Les politiciens agitent l'épouvantail du burkini...

Tout ce qui touche de près ou de loin à l'actualité politique en France

Re: Soutanes, topless, battle-dresses et burkinis

Message par logan » 26 Août 2016, 13:02

Petite remarque en passant: ce sujet est placé en "divers" [modération]déplacé depuis...[/modération] comme si ce n'était pas important
Alors que ces évènements sont extrêmement importants et politiques au plus haut point.

Notons qu'une fois encore les politiques les plus violemment hostiles au burkini sont également les plus proches d'Israel :
Estrosi, Sarkozy...

Normal pour des hommes de droite ? Mais Valls, "éternellement lié à Israel", a déclaré que "les arrêtés municipaux anti-burkini n’étaient pas « une dérive » et que "le port du burkini n’était « pas compatible avec les valeurs de la France et de la République ».

La guerre de civilisation n'est plus si loin, elle prend forme sous nos yeux.
logan
 
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Re: Soutanes, topless, battle-dresses et burkinis

Message par yannalan » 26 Août 2016, 17:34

Notons qu'une fois encore les politiques les plus violemment hostiles au burkini sont également les plus proches d'Israel :
Estrosi, Sarkozy..

Il devraient voir comment ça se passe dans les milieux juifs orthodoxes.Le même genre de fringues existe, le maillot 'tsniout" (pudeur). les rabbins le rejettent, parce qu'il est encore trop moulant (même raisonnement que les islamistes durs).
Et je connais un tas de françaises qui n'ont pas envie de se déshabiller à la plage pour un tas de raisons diverses qui les regardent.
Là où il y aurait problème c'est si des groupes, ou l'Etat, imposaient des costumes par la violence
yannalan
 
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Re: Les politiciens agitent l'épouvantail du burkini...

Message par com_71 » 29 Août 2016, 15:53

blog de Nathalie Arthaud a écrit : Le matraquage sur le burkini, une campagne contre les travailleurs musulmans
28 Août 2016

Ces derniers jours j’ai repris une tournée des équipes militantes. Je suis allée à Cholet, à Nantes et à Lorient et Lanester. J’ai rencontré les journalistes locaux et avant cela j’ai été invitée par LCI.

Et sur quel problème ai-je été interrogée ? Sur les 5000 licenciements prévus chez SFR ? Sur les producteurs de lait qui n’arrivent plus à vivre de leur travail ? Sur l’application de la loi El Khomri ? Sur les salaires qui ne permettent pas de joindre les deux bouts ? Non, sur le burkini, une tenue de bain censée cacher le corps d’une femme quand elle se baigne, tenue dont 90 % de la population ignorait jusqu’à l’existence.

Tout cela parce qu’une trentaine de sbires de Sarkozy, maires de commune balnéaires ont décidé d’interdire aux femmes de porter le burkini, dans le cadre d’une campagne contre les musulmans. Dans la foulée, Sarkozy, mais aussi Valls et le Front national se sont précipités pour multiplier les déclarations menaçantes à l’égard des musulmans. Jean-Pierre Chevènement, auquel le gouvernement veut confier la direction de la « Fondation pour les œuvres de l’islam de France », a osé dire à ce propos que les musulmans « devaient se faire discrets ».

Le burkini n’est qu’un prétexte. Et des prétextes comme celui-ci, on peut être certain que ces dirigeants politiques vont en trouver d’autres, voire en inventer pour faire de la démagogie xénophobe et s’appuyer sur les préjugés racistes qu’ils alimentent par la même occasion. Prétendant lutter contre le communautarisme, ils ne font que créer un fossé dans la population et parmi les travailleurs.

Je suis féministe. Et je pense évidemment que le voile et toutes ses déclinaisons sont des symboles de la soumission des femmes. Il faut les combattre en cherchant à convaincre, en s’appuyant sur l’aspiration des femmes à la liberté et à leur émancipation. Sûrement pas en s’appuyant sur des politiciens qui se moquent éperdument des droits des femmes. En mettant de l’huile sur le feu et en stigmatisant les musulmans, ils contribuent au contraire à étouffer les aspirations des femmes.

Le débat sur le burkini est un écran de fumée. Les véritables problèmes des travailleurs sont ailleurs. Ce sont le chômage, les bas salaires, et toutes les conséquences de la crise économique que le patronat et le gouvernement font payer aux couches populaires. Nous, exploités, devons faire entendre nos intérêts propres et rejeter tous ces discours empoisonnés qui visent à nous diviser.
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
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Re: Les politiciens agitent l'épouvantail du burkini...

