Un bel édito, quelques petites précisions sur une phrase :
Les progrès que constituent les vaccins ne sont plus à démontrer. La variole a disparu. La poliomyélite, qui laissait des séquelles à vie, a quasiment été éradiquée. En Afrique, le vaccin contre Ebola promet d’éradiquer la maladie. Et l’on rêve à la découverte de vaccins contre des cancers.
La variole se transmettait uniquement d'homme à homme, la vaccination a permis de l'éradiquer ce qui fait qu'aujourd'hui, il n'est plus nécessaire de vacciner contre cette maladie.
La poliomyélite se transmet via l'eau contaminée par les déjections de l'homme, donc d'homme à homme par eau interposée ; le vaccin le plus pratique était un vaccin oral bon marché de type "virus vivant atténué" qui vaccinait la plupart des gens dans les pays pauvres, mais susceptible de créer des infections chez les immunodéprimés notamment. Par sa nature il ne pouvait pas permettre l'éradication complète de la maladie, des cas de relargage du virus dans la nature continuant d'avoir lieu. Mais il a permis de la faire régresser considérablement sur toute la planète. Depuis 2017, les virus issus du vaccin et relargués dans la nature sont devenus plus nombreux que les virus sauvages, les limites de cette approche ont donc été atteintes. Le vaccin polio injectable de type "virus inactivé", beaucoup trop coûteux pour une utilisation massive dans les pays pauvres, est désormais préféré pour faire disparaître les dernières "poches" de la maladie, en Inde ou ailleurs. Il ne conduit à aucun relargage de virus dans la nature. Le problème, c'est que la polio continue de sévir dans des zones en guerre et difficiles d'accès, comme la frontière entre l'Afghanistan et le Pakistan, où les éventuels personnels médicaux se font tirer dessus (d'autant plus que des militaires américains ont déjà utilisé le subterfuge de se déguiser en personnels médicaux...) C'est l'un des principaux obstacles à l'éradication définitive de la polio dans le monde, qui permettrait de se passer totalement du vaccin polio.
Pour Ebola, c'est différent. Toutes sortes d'animaux sauvages, des chauve-souris aux antilopes, peuvent être des réservoirs du virus et d'autres animaux comme les singes peuvent se contaminer et le transmettre eux aussi à l'homme. Dans ces conditions, une éradication est impossible. On ne peut que tenter de vacciner un maximum de monde pour qu'il n'y ait plus jamais d'Ebola chez l'homme, mais au moindre relâchement dans la vaccination même après des décennies sans Ebola chez l'homme, la maladie pourra ressurgir à l'occasion d'une contamination due à l'animal. C'est un peu comme pour le tétanos présent dans notre environnement (terre etc.) et dont on ne pourra jamais se débarrasser, nécessitant une vaccination "éternelle".
Enfin, on rêve de découvrir des vaccins contre des cancers, mais on en a déjà : le vaccin contre l'hépatite B prévient les cancers du foie qui résultent parfois de cette maladie ; le vaccin contre les papillomavirus permet de prévenir des cancers du col de l'utérus et aussi, certains cancers de la sphère buccale. On en découvrira certainement d'autres, mais dans la majorité des cas, quand la science parle de "vaccins contre le cancer", il s'agit en fait de vaccins thérapeutiques (on stimule l'immunité de gens qui ont déjà un cancer pour les aider à lutter contre) et non de vaccins préventifs ; et encore, ils ne guérissent pas les patients, mais prolongent simplement leur vie. La plupart sont au stade des essais cliniques mais dans cette catégorie on peut compter le vaccin cubain contre le cancer du poumon, pour lequel Mélenchon s'était un peu emmêlé les pinceaux lors d'un discours à l'Assemblée nationale.