texte d’orientation se contentait d’ironiser sur le seul souci de cette gauche pour les municipales : se disputer les sièges. « Dans bien des villes dirigées actuellement par le PC, le PS est tenté de lui ravir la première place, c’est-à-dire la mairie. Par exemple, lui faire concurrence au premier tour, en espérant arriver en tête afin qu’une unification au deuxième tour pour remporter la majorité municipale place le PS devant le PC » .

Mais les compromis prétendument tactiques ont leur prix politique. Et il a bien fallu justifier ces alliances.

Non, non, ce n’est pas pour avoir des élus, écrivait Lutte ouvrière du 22 novembre 2007. Mais « nous ne voulons pas que, dans la situation politique actuelle, nos listes puissent nuire aux listes de gauche » . Du souci de ne pas nuire à la gauche, on a glissé à la nécessité de l’aider à « reprendre des municipalités » perdues en 2001, « voire pour en gagner » . Cette gauche pour qui la conquête des municipalités est à la fois un gagne-pain et un tremplin pour revenir au gouvernement y gérer les affaires de la bourgeoisie. De l’objectif de « tenter de nous présenter dans un maximum de villes » tout en discutant « de nos participations éventuelles sur des listes de gauche » (LO du 7 décembre 2007), on a glissé au souhait qu’il y ait, « dans les circonstances politiques actuelles […] dès le premier tour une union de toutes les forces de gauche » . Les listes Lutte ouvrière n’étaient devenues qu’un pis aller, seulement « si le Parti Socialiste, le Parti Communiste ou les deux refusent cette alliance et préfèrent la division » (LO du 25 janvier 2008).

Les circonstances politiques actuelles sont celles des attaques en règle du gouvernement et du patronat contre la classe ouvrière, contre les chômeurs, les retraités, toutes les couches populaires frappées par la multiplication des franchises médicales, la réduction des budgets des hôpitaux, la détérioration des services publics. Mais la situation est marquée aussi par le fait que la gauche institutionnelle, en premier lieu les dirigeants du Parti socialiste, approuvent sur le fond ces mesures… même s’ils disent (comme Hollande au moment de la grève des cheminots) qu’ils les feraient passer plus en souplesse, avec moins de grèves, car ils négocieraient mieux avec les dirigeants syndicaux.

Mais, dès lors qu’on marchandait des strapontins sur ses listes, il n’était plus question, pour Lutte ouvrière, d’avancer dans sa campagne électorale une critique de cette gauche, c’est-à-dire de mettre en garde les travailleurs contre les trahisons de ces faux amis. Parce que ce serait gauchiste ? Que les travailleurs ne comprendraient pas ?

Les résultats du premier tour montrent que, s’il a été en partie une sanction de la politique de Sarkozy, il n’a en rien suscité d’enthousiasme ni même d’illusion envers la gauche. Par contre, là où l’extrême gauche s’est présentée sous sa propre étiquette, elle a souvent recueilli plus de 5 % des suffrages, des scores semblables à ceux de l’extrême gauche en 2001 ou d’Olivier Besancenot et d’Arlette Laguiller ensemble en 2007.
Bric-à-brac électoral et promesses à un sou !

Du programme, Lutte ouvrière ne s’en est effectivement guère souciée, pour nouer ses alliances.

Partout où des militants de Lutte ouvrière s’étaient fait admettre sur une liste d’union de la gauche ou sur l’une ou l’autre des listes de gauche rivales, il leur a bien fallu diffuser le programme de la liste. Avec, dans maintes villes, ses couplets sur la sécurité, qui plutôt que de dénoncer les causes du malaise de la jeunesse des banlieues, promettent le renforcement de la police municipale, la multiplication des caméras de surveillance, ou la créations d’on ne sait trop quel « pôle de tranquillité » qui « contribuera notamment à résorber des troubles à la tranquillité publique comme les occupations de halls d’immeubles qui s’accompagnent souvent d’actes d’incivilité » (tract de la gauche de Drancy, Seine-Saint-Denis).

Comment ne pas signer du sigle Lutte ouvrière, sans risquer de se mettre hors de la liste, la promesse électorale d’aides à la création d’entreprises ou au développement d’une zone franche pour attirer les patrons avec des subventions et dégrèvements de charges ? Comment, lorsqu’on est « Fiers d’être argenteuillais » (nom de la liste de gauche d’Argenteuil, Val-d’Oise), ne pas répercuter, avec le matériel électoral, la promesse de création d’une dérisoire « association Réussite argenteuillaise animée par des chefs d’entreprises, des anciens étudiants et des personnalités issues de la ville » censée enseigner à tous l’art de réussir ?

Ces élections « permettront au moins de montrer que les mensonges, le cynisme, les fausses promesses, les faveurs permanentes pour les plus riches et les attaques incessantes contre le monde du travail ne passent plus » écrivait la profession de foi des listes proprement Lutte ouvrière. Oui, en votant pour une liste ouvertement d’extrême gauche. Mais pas en appelant à voter pour le fatras des promesses des listes de gauche.

Si les militants de Lutte ouvrière dans ces villes-là diffusaient également, en même temps que les tracts de la liste, leur propre matériel, celui-ci se résumait en général à la dénonciation de la politique du patronat et de Sarkozy, sans critique, ni mise en garde contre la politique de la gauche. Et, au nom de la politique nationale d’alliance, il en a été de même de la profession de foi des listes purement Lutte ouvrière (à l’exception de la liste d’alliance LO-LCR d’Alfortville, Val-de-Marne).
Fil à la patte…

Beaucoup de camarades de Lutte ouvrière se rassurent peut-être : une fois finie la campagne, nous reprendrons notre classique liberté de parole. Pas si simple.