Message par Cyrano » 29 Août 2016, 21:33

Bin, je lis sur Wikipedia, au sujet de la Rokhaya Diallo
[modération]"Le" Cyrano est amicalement avisé d'avoir à éviter cette formulation péjorative qui n'est pas de la tenue qu'on est en droit d'espérer ici, et qui n'apporte rien sur le plan des idées.[/modération] :

"Caroline Fourest avait déjà affirmé porter plainte contre les Indivisibles et leurs Y'a bon awards (ce qu'elle n'a en réalité pas fait) en estimant qu'ils soutenaient l'intégrisme religieux, et en citant nommément leurs attaques contre Charlie Hebdo, relevant notamment une pétition signée par Rokhaya Diallo pour refuser le soutien au journal satirique au lendemain de l'attentat de la nuit du 1er au 2 novembre 2011, au cours duquel les locaux de l'hebdomadaire avaient été incendiés par un cocktail Molotov. Après cet incendie criminel, Rokhaya Diallo cosigne avec 19 autres militants une tribune « Pour la défense de la liberté d'expression, contre le soutien à Charlie Hebdo » qui dénonce une « instrumentalisation bouffonne et intéressée », déclarant qu'il n'y a « pas lieu de s'apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo, que les dégâts matériels seront pris en charge par leur assurance. » Elle affirme que la liberté d'expression est menacée plutôt par la loi d'un « État national-laïque » (allusion à un État national-socialiste) contre le port du foulard musulman.
Le texte de cette pétition s'en prend à Charlie Hebdo, en parlant d'un « «écœurement face à la nouvelle marque de fabrique de cet hebdomadaire : un anticléricalisme primaire doublé d'une obsession islamophobe » et affirme qu'il « publie des articles ou des dessins antimusulmans », en précisant que « contrairement à ce qui se dit et se répète, le délit de blasphème existe en France : depuis les lois Sarkozy de 2003, de très lourdes amendes et peines de prison sont prévues contre toute “offense au drapeau ou à l'hymne national”.
»

Alors, franchement, j'vois pas où est le problème avec le dessin bien gentil de Charlie Hebdo.
C'est la fonction de Charlie hebdo, qu'est devenu d'ailleurs bien sage - On peut préférer Siné Mensuel mais hélas! Il n'est plus là, le Bob.
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Re: Les politiciens agitent l'épouvantail du burkini...

Message par Cyrano » 31 Août 2016, 17:00

"Le" Cyrano est amicalement avisé d'avoir à éviter cette formulation péjorative etc.

Ah-ah, mais, ah mais ça c'est de l'impérialisme linguistique!... ;-)

Dans mon Berry (et ailleurs?), on dit usuellement : "Eh, t'as écouté le Melenchon, ce matin, à la radio? C'est du n'importe quoi." ou bien : "Dis donc, t'as vu la Louise? Elle a pris un coup de vieux!", ou encore : "Tu vas pas m'croire: j'ai vu la Nathalie à la télé! si! C'était bien ce qu'elle disait", etc.

Bref... Toutes ces subtilités, ça m'envourne. Ok, ça nous éloigne du burkini, mais c'est pas plus mal. La guerre des plages fait rage: y'a eu échanges de baffes entre des naturistes et des textiles. Le sable devient brûlant.
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Re: Les politiciens agitent l'épouvantail du burkini...

Message par Gaby » 31 Août 2016, 19:46

y'a eu échanges de baffes entre des naturistes et des textiles.

Cyrano, ce n'est pas drôle.

En France, un restaurateur refuse de servir des musulmanes et les traite de terroriste. Un village est allé saccager les propriétés de musulmans et les a envoyé à l'hopital. Les mosquées sont attaquées. Les flics ne font pas qu'emmerder les jeunes mecs beurs comme ils le font depuis longtemps, ils vont aussi déshabiller leurs mères. Les employeurs préfèrent les noms français. Les fiches de paie s'en ressentent. Les grands titres disent lourdement que leur religion n'est pas "compatible", qu'on ne peut pas "vivre ensemble". Nous, on sait bien que ce sont des conneries, qu'on peut travailler ensemble, vivre ensemble, s'aimer même. Comprends-tu que ce langage ségrégationniste de la part des puissants n'est pas que littérature, mais que l'on voit de plus en plus de plus ou moins grandes manifestations de type apartheid ? Ils créent un organisme qui dit aux musulmans de raser les murs, et à la tête, ils mettent un type qui dit qu'il n'y a plus de "français" à Saint-Denis ! Ubuesque. On doit se moquer de toute cette classe politique qui ne connait rien de la diversité et de la solidarité possible au sein du monde du travail, au-delà des credos et des histoires.

