Fil de parution de la revue "Lutte de Classe"

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par com_71 » 08 Avr 2012, 21:35

(Sinoue @ samedi 7 avril 2012 à 23:20 a écrit :

et j'aimerais savoir s'il existe une version numérique de la réponse de LO à ce groupe espagnol comme il est dit dans l'intro. D'ailleurs il existe encore ce groupe AC ?

A ma connaissance, AC n'existe plus.

La partie "réponse de LO" a semble-t-il été omise lors de la mise en ligne. En attendant que cela soit réparé, un camarade pourra certainement poster le scan sur le forum.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Message par Bertrand » 09 Avr 2012, 18:26

La LDC avril ( N°143) est en ligne :
ici

• Le vote Nathalie Arthaud : exprimer la permanence des idées du communisme révolutionnaire
• La construction européenne sous la menace de la crise
• Libye - Le bilan de l’agression impérialiste
• Irak - La guerre américaine pour le pétrole n’en finit pas
• Afrique - L’accaparement des terres agricoles et le développement de la faim : l’impérialisme toujours à l’œuvre
• Inde - La longue marche des partis communistes vers le réformisme


et la version audio :
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Message par Bertrand » 24 Mai 2012, 07:25

La LDC de mai (144) est en ligne :
Ici

• L’élection de Hollande et ses conséquences possibles dans le contexte de la crise économique
• Zénith - Intervention de Ghislaine Joachim-Arnaud, porte-parole de Combat Ouvrier
• Zenith - Intervention de Valérie Hamon, conductrice de train à Rennes
• Zenith - Intervention de Claire Rocher, infirmière au CHU de Dijon
• Zenith - Intervention de Jean-Pierre Mercier, ouvrier à l’usine PSA d’Aulnay-sous-Bois (Seine-Saint-Denis)
• Zenith - Intervention de Nathalie Arthaud
• Extraits du meeting de Nathalie Arthaud à Lyon (Vénissieux, 18 avril 2012)
• Textes des émissions de la campagne officielle
• Déclaration de Nathalie Arthaud au soir du premier tour (22 avril 2012)
• Résultats de l’élection présidentielle des 22 avril et 6 mai 2012


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Message par eric17 » 29 Mai 2012, 23:42

8) Pour les abonnés comme moi de"Lutte de Classe",l'avez vous reçus dans vos boites aux lettres car je ne l'ai toujours pas,bonne soirée,camarades :prosterne:
eric17
 
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Message par Zelda » 30 Mai 2012, 06:56

Tu parles de quoi ?
D'un abonnement tout récent, genre abonnement promotionnel de la fête ? Ou d'un abonnement depuis longtemps et un simple retard pour mai ?

Entre la fête et la campagne législative, faut pas s'étonner ce mois-ci si les camarades sont un peu débordés en tout cas.

Personnellement, je la paie aux camarades bien sûr, mais je ne la lis que sur le net (url ci dessus). On me donne malgré tout consciencieusement la version papier... que je n'utilise pas.
Zelda
 
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Message par jeug » 30 Mai 2012, 16:36

Ouais ben t'as pas les images !!
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Message par eric17 » 31 Mai 2012, 00:15

8) non,je l'ai reçu aujourd'hui,je suis abonné depuis 8 mois,elle est bien cette revue,merci aux camarades militants,je ne suis que sympathisant :hypocrite:
eric17
 
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Message par com_71 » 14 Juin 2012, 22:58

(com_71 @ dimanche 8 avril 2012 à 22:35 a écrit :
(Sinoue @ samedi  7 avril 2012 à 23:20 a écrit :

et j'aimerais savoir s'il existe une version numérique de la réponse de LO à ce groupe espagnol comme il est dit dans l'intro. D'ailleurs il existe encore ce groupe AC ?

A ma connaissance, AC n'existe plus.

La partie "réponse de LO" a semble-t-il été omise lors de la mise en ligne. En attendant que cela soit réparé, un camarade pourra certainement poster le scan sur le forum.

