UNE AUTRE POLITIQUE INDUSTRIELLE, C'EST IMPOSER.....

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Bertrand » 14 Sep 2009, 20:24

a écrit :

UNE AUTRE POLITIQUE INDUSTRIELLE, C'EST IMPOSER LE CONTRÔLE DES CLASSES POPULAIRES SUR LES ENTREPRISES ET LES BANQUES


La Fête de L'Humanité, toujours la plus grande fête populaire, a été l'occasion de nombreux débats politiques. "Comment créer un avenir à l'industrie française ?" était l'un des débats vedettes, auquel ont participé, outre un dirigeant syndical, un grand patron de la métallurgie et un banquier. Le choix des participants était déjà une orientation qui éclaire la revendication d'une "autre politique industrielle" souvent mise en avant comme un moyen de préserver les emplois et d'éviter les licenciements.
À coup sûr, la crise économique et l'attitude du grand patronat comme des États face à la crise sont désastreuses pour l'économie et pour la société.
Désastreuses pour les travailleurs mis à la porte par les licenciements et les fermetures d'entreprises, poussés vers le chômage puis la misère. Désastreuse aussi pour l'ensemble de la société. Fermer des usines qui produisent des biens utiles, voire indispensables, mettre en friche des savoirs et des compétences alors qu'il y a tant de besoins à satisfaire, est une des conséquences les plus catastrophiques d'une organisation économique basée sur le marché et la recherche de profit privé.
Qui peut croire cependant qu'il suffit de demander aux dirigeants d'avoir une autre politique ? Et qui peut croire surtout qu'il suffit de le demander aux véritables maîtres de l'économie, ceux qui en monopolisant le capital exercent une dictature absolue sur l'économie ? Depuis un an que la crise financière a éclaté au grand jour avec la faillite de la banque américaine Lehmann Brothers, on a vu les États déverser des centaines de milliards pour venir au secours des banquiers en leur offrant en outre du crédit pratiquement gratuit et pour ainsi dire illimité.
S'en servent-ils pour relancer la consommation populaire ? Que non ! S'en servent-ils pour financer des investissements productifs ? Que non ! Et les grands patrons de l'industrie eux-mêmes se servent-ils des sommes qu'ils ont touchées de la part de l'État pour accroître le nombre d'emplois ? Que non !
Tout cet argent continue à servir surtout à la spéculation. Et même si politiciens et commentateurs s'extasient sur un début de reprise, cela ne signifie une reprise que pour les profits boursiers et pour les grandes opérations spéculatives. Mais les entreprises continuent à licencier et le chômage à augmenter !
Alors, parler de "politique industrielle" sans affirmer en même temps qu'il faut l'imposer à la classe capitaliste est, au mieux, parler pour ne rien dire. Défendre les usines, ce n'est pas défendre leurs propriétaires capitalistes ou en chercher d'autres. Ce sont eux qui démolissent l'industrie en consacrant les capitaux aux opérations financières plus profitables.
Une "politique industrielle" pour préserver les emplois, c'est l'interdiction des licenciements collectifs et des fermetures d'entreprises sous peine d'expropriation. C'est la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire. C'est soumettre les entreprises et les banques au contrôle de la population et les obliger à investir dans la production de biens utiles à la société. C'est utopique ? Oui sans une mobilisation déterminée de la classe ouvrière et des classes populaires. Mais c'est moins utopique que de demander aux banquiers, aux actionnaires, de ne plus rechercher à maximiser leurs profits et de penser à l'intérêt de la société ! Autant demander du lait à un bouc...
Quant à brandir comme certains la revendication d'une "autre politique industrielle" pour l'opposer aux luttes concrètes, réelles, que mènent, dos au mur, les travailleurs des entreprises touchées par les licenciements et les fermetures, ce n'est pas seulement de l'utopie, c'est aussi une trahison.
Pour le moment, les travailleurs confrontés à la fermeture complète ou partielle de leur entreprise se trouvent dans un isolement dramatique. Mais ceux d'entre eux qui ont choisi la seule voie possible pour se défendre, celle de la lutte, ont montré que c'est elle qui paie, et pas la résignation.
Eh bien, disons-nous que c'est l'ensemble du monde du travail qui a le dos au mur avec, face à lui, tout le patronat que la crise rend plus avide encore ! C'est la violence même des attaques patronales qui nous en rendra tous conscients, comme elle nous rendra conscients que nous avons, tous ensemble, les moyens de nous défendre.


