Quand on se bat, on n'est pas sûr de gagner, si on ne se

Réunions publiques, fêtes et autre...

Message par Bertrand » 04 Fév 2013, 17:29

Edito LO du 4 février 2013

a écrit :QUAND ON SE BAT, ON N'EST PAS SÛR DE GAGNER, SI ON NE SE BAT PAS, ON EST SÛR DE PERDRE

Depuis le 16 janvier, des travailleurs de l'usine PSA d'Aulnay-sous-Bois sont en grève reconductible pour sauver leur emploi. Depuis trois semaines, les travailleurs de Renault multiplient les débrayages pour dire non à l'accord de compétitivité que la direction veut imposer. Alors que Goodyear a annoncé sa décision de fermer l'usine d'Amiens, les 1200 travailleurs visés se préparent à résister. Comme c'est déjà le cas à Virgin, à Sanofi ou à Candia.

Tous font face à des patrons de combat qui ne reculent devant aucun mensonge ni intimidation. La direction de PSA accuse les grévistes d'Aulnay d'être des "casseurs". Celle de Goodyear accuse la CGT d'être "jusqu'auboutiste" et responsable de la fermeture. Celle de Renault menace de fermer deux usines si les syndicats ne signent pas l'accord de compétitivité.

Des chantages, des accusations grossières que des journalistes répètent tels des perroquets, parce qu'ils ont vu des travailleurs laisser exploser leur colère ou parce qu'ils ont vu une caisse de boulons renversée ! Oh, on ne verra pas le PDG de PSA ou celui de Renault donner un coup de pied dans une porte. Pour ces gens-là, de toute façon, les portes s'ouvrent toutes seules. On ne les verra pas non plus proférer des propos menaçants : ils laissent ça aux vigiles et aux cadres qu'ils envoient intimider et provoquer.

Mais les décisions de ces dirigeants causent des dégâts incalculables pour toute la société. En supprimant des emplois, ils font basculer dans l'angoisse des milliers de femmes et d'hommes. Combien de familles condamnent-ils à la misère ? Combien de sous-traitants et de petites entreprises forcent-ils à mettre la clé sous la porte ?

On ne compte plus les entreprises fermées, les sites et les installations industrielles laissés à l'abandon. Ce sont parfois des usines modernes qui pourraient fabriquer pour de longues années encore des biens utiles. Tout cela est cassé, démantelé, abandonné au nom de la rentabilité et des profits.

Ces patrons de grandes entreprises sont des casseurs qui démolissent des outils de production créés par des générations de travailleurs. Ils prétendent ne pas avoir le choix, mais ils sont loin d'être acculés : 9 milliards de profits pour Sanofi en 2011 ! 786 millions pour Renault sur les six premiers mois de 2012 ! Peugeot, qui aligne de mauvais chiffres, a arrosé de milliards les actionnaires ces dernières années. Quant à Goodyear, il va certainement battre en 2012 ses résultats de 2011, mais cela n'a pas empêché un de ses dirigeants de déclarer qu'"il faut accepter de se couper un bras pour ne pas mourir" ! Sauf qu'il ne s'agit jamais de leurs bras à eux !

Montebourg a osé affirmer que les demandes de Renault étaient "modérées" et qu'il fallait que les syndicats signent. Comme si perdre jusqu'à 21 jours de congés et faire 1 h 30 de route, matin et soir, pour travailler n'était pas un recul grave ! Comme si perdre 100, 200, 300 euros sur des petits salaires n'était pas une catastrophe !
Il a aussi invité les travailleurs de Goodyear à "mettre de l'eau dans leur vin". Comme si, en 2007, ils auraient dû se plier aux diktats de Goodyear et accepter de passer à des horaires d'équipe infernaux, à la semaine de 48 h sans augmentation de salaire, et... 400 suppressions d'emplois !

