a écrit :Fête de Lutte Ouvrière / L'évangile selon Nathalie
Publié le lundi 04 avril 2011 à 10H14
C'est la lutte finale !
REIMS (Marne). Lutte ouvrière organisait sa fête annuelle hier, à Reims, salle Rossini. L'occasion pour la porte-parole nationale Nathalie Arthaud de nous entonner les classiques que chantait autrefois Arlette Laguillier. A la décharge de Nathalie, il faut dire que le monde depuis Arlette n'a pas beaucoup changé. Sinon en pire !
Je me demande si je ne vais pas adhérer à Lutte Ouvrière. Au moins avec Lutte Ouvrière, les choses sont simples. Il y a les petits et les gros, les gentils et les salauds. Un peu comme dans l'Evangile finalement. Qu'est-ce qu'il dit, Jésus déjà ? Ah oui : « Il est plus aisé pour un chameau de passer par le chas d'une aiguille que pour un riche d'entrer dans le royaume des cieux. »
Tout petit, cette phrase m'interrogeait. Qu'est-ce qu'un chameau peut bien faire dans un chat ?, je me demandais. C'est que je confondais bêtement, c'est le cas de le dire, chas et chat. Nathalie Arthaud ne confond pas chas et chat. Et elle pense dur comme fer que jamais les bourgeois n'iront au paradis prolétaire. Car le paradis prolétaire existe. Qu'importe que pour l'heure, il ne soit pas de ce monde !
En revanche, l'enfer est partout. Pavé des « bonnes » intentions des capitalistes. Là où Jésus parlait de marchands du temple, Nathalie Arthaud parle de capitalistes. Il suffit de voir la spéculation sur les matières premières en ce moment. Le blé vendu à la Bourse. Plus fort que la multiplication des petits pains, la multiplication du blé en blé, voire en oseille ! Nathalie Arthaud ne porte pas dans son cœur, on s'en doute, ceux qui font du lard au CAC 40, tous des parasites ! Qu'on ne lui parle pas de la dette publique. Qui est-ce qui l'a faite, la dette d'abord ? L'argent qui manque, il est passé dans la poche des banquiers ! Et aussi des grands patrons ! Il faudrait un bon Mai-68 pour effrayer le bourgeois ! Mieux encore, un Mai-36.
Mais pour l'heure, il est un peu mou le populo. « Il y a un recul de la conscience de classe », reconnaît Nathalie Arthaud qui se prend à rêver d'un printemps sur le modèle du printemps arabe. A ce propos, si elle soutient de tout cœur la révolte du peuple contre Kadhafi, elle condamne aussi de tout cœur l'intervention occidentale. Car dans le contexte international où les vauriens dominent tout, on ne peut pas imaginer qu'une action soit gratuite. Elle n'a pas tort là encore, car qui croit encore aux actions gratuites de l'Otan ? Mais là où l'on chercherait une explication, Nathalie l'a déjà trouvée : impérialisme. Qu'est-ce que l'impérialisme ? C'est le pouvoir des gros, des bourgeois.
Etre présent en 2012
Les bourgeois, comme les parasites, Nathalie Arthaud les débusque partout. Sous toutes les latitudes et longitudes. Dans le chaud et le froid, le sec et l'humide, le dur et le mou. Au Japon en ce moment, ce sont les dirigeants qui ne se soucient pas de ceux qui ont tout perdu. Mais qu'on ne lui parle pas pour autant de sortir du nucléaire. Encore une stratégie de diversion des gros, ou pire encore, des valets des gros que sont les écologistes.
Le Pen père et fifille ? Pire que le serpent du paradis, des réactionnaires venimeux qui cherchent à diviser la classe prolétaire entre ouvriers d'ici et ouvriers de là-bas (émigrés). Pour lutter contre les bourgeois, Nathalie Arthaud se présentera en 2012. Car inutile de dire qu'elle n'a pas l'intention de concourir aux primaires du PS. Le PS ? Il se couche à plat ventre devant les bourgeois ! Mélenchon et le PC ? Idem ! Tous des valets de l'impérialisme comme on disait autrefois à gauche, et comme on ne dit plus qu'à Lutte Ouvrière aujourd'hui.
Et qu'importe que Lutte Ouvrière ne soit pas élue. « Le bulletin n'a jamais changé le sort des travailleurs », dit-elle. Cela ne l'empêche pas de croire qu'un jour, il y aura une révolution et qu'« on vivra dans une société où tous les travailleurs dirigeront l'économie pour le bonheur de tous ».
Sur ce, et en guise d'Alléluia, tous ensemble : « C'est la lutte finâââââle ! »
Bruno TESTA (
btesta@journal-lunion.fr)