LO à la Réunion

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Ottokar » 28 Fév 2010, 09:46

Longue interview du camarade tête de liste, syndicaliste un peu connu dans l'île. Il y a des liens avec des interviews en vidéos http://www.clicanoo.com/index.php?page=art..._article=237624
a écrit :Politique
“Karl Marx c’est l’avenir de la société”
CLICANOO.COM | Publié le 25 février 2010
Candidat aux régionales, Jean-Yves Payet (LO) veut installer la classe ouvrière au pouvoir et chasser les capitalistes qu’il juge responsables de tous les maux de la société.

Les ex-salariés de l’Arast sont devant les prud’hommes ce matin (ndlr hier matin). On n’a pas beaucoup vu le syndicaliste que vous êtes à leurs côtés pendant ce conflit.

“J’ai soutenu les camarades de l’Arast sans pour autant chercher la reconnaissance médiatique. J’estime que les travailleurs de l’Arast devaient diriger eux-mêmes leur combat. Je rappelle qu’il y avait la déléguée CGTR sur place, il fallait respecter l’ordre des choses. Néanmoins, cette affaire de l’Arast est un véritable scandale. C’est un scandale lorsque des hommes politiques de tous bords décident de liquider une association utile à la population et financièrement viable. C’est un scandale de liquider et venir ensuite crier que l’AGS ne veut pas payer. Ceux qui ont commis ce crime devraient se faire tout petits aujourd’hui.

On connaît le syndicaliste mais moins le candidat. Vous êtes né un 5 mars comme Paul Vergès...

Je suis issu d’une famille de militants communistes sincères, de base. À 12 ans je vendais, comme mon papa, le journal Témoignages dans les marchés forains. À 16 ans, j’animais une petite cellule de quartier. On défendait les idées du parti, on participait aux réunions de cellule. C’est plus tard en découvrant les idées de Lénine, les vraies idées du socialisme et du communisme que j’ai compris que mon parti n’était pas le parti communiste, que je devais rechercher autre chose que des partis où l’on sert d’abord la tête mais pas vraiment les intérêts de la classe ouvrière. Je pense que l’avenir de l’humanité reste le communisme. J’invite les jeunes à se tourner vers ces idées-là. Il n’y a pas d’alternative face à la situation actuelle. Un milliard de personnes qui meurent de faim à cause du système capitaliste. On peut à tout moment glisser dans une crise grave, même dans les pays dits riches, des millions de travailleurs peuvent se retrouver complètement dans la misère. L’avenir de l’humanité ne peut pas être une société aussi égoïste que celle-là alors qu’on a les moyens de faire en sorte que tout le monde ait à manger, un logement, un travail. La société capitaliste actuelle ne permet pas tout ça. C’est pour cette raison que j’ai rejoint très tôt le parti d’Arlette Laguiller.

C’est pour cette raison que vous avez été plusieurs fois candidat aux régionales ?

Il s’agit avant tout de défendre des idées. On ne vient pas là avec un catalogue La Redoute pour accaparer des postes. Tous les candidats listent des propositions sans pouvoir les concrétiser. La population est ensuite dégoûtée et nous traite de menteurs. On n’a pas envie de s’aligner sur ce plan-là. On voudrait s’adresser aux travailleurs, à ceux qui ont perdu leur travail, ceux qui sont en retraite, à ces jeunes qui sont au chômage pour leur dire “oui” les choses peuvent être autrement mais cela ne peut pas se faire seulement qu’à travers une élection. Il faudra des luttes. Tout ce qu’on a eu c’est grâce aux luttes. Il faudra recommencer pour que justement on pose le problème du partage des richesses. On ne pourra pas régler la question du chômage de masse s’il n’y a pas un partage des richesses. On ne réglera pas le problème du logement si on ne pose pas la problématique du foncier détenu par des grands groupes financiers de la Réunion.

C’est la troisième fois que vous allez vous présenter aux régionales. Vous espérez gagner en mars prochain ?

Ce n’est pas vraiment une élection qui fait les grands changements. Je reviens aux luttes. S’il n’y en a pas, on ne pourra pas mettre au pas la grande bourgeoisie à la Réunion. Si les travailleurs ne sont pas prêts dans les entreprises à se mobiliser contre les licenciements, contre les actionnaires qui ne s’intéressent qu’au bénéfice… on ne pourra pas améliorer les choses. Maintenant, si la liste de Lutte ouvrière réalise un bon score, moralement ce sera bon pour tous les militants, ça redonnera confiance à ceux qui ont baissé les bras.

…C’est toujours un discours de syndicaliste.

