Contre la privatisation de La Poste

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Ottokar » 05 Oct 2009, 18:22

L'édito des bulletins LO sur le site national, ce lundi 5 octobre
a écrit :Contre la privatisation de La Poste : les urnes et la supplique à Sarkozy n’ont pas le pouvoir de changer le rapport de forces

Avec deux millions de votants, la “votation citoyenne”, organisée dans plusieurs milliers de mairies, pour ou contre le changement de statut de La Poste annonçant sa privatisation, a été un succès.

Et maintenant ?

L’objectif que ses initiateurs ont donné à la consultation est de demander à Sarkozy un référendum sur la question. Et si Sarkozy le refuse ?

La nouvelle loi constitutionnelle, votée en 2008, a certes prévu la possibilité de “référendums d’initiative populaire”. Un référendum peut être demandé par un cinquième des députés soutenus par un dixième de l’électorat, quatre millions et demi d’électeurs. Mais cette loi n’est pas entrée en vigueur faute de texte d’application. La mobilisation autour des urnes qu’a été la “votation citoyenne” se trouve donc, malgré son succès, dans une impasse, du moins si elle reste sur ce seul terrain.

Le “Comité national contre la privatisation de La Poste” a choisi la forme d’agitation qui, en soumettant la question de la privatisation à un référendum, a remis la décision entre les mains de Sarkozy. Celui-ci n’a aucune raison d’être impressionné par le verdict des urnes de la “votation citoyenne”. Sans parler de toutes les manipulations possibles, même si le référendum était accepté.

Derrière son apparence démocratique, un référendum est un moyen pour ceux qui gouvernent de faire entériner leurs propres décisions. Bien sûr, ils peuvent se tromper dans leurs calculs. On en a eu l’illustration en France lors du référendum sur le projet de Constitution européenne en 2005. La majorité de l’électorat avait repoussé le projet. Qu’à cela ne tienne ! Le gouvernement a fini par faire voter un texte identique sur le fond par le Parlement à sa botte. En Irlande, où la majorité avait également voté “non” une première fois, on a remis ça une deuxième fois pour que le “non” devienne un “oui”.

Les électeurs des classes populaires qui ont participé à cette “votation citoyenne” l’ont fait pour exprimer leur désaccord, non seulement avec le projet de privatisation de La Poste, mais aussi avec tout ce qui a conduit à la dégradation du service public postal.

Séparer le service postal des télécommunications, transformer La Poste en “société industrielle et commerciale”, ouvrir un nombre croissant de services à la concurrence du privé, imposer la recherche de rentabilité à la place de la qualité de service, voilà des mesures qui ont déjà conduit à la suppression d’un tiers des bureaux de poste, à une réduction brutale du nombre des postiers, à des suppressions de tournées de distribution, aux queues qui s’allongent devant les guichets.

Les ministres qui jurent, la main sur le coeur, qu’ils tiennent au service public postal sont de fieffés menteurs. Mais dénoncer la fourberie du gouvernement ne doit pas faire oublier que quelques-unes des mesures qui constituent les étapes de la marche vers la privatisation ont été prises sous des gouvernements de gauche. Et lorsque l’ex-Premier ministre Fabius se pose aujourd’hui comme un des chefs de file du combat contre la privatisation, on est en droit de se dire qu’avec de tels “amis”, le service public n’a pas besoin d’ennemis ! A défaut de pouvoir contraindre le gouvernement actuel à abandonner son projet, la “votation citoyenne” aura servi à blanchir les partis de la gauche gouvernementale de leurs responsabilités passées et les cautionner pour l’avenir.

Les services publics, malgré leurs limites dans une économie où la recherche du profit est reine, font partie des conditions d’existence des classes populaires. Il faut s’opposer à ce qu’ils soient livrés au privé. Mais contre la classe capitaliste qui inspire la politique des gouvernements et qui se moque éperdument des intérêts de la population, des astuces référendaires sont inefficaces.

Elles ne changent en rien le rapport de forces. Seule le peut la mobilisation du monde du travail pour imposer au patronat ses exigences vitales, l’interdiction des licenciements, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, l’augmentation et l’échelle mobile des salaires. C’est avec une mobilisation assez puissante pour contester la dictature de la classe capitaliste sur l’économie qu’elle conduit à la ruine, que la défense du service public cessera d’être un simple slogan électoral.

Arlette Laguiller


Ottokar
 
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Message par Vérié » 06 Oct 2009, 07:54

=D>
Entièrement OK.
Ce principe même de référendum est dangereux et à double tranchant.
Demain, un gouvernement pourrait faire un référendum "Pour ou contre la peine de mort pour les pédophiles ?" ou "Pour ou contre un service minimum plus strict dans les services publics, transports, éducation etc ?" Des référendums que nous aurions beaucoup de chances d eperdre !

