Editos LO du 2 avril 2018

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Editos LO du 2 avril 2018

Message par Bertrand » 02 Avr 2018, 18:25

Vive la grève des cheminots !

Avec, en moyenne, un train sur huit ou dix prévu les 3 et 4 avril, la grève des cheminots s’annonce massive. Agents de conduite, aiguilleurs, contrôleurs, guichetiers, travailleurs des ateliers ou des voies… la mobilisation touche tous les métiers du chemin de fer, cadres compris.

N’en déplaise aux commentateurs qui ont passé des semaines à démontrer par A plus B qu’une grève comme celle de 1995 n’était plus possible à la SNCF, les cheminots n’ont rien perdu de leur combativité et de leur détermination. Ils ne se laisseront pas faire, et ils ont mille fois raison.

Dans cette jungle qu’est la société capitaliste, on ne se fait respecter qu’en montrant sa force. Avoir confiance dans ses forces et se battre collectivement, voilà ce qui manque au monde du travail depuis des décennies. Eh bien, en engageant le combat, les cheminots montrent la voie pour tous les travailleurs !

Le gouvernement parle de reprise, les profits battent des records, les fortunes de quelques-uns atteignent des sommets, pourquoi les travailleurs devraient-ils accepter les licenciements, le blocage des salaires ou le recul de leurs droits à la retraite ? Pourquoi se résigner à toujours plus de précarité ?

Le projet du gouvernement pour le ferroviaire n’est ni plus ni moins qu’un cadeau supplémentaire au grand capital et une attaque contre le monde du travail. C’est non seulement la liquidation des droits des cheminots, mais c’est aussi la liquidation de ce qui reste de service public à la SNCF.

Alors oui, en défendant leur statut, les cheminots défendent aussi la sécurité de leur emploi, leur salaire et leur retraite. Exactement comme le font aujourd'hui les salariés d’Air France. Comme l’ont fait, ce week-end, les salariés de Carrefour qui s’opposent aux licenciements et au mépris de leur patron. Ou, comme l’ont fait, le 22 mars, les salariés de la fonction publique en même temps que les cheminots.

Il faut être solidaire de cette grève, malgré les complications qu’elle provoque. Avant de la commencer, les cheminots ont dû faire face à une campagne grossière de dénigrement. Avec les usagers en galère, celle-ci va redoubler d’intensité. Lors de la mobilisation contre la loi El Khomri, en 2016, le gouvernement socialiste avait fait feu de tout bois contre les grévistes des raffineries et de la SNCF. Ils avaient été accusés de prendre le pays en otage, de manquer de solidarité vis-à-vis des sinistrés des inondations et même de vouloir saboter l’Euro de football !

Cela va recommencer. Ce sont des travailleurs qui auront droit aux accusations d’égoïsme et de corporatisme, alors que la rapacité de la bourgeoisie s’abat comme jamais sur le monde du travail.

Carlos Tavares, le PDG de PSA, a encaissé la prime exceptionnelle d’un million d’euros pour le rachat d’Opel, quand, pour les ouvriers, c’est le blocage des salaires. Avant de la relever, Carrefour avait osé fixer à 57 € la prime de participation, alors que les actionnaires se partagent 356 millions d'euros ! Quant à Whirlpool, il avait proposé un sèche-linge pour solde de tout compte aux salariés dont il se débarrasse. Aucun ministre, ne s’en est offusqué !

Alors, ne nous laissons pas abuser. Cette grève va certes engendrer nombre de difficultés pour tout un chacun. Mais nous sommes aussi des travailleurs, et notre intérêt est que cette grève réussisse, se développe et soit victorieuse.

Cela fait des décennies que nous sommes attaqués, les uns après les autres, entreprise par entreprise. C’est vrai dans le privé comme dans le public. Depuis qu’il est au pouvoir, Macron en a rajouté, en multipliant les mesures anti-ouvrières. Casse du code du travail, facilités pour licencier, baisse des APL et des emplois aidés, augmentation de la CSG, contrôle renforcé des chômeurs… Jusqu’à présent, il n’a pas rencontré d’opposition massive. Aujourd'hui, les cheminots sont prêts à se battre et cela peut changer la donne.

Si cette grève se renforce et trouve l’appui du monde du travail, oui, les cheminots peuvent infliger le premier revers au gouvernement Macron.

Et cette victoire en serait une pour nous tous. Elle mettrait un coup d’arrêt à l’offensive gouvernementale. Elle ferait ravaler leur morgue à ces notables qui nous dirigent et elle redonnerait confiance à tous les travailleurs pour se faire respecter.

Alors, disons-le haut et fort : la grève des cheminots est aussi la nôtre. Défendons-là, soutenons-là. Ensemble, avec les cheminots, nous pouvons faire reculer Macron et son gouvernement.