Le voilà :

a écrit :SUR LA MÉTHODE «D'ACCION COMUNISTA»

La manière dont les camarades de Accion comunista abordent la question de la nature de classe des États dits socialistes est, à bien des égards, intéressante. Mais avant d'engager la discussion sur le fond du problème, il nous paraît nécessaire de formuler deux remarques.
La première concerne le choix des citations que nous avons utilisées. Accion comunista nous accuse de «déformations particulièrement grossières» et d'avoir mélangé, «sans que le lecteur en soit averti, des citations tirées de textes signés par tel ou tel militant, et qui n'engagent donc que lui, d'autres du Comité de Rédaction de la revue, et d'autres enfin, élaborées par les instances centrales de l'organisation».
Tout en admettant que des divergences puissent exister (mais lesquelles ?) entre les «instances centrales de l'organisation» et le «Comité de Rédaction de la revue», nous avouons nous sentir le droit, tant que ces divergences ne sont pas publiquement et ou­vertement exprimées, de discuter de la politique de Accion comunista à partir des textes programmatiques élaborés par ses «instances centrales», comme à partir des articles engageant la rédaction de la revue. D'autant qu'il est bien difficile, lorsque l'on se trouve devant un texte signé Accion comunista (comme par exemple la réponse que nous publions dans ce numéro), de savoir si cette signature désigne l'organisation ou la revue !
Or toutes les citations que nous avons utilisées, sauf une, étaient tirées de tels textes. (Pour nos lecteurs qui voudraient s'y reporter, et vérifier si elles «déformaient grossièrement» la pensée de Accion comunista, il s'agit  de l'article-programme «Pour une alternative socialiste», signé A.C., paru dans le numéro 1 de Accion comunista ; de la «Plateforme d'Accion comunista», et de la «Réponse de Accion comunista à la Quatrième Internationale», publiées dans le numéro 14 ; de l'éditorial du numéro 15 ; et de «l'avant-projet» de «programme de transition» soumis par Accion comunista à «l'information publique» à l'époque où nous avons écrit l'article qui a motivé cette réponse de A.C.).
Quant à l'unique citation émanant de «tel ou tel militant», elle était tirée d'un article («Sur la pensée politique de Accion comunista», par Frederic Gomez, A.C. numéro 12) qui était suivi d'une note de la rédaction (que nous avons d'ailleurs citée), précisant bien que «dans le présent article s'expriment — comme dans tous les articles signés personnellement — les opinions de l'auteur», mais ajoutant aussitôt : «Si nous disons cela, ce n'est pas avec l'intention d'émettre des réserves sur un article qui a le mérite d'aborder un problème aujourd'hui fondamental... mais nous voulons éviter, de la part d'un lecteur mal informé ou mal intentionné, une interprétation erronée, dans le sens de considérer que nous élevons «officiellement» le «luxembourgisme» à la catégorie d'orthodoxie exclusive de Accion comunista... Nous rappelons à nos lecteurs que les militants regroupés autour de cette revue ne se sont pas réunis autour d'un «isme» déterminé — en dehors du marxisme comme fondement du socialisme scientifique». Quelles que puissent être les divergences — non exprimées d'ailleurs dans cette note — entre Frederic Gomez et la rédaction de Accion comunista sur la valeur à accorder à l'héritage «luxembourgiste», nous avions donc parfaitement droit de voir dans la publication de cet article, et de la note de la rédaction qui l'accompagnait, une manifestation de la manière dont Accion comunista se situe par rapport au léninisme, et par rapport au trotskysme.
Notre deuxième remarque concerne le reproche que nous adressent implicitement les camarades de Accion comunista — quand ils opposent aux mœurs qu'ils attribuent aux militants de Lutte Ouvrière celles qui président aux discussions au sein de leur organisation — d'avoir employé des termes comme «petit-bourgeois», «opportuniste» et «centriste». lis voient là le désir «d'attribuer systématiquement des intentions politiques suspectes aux camarades avec lesquels on n'est pas d'accord».
