(le progrès a écrit :Servitude et grandeur du militantisme, version L.O.le 23.02.2010 04h00
« Rompus à l'exercice, ils n'ont pas leur pareil pour harponner le chaland » / Maxime Jegat
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« Rompus à l'exercice, ils n'ont pas leur pareil pour harponner le chaland » / Maxime Jegat
Sur le grand marché villeurbannais de Grandclément, avec Nathalie Arthaud porte-parole de Lutte Ouvrière, tête de liste en Rhône-Alpes
Une distribution de tracts, un jour de marché, est un exercice plus délicat qu'on ne le croit. Disons même qu'il est plutôt ingrat. D'abord le passant, tout affairé à emplir son cabas, n'est pas si disponible que ça. La plupart évitent l'obstacle, faisant mine d'ignorer le papier tendu. D'autres, en grommelant, affichent leur hostilité. Certains cherchent à s'excuser en prétextant un « je l'ai déjà eu ». Peu nombreux, au final, sont ceux qui tendent la main et rarissime celui qui accepte de s'arrêter et d'échanger quelques mots.
A ce jeu, les militants de Lutte Ouvrière sont passés maîtres. Rompus à l'exercice qu'ils pratiquent régulièrement, élections ou pas, ils n'ont pas leur pareil pour harponner le chaland, l'entraîner dans la discussion et surtout l'engloutir sous un flot d'arguments dans lequel quelques mots-clefs reviennent, autant pour relancer l'attention que susciter des réactions. Par les temps qui courent, le mot-clef le plus utilisé est sans contestation possible celui de… « banquier ». Dimanche, ces militants étaient présents en force sur le marché Grandclément à Villeurbanne et faisaient preuve d'autant plus d'enthousiasme qu'ils comptaient dans leurs rangs celle qui est à la fois leur porte-parole nationale et leur tête de liste en Rhône-Alpes, Nathalie Arthaud. Laquelle semblait renouer sans déplaisir avec une activité qui fut très souvent la sienne au cours de ses vingt-deux années de vie militante au sein de l'organisation trotskiste, avant qu'elle soit appelée à prendre la succession d'Arlette Laguiller : « C'est pour nous ordinaire que d'aller ainsi au-devant des gens et d'écouter ce qu'ils ont à dire, notamment sur leur détresse ». Un pas en arrière, un militant précise que leur action pendant cette campagne ne se limite pas aux marchés : « Voilà deux jours nous étions dans l'Ain devant une usine Philips ». En attendant, campagne ou pas, la question de la région n'est pas de celles que traite Nathalie Arthaud qui préfère entretenir ses interlocuteurs de la crise, de la politique du gouvernement, du chômage, sans épargner son temps ni son ardeur. Comme elle l'a longuement fait ce dimanche, face à un chômeur de longue durée, d'abord un peu perdu, puis un peu convaincu.
Assez pour réclamer que, dans Le Progrès, paraissent plus souvent des interviews… d'Arlette Laguiller. Pour autant Nathalie Arthaud, élue locale elle-même (à Vaulx-en-Velin), ne méprise pas le travail des collectivités locales - « nous mesurons seulement à quel point elles gèrent le dérisoire » - et ne cache pas sa sympathie pour les élus de terrain. Seulement, pour elle, l'espoir est ailleurs, « dans l'explosion sociale » comme elle répétait hier dans nos colonnes : « A ce titre ce qui se passe chez Total est encourageant ».
R. R.