Arlette Laguiller
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Bertrand
 
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Message par Zimer » 14 Sep 2009, 22:27

Comment créer un avenir à l’industrie française ?

La crise était au coeur du débat du forum social, samedi, qui a réuni un dirigeant syndical, un grand patron de la métallurgie et celui de la BPCE. État de la crise, droits des salariés, finance, la confrontation d’idées est au rendez-vous.
Interrogés par Pierre Ivorra, de l’Humanité, Frédéric Saint-Geours, président de l’Union des industries et des métiers de la métallurgie (UIMM), Jean-Christophe Le Duigou, secrétaire confédéral de la CGT, spécialiste des questions économiques, et François Pérol, PDG de la nouvelle banque BPCE - fusion des Banques populaires et des Caisses d’épargne - ont débattu « Pour sortir de la crise, développer et financer une industrie durable ».

Assistons-nous à un début de reprise ? Cette reprise est-elle durable ?

Frédéric Saint-Geours. Je ne vais pas être très optimiste. Pour la simple raison que la crise a frappé beaucoup plus tôt le secteur industriel, qui dépend de la consommation, en France mais aussi à l’étranger. La baisse d’activité a donc été extrêmement forte, comparable au montant du plan de relance, chaque mois de l’année 2008. Pour le moment, nous assistons à un début de reprise. Après le phénomène de déstockage, les entreprises recommencent à produire. La prime à la casse permet à l’automobile de repartir. Et enfin, les pays émergents qui commencent à renouer avec la croissance permettent aux activités exportatrices de redémarrer. Or les entreprises n’investissent toujours pas. C’est le signe que la crise va durer encore au moins un an, avec des défaillances d’entreprises, et hélas ! la poursuite de la croissance du chômage.

Jean-Christophe Le Duigou. Je ne vais pas ajouter du pessimisme au pessimisme. Mais quand j’entends dire que nous sommes en train de sortir de la crise, j’ai le sentiment que c’est en profond décalage avec ce que peuvent vivre les salariés, et les prochains mois s’annoncent extrêmement difficiles. Je pense, au contraire, que nous sommes au coeur de la crise. Pour certains, la crise est d’abord financière, avec des conséquences économiques et sociales. Alors que nous l’avons analysée dans sa forme financière, ses racines se trouvent dans le mode de développement économique et social, dans le financement, dans la place du travail dans notre société, dans les rémunérations des salariés. C’est pour cette raison qu’on ne peut pas se satisfaire d’un plan de relance. Certes, la prime à la casse a aidé, mais on ne peut pas se contenter de cette propension à vouloir recommencer comme avant. Il faut se poser les questions sur ce qu’il faut transformer.

François Pérol. La finance ne doit pas recommencer comme avant. Pour éviter que cela se reproduise, il faut regarder ce qu’il s’est passé. L’origine de la crise financière est avant tout le choix qu’ont fait les États-Unis de remplacer les augmentations de salaires par de l’endettement. Ce qui a créé cette bulle financière. Toutes les grandes banques ont joué un rôle majeur, parce qu’elles se sont massivement engagées sur des produits financiers risqués. Il faut donc réfléchir aux moyens qui feront en sorte que le système bancaire finance de nouveau les entreprises, les achats de voiture, et plus seulement les actifs immatériels. Il faut arrêter de faire uniquement des activités strictement financières. Toutes les discussions sur les banques durant le G20 seront importantes.

D’après les statistiques de l’OCDE, l’emploi industriel en France est moins important que dans des pays, comme la Grande-Bretagne, qui ont connu une forte désindustrialisation au profit de la finance. L’industrie pèse-t-elle encore un poids important dans l’économie française ?

Frédéric Saint-Geours. Lorsque nous regardons sur une longue période, la valeur ajoutée créée par l’industrie a baissé, mais elle baisse parce que les entreprises ont externalisé un certain nombre de services. Or, si nous prenons les volumes de production, ces derniers ont chuté, mais moins fortement. Cela s’explique parce que les entreprises ont énormément investi. En France, 85 % à 90 % des dépenses de recherche et développement sont réalisées par les firmes industrielles. Ensuite, les produits fabriqués par l’industrie sont à 85 % exportés. Les groupes se sont implantés dans ces territoires. Mais le plus gros problème de l’industrie française est de comprendre pourquoi elle est moins compétitive que celles des autres pays d’Europe.