Nous n'avons pas attribué «des intentions», suspectes ou pas, aux camarades de Accion comunista. Nous avons discuté de ce qu'ils écrivent. Et nous ne voyons pas pourquoi des militants marxistes devraient, en renonçant à utiliser toute une partie du vocabulaire politique qui sert à cela, renoncer du même coup à discuter des conséquences que peuvent avoir sur la politique des organisations ouvrières et révolutionnaires, les pressions et l'idéologie de la petite bourgeoisie.
La discussion entre militants révolutionnaires doit toujours rester fraternelle, c'est-à-dire qu'elle doit exclure les procédés polémiques de bas étage, l'amalgame et la calomnie. Mais elle engage, ou du moins devrait engager, trop de choses importantes pour qu'elle puisse prendre la forme d'une discussion de salon, où l'on évite de dire tout ce qui pourrait déplaire à son interlocuteur. Et le reproche que nous adressent les camarades de Accion comunista nous paraît curieux, de la part de militants qui revendiquent si hautement le «droit à la critique». A moins qu'ils ne le refusent aux autres, par rapport à leurs propres positions.
Ces remarques étant faites, venons-en au fond du problème, c'est-à-dire à la méthode avec laquelle Accion comunista aborde le problème de la nature de l'État dans les pays dits socialistes.
Après avoir cité une phrase extraite du numéro 24 de Lutte de Classe : «Il ne peut exister  à notre époque que des États bourgeois ou des États ouvriers», le rédacteur de Accion comunista écrit donc : «Cette argumentation est si nettement scolastique et antimarxiste, qu'au lieu de faire appel à l'analyse des classes et de la structure économique, elle n'hésite pas à évoquer la dichotomie des sexes». Et après avoir expliqué que la réalité est infiniment plus complexe, il invoque le syndrome de Klinefelter pour en conclure «qu'il y a des cas irréductibles».
C'est vrai que la réalité est infiniment plus complexe que toutes les classifications élaborées par l'esprit humain pour y mettre un peu d'ordre, et essayer de la saisir. Et il n'y avait pas besoin d'aller chercher le syndrome de Klinefelter pour démontrer que dans toutes ces classifications, il y a des cas bien difficiles à résoudre, car c'est une vérité générale.
Pour prendre une autre comparaison biologique, puisque le rédacteur de Accion comunista semble les apprécier, la différence entre un mammifère et un reptile, quand on pense au cheval et au crocodile, semble évidente. Mais bien des espèces fossiles, et quelques espèces encore vivantes ne se laissent pas si facilement ranger dans les tiroirs créés par les spécialistes de la systématique. Et cela est normal puisque, dans l'évolution biologique il y a eu une continuité, des reptiles aux mammifères, et que ce sont les biologistes qui ont inventé, en quelque sorte, et ces  classes, et la limite qui les sépare.
Cela ne signifie pas pour autant que cette classification soit sans valeur, arbitraire, ni même que les cas difficiles soient "irréductibles", pour reprendre la terminologie de Accion comunista. Mais ce qui est profondément «scolastique» et «antimarxiste», c'est d'oublier que cette classification, comme toutes les classifications, est un instrument intellectuel, qui n'a de sens qu'en fonction des problèmes que l'on se propose de résoudre avec ; c'est de croire qu'elle a une valeur en elle-même, qu'elle existe indépendamment de la pensée humaine, et que les problèmes de classification se ramènent à ranger ensemble des êtres qui se ressemblent.
C'est pourtant ce que fait le rédacteur de A.C. quand il écrit : « L.O. ne voit pas ce que l'U.R.S.S., la Chine, la Pologne et la Yougoslavie, par exemple, ont en commun. Ce qui est assez original, car les camarades de L.O. doivent être à peu près seuls au monde à ne pas voir ce que ces sociétés ont en commun : une économie étatisée, gérée bureaucratiquement».
Accion comunista nous attribue décidément une myopie politique hors du com­mun. Mais si, nous voyons très bien ce que ces sociétés ont en commun. Mais nous voyons aussi ce qu'elles ont de différent, leur origine. Et à la différence de Accion comunista et de tous ceux qui mettent un signe d'égalité entre ces sociétés, nous considérons, nous, que du point de vue marxiste révolutionnaire, c'est plus important.