Il fait aussi prendre la température à l'échelle internationale. Aux Etats-Unis, le deuxième politicien le plus en vue fait campagne pour la déportation de millions et pour des mesures anti-immigration visant spécifiquement les musulmans. Il reprend toutes les théories conspirationnistes qui trainent, avec pour seule finalité la haine des musulmans (et des latinos). J'en passe. Ce sont ces forces qu'il faut comprendre sur le temps long, et à l'échelle mondiale.
Gaby
 
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Re: Les politiciens agitent l'épouvantail du burkini...

Message par com_71 » 01 Sep 2016, 14:21

Gaby a écrit : Ce sont ces forces qu'il faut comprendre sur le temps long...


S'agissant de temps long, la [longue] séquence peut être datée, en France, de septembre 1983 :
Ce 11 septembre 1983, le Parti socialiste n'en revient pas, il vient de perdre la mairie de Dreux au profit d'une liste RPR-Front national. Jean-Pierre Stirbois, secrétaire général du Front national, devient maire adjoint. Déjà au premier tour de cette élection partielle, la liste FN avait récolté 16,72 % des suffrages exprimés. La nouvelle secoue l'opinion, provoque l'euphorie chez les uns, l'incompréhension chez certains et le dégoût chez beaucoup.

http://www.lemonde.fr/idees/article/200 ... _3232.html


Il n'y a pas eu, depuis, de saut qualitatif, la tendance de la période est claire... et pesante. Il n'empêche que la morale au nom de l'antiracisme, ou de l'antifascisme, ou de... tout ce que peuvent mettre en avant les idéologues de la petite-bourgeoisie pour occulter la perspective d'une classe ouvrière revenant sur la scène politique, tout cela a bien montré ses limites, et sur le temps long !

Extraits d'un texte de fin 1994 :
L'effondrement de l'Union soviétique et la désagrégation du mouvement stalinien - liés, mais en partie seulement - ont ouvert une nouvelle phase dans le recul du mouvement ouvrier. Les organisations staliniennes, là où elles regroupaient encore une fraction importante des éléments politisés de la classe ouvrière, n'ont pas été remplacées par d'autres. Le prolétariat est de moins en moins organisé. "La crise historique de la direction du prolétariat" n'est plus seulement une crise au niveau des directions. Avec la dislocation plus ou moins avancée des partis staliniens - depuis longtemps, dans le camp de la bourgeoisie en raison de leur direction, en raison de leur politique - se disloquent des structures organisées encore présentes dans la classe ouvrière et, dans une certaine mesure, sensibles aux pressions de celle-ci. La classe ouvrière en tant que telle pèse de moins en moins sur la vie politique.

C'est une des raisons du renforcement des nationalismes, de l'éveil de micro-nationalismes qui semblaient enterrés par l'histoire, d'une certaine emprise des intégrismes religieux sur de larges masses, des particularismes divers et multiples : de tous ces sous-produits de la pourriture du système impérialiste.

...
Seule la renaissance d'un mouvement prolétarien politique, se situant sur le terrain de la lutte de classe et défendant l'internationalisme qui repose sur la certitude d'un avenir commun de l'humanité, pourrait jouer, de nouveau, un rôle unificateur entre prolétaires.

Personne n'est en mesure de dire aujourd'hui quand le recul du mouvement prolétarien, engagé depuis trois quarts de siècle, s'arrêtera. Il ne s'agit pas seulement de la reprise des luttes défensives, voire offensives, du prolétariat sur le seul terrain économique. Il s'agit surtout pour le prolétariat, à travers ces luttes, de s'élever au niveau des tâches politiques que l'histoire a placées devant lui.

L'histoire de plus d'un siècle de luttes du prolétariat n'a pas eu bien souvent l'occasion de montrer le rôle décisif qu'un authentique parti communiste joue dans la prise du pouvoir par le prolétariat. Mais, en revanche, elle a eu une multitude d'occasions de montrer comment des organisations réformistes, staliniennes, intégrées dans la société bourgeoise, ou d'autres simplement incapables de la combattre avec efficacité, peuvent contenir l'offensive révolutionnaire des masses, voire paralyser les luttes avant même qu'elles ne se transforment en offensives.