C’est un discours de communiste, c’est un discours de socialiste… tre militant socialiste ou communiste dans la réalité, c’est être aux côtés de ceux qui luttent contre le système capitaliste dans le but de l’abattre. Il n’y a pas d’autres solutions. Certains ont prostitué l’idéal communiste et socialiste. J’invite tous ceux qui ont les moyens d’aller relire Lénine, Karl Marx, Trotsky… C’est ça l’avenir de l’humanité. Les luttes sociales permettront aux travailleurs, à la population de tout contrôler. Et c’est comme ça que l’on pourra résoudre les problèmes.Les banques ont obtenu des centaines de milliards et continuent à spéculer alors que cet argent aurait été bien utile à l’État pour venir en aide à la population. Je pense qu’il faut mettre au pas ces capitalistes, ces actionnaires qui sont les responsables de la crise, des guerres actuelles. Sur commande, ils imposent des lois aux hommes politiques qui ne sont en fait que des larbins. Bien sûr, le président de la Région ne pourra pas régler la question du chômage, mais il n’est pas obligé de se mettre à plat ventre devant les gros capitalistes à la Réunion.

Vous estimez que Paul Vergès se met à plat ventre devant les capitalistes ?

Lorsqu’on regarde toutes les lois promulguées ces dernières années, que ce soit sous un gouvernement de gauche ou de droite, elles sont toutes en faveur des capitalistes…

Mais ce n’est pas le président de la Région qui vote des lois…

Certes mais il a soutenu ces gouvernements. Il a soutenu la Loom, la défiscalisation qui a ruiné les travailleurs. C’est faux de dire que ça a créé de l’emploi. La défiscalisation c’est 1 milliard par an. C’est l’équivalent de près de 60 000 emplois à 1 500 euros net par mois pendant un an. Où sont ces emplois ? On a fait gagner les capitalistes. À chaque fois qu’on veut créer de l’activité, on pense uniquement à faire du profit. À chaque fois qu’une filière se développe, il y a toujours un requin derrière.

Vous stigmatisez les banquiers, les capitalistes, les élus (socialistes et communistes compris). Vous avez employé le terme de requin comme Jean-Paul Virapoullé… Vous soutenez les travailleurs alors qu’il y a aussi de nombreux chômeurs à la Réunion.

On est dans le camp des travailleurs mais également des chômeurs qui sont des travailleurs privés d’emploi. Pour moi il n’y a pas de différence. Si on veut s’attaquer réellement au problème de fond du chômage, on ne peut pas compter sur les capitalistes, ni sur les entreprises. Il faut développer le service public dans tous les domaines utiles à la population. Si les travailleurs avaient la possibilité de contrôler ce qui se passe dans leurs entreprises on aurait alors les moyens pour un idéal social. Mais ce sera possible uniquement par les luttes et non pas par une élection.

Quelle est votre position sur le tram train et sur la route du littoral ?

On en parle depuis des années. Maintenant que ces projets se fassent réellement, il n’y a rien d’extraordinaire. Mais j’ai l’impression que pour le tram train rien n’est bouclé. Personne n’est capable de dire combien ça va coûter réellement. Est-ce qu’on ne va pas retrouver la situation de la route des Tamarins avec une facture doublée à la fin ? C’est une belle réalisation certes, et en même temps, elle a été une belle pompe à fric pour les grands groupes du BTP capitalistes à la Réunion et le projet a créé très peu d’emplois par rapport à ce qu’il a coûté…

On parle du tram train. Vous êtes pour ou contre ?

Lutte ouvrière est pour un transport en commun rapide à la Réunion de Saint-Benoît à Saint-Joseph. Personne n’est opposé à ça. Pour le travailleur, avoir une voiture c’est une saignée. C’est un budget énorme lorsqu’on touche que 900 ou 1 200 euros par mois. C’est une honte pour la classe politique réunionnaise de n’avoir pas pu jusqu’au présent offrir un service de transport en commun aussi efficace qu’à Maurice ou à Paris.

Vous êtes contre les grosses entreprises capitalistes. Pour ces grands projets, on sera bien obligé de faire appel à elles ?

Je pense que les grandes entreprises devraient être contrôlées par les travailleurs. Il faudrait que les grands groupes capitalistes ne puissent pas prendre des décisions sans l’accord des salariés notamment en ce qui concerne les licenciements.

Mais une entreprise est là aussi pour gagner de l’argent ?

On est dans un système capitaliste et on le combat. On ne se couche pas devant. Ils ont le pouvoir de l’argent. On se doit de le contrôler. Ce sont tous ceux qui sont victimes de ce système de préparer les luttes nécessaires pour faire changer les choses.

Vous avez souvent employé le mot capitaliste. C’est quoi un capitaliste, un patron qui crée de l’emploi ?

On essaye souvent de prendre le petit pour défendre les intérêts du gros. C’est flagrant notamment dans la défiscalisation. Pendant que le petit en profitait en construisant sa maison, le gros s’offrait des bateaux défiscalisés à 110%. À chaque fois qu’il y a une nouvelle loi, le petit est pris en otage par les gros. Les petites entreprises sont tenues par les banques.

Vous préférez des emplois créés par des capitalistes ou pas d’emploi du tout ?

De toute façon, ils n’en créent pas ou pas suffisamment. Il y a plus de 100 000 chômeurs ici. On peut avoir une société sans patron. Cela a déjà fonctionné. On a besoin d’ingénieurs, de techniciens, d’ouvriers… et non pas d’actionnaires. Il peut exister une société sans capitalisme

Entretien : Yves Mont-Rouge et Jacky Ferrere
Ottokar
 
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