D'ailleurs, si le rédacteur de A.C. trouve réconfortant de se trouver en si nombreuse compagnie, parmi ceux qui voient dans l'U.R.S.S. et dans la Chine des États de même nature, il devrait tout de même s'inquiéter en constatant que pour les uns il s'agit là d'États ouvriers dégénérés ou déformés, pour les autres d'États capitalistes d'État, et pour lui-même, si nous le comprenons bien, d'États « bureaucratiques ».
Comme quoi le « bon sens » qu'il invoque si ironiquement semble donner des réponses bien contradictoires. Mais c'est que le "bon sens" n'est que la logique des apparences...
Là aussi, une comparaison biologique nous aidera peut-être à nous faire comprendre des camarades de Accion comunista. Pour qui la voit voler, une chauve-souris ressemble infiniment plus à une chouette qu'à un éléphant, et pour qui le voit nager, un dauphin à un thon qu'à un chevreuil. Il n'empêche que les zoologistes considèrent le thon comme un poisson, la chouette comme un oiseau, et mettent ensemble le dauphin, le chevreuil, la chauve-souris et l'éléphant dans la classe des mammifères.
Est-ce parce qu'ils ne «voient pas» ce que chouette et chauve-souris d'une part, thon et dauphin, d'autre part, ont en commun ? Cer­tainement pas, mais c'est parce qu'ils considèrent plus important le fait que la chauve-souris et le dauphin mettent au monde des petits vivants qu'ils allaitent, que le fait que la première ait des ailes qui lui permettent de voler comme un oiseau, et que le second soit adapté à la vie aquatique comme un poisson. Et pourquoi privilégient-ils certains critères plutôt que d'autres ? Pas arbitrairement bien sûr, pas non plus en fonction des prétendues évidences et du "bon sens" mais parce que ranger la chauve-souris et le dauphin dans les mammifères permet de comprendre bien mieux l'évolution biologique que ne le permettrait de faire une classification qui ferait de la chauve-souris un «animal volant» au même titre que les oiseaux, et du dauphin un «animal nageant» au même titre que les poissons.
Mais cela ne signifie pas, bien sûr, que les critères retenus par les biologistes soient les meilleurs en eux-mêmes, indépendamment du problème à résoudre, et qu'on ne puisse pas en choisir d'autres, pour résoudre d'autres problèmes. Qui veut aller à la chasse au dauphin, par exemple, aura plus intérêt à retenir qu'il ressemble à un thon, plutôt qu'il ressemble à un chevreuil.
Nous pouvons sembler, en disant cela, très loin du problème de la nature de l'État dans les pays dits socialistes. Mais nous en sommes au contraire tout près. Car là aussi, avant de se demander quelle étiquette il faut mettre sur tel ou tel État, il faut se demander à quoi sert cette classification.
La discussion sur la nature de classe de l'U.R.S.S. ou de la Chine apparait généralement, de l'extérieur du mouvement révolutionnaire, hautement byzantine. Et elle l'est même aussi, souvent, vue de l'intérieur. Mais il faut bien comprendre que l'aspect qu'elle a de l'extérieur, n'est pas seulement lié à la manière dont cette discussion est menée : il est inhérent à cette discussion elle-même, qui n'a aucun sens pour qui ne se place pas sur le terrain du marxisme révolutionnaire. Et si elle apparaît, aussi, souvent byzantine vue de l'intérieur, cela tient à ce que de nombreux révolutionnaires ont oublié le sens réel de cette discussion. Si Marx et Engels ont inventé le concept d'État de classe, c'est parce qu'ils étaient des militants révolutionnaires, et pas seulement parce qu'ils étaient des intellectuels de talent. C'est parce qu'ils étaient les porte-parole d'une classe, le prolétariat, qui en avait besoin pour comprendre ses tâches historiques, et les mener à bien, alors que jusque-là, toutes les révolutions que l'histoire avait connues s'en étaient fort bien passées.
Et pourtant, contrairement à ce que pourrait croire le rédacteur de Accion comunista, les choses n'étaient pas plus claires au XIXème siècle qu'aujourd'hui. Avant de dégager les notions d'État bourgeois et d'État ouvrier s'opposant de manière irréductible, Marx et Engels n'ont évidemment pas eu l'occasion de se pencher sur la nature de l'U.R.S.S., des démocraties populaires, de la Chine ou de Cuba. Mais ils avaient sous les yeux les États prussien, russe et austro-hongrois, que le rédacteur de Accion comunista aurait sans doute estimés à l'époque «irréductibles» à la notion d'État, instrument de domination d'une classe sociale déterminée, tant ces défenseurs de l'ordre social bourgeois étaient marqués par les survivances du passé féodal. Et, en dépit des révolutions du XVIIème siècle en Angleterre, et du XVIIIème en France, le cas de ces deux derniers pays n'était guère plus clair. On oublie trop souvent en effet que c'est dans une Europe où tous les États de quelque importance étaient des monarchies, où l'éphémère deuxième République française venait de céder la place au deuxième Empire, que Marx et Engels affirmèrent la nécessité, pour la classe ouvrière, de détruire la vieille machine d'État bourgeoise, et d'instaurer à la place son propre pouvoir.