"Accepter des sacrifices pour sauver les emplois", voilà la nouvelle chanson patronale, reprise par Montebourg et par certains dirigeants confédéraux. Mais on l'a vu avec Continental : les travailleurs de l'usine de Clairoix qui avaient accepté des reculs sans précédent ont tous été licenciés. Aujourd'hui, Continental est l'une des firmes les plus profitables d'Allemagne, mais la grande majorité des travailleurs licenciés sont sur le carreau.

Les sacrifices que le patronat veut imposer aux travailleurs ne serviront pas à sauver les emplois, mais à grossir les profits. Le gouvernement et tous ceux qui prêchent l'acceptation aux travailleurs sont des faux-amis qui "soutiennent" les travailleurs, comme la corde soutient le pendu !

Les travailleurs qui se battent n'attendent rien de personne, ils ont décidé de se défendre par eux-mêmes. Et, en se battant pour leur emploi et leur salaire, ils se battent pour une cause qui concerne tous les travailleurs : ceux qui sont menacés aujourd'hui et ceux qui le seront demain.

Les travailleurs représentent, collectivement, une force considérable qui fait tourner toute l'économie et qui peut et doit imposer ses intérêts. Se battre ensemble contre les licenciements, contre les accords de surexploitation doit être un objectif commun.

Avatar de l’utilisateur
Bertrand
 
Message(s) : 731
Inscription : 25 Juil 2003, 15:27

Message par Puig Antich » 12 Fév 2013, 03:34

Il y a un aspect que je ne comprends pas dans l'orientation défendue dans cet article.

Il se termine très justement sur la nécessité de lutter et contre les licenciements, et contre les accords d'entreprise qui augmentent férocement l'exploitation par les modulations horaires / salariales.

Mais nous avons face à nous un accord national qui permet justement et les licenciements de masse, dans des proportions nouvelles, et des accords de surexploitation encore plus féroces - et il n'est pas mentionné.

Nous avons donc un terrain de lutte qui concerne donc non seulement les salariés des sites menacés, les secteurs de l'industrie en proie avec cette batterie d' "accords", mais aussi tous/tes les autres salariés, qui, plus ou moins à l'abri pour l'instant, seront visés demain.

Or, la perspective offerte pour l'instant aux salariés des boîtes qui licencient, par les milieux confédéraux et du front de gauche, mais aussi parfois parmi l'extrême-gauche, c'est la fameuse " loi contre les licenciements " - dont nous savons bien qu'elle est une tartuferie (à tel point qu'elle vient de recevoir le soutien du président lui-même).

Quant à la lutte contre l'accord, il est pour l'instant laissé entre les mains des dirigeants syndicaux, qui réclament son amendement, sur la base de discussions avec les députés.

Ce qu'il faudrait, et c'est évident, c'est montrer le lien entre cet accord, et toutes les luttes qui se déroulent en ce moment contre les premières manifestations des traductions pratiques qu'il aura en bien plus grave, si il était par malheur adopté. Les boîtes en lutte pourraient être le fer de lance de cette bataille pour l'abandon pur et simple de l'ANI, car elles ont aujourd'hui la possibilité d'expliquer son contenu devant les travailleurs/ses, et d'y trouver un écho. Et c'est cette extension de la lutte qui permettra en retour un meilleur rapport de force, face aux directions d'entreprise, prises isolément.

Du coup, comme dit le titre de l'article, si on se bat, on peut perdre, mais si on ne se bat pas, on est sûr de perdre. Donc, et sans vouloir faire la leçon ce n'est pas mon habitude, je pose cette question : pourquoi l'extrême-gauche, et notamment LO, ne met pas ses forces dans cette direction, en commençant par proposer un objectif clair (l'abandon / le retrait), là où les syndicats restent confus ?