Jean-Christophe Le Duigou. Il existe un point d’accord entre nous : la France ne peut pas vivre sans industrie. Mais la crise a révélé que l’industrie peut, en quelques mois, se retrouver extrêmement fragilisée. Deuxièmement, les gains de productivité que vous évoquiez à l’instant ont été réalisés par les salariés. Et les investissements n’ont pas été réalisés. D’une part, les dépenses de recherche et développement ont été de 20 % à 25 % inférieurs à ceux réalisés par les principaux pays concurrents. D’autre part, les entreprises industrielles ont mis l’accent sur des investissements financiers à plus forte rentabilité de capitaux.

Estimez-vous opportun de mettre en débat la création d’un pôle financier public autour d’entreprises bancaires dont le rôle principal serait de répondre aux besoins des entreprises qui mettent leurs investissements dans la formation, dans les salaires plutôt que dans la financiarisation ?

François Pérol. Le secteur bancaire a du travail à faire pour reconquérir l’image qu’il a perdue. Nous devons collecter l’argent des épargnants et le (re)prêter aux entreprises et aux particuliers, en faisant attention de leur vendre des produits qui leur conviennent, non pas qui nous conviennent. C’est ce que nous essayons de faire dans le nouvel ensemble Caisses d’épargne-Banques populaires. Mais c’est compliqué et cela demande du temps. Nous sommes en ce moment en train d’arrêter des activités qui sont purement financières, sur lesquelles nous avons mis beaucoup d’argent, et qui ne correspondent pas à notre métier. À la place, nous allons développer des services aux entreprises, plus utiles. Sur la question du pôle public bancaire, si nous prenons l’exemple du Crédit lyonnais, je ne pense pas que cela soit nécessaire. Des banques comme les Caisses d’épargne et les Banques populaires, qui sont coopératives, mutualistes et décentralisées, n’ont pas besoin de l’État pour savoir faire leur métier. Ce qui est fondamental et dans l’intérêt collectif, c’est ce qui est en train de se discuter au G20. J’attends que les activités strictement financières coûtent cher à exercer pour les banques.

Jean-Christophe Le Duigou. Je voudrais bien croire M. Pérol quand il dit vouloir faire son métier et financer l’économie. Mais je vois, aujourd’hui, que les banques poursuivent le rationnement du crédit, malgré les milliards d’euros qui ont été apportés par les États. Selon les données publiées par Natixis, en France, le taux d’intérêt réel sur dix ans est de 4,5 % alors qu’en Allemagne, il n’est que de 2,5 %. À la lecture de ces chiffres, j’ai le sentiment que les banques cherchent à se refaire en rendant l’argent plus cher. Or, cela pèse sur les conditions de financement des entreprises.

La crise pose la question du rôle des dirigeants d’entreprise qui, avec leur mode de gestion, leurs choix stratégiques, ont créé cette crise. Ne devons-nous pas réformer le Code du travail afin de permettre aux salariés d’avoir un droit de regard sur la gouvernance de l’entreprise ?

Frédéric Saint-Geours. Aujourd’hui, en France, nous manquons d’un vrai dialogue entre les responsables d’entreprise et les salariés. L’UIMM est favorable au développement du paritarisme. C’est pour cette raison que j’ai pesé au sein de l’UIMM pour que la loi sur la représentativité syndicale soit votée. Avant l’arrivée de la crise, nous avons créé des dispositifs qui allaient dans ce sens. Avec la charte automobile, nous avons mis sur la table l’ensemble des acteurs qui participent à la gestion des problèmes de cette industrie. Dernièrement, avec la fédération de la chimie, nous avons demandé aux organisations syndicales, avec le chef de l’État, de réfléchir sur la politique industrielle. Les chefs d’entreprise, avec les représentants des salariés, peuvent trouver ensemble les bonnes orientations de la France.

Jean-Christophe Le Duigou. Cette question sur la stratégie des entreprises et la participation des salariés me fait penser à un dirigeant du patronat qui me disait : « Je suis d’accord pour que les salariés participent à la quasi-totalité des décisions de l’entreprise. Quel pourcentage désirez-vous, 98 % ; c’est mieux que dans la plupart des entreprises. » Je lui demande alors qu’elles sont les 2 % des décisions qui restent. « Ce sont les décisions stratégiques », me répond-il. La question est donc de savoir dans quelle condition les salariés pourront faire des propositions qui pèseront sur les décisions stratégiques. Et quels seront les moyens mis à disposition des salariés pour réaliser ces propositions.

Compte rendu par Clotilde Mathieu article Huma


:ph34r: :ph34r: Un exemple de la façon dont le PCF aborde hypocritement cette question !
Zimer
 
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