Comme toutes les abstractions, ces notions d'État bourgeois et d'État ouvrier simplifiaient évidemment une réalité complexe. Mais elles reposaient sur l'analyse qui avait conduit les fondateurs du socialisme scientifique à affirmer, à une époque où le prolétariat, même dans les pays les plus industrialisés, était encore embryonnaire, que «le caractère distinctif... de l'époque de la bourgeoisie, est d'avoir simplifié les antagonismes... en deux grandes  classes diamétralement opposées : la bourgeoisie et le prolétariat», et que ce prolétariat serait le moteur de la révolution socialiste mondiale. En même temps, cette notion d'État de classe armait la classe ouvrière, en lui traçant ses tâches révolutionnaires.
Et si la notion d'État de classe fut un des principaux acquis du marxisme, elle fut aussi inversement, la cible de toutes les tentatives révisionnistes, qui s'ingéniaient à essayer de prouver que les choses étant plus «complexes» que cela, la classe ouvrière n'aurait pas besoin de briser la machine d'État bourgeoise pour se libérer de l'exploitation capitaliste, qu'elle pourrait utiliser cette machine pour améliorer son sort. Car la notion d'État de classe, et celle de révolution prolétarienne, sont bien sûr étroitement liées.
Il ne faut pas oublier cela, quand on s'interroge aujourd'hui sur la nature de classe de tel ou tel État. Il s'agit bien sûr, comme l'écrit Accion comunista «de faire appel à l'analyse des classes», mais précisément pour se demander quelle classe contrôle ces appareils d'État, quelle classe les a mis en place.
Il y a bien sûr des cas simples, et des cas plus difficiles. L'État français, ou espagnol, est indubitablement un État bourgeois. Mais l'État chinois, où la bourgeoisie industrielle et financière semble avoir pratiquement disparu ? Mais l'État soviétique actuel, où le prolétariat est manifestement dépossédé du pouvoir ?
Si l'on en croit la comparaison du rédacteur de Accion comunista, il les considère comme aussi «irréductibles» à la notion d'État de classe (bourgeois ou ouvrier), que ne le seraient les individus atteints de certaines anomalies génétiques, à la notion de sexe (masculin ou féminin). Comparaison n'est certes pas raison. Mais l'exemple choisi par le rédacteur de A.C. ne va nullement dans son sens, car soit dit en passant, si les gens désireux de philosopher sur la relativité des classifications établies par l'homme, peuvent se permettre de voir dans les victimes d'aberrations génétiques la preuve que la division de l'humanité en deux sexes distincts n'est pas absolue, la médecine, à partir du moment où elle veut intervenir, est bien obligée de faire un choix, et d'essayer de corriger les ambiguïtés sexuelles des gens dont le sexe n'est pas évident, au départ, dans un sens ou dans l'autre.
Dans le cas des États qui s'écartent des normes habituelles, des États «monstres» en quelque sorte, il faut aussi faire un choix. Et le bon choix, c'est celui qui permet de mieux comprendre la place de ces États dans le processus de la révolution socialiste mondiale.
Accion comunista qui, il est vrai, ne raisonne jamais de ce point de vue, mais qui part toujours d'une analyse des rapports de production et des formes de gouvernement considérés uniquement dans le cadre national de ces États (ce qui est, pour des marxistes, une aberration), a choisi de créer, pour y ranger les cas qui lui semblent « irréductibles » aux notions d'État ouvrier et d'État bourgeois, une troisième catégorie d'État : celle des États «bureaucratiques». Mais le problème, c'est de savoir si cette notion permet de s'y retrouver mieux dans la complexité de la réalité, ou si elle embrouille encore plus les choses.
