Dans le Télégramme, cette interview de notre porte-parole régionale :
a écrit :Morbihan
Régionales. Valérie Hamon et les luttes d'une ouvrière
9 février 2010 -
Le Télégramme poursuit sa série de portraits des têtes de listes régionales. Aujourd'hui, Valérie Hamon, Lutte ouvrière.
À 38 ans, la benjamine des régionales a déjà derrière elle un beau parcours. Justice au coeur, discours aux lèvres et révolution en bandoulière, la militante a participé à trois élections, avec pour seul but de faire entendre la voix des oubliés du capitalisme. Elle est née dans une famille ouvrière, mais ce n'est pas d'elle que Valérie Hamon a hérité son engagement. «Mes parents n'étaient pas militants», commente-t-elle simplement. «C'est mon itinéraire qui m'a conduite à rejoindre Lutte ouvrière».
Un emploi ou la fac
L'itinéraire, c'est celui d'une bachelière de 18 ans qui quitte la maison natale de Saint-Brieuc pour aller étudier la biologie à l'université de Rennes1. «Je n'arrivais pas à payer le loyer, et j'ai dû me mettre à bosser», raconte-t-elle. Ses études en pâtissent, elle se résigne à les interrompre. Parce qu'il fallait bien vivre. Ou plutôt survivre, d'intérim en CDD. «Pendant huitans, j'ai multiplié les contrats d'ouvrière dans l'industrie agroalimentaire, l'électronique ou l'automobile. J'ai appris beaucoup de choses, les difficultés de la précarité, la dureté du monde de l'industrie, les cadences, l'omnipotence des petits chefs, les rapports entre patrons et salariés».
Sur les pas d'Arlette
Une prise de conscience qui a commencé à se structurer, de révolte spontanée en construction révolutionnaire, au fil de discussions avec des militants de Lutte ouvrière qu'elle rencontre dès le début des années 90. «On discutait du chômage, des licenciements, des difficultés de la vie des travailleurs. J'ai trouvé mes repères dans les idées communistes». Et puis, il y a eu Arlette Laguiller, une rencontre qui a éclairé sa vie. «Elle a une formidable force de conviction, et une grande gentillesse. Vous savez, si elle est si populaire, c'est parce qu'on sent qu'elle aime les gens». Résultat: «Je me suis vraiment engagée, après cinq années de réflexion».
Actionnaires et politiciens
Un engagement qu'elle ne reniera pas lorsqu'elle trouve enfin, voici huit ans, un emploi stable de conductrice de trains à la SNCF. Elle deviendra porte-parole de LO, candidate aux municipales et aux législatives de Rennes, et tête de liste aux Européennes. «Ouvriers, cadres, ingénieurs, nous sommes tous liés», martèle Valérie Hamon. «C'est le monde du travail qui fait tourner la société. C'est à lui de dire son avis sur le choix des dirigeants et sur les orientations de l'économie, pas aux grands actionnaires qui empochent des milliards et qui décident de la vie des gens. Quant aux politiciens, ce sontvdes marionnettes au service des plus riches».
Pour «ceux qui en prennent plein la figure»
Et la Région? «On a vu son impuissance, face aux licenciements», répond-elle. «Elle donne de l'argent aux entreprises. On ne sait pas où il va, mais on sait qu'il ne sert à rien pour maintenir l'emploi. Même changer Sarko pour un socialiste ne changerait rien, alors la Région...» Donc, pas question de s'allier avec qui que ce soit qui ait participé à un gouvernement. «En 2004, nous avions fait liste commune avec la LCR mais là, le NPA est allié au Parti de gauche», commente-t-elle. Et tant pis pour le résultat. «De toute façon, nous ne cherchons pas des places», lanceValérieHamon. «Ce que nous voulons, c'est permettre à ceux qui en prennent plein la figure de dire combien ils souffrent».
* Alain Le Bloas