a écrit :Quand l'immigration est une solution
La Banque mondiale est formelle. Pour maintenir son niveau actuel de population active, l’Union européenne devrait accueillir 79 millions d’immigrés d’ici à 2050, prévient-elle dans un rapport publié le 17 janvier. Reconnaissant que ce chiffre « dépasse de loin les niveaux politiquement et socialement acceptables »,
Date de publication : 24-01-2007
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http://www.lautrequotidien.com/article_sec...id_article=4598 La Banque mondiale est formelle. Pour maintenir son niveau actuel de population active, l’Union européenne devrait accueillir 79 millions d’immigrés d’ici à 2050, prévient-elle dans un rapport publié le 17 janvier. Reconnaissant que ce chiffre « dépasse de loin les niveaux politiquement et socialement acceptables », la Banque insiste : la seule piste qui paraît réaliste est d’autoriser l’importation de travailleurs étrangers. Le besoin en main-d’oeuvre importée est la conséquence du vieillissement de la population européenne. Dans les toutes prochaines années, les générations du baby-boom d’après-guerre vont arriver à la retraite. Et dans un contexte de recul de la natalité, la population européenne atteindra les 400 millions en 2050 contre 397 millions aujourd’hui, soit une augmentation de 3 millions seulement d’âmes en moins de cinquante ans. Avec la diminution de la force de travail nationale en Europe, qui paiera les pensions des retraités ? L’économie européenne a aujourd’hui besoin, pour assurer la croissance économique comme pour suppléer au vieillissement des populations, de forces de travail jeunes, vives et qualifi ées. L’idée d’une prévisible pénurie de main-d’oeuvre rend possible une reprise de l’immigration. Combattue pour des raisons politiques, l’immigration sera-t-elle défendue pour des raisons économiques ? Evidemment, affi rment les experts. Selon Patrick Taran, spécialiste principal de la migration au BIT, « la main-d’oeuvre étrangère représentera 25% de la population active dans le vieux continent. Ce serait la main-d’oeuvre immigrante qui contribuera au maintien du niveau de vie actuel en Europe à l’horizon 2050». Pour lui, les besoins de l’économie européenne en main-d’oeuvre étrangère obéissent au facteur de la décroissance démographique continue auquel sont confrontés les pays de l’UE. Cette nécessité de « repeuplement» du Vieux continent justifi e la thèse de l’immigration de travail ou l’immigration choisie. Or le problème, défendent les experts, l’appel à la main-d’oeuvre étrangère ne concerne pas uniquement les «cerveaux », mais aussi les emplois peu ou pas qualifi és, saisonniers ou non. Dans les secteurs des récoltes de fruits, du bâtiment et de la confection,… les emplois dits 3D (pour « demanding, dangerous, dirty » : diffi ciles, dangereux, sales) sont légion. Ces emplois pour lesquels, en termes de conditions de travail, de salaire et de disponibilité, les employeurs ne veulent pas d’Européens, réputés trop exigeants. Rien d’étonnant quand, en Grèce, des agriculteurs, « en colère après les arrestations d’immigrés par la police, [demandent] au gouvernement d’arrêter d’effectuer des rafl es (...) et, en contrepartie, s’engageront à ramener personnellement ces travailleurs à la frontière après la saison des récoltes » ? Ces agriculteurs, «ont déclaré qu’ils ne pouvaient pas se passer des travailleurs migrants, qui sont prêts à accepter moins de la moitié du salaire journalier que les travailleurs grecs demandent». Dans ce cadre, l’immigration de travail se positionne comme une fi lière d’avenir. Mais les choses ne sont pas si simples. Car les réservoirs de main-d’oeuvre originaires d’Europe (centrale et orientale), de Russie et d’Asie centrale sont en voie d’épuisement après les vagues de départs qui ont suivi l’éclatement de l’URSS. La Pologne manque aujourd’hui de bras et est obligée de recruter des Ukrainiens et des Biélorusses après que près d’un million de Polonais ont quitté le pays depuis 2003. Le solde migratoire d’un pays comme la Hongrie est redevenu positif. Pour étoffer le tissu démographique européen, la Banque mondiale estime que la main-d’oeuvre turque pourrait être la solution : « avec une augmentation de 16 millions de sa population en âge de travailler (d’ici à 2050), la Turquie pourrait couvrir à hauteur de 12 millions le défi cit démographique de l’UE ». Loin de combler le défi cit des 79 millions. L’Afrique ne manquera donc pas de place. Selon le BIT, 10% d’Africains vivront d’ici à 2025 en dehors de leur pays. Le besoin de main-d’oeuvre sera de plus en plus fort en Europe, et les gouvernants auront davantage du mal à contenir la houle immigrante au risque parfois de choquer non pas seulement les défenseurs des droits de l’homme mais aussi bon nombre d’employeurs soucieux d’abaisser leurs coûts salariaux.