Car nous savons bien que si la majorité a les mains libres pour voter cette loi, le rapport de force se dégradera partout, les luttes dans telle ou telle entreprise, à PSA ou à Renault, devenant encore plus défensives, encore plus désespérées qu'elles ne le sont déjà... Nous ne pouvons pas permettre, accompagner cela. Il faut expliquer les enjeux aux travailleurs/ses.
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par artza » 12 Fév 2013, 07:43

a écrit : se battre ensemble...contre les accords de surexploitation doit etre un objectif commun


conclut cet édito :smile:

artza
 
Message(s) : 2404
Inscription : 22 Sep 2003, 08:22

Message par pelon » 12 Fév 2013, 13:34

Oui, bien sûr, il faut se battre contre l'accord national signé par le MEdef et certains syndicats. Voici ce que nous en pensons ICI. Mais comment les travailleurs seront-ils en mesure de peser ? Pour le moment, ceux qui sont en grève à Aulnay aimeraient bien étendre leur lutte mais ce n'est pas si simple dans leur propre usine. Est-ce que les différentes entreprises en lutte vont réussir à entrainer autour d'eux ? Nul ne le sait mais ce qui empêche d'aller plus loin aujourd'hui ce n'est nullement la liste des revendications.
pelon
 
Message(s) : 33
Inscription : 30 Août 2002, 10:35

Message par Puig Antich » 12 Fév 2013, 14:39

La " liste des revendications " n'est nullement quelque chose de séparée de la perspective générale que l'on défend.

Pour l'instant, en se basant sur les faits concrets, les déclarations des uns et des autres, nous avons d'une part des luttes locales, et d'autre part leur coordination autour du thème de la " loi contre les licenciements boursiers ". L'extrême-gauche y oppose l'interdiction des licenciements tout court, comme revendication.

C'est à dire que nous avons là une revendication offensive. Je ne suis pas un pro de l'art de la guerre, mais il me semble qu'il n'est possible de passer à l'offensive que dans la mesure où les lignes de défense sont en premier lieu bien assurées. On a jamais vu une armée en débandade se ressouder spontanément pour attaquer l'adversaire au coeur.

Quelle est cette ligne de défense qu'il faut reconstituer, sous peine de quoi les propos combatifs et offensifs ne sont qu'illusions ? C'est le fait de bien expliquer le lien entre les accords d'entreprise ici ou là, avec l'accord national qui permet de les aggraver; et de montrer que son adoption ou son abandon dépendent d'une lutte politique nationale des travailleurs/ses, qu'ils fassent partis des boîtes directement menacées, ou de celles qui le seront demain. La ligne de défense, c'est rompre l'isolement.

La grève de PSA ne pourra pas s'étendre, dans un premier temps autour de " l'interdiction des licenciements "; au demeurant, compte tenu du rapport de force politique dans les syndicats, une telle extension viendrait en appui à la manoeuvre réformarde de " loi contre les licenciements boursiers ". (Edit : loi qui est surtout dans la période une diversion qui sert au gouvernement pour faire passer par ailleurs la destruction du code du travail.)

Par contre, un mouvement général est possible qui lie les luttes de boîte à celle contre l'accord national (et non contre tel ou tel accord particulier d'entreprise, car ces luttes existent déjà artza). C'est tellement vrai que la CGT elle-même - sa direction - l'a compris, qui appelle à une grève le 5 mars. Sa ligne est claire : c'est l'amendement de l'accord, basé sur des discussions avec les députés dans chaque département. Il faut d'ailleurs comprendre quelle est la base de cette ligne capitularde : le fait de ne pas vouloir perdre un certain nombre d'avantages concédées à la bureaucratie syndicale par l'accord, notamment en terme d'intégration aux CA d'entreprises et de pilotage des mesures.

Les révolutionnaires doivent avoir quelque chose à dire de cette stratégie, une alternative à proposer, sur ce terrain, certes en trouvant les mots pour ne pas brusquer les syndicalistes qui ont une illusion sur ce que disent les confédération, mais aussi en étant clairs et fermes. Alors, certes, il n'y a ni revendication ni adresse magique en direction des directions syndicales qui changeraient par elles-mêmes le rapport des forces : ceci dit, on a vu aucun mouvement obtenir quoi que ce soit qu'il aura été incapable de formuler clairement. L'exemple du CPE le montre, où l'unité autour d'un mot d'ordre clair a permis non pas une " victoire ", mais un recul temporaire de l'adversaire de classe. Il faut donc y travailler, en disant en premier lieu que cet accord n'est pas négociable, pas amendable.
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par Puig Antich » 12 Fév 2013, 14:58

