Déclaration de Lutte Ouvrière

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par com_71 » 29 Jan 2011, 21:22

a écrit :Déclaration de Lutte Ouvrière, à propos de la situation en Tunisie (28 janvier 2001, à Montreuil, dans le cadre du Cercle Léon Trotsky).

Je voudrais dire quelques mots pour exprimer notre solidarité vis-à-vis des exploités de Tunisie, vis-à-vis de ce petit peuple, de ces chômeurs, de ces femmes du peuple, dont le soulèvement a incité les dirigeants du monde impérialiste à pousser sans ménagement Ben Ali vers la sortie. Ce même Ben Ali, qui voulait se servir de son ministre de l’Intérieur comme fusible et le sacrifier pour arrêter le mouvement populaire, a fini par comprendre –ou on lui a fait comprendre- que c’était à lui d’endosser le rôle de fusible pour arrêter la colère des masses.

Oh, il n’est certainement pas à plaindre ! Même en exil, dans le palais luxueux que lui a prêté le roi d’Arabie saoudite, de plus lesté d’une tonne et demie d’or que sa femme et sa clique ont volée au peuple tunisien, il vivra certainement mieux que les centaines de milliers, les millions de pauvres de Tunisie.

Ce qui a incité les dirigeants des puissances impérialistes à abandonner leur protégé de toujours Ben Ali, ce n’est pas ce qui s’est passé, mais ce qui menaçait de se passer si le mouvement s’approfondissait et s’élargissait. Tel quel, déjà, il a servi d’exemple pour la protestation en Égypte et peut-être au-delà, au Yemen.

Les dirigeants de la bourgeoisie impérialiste savent que la majorité des pays arabes constituent une poudrière. Les dictatures en place, du Maroc à l’Égypte et au-delà, ne peuvent pas indéfiniment maintenir l’ordre social et tenir les classes exploitées alors que la misère de celle-ci s’accroît, comme s’accroissent les inégalités, encore aggravées par la crise économique. Au contraire, les dictatures elles-mêmes et l’oppression politique risquent de focaliser la colère et de produire une explosion qui ne reste pas sur le seul terrain politique mais qui déborde sur le terrain social. Et la menace pour les bourgeoisies des pays concernés comme pour la bourgeoisie impérialiste est qu’un mouvement de protestation contre les dictatures et pour les libertés démocratiques entraîne les masses exploitées et que celles-ci s’en prennent non seulement aux dictatures en place mais aussi à l’ordre social qu’elles protègent.

Dans le cas de la Tunisie, le départ de Ben Ali n’a pas suffi à arrêter le mouvement. Le remplacer par un gouvernement provisoire avec les ex-ministres de Ben Ali a montré au mouvement de protestation que seul le dictateur est parti du pouvoir, pas son clan politique. Le mouvement a donc continué, et il n’est pas dit que le remaniement gouvernemental décidé hier suffise à l’arrêter.

Nous ignorons la profondeur et l’énergie du mouvement en Tunisie. Mais il est visible que la classe dirigeante, c’est-à-dire les privilégiés locaux et, derrière eux, la bourgeoisie impérialiste, notamment française, qui a des intérêts considérables là-bas, prépare une solution de rechange destinée à préserver ces intérêts. Et les candidats ne manquent pas pour gouverner la Tunisie pour le compte de la bourgeoisie.

Même un général est sur les rangs ! Sous prétexte qu’il n’a pas donné l’ordre aux soldats de tirer dans la foule, au côté de la police, le voilà qui se montre avec les manifestants et se pose en « protecteur de la révolution » !

La seule façon de mettre l’armée du côté des exploités, c’est d’opposer les soldats du rang issus du peuple à la hiérarchie militaire, aux généraux qui, eux, sont du côté de la classe riche et qui ont d’ailleurs accepté pendant des années de faire le sale travail pour Ben Ali.

Comme ici, en France, même si c’est sous une autre forme, les dirigeants politiques ne sont que des fusibles destinés à sauter en cas de menace, pour éviter que les masses populaires s’en prennent à ceux qui tirent les ficelles, à ceux qui exploitent, la grande bourgeoisie, les groupes capitalistes.

En réalité, contrairement à ce que racontent les bonnes âmes, tunisiennes comme françaises, Ben Ali parti, les exploités n’ont pas encore gagné. Même pour imposer les droits démocratiques, les libertés publiques, il est indispensable que les masses restent mobilisées, se méfient de tous les postulants au pouvoir, les surveillent, les contrôlent. Et il faut aussi que, dans le mouvement, dans la lutte, elles acquièrent la conscience que leurs ennemis principaux sont ceux qui sont tapis dans l’ombre et qui possèdent le pouvoir économique.

Alors, ce que l’on peut souhaiter pour les masses tunisiennes, c’est que le prolétariat industriel qui est au cœur de la production capitaliste, là-bas comme ici, se mette en mouvement, s’organise pour devenir la force principale de celui-ci. Quand bien même l’énergie des masses se révèlerait puissante, il faudrait que les classes exploitées prennent conscience de leurs intérêts de classe, n’hésitant pas à les mettre en avant, à les défendre, se méfiant des faux amis qui, en brandissant les mots « unité nationale », voire « démocratie », voudraient les faire taire.

Si c’est cela l’avenir, tous les espoirs sont permis non seulement pour la classe ouvrière tunisienne, mais aussi pour les travailleurs en France et du monde.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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com_71
 
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