Comment prétendre que les conseillers municipaux de Lutte ouvrière qui ne doivent leurs sièges qu’à la bonne volonté d’un leader de la gauche locale, ou à ses besoins face à la concurrence d’une autre fraction de la gauche, auront entièrement les mains libres ? À moins de rompre les engagements qu’ils ont pris. Le vote du budget de la commune a été, par exemple, la condition systématiquement posée par les candidats maires qui prenaient des militants de LO sur leurs listes, alors que de 2001 à 2008 les élus de Lutte ouvrière n’ont pratiquement jamais voté ces budgets. Même dans les mairies de gauche, tant ils contenaient toujours le financement de mesures des plus contestables, subventions aux entreprises ou aux écoles libres, sous-traitance au privé de services municipaux, quand ce n’était pas, comme dans le dernier budget du maire socialiste de Wattrelos, la réduction des effectifs municipaux.

Et déjà le seul fait de se mettre cette fois sur la liste du maire sortant, ou même simplement d’y postuler, a amené les élus LO de 2001 à minimiser les différends qu’ils avaient eu avec la mairie pendant 7 ans d’opposition municipale. Nous avons eu des divergences, mais aussi « des point de convergence » avec le maire socialiste, expliquait à la presse l’un des conseillers municipaux Lutte ouvrière de Villeneuve-d’Ascq pour justifier la nouvelle alliance. Et le conseiller de Saint-Denis d’expliquer au journaliste de l’Humanité « avoir voté en six ans à 80 % avec la majorité municipale » . Certes pas de problème à voter un crédit d’achat de livres scolaires par-ci, une subvention à une association locale par-là. Mais les grands choix de la mairie ? Le marché des eaux ? Ou les rénovations urbaines qui se traduisent par des hausses de loyer ou une modification du public de la ville, au profit de couches plus aisées, comme on le voit par exemple dans toutes les communes de banlieues proches de Paris ? Sans parler des choix politiques nationaux des maires de gauche des grandes villes, députés, sénateurs, ex ou futurs ministres, et des politiques nationales de leurs partis.
...et crédit en berne

Le crédit politique de Lutte ouvrière gagné au cours de longues années, est dû d’une part, bien sûr, au travail sur le terrain de nos propres militants, à leurs interventions dans les entreprises, dans les luttes. Cela reste. Une malheureuse campagne ne l’a pas, en soi, changé. Mais il avait été capitalisé plus largement par l’audience nationale gagnée à l’occasion d’élections et des interventions d’Arlette Laguiller. Son image d’une organisation radicalement opposée au patronat et à la droite, mais sans complaisance avec la gauche qui trahit les travailleurs chaque fois qu’elle arrive au pouvoir, d’une organisation qui n’entre pas dans le jeu des combines politiciennes, vient d’en prendre un coup.

La direction de Lutte ouvrière s’inquiétait d’avoir vu, lors des dernières présidentielles, les scores d’Arlette Laguiller s’effondrer au profit de ceux du représentant de la LCR. Qu’elle ne vienne pas pleurer demain d’avoir accéléré cette tendance en laissant, lors de ces municipales, le quasi-monopole de l’extrême gauche à la LCR.

Qu’elle ne vienne pas non plus tirer à nouveau, comme après les présidentielles, des plus faibles scores obtenus par les listes LO par rapport aux listes LCR, dans les villes ou les deux organisations se présentaient chacune sous sa propre étiquette, qu’ils sont la preuve de la démoralisation de la classe ouvrière d’un côté, de l’insouciance de la clientèle « petite bourgeoise » de Besancenot, de l’autre. Ce serait justifier par avance la poursuite du même cours : la même absence de critique et le même suivisme par rapport à la gauche, même dans ses gesticulations politiciennes les plus dérisoires (comme la demande d’un nouveau référendum sur l’Europe) de peur de se trouver isolés. Voire les mêmes compromis pour les prochaines échéances électorales.

Alors qu’au contraire il est à remarquer, dans ces élections municipales, que dans les 54 villes où une liste Lutte ouvrière était la seule liste d’extrême gauche, c’est elle qui a capitalisé l’ensemble de l’électorat d’extrême gauche, faisant plus de 4 % dans 33 villes, et plus de 5 % dans 20 d’entre elles, là où elle a obtenu ses 14 vrais élus du premier tour, c’est à dire élus sous leurs couleurs (auquel il faut rajouter l’élu d’Alforville à la tête d’une liste LO-LCR). Et dans les 35 villes où LO et LCR étaient simultanément présentes, chacune ouvertement sous son étiquette, la somme de scores a dépassé les 5 % dans 26 villes et même les 7 % dans 11 d’entre elles.

Un courant d’extrême gauche existe bel et bien, qui se maintient depuis des années. Auquel une organisation révolutionnaire se doit de donner des perspectives. Au lieu de l’abandonner pour, au mieux, quelques dizaines d’élus supplémentaires.

Article issu du dernier numéro de "Convergences Révolutionnaires"
Gertrude
 
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Message par Wapi » 23 Mars 2008, 15:21

Gertrude, peux-tu mettre en forme tes posts, que le lecteur comprenne qu'il s'agisse d'un article et non des propos personnels d'un intervenant.

Et puis, pourquoi ne pas ouvrir un fil spécial pour les éditos et les textes de la Fraction (un peu comme pour celui d'Informations Ouvrières), comme ça, ceux qui le souhaitent pourraient en discuter séparément. Là, on parlait plutôt de l'édito de Lutte Ouvrière.

Merci.
Wapi
 
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