Editorial spécial mouvement SNCF : La force des travailleurs, c'est la grève !

C'est par une grève massive que, le 3 avril, les cheminots lancent le coup d'envoi de leur combat contre le plan gouvernemental.

Si certains doutaient de leur capacité à réagir, la preuve est faite que les cheminots n’ont rien perdu de leur combativité et de leur détermination.

D'après les chiffres de la direction, 77% des conducteurs se sont ainsi au préalable annoncés grévistes. Mais c'est partout, dans tous les métiers, dans les ateliers, les gares et les chantiers que les cheminots se préparaient à la grève. Conséquence : un train sur huit ou sur dix.

Car, comme l'ont découvert avec regret certains commentateurs, pour que des trains circulent, il faut non seulement des conducteurs, mais aussi des aiguilleurs, des ouvriers de maintenance du matériel et des voies, des agents sur les quais, dans les gares, des sonorisateurs, en réalité l'ensemble des cheminots. Tous sont indispensables et, rien qu'en cessant le travail, les travailleurs mesurent le rôle irremplaçable qu'ils jouent dans la société.

La direction peut faire venir quelques milliers de cadres de ses états-majors et les affubler de gilets rouges pour assurer sa communication, cela ne fera rouler aucun train supplémentaire. La prime « pour conduite occasionnelle » de 150 euros par mois qu’elle a octroyée aux cadres traction dans le but d'en faire des briseurs de grève, montre sa crainte qu’ils rejoignent eux aussi le mouvement, car les cadres sont tout autant menacés que les autres cheminots.

Elle a aussi annoncé des pénalités financières supplémentaires en comptant des repos comme jours de grève, dans le cas d'une grève par intermittence. Mais la direction de la SNCF va peut-être finir, avec ses provocations, par obtenir le résultat inverse : convaincre de plus en plus de cheminots de partir en grève pour de bon.

La SNCF a aussi tenté, sans grand succès, de mobiliser sa hiérarchie pour défendre auprès des cheminots l’attaque du gouvernement. Mais comment défendre un plan qui prévoit la suppression des quelques droits que possèdent encore les travailleurs du rail ? Comment défendre un plan qui veut encore accélérer des suppressions d'emplois ? Comment défendre un plan qui veut faire des cheminots des pions jetables, transférables et corvéables à merci ?

De son côté, le gouvernement a aussi multiplié les manœuvres. Ainsi, Elisabeth Borne, la ministre des Transports, a annoncé que l'ouverture à la concurrence ne s'effectuerait pas par ordonnances. Mais il s’agit en aucun cas d’un recul, puisqu'elle en a au contraire confirmé le calendrier à partir de 2019 pour les TER et 2020 pour les TGV. Cette privatisation, avec ou sans ordonnances, ne vise qu'à permettre à des capitalistes privés de faire main basse sur les secteurs rentables du ferroviaire, quitte à abandonner les autres.

Alors que politiciens et médias ont tenté, depuis deux mois, de dresser les usagers contre les cheminots, tous s'inquiètent du fait que l'opinion publique ouvrière, puisse, malgré la gêne de la grève, passer de notre côté.

En effet, nous ne sommes pas isolés. Les attaques que nous subissons sont celles que subissent tous les travailleurs. Bon nombre de travailleurs savent qu'une défaite des cheminots ouvrirait la voie à de nouveaux reculs pour l'ensemble du monde du travail. A l’inverse, notre victoire serait aussi la leur.

Le 3 avril, d'autres secteurs du monde du travail se mobilisent. Les éboueurs entrent dans une grève reconductible. Les salariés d'Air France sont à nouveaux appelés à la grève. La grève était générale à l'échelle du groupe Carrefour le 31 mars. Et bien d'autres travailleurs, sans être appelés à la lutte, sont de notre côté.

Pour l'instant, nous en sommes au début du bras de fer qui nous oppose au gouvernement. Macron est déterminé ? Eh bien, notre détermination doit être encore plus grande. Certains d'entre nous sont d'ores et déjà favorables à entrer en grève reconductible quand d'autres souhaitent aujourd'hui inscrire la mobilisation par grèves successives de 48h. Mais tous les cheminots ont le même but et n'ont aucune raison de se diviser.

Une chose est certaine : il n'y aura pas de victoire à l'économie. Pour gagner, il nous sera indispensable de jeter, au moment où nous le déciderons, toutes nos forces dans la bataille. Il s'agit de construire un mouvement capable de faire reculer Macron, comme en 1995, nous avons fait reculer Juppé. Et le succès du 3 avril montre que nous en avons les moyens !
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Bertrand
 
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