Cercle Léon Trotsky

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Puig Antich » 07 Mars 2011, 11:32

Bref, ceci dit, la comparaison avec la Pologne est intéressante. D'un certain point de vue, ce qui se passe aujourd'hui c'est le contre-coup de la chute du mur. Tous ces régimes nationalistes arabes sont une superstructure politique bureaucratique qui date de cette époque là, qui s'étaient inspiré à des degrés divers du soi-disant socialisme russe avant de se ranger aux côtés de l'Ouest lorsque celui-ci a disparu, mais sans changer rien de fondamental dans le mode de gouvernement. Mais d'un autre point de vue, ces mouvements apparaissent dans un autre contexte.

Il y a peut-être le même engouement pour la " démocratie ". Mais, plutôt que d'une attirance acritique pour le modèle occidental, il s'agit plutôt d'une contestation du fait que seuls les opulents pays impérialistes d'Occident ont le monopole des droits démocratiques et de leur hypocrisie fondamentale, tandis qu'ils condamnent les peuples à vivre sous des dictatures partout ailleurs.

Et - contrairement à tous ceux qui continuent de se lamenter 20 ans après sur le poids insurmontable de la " chute de l'URSS " - le contexte politique a changé, et il n'y a plus un rejet viscéral pour la gauche, le communisme, les revendications d'égalité sociale et d'appropriation sociale des richesses accaparées par les cliques dirigeantes et l'impérialisme.
Puig Antich
 
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Message par logan » 07 Mars 2011, 13:07

a écrit :il n'y a plus un rejet viscéral pour la gauche, le communisme,


Les deux n'ont pas grand-chose à voir
logan
 
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Message par Puig Antich » 07 Mars 2011, 14:52

Du point de vue du programme, non, effectivement. Du point de vue de la conscience des gens, de la dynamique de la société, si. Alors c'est sûr qu'on ne doit jamais perdre de vue le premier point, mais il ne faut pas non plus oublier le second. L'idée de gauche que la société est responsables du bien-être des individus, que les travailleurs ont raison de se syndiquer et de lutter pour de meilleurs salaires, que les femmes ont raison de demander l'égalité; que les traditions peuvent être critiquées et rejetées; que l'action collective sert à quelque chose; toutes ces choses ne vont pas de soi, et ont été battu en brèche dans l'esprit des masses par trente ans d'offensive pratique et idéologique du capitalisme. La preuve, c'est que, en plus de nos idées révolutionnaires, au quotidien, on est obligé de défendre contre vents et marées ces choses qui devraient être évidentes.

Le fait qu'elles redeviennent, lentement, et certes pas partout, dans la conscience des gens, c'est quand même un bon point de départ pour nous.
Puig Antich
 
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Message par com_71 » 07 Mars 2011, 15:13

(Puig Antich @ lundi 7 mars 2011 à 10:46 a écrit : Solidarnosc c'est autre chose, et si bien des gens ont cru qu'il s'agissait d'une alternative ouvrière, cela prouve seulement qu'ils s'aveuglaient par tout-ce-qui-bougisme. Il n'empêche que ça ne permet pas de conclure à l'inverse à l'absence total du prolétariat, d'une fraction socialiste dans la classe ouvrière, aussi mince soit-elle.

En Pologne il n'y avait guère que le courant Kuron Modelewski, qui ont complètement failli politiquement.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Sterd » 07 Mars 2011, 18:06

(Puig Antich @ lundi 7 mars 2011 à 10:46 a écrit : Il n'empêche que ça ne permet pas de conclure à l'inverse à l'absence total du prolétariat, d'une fraction socialiste dans la classe ouvrière, aussi mince soit-elle - et c'est valable pour la Pologne d'il y a tentre ans comme pour le monde arabe d'aujourd'hui.

Il ne s'agit pas de l’absence du prolétariat dans les pays arabes aujourd'hui ou en Pologne dans les années 80. Parce que le prolétariat y est bel et bien présent physiquement et probablement dans les deux cas en tant que composante numériquement la plus nombreuse. Mais bien de l'absence du prolétariat en tant que force politique autonome.
Il se trouve partout et toujours des organisations qui enchaînent le prolétariat en tant que force d'appoint et de troupes pour des politiques au services d'autres classes sociales.

Ça fait très très longtemps qu'on a pas vu le prolétariat intervenir en tant que tel dans des évènements d'ampleur.