Lutte Ouvrière, écrit le rédacteur de A.C., est «incapable de percevoir la profondeur du phénomène bureaucratique». Mais qu'est-ce que A.C. entend par «phénomène bureaucratique» ? La bureaucratie de l'U.R.S.S., celle de la Chine, celle des démocraties populaires, sont-elles les représentantes d'une nouvelle classe sociale ayant un avenir à l'échelle mondiale, et ouvrant à l'humanité une troisième voie entre le capitalisme et le socialisme ? Si Accion comunista (reprenant au fond une théorie qui n'a rien de nouveau, et que d'autres élaborèrent il y a quelque quarante ans, eux aussi à partir des ressemblances qui existaient entre l'U.R.S.S. et les États fascistes, et en forgeant eux aussi une nouvelle catégorie d'États, celle des États «totalitaires»), si Accion comunista donc, répond oui à cette question, alors A.C. a effectivement le droit de qualifier ces États d'États «bureaucratiques». Mais il ne peut pas se borner à changer les étiquettes de quelques États. Il lui faut également réécrire dans cette nouvelle perspective le Manifeste Communiste, et procéder à une critique encore bien plus profonde des «vieux textes» qu'il ne l'a jamais fait... tout en montrant comment cette conception explique mieux que la «vieille» théorie marxiste l'histoire de notre époque. Si A.C. répond non à cette question, alors cette notion d'États «bureaucratiques» est vide de sens, puisqu'elle ne répond pas à la question essentielle pour des révolutionnaires : quelle place occupent les phénomènes qui ont donné naissance à ces États dans le processus de la révolution mondiale ?
En fait, à moins qu'un texte capital de Accion comunista nous ait échappé, A.C. ne répond nulle part à la question de savoir si la bureaucratie est oui ou non une nouvelle classe sociale aspirant à la domination du monde. Mais c'est justement là la pire des attitudes, celle de l'éclectisme, qui se préoccupe peu de savoir s'il ne résout pas deux problèmes liés, par deux méthodes contradictoires.
Pour notre part, quelles que soient par ailleurs les ressemblances — et elles sont nombreuses — qui existent entre ces États, nous nous refusons à mettre un signe égal entre l'U.R.S.S. et la Chine ou les démocraties populaires. Et ce faisant, ce n'est pas nous qui faisons des «contorsions théoriques» comme dit A.C. Ce sont les gens qui qualifient la Chine d'État ouvrier, bien que le prolétariat n'y ait jamais exercé le pouvoir, ou ceux qui qualifient l'U.R.S.S. d'État bourgeois, sans seulement être capables de dire quand a eu lieu la contre-révolution qui, d'après eux, a ramené la bourgeoisie au pouvoir. Ce sont aussi ceux qui se sentent obligés d'inventer un troisième sexe pour y ranger la femme à barbe et le travesti qu'ils ont rencontrés.
Et si le fait de dire que l'U.R.S.S. est un État ouvrier dégénéré, parce que la classe ouvrière y a pris le pouvoir, puis a abandonné celui-ci à une bureaucratie de plus en plus puissante ; si le fait de dire que la Chine est un État bourgeois parce que jamais la classe ouvrière n'y a exercé la moindre parcelle de pouvoir ; si ces analyses sont simplistes, alors c'est du même simplisme que celui qui amena Marx et Engels, à partir d'une réalité tout aussi complexe que celle d'aujourd'hui, à généraliser les notions d'État ouvrier et d'État bourgeois.
C'est à ses résultats que l'on reconnaît la valeur d'une théorie. Celle qui consiste à qualifier tous les États soi-disant socialistes d'États ouvriers «dégénérés» ou «déformés», et donc à voir dans d'autres couches sociales que le prolétariat le moteur possible d'une transformation socialiste de la société, a amené ses partisans à capituler politiquement, partout, devant des directions nationalistes-bourgeoises, et à se mettre à leur remorque. Celle qui consiste à qualifier tous ces États, U.R.S.S. comprise, d'États bourgeois, au lieu d'aider à comprendre l'antagonisme profond qui oppose l'U.R.S.S. à l'impérialisme, en masque les racines. Quant à celle qui consiste à qualifier tous ces États d'États «bureaucratiques», elle ne peut que rendre ses défenseurs, s'ils essaient d'être un peu conséquents avec eux-mêmes, incapables de comprendre quoi que ce soit à la politique des partis communistes (et Accion comunista, qui pense que la perspective des partis staliniens est la «constitution de l'économie collectivisée d'État», ne fait pas exception à la règle).
