(Matrok @ dimanche 18 septembre 2011 à 08:26 a écrit :Un débat d'un haut niveau, surtout grâce aux interventions percutantes venues du public. Bon là j'ai un train à prendre alors je ne vais pas avoir le temps d'un résumé plus complet.
Résumé de mémoire, donc, mais ma mémoire me joue des tours et sans prises de notes tout ne revient pas. Les citations entre guillemets sont évidemment approximatives (mais le sens y est) :
Introduction historique/théorique d'Eric Pecqueur, puis un topo de Pierre Vandrille sur les axes de la campagne à venir de Nathalie Arthaud. Je n'entre pas dans les détails, le contenu est connu ici (ou
là, ou se trouve sans peine dans
votre hebdomadaire favori). Quelques salves d'applaudissements laissent quand même penser que le chapiteau abrite en grande partie des convaincus d'avance...
Puis on passe le micro au public, d'abord à un monsieur debout au fond de la tente. De mémoire, il se dit d'accord sur l'essentiel : la perspective du communisme, et donc la nécessité de la révolution que seule la classe ouvrière pourra mener, la nécessité d'un parti révolutionnaire. Jusque là d'accord. Puis : "c'est pour ça que je suis au Front de Gauche". Sur un ton assez dur, il reproche à LO de s'isoler : "le parti bolchévique avait 60000 membres, lui" ! etc. Puis on passe le micro à une dame devant lui. Elle revient sur quelque chose qu'avait dit Eric Pecqueur et qui pour elle ne passe pas : les trahisons de la gauche et en particulier des ministres communistes. Sur le ton "bof", elle dit : "il y a eu des trahisons ? Oui... mais c'est pas l'essentiel". Elle raconte : "au début des années 80, dans ma boîte, on avait démarré une grève : on était deux ! Quand je disais autour de moi "il faut y aller", on me répondait : "mais tu es folle, maintenant la gauche est au pouvoir, tout va marcher tout seul". Et puis des années après, on m'a dit "tu avais peut-être raison". Résumé : "les trahisons de la gauche, c'est à cause de notre propre faiblesse, il fallait les pousser à une politique de gauche, et on ne l'a pas fait". Donc on doit être plus fort, donc gommer les divisions et soutenir le Front de Gauche.
Réponses d'Eric et Pierre. Sur le fond, le but du Front de Gauche, instrument de la campagne de Mélenchon, est de propulser ce dernier, pas autre chose. Comparer ça au parti bolchévique... bref. Quant à dire que c'est la faute du peuple si les ministres communistes ont trahi, c'est un peu facile : ce sont leurs promesses qui ont créé des illusions, et leurs trahisons qui ont découragé. Ces illusions et ce découragement viennent de là, d'abord !
De nouveau on passe le micro au public : le monsieur qui avait fait la première intervention veut répondre, on lui fait savoir gentiment que d'autres aimeraient pouvoir s'exprimer. Une autre dame prend le micro : elle est à la CGT dans un hôpital parisien, et affirme entre autres choses que "de tous les syndicats la CGT est la seule qui lutte contre le capitalisme". Puis elle enchaîne sur la nécessité de la lutte "tous ensemble", sur son agacement face aux divisions de la gauche et de l'extrême gauche. On passe ensuite à quelqu'un d'autre dans le public, qui commence par prendre des précautions oratoires : "ce que je vais dire va être très déphasé", puis "voila : je suis patron.". Sourires sous la tente. Il part alors dans un discours en plusieurs points : "le capitalisme, c'est la ruine de la planète et de l'humanité, définitivement, il faut y mettre fin". Puis : "nous vivons dans un monde virtuel, celui de la finance. Toutes les décisions qui comptent pour l'économie sont prises par des capitalistes financiers qui n'ont aucune idée claire de ce qu'est l'économie réelle, ils vivent dans leur monde". Là mon frangin me glisse à l'oreille : "si ça c'est déphasé, alors tout va bien !" Comme ça m'a amusé, je ne me souviens plus trop de la suite : c'était en effet déphasé car moins politique que d'autres interventions, au sens où ça parlait moins de partis et de syndicats que d'économie, plus de convictions que d'action, mais c'était une suite de constats assez lucides. Il a parlé des "indignés" et des révolutions arabes aussi, et déploré qu'il n'y avait pas de direction à ces explosions là.
Réponses, d'Eric Pecqueur d'abord, au sujet de la CGT "toi tu es à la CGT [dans tel hôpital], moi dans l'automobile". Puis "on n'est même pas sûr qu'il y aura bien une journée d'action le 21 octobre", dit Eric Pecqueur, "le 11 !" réplique l'assistance, "oui, le 11 octobre", bon, il énumère les revendications, visiblement pas folichonnes, ce qui fait râler la dame qui était intervenue. Puis c'est Pierre Vandrille qui répond à l'autre intervenant : on partage une partie de son constat... (je ne sais plus la suite, ma mémoire flanche). À un moment le monsieur qui était intervenu en premier crie "et mai 68 alors ?!", un peu hors de propos à tel point que c'était difficile de savoir ce qu'il voulait dire. Pierre a répondu un truc du genre "le PCF a tout fait pour freiner la mobilisation, et les augmentations de salaire obtenues ont été mangées par l'inflation en un rien de temps".
On redemande à l'assistance si quelqu'un veut intervenir. Le monsieur qui avait parlé en premier et gueulé "mai 68" redemande le micro. Comme personne d'autre ne semble vouloir intervenir on lui redonne. Il précise alors ce qu'il voulait dire au sujet de mai 68 : "le peuple français a une tradition révolutionnaire. 36, 68... ça reviendra ! ce qu'il manque c'est un parti, mais c'est aussi des organes démocratiques qui regroupent au delà des partis, comme les soviets", et il fait allusion aux comités du Front de Gauche.
Réponse(s) de la tribune (je ne sais plus si c'était Eric ou Pierre) : "si je comprends bien, pour toi les comités du Front de Gauche c'est un peu comme les soviets, c'est ça ?" "oui !" "bon, ben on n'est pas d'accord : les soviets c'était des organes de pouvoir d'un peuple en révolution. Là on n'est pas dans une situation révolutionnaire et..." Le monsieur s'égosille : "mais la révolution russe est partie d'une élection !" (quelques "hein ?" et "quoi ?" dans l'assistance). Un petit silence à la tribune, puis : "heu non, la révolution est partie d'une journée d'action des femmes, enfin bon !", quoi qu'il en soit les comités de soutien au Front de Gauche sont des comités de soutien à une opération électorale, et en rien des organes de pouvoir, ce n'est pas la révolution.
Quelques mots de conclusion, puis le débat se termine, en tout cas via les micros, il se continue sous la tente et dans l'allée...