Ceci dit sans préjuger de l'existence ou non de groupes politiques se réclamant de la classe ouvrière mais qui la plupart du temps sont soit a l'état groupusculaire quand les évènements se déclenchent, soit accrochent leur wagon à d'autres classes sociales.
Sterd
 
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Message par Puig Antich » 08 Mars 2011, 11:23

C'est vrai que c'est la bourgeoisie qui domine la situation et, d'un certain point de vue, le mouvement - par exemple en Tunisie. Mais ces fractions de la bourgeoisie, si elles sont bien heureuses de s'être débarrassé du parasitisme économique des Trabelsi et veulent maintenant " assainir " le capitalisme en Tunisie, n'ont pas vu venir ni voulu le mouvement qui a permis cela et qui est la suite d'une longue série de luttes ouvrières et de la jeunesse, et veulent maintenant le liquider - ce qu'elles n'arrivent pas à faire. L'indépendance politique pure du prolétariat manifestée dans un parti de classe est une chose, son activité sociale et politique - aussi limitée soit-elle - est autre chose qui existe même, dans une certaine mesure, indépendamment des partis. Ou sinon on en arrive à la conclusion bordiguiste que le prolétariat n'est plus intervenu dans la situation depuis les années 30 - vu que depuis cette époque le parti de classe a été liquidé !
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Message par artza » 08 Mars 2011, 11:57

(Puig Antich @ mardi 8 mars 2011 à 11:23 a écrit :L'indépendance politique pure du prolétariat manifestée dans un parti de classe est une chose, son activité sociale et politique - aussi limitée soit-elle - est autre chose qui existe même, dans une certaine mesure, indépendamment des partis. Ou sinon on en arrive à la conclusion bordiguiste que le prolétariat n'est plus intervenu dans la situation depuis les années 30 - vu que depuis cette époque le parti de classe a été liquidé !

Ce qui est faux selon moi ce n'est ce que disent les bordiguistes, qui n'est qu'un constat mais les conclusions qu'ils en tirent ou qu'ils en tiraient.

A savoir qu'il se faut méfier comme de la peste de toute participation à la vie quotidienne, actuelle de la classe ouvrière telle qu'elle est, de ses luttes etc...sous peine de sombrer dans "l'immédiatisme".

Pour sur ils n'ont pas commis ce péché, mais ils ont disparu, ne comprenant pas que pour se reproduire une espèce ne peut le faire qu'avec des gens de rencontres sous peine de dégénérescence ;)
artza
 
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Message par pelon » 08 Mars 2011, 12:15

Je ne vois pas trop où est la discussion. Le prolétariat est intervenu, c'est incontestable.
Par ailleurs d'autres font remarquer qu'il n'y a pas d'intervention du prolétariat défendant de manière consciente et indépendante ses intérêts de classe, avec ou sans parti (autre discussion). C'est aussi incontestable.
Donc tout dépend ce que l'on entend par intervention du prolétariat. A Paris, en juillet 1830 et plus encore en février 1848 le prolétariat est intervenu. Mais pas en tant que classe : des prolétaires ont participé à des révolutions conduites par la bourgeoisie. Ceux qui participaient voulaient abattre un régime et les pauvres espéraient bien sûr que leur situation s'améliorerait alors. Ils avaient des intérêts communs avec la partie de la bourgeoisie qui voulait en finir avec les rois, certes. Mais ils ne voyaient pas que ces mêmes bourgeois seraient à terme leurs ennemis. Et en 1848 le terme ne fut que de 4 mois.

pelon
 
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Message par Puig Antich » 08 Mars 2011, 13:46

En 1848 il y avait certes Louis Blanc, qui s'est laissé endormir, mais il y avait aussi Blanqui. Et il y avait déjà le Manifeste. Et les Blanqui d'aujourd'hui, pour autant qu'ils le veulent et qu'ils en trouvent la force, peuvent s'appuyer sur l'expérience de 150 ans de luttes de classe qui devraient rendre claires, au moins pour une petite minorité, les frontières de classe.
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Message par pelon » 08 Mars 2011, 16:51

Mais personne ne désespère, je l'espère, de voir la classe ouvrière trouver en elle-même les ressources pour défendre une politique indépendante représentant ses propres intérêts et ceux des masses pauvres. Simplement, on en est pas là même si on sait que dans des périodes comme celle qui existe actuellement dans les pays arabes cela peut aller très vite. Évidemment l'expérience du passé pourrait servir aujourd'hui mais on sait bien que ce n'est pas suffisant si cela ne s'incarne pas dans des militants organisés dans un Parti qui fasse le poids.
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