(Par ailleurs, je discute ici sur les revendications défensives, indépendamment de la discussion sur ce que doivent être les revendications offensives - et notamment sur la pertinence ou pas de l' "interdiction des licenciements" comme mot d'ordre, qui est une autre question, pas d'actualité immédiate.)
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par Puig Antich » 13 Fév 2013, 17:21



Bon je dois conclure de l'absence de réponse que tout le monde est d'accord avec moi :D
Puig Antich
 
Message(s) : 0
Inscription : 25 Nov 2004, 02:02

Message par roudoudou » 13 Fév 2013, 21:38

Salut tout le monde :wavey:

a écrit : Nul ne le sait mais ce qui empêche d'aller plus loin aujourd'hui ce n'est nullement la liste des revendications.


Si moi en un les couilles,en deux rien dans la caboche les ouvriers résonne en petit capitaliste voir en gros.
“J'ai décidé d'être heureux parce que c'est bon pour la santé.”
Voltaire
Avatar de l’utilisateur
roudoudou
 
Message(s) : 24
Inscription : 11 Jan 2006, 14:53

Message par lucifer » 14 Fév 2013, 09:04

(roudoudou @ mercredi 13 février 2013 21:38 a écrit : Salut tout le monde :wavey:

a écrit : Nul ne le sait mais ce qui empêche d'aller plus loin aujourd'hui ce n'est nullement la liste des revendications.


Si moi en un les couilles,en deux rien dans la caboche les ouvriers résonne en petit capitaliste voir en gros.

Bien sur,surtout ceux qui se demande ou investir leur découvert,d'ailleur beaucoup d'entre eux en discutent en faisant la queue aux restos du coeur. :headonwall: :altharion:

Dommage pour les travailleurs,qu'ils n'aient pas une avant garde,pleine de gars comme toi avec une caboche bien remplie,et d'énormes couilles. :altharion:
lucifer
 
Message(s) : 27
Inscription : 25 Fév 2010, 19:58

Message par Zelda » 14 Fév 2013, 10:24

(roudoudou @ mercredi 13 février 2013 21:38 a écrit : Salut tout le monde :wavey:

a écrit : Nul ne le sait mais ce qui empêche d'aller plus loin aujourd'hui ce n'est nullement la liste des revendications.


Si moi en un les couilles,en deux rien dans la caboche les ouvriers résonne en petit capitaliste voir en gros.

Salut Roudoudou,

Bon, tes collègues de boulot t'emmerdent manifestement. Ca m'arrive aussi.
Fais un fil (ou un message personnel à un pote ici) pour nous raconter, ceux qui t'emmerdent le plus, ça te sera plus utile que de les injurier ici.
Même si bon, la colère, on connaît tous, moi je connais bien en tout cas et je fais avec, disons qu'elle n'est pas toujours bonne conseillère.

Hier je me suis rendue compte qu'un type que je déteste cordialement ne parlait pas fort pour fayotter et montrer qu'il travaille aux chefs, mais parce qu'il parle toujours très fort. Eh là, je me suis dit "Tu surinterprètes quand t'aimes pas quelqu'un." Et ensuite, toute la journée, ça m'a beaucoup beaucoup moins énervée qu'il parle très fort.

Quand tu en es à te dire que tous tes collègues sont tous pareils et nuls, c'est que tu ne supportes plus ton travail plutôt, ou que les chefs t'ont bien chauffé à blanc. Moi au boulot, c'est jamais le travail le problème, mais les relations avec certains chefs, les plus hypocrites, je m'en passerais bien.
Zelda
 
Message(s) : 0
Inscription : 31 Jan 2010, 14:08

Suivant

Retour vers Actualité de Lutte Ouvrière

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 8 invité(s)