Compte rendu sur Nathalie dans le Dauphiné Libéré
a écrit :ELECTIONS REGIONALES
En campagne avec Nathalie Arthaud (Lutte Ouvrière) en Rhône-Alpes
par La Rédaction du DL | le 23/02/10 à 05h03
PAR GEORGES BOURQUARD
S'il est une candidate qui n'a pas les yeux rivés sur les sondages, c'est bien Nathalie Arthaud: "On ne fera pas un gros score" lâche-t-elle, laconique. Sa mémoire défaille sur le score aux dernières Européennes: "J'ai déjà oublié". 0,84%, soit un peu moins de 25 000 bulletins de Lyon à Bonifacio... Alors aux Régionales, le résultat importe peu. Et si, ô surprise, elle franchissait les 5%? La réponse est tranchée: "Pas de cuisine électorale, pas de fusion". "Gouverner sans remettre en cause le pouvoir économique du patronat", ça, elle n'en veut pas. Elle a une dent contre "la politique du moins pire". "Moins pire avec la gauche au pouvoir qu'avec Sarkozy", une belle hypocrisie à ses yeux.
"Lutte Ouvrière n'est pas contre les élections, mais ce n'est pas par là que l'on changera le système" argumente encore la fille du garagiste de Peyrins près de Romans, aujourd'hui prof (en grève) en Seine-Saint-Denis mais toujours résidente dans la banlieue lyonnaise. "Pourquoi ne vote-t-on jamais pour désigner les 98 personnes qui contrôlent le CAC 40?".
Le salut viendra donc d'ailleurs. De la rue: "Il faut partager le travail, interdire les licenciements et que les salariés aient le contrôle dans les entreprises" martèle la militante trotskiste.
"On est dans un contexte explosif"
Alors, pour demain le Grand soir? "On est dans un contexte explosif. C'est une colère rentrée, mais la colère est là. L'arrogance des patrons licencieurs et des actionnaires peut mettre le feu à la mèche". Proglio et ses deux casquettes, le sauvetage des banques qui se remettent à spéculer "contre les États maintenant", Total, ses milliards de bénéfices et ses fermetures de sites, Nathalie Arthaud n'a pas à se forcer pour illustrer son propos. " Sarkozy est une marionnette dans la main du patronat. Ce n'est pas lui qui a invité Bolloré sur son yacht, c'est l'inverse". Avis de tempête pronostique la candidate...
La semaine dernière à Beauvais, Nathalie Arthaud était chez Massey-Ferguson: "200 licenciements, mais les bénéfices pourraient payer 20 000 salariés".
Mercredi, elle sera devant les grilles de PSA à Sochaux. Comme elle était avec les Conti... Entre-temps, elle enchaîne meetings, réunions Tupperware et distribution de tracts sur les marchés: "On aura fait une bonne campagne si on suscite la discussion".
"Travailleurs, travailleuses", la formule a agité des bataillons de drapeaux rouges. Son auteur est aussi populaire qu'un animateur TV. Difficile de succéder à Arlette Laguiller? "Non, on travaille ensemble. Dire que je suis sa remplaçante, je trouve cela assez valorisant". Une célibataire pour remplacer une célibataire, c'est imposé par le réglement intérieur du mouvement trostkiste? Éclat de rire: "Non, mais à l'extrême-gauche, on a plutôt la culture de l'union libre".
Autre incontournable, le facteur de Neuilly: "Olivier Besancenot et nous, on ne fait pas la même campagne. S'il est invité plus souvent que moi à la télé ou à la radio, c'est parce qu'il est la coqueluche du moment. C'est le choix des médias. Mais aujourd'hui la coqueluche, c'est Cécile Duflot". Bref, Nathalie Arthaud doit se frayer un passage dans une gauche extrême embouteillée. Et aux thèmes invariables depuis 30 ans.
L'écologie, si tendance, est quasi-absente de son discours: "C'est justement parce que c'est un thème porteur, à la mode.Tous les dirigeants en parlent, mais ils sont incapables de régler le problème. Dans l'immédiat, on a plus de risques de crever de la misère, du chômage que du réchauffement climatique..."