Le rédacteur de A.C. a été profondément indigné par le fait que nous avions écrit, à propos d'un texte où A.C. affirmait la nécessité de «l'expulsion des représentants des monopoles dans l'appareil d'État», que Accion comunista était perdu sur ce problème. «Il faut une interprétation très malveillante pour croire, ou faire semblant de croire, que nous voulons nous emparer de l'État bourgeois et non pas le détruire». Mais en fait, comme nous venons de le voir, c'est toute la théorie marxiste de l'État que A.C. remet en cause.
Cet abandon de la théorie marxiste de l'État n'est pas propre à Accion comunista. Mais dans le cas de Accion comunista, elle découle directement de la méthode intellectuelle que A.C. revendique hautement dans la dernière partie de sa réponse, en ironisant sur la fidélité de L.O. aux vieux textes.
C'est vrai que nous choisissons nos textes, non pas ceux que nous lisons (pourquoi la lecture de Korsch présenterait-elle plus de danger que la lecture de... Accion comunista ?), mais ceux dont nous nous réclamons. Parce que nous ne pensons pas que l'on puisse militer sans choisir son camp, celui auquel nous appartenons aujourd'hui, comme celui auquel nous aurions appartenu hier.
Or, cette capacité de choisir semble faire singulièrement défaut à Accion comunista. Non seulement quand il s'agit de déterminer la nature de classe de la Chine ou de l'U.R.S.S., mais aussi quand il s'agit de se définir politiquement.
Nous, nous avons effectivement choisi entre Lénine et Korsch, entre le dirigeant de la première révolution prolétarienne victorieuse, et le représentant d'un courant politique qui affirmait que la Révolution d'Octobre était une révolution bourgeoise. Nous ne pensons pas pour autant que les bolchéviks n'aient pas pu faire d'erreurs politiques, pas plus que nous ne pensons que tout ce qu'à dit et écrit Trotsky entre 1923 et 1940 était juste a priori. Mais nous nous reconnaissons, par delà les années, dans la ligne politique des bolchéviks, dans la Révolution d'Octobre, dans la lutte de l'Opposition de Gauche et de la Quatrième Internationale du temps de Trotsky. Si Accion comunista appelle "culte du passé" le fait d'accorder son juste prix à l'héritage politique du courant dont nous nous réclamons, eh bien soit, nous avons le culte du passé.
Mais soit dit en passant, les vieux textes en question valent bien tout ce que les camarades de Accion comunista ont écrit depuis onze ans pour «repenser» le marxisme.
Le Programme de Transition a peut-être vieilli par certains aspects. Un certain nombre d'affirmations, en particulier celle qui chagrine tant A.C. («La crise historique de humanité se réduit à la crise de la direction révolutionnaire») devraient sans doute être réécrites autrement aujourd'hui, après une période de près de trente ans de stabilisation relative du capitalisme. Mais c'est une question secondaire. Et tel qu'il est, ce programme est une boussole d'une autre qualité que les «recherches» et les «réflexions» dont se targuent tant les camarades de A.C.
Ce n'est pas de leur faute, d'ailleurs, s'ils n'ont pas fait mieux, en matière d'élaboration politique, que ce «vieux» programme, qui concentrait l'expérience de plusieurs générations de militants ouvriers, et de tout le mouvement socialiste international, de Marx à Trotsky. Pour faire mieux, il faudra attendre une renaissance du mouvement ouvrier révolutionnaire qui lui permette d'intervenir réellement dans les luttes sociales, et d'accumuler une nouvelle moisson d'expériences, au niveau des problèmes qui existaient déjà du temps de Trotsky, comme de ceux qui ont surgi depuis.
Mais c'est par contre la responsabilité des camarades de Accion comunista de ne pas s'être rendu compte que leurs prétentions à théoriser, alors qu'ils étaient autant hors du «mouvement ouvrier réel» que les groupes trotskystes espagnols des années 1936-37 qu'ils traitent si dédaigneusement, que l'éclectisme dans lequel ils se précipitaient tête basse dès le début de leur existence, ne pouvaient les mener qu'à des déblâcles théoriques.
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Message par com_71 » 17 Juil 2012, 13:01