C'est vraiment regrettable que Besancenot apparaisse comme un des principaux défenseurs de ce projet de référendum. Cela permet peut-être aujourd'hui un petit succès tactique contre Sarkozy, mais demain ça peut s'avérer lourd de conséquences : "Comment cela, vous étiez pour un référendum sur la Poste, et vous n'être plus partisan de la souveraineté citoyenne quand il s'agit d'expulser les sans papiers ? C'est la démocratie à géométrie variable etc " ?
Vérié
 
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Message par artza » 06 Oct 2009, 08:46

(Vérié @ mardi 6 octobre 2009 à 07:54 a écrit :

C'est vraiment regrettable que Besancenot apparaisse comme un des principaux défenseurs de ce projet de référendum.

...comme il le fut du vote Chirac, du "Non de gauche", en passant par l'abandon/rupture avec le communisme.

On peut "regretter" des trucs pour Krivine? Pour Besancenot on ne peut pas regretter ce qu'il n'a jamais prétendu être.

artza
 
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Message par Vérié » 06 Oct 2009, 08:56

(artza @ mardi 6 octobre 2009 à 08:46 a écrit :
On peut "regretter" des trucs pour Krivine? Pour Besancenot on ne peut pas regretter ce qu'il n'a jamais prétendu être.

Toujours le sens des nuances, Artza !

Si, je regrette que Besancenot, qui fait figure de "leader de l'extrême-gauche", et tient en général un discours très proche de celui de LO sur la plupart des points, et bien souvent sur un ton plus combatif, commette une erreur qui peut s'avérer très nuisible dans l'avenir - même si les référendums et plébiscites ne bouleversent pas davantage le rapport de forces entre les classes que les autres scrutins.

Cette erreur a évidemment des causes, probablement la volonté d'entraîner l'ensemble de la gauche. Dans le cadre de la politique du NPA, ça me semble tout de même une erreur, et non la conséquence inévitable et logique de l'abandon des références au communisme - que je déplore aussi, bien entendu.
Vérié
 
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Message par artza » 06 Oct 2009, 09:39

(Vérié @ mardi 6 octobre 2009 à 08:56 a écrit :

Si, je regrette que Besancenot, qui fait figure de "leader de l'extrême-gauche", et tient en général un discours très proche de celui de LO sur la plupart des points, et bien souvent sur un ton plus combatif, commette une erreur qui peut s'avérer très nuisible dans l'avenir - même si les référendums et plébiscites ne bouleversent pas davantage le rapport de forces entre les classes que les autres scrutins.


Chaque mot, chaque phrase est une savonnette mouillée.
artza
 
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Message par Lao She » 06 Oct 2009, 14:15

(artza @ mardi 6 octobre 2009 à 09:39 a écrit :
(Vérié @ mardi  6 octobre 2009 à 08:56 a écrit :

Si, je regrette que Besancenot, qui fait figure de "leader de l'extrême-gauche", et tient en général un discours très proche de celui de LO sur la plupart des points, et bien souvent sur un ton plus combatif, commette une erreur qui peut s'avérer très nuisible dans l'avenir - même si les référendums et plébiscites ne bouleversent pas davantage le rapport de forces entre les classes que les autres scrutins.


Chaque mot, chaque phrase est une savonnette mouillée.

Fais gaffe où tu marches !
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Message par Vérié » 06 Oct 2009, 18:39

Sur France Inter (Téléphone sonne), débat sur la journée du 7 octobre, pour répondre à une auditrice qui critiquait l'absence de mots d'ordre clairs, contre les licenciements etc, Maryse Dumas (CGT) a vanté le référendum sur la Poste comme une "nouvelle forme d'action citoyenne qui évite la grève..." (sic)
Vérié
 
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Message par bennie » 06 Oct 2009, 18:57

Oui, les patrons et leurs serviteurs applaudissent les syndicats responsables. :x
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Message par pedro » 11 Oct 2009, 19:34

Question, à tout hasard, aux Npaïstes qui écrivent sur ce forum : soutiennent ils leur leader, Olivier Besancenot, lequel exige de sarkozy la tenue d'un référendum sur la question de la privatisation de la Poste?
En tout cas, franchement, si un tel référendum se tenait et qu'une majorité, même relative, vote oui à la privatisation de la Poste, il aurait l'air con, notre ami Besancenot...
pedro
 
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Message par pedro » 11 Oct 2009, 21:22

J'ai écouté Besancenot, à midi, sur canal plus. Il parlait du référendum, le présentant comme un grand succès, mais à aucun moment il n'a mis l'accent sur la nécessité, pour les Postiers, les usagers, de construire un grand mouvement de lutte.
pedro
 
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