La LDC 145 (juillet-août 2012) est en ligne :

ici

* « État PS » ? Surtout huissier du grand capital financier
* Crise de la dette : les problèmes de la bourgeoisie... et ceux des travailleurs
* Le Front de gauche : une nouvelle version des illusions électoralistes
* Trois ans après sa fondation, où en est le NPA ?
* Syrie - La population prise au piège entre les calculs des grandes puissances...
* États-Unis - La situation politique et sociale au printemps 2012
* Allocution de Nathalie Arthaud à la fête de Lutte Ouvrière (dimanche 27 mai 2012)
* Émissions télévisées et radiodiffusées de la campagne des élections législatives
* Législatives - Les résultats de Lutte Ouvrière

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Message par Zelda » 04 Oct 2012, 21:22

Saloute,

La LDC 146 de sep/oct 2012 est en ligne

http://www.lutte-ouvriere.org/documents/ar...utte-de-classe/

La gauche gouvernementale face à la crise
Afrique du Sud - Après le massacre de Marikana
Afghanistan - Les États-Unis embourbés dans la plus longue de leurs guerres
Côte d’Ivoire - La situation, un an après la fin de la guerre
Haïti - Prendre aux riches pour améliorer le sort des classes pauvres !
France - Peugeot : deux cents années d’exploitation

et la version audio pour ceux qui ne se sont pas abonnés à l'alerte par mail :

http://www.lutte-ouvriere-audio.org/archivesLDC/LDC146.php
Zelda
 
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