...
En constatant que, pendant ces cinquante-quatre ans qui nous séparent de la mort de Trotsky, le prolétariat n'a pas fait la révolution ni à partir d'un pays développé, ni à partir d'un pays sous-développé et que, dans aucun pays, n'a pu émerger, en son sein, un parti ouvrier révolutionnaire, on peut se demander si le prolétariat est apte à remplir le rôle historique que Marx et tout le mouvement communiste révolutionnaire voyaient en lui.

Pour Marx et Engels, le prolétariat ne pouvait venir au pouvoir que par l'organisation en un parti incarnant la conscience à un niveau élevé des intérêts et du rôle de l'ensemble du prolétariat. Mais ce parti ne pouvait réunir les plus conscients et les plus déterminés que sur la base d'une élévation de la conscience, de la culture de ses plus larges couches, voire de la majorité. Voilà pourquoi, aussi bien Marx que, plus encore, Engels qui a vécu plus tard et qui a suivi de près les activités de la Deuxième Internationale, attribuaient tant d'importance à l'éducation du prolétariat et à la conquête des libertés démocratiques à l'intérieur même de la société capitaliste, permettant cette éducation politique large.

En fait, l'histoire a suivi un autre cours, et la seule révolution prolétarienne qui a eu lieu s'est produite dans un pays autocratique. Ce pays était, de surcroît, arriéré, et le prolétariat n'y représentait qu'une minorité au milieu d'une paysannerie vivant dans les conditions du Moyen Age, avec un niveau culturel en conséquence. Mais ce prolétariat russe était d'emblée concentré dans de grandes entreprises modernes, avec ce que cela pouvait donner comme sentiment de solidarité, comme éducation collectiviste et comme rôle décisif dans l'économie. En outre, la guerre a non seulement donné des armes à ce prolétariat mais lui a permis de se lier politiquement à la paysannerie en transformant la fraction la plus jeune et la plus dynamique de celle-ci en soldats, mêlés aux ouvriers d'abord dans la souffrance commune du front, puis dans l'agitation révolutionnaire des villes... et des casernes.

L'histoire n'a pas donné à ce prolétariat la possibilité de s'éduquer autrement qu'à travers et au moment de ses propres luttes. Il n'a pas pu profiter de conditions démocratiques pour préparer sa prise de pouvoir ; c'est, au contraire, lui-même qui a imposé les libertés démocratiques pour lui-même comme pour la société : de façon provisoire en 1905, puis à partir de février 1917, c'est-à-dire lorsqu'il était déjà aux portes du pouvoir.

Quels ont été au cours des cinquante dernières années, les changements internes au prolétariat, susceptibles de peser sur son aptitude révolutionnaire ?
...

A l'échelle du monde, il n'y a pas une régression numérique du prolétariat - il est proportionnellement au moins aussi nombreux par rapport à l'ensemble de la société qu'il l'avait été dans le passé. Il est de surcroît présent dans un certain nombre de pays où il n'existait que de façon embryonnaire au moment de la révolution russe. Il est toujours - et certainement plus qu'au temps de Marx - la classe exploitée la plus nombreuse, celle qui est concentrée au coeur de l'économie moderne et la seule qui, objectivement, n'a aucun intérêt de classe au maintien de la propriété privée des moyens de production et de la société capitaliste. Aucune des raisons pour lesquelles Marx voyait en lui la seule classe révolutionnaire de notre temps n'a disparu (rôle qu'il a joué bien des fois dans le passé, dans la réalité sociale et pas seulement dans les écrits des théoriciens du communisme).

...
Alors, l'humanité a perdu plusieurs décennies pendant lesquelles l'impérialisme a perduré, comme ont perduré et se sont aggravés les maux qu'il véhicule.

Mais on n'a perdu que du temps, et sur le fond, rien n'est perdu car nous avons la conviction qu'un jour ou l'autre, une génération d'intellectuels révolutionnaires rejoindra le prolétariat qui a, réellement, la capacité de changer le monde.

Les délais sont ce qu'ils sont, mais le capitalisme ne peut être la dernière forme de société que connaîtra l'humanité.

Novembre 1994
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Re: Les politiciens agitent l'épouvantail du burkini...

Message par Gaby » 01 Sep 2016, 16:37

Il n'empêche que la morale au nom de l'antiracisme, ou de l'antifascisme, ou de... tout ce que peuvent mettre en avant les idéologues de la petite-bourgeoisie pour occulter la perspective d'une classe ouvrière revenant sur la scène politique, tout cela a bien montré ses limites, et sur le temps long !


Et le trotskysme, c'est à partir de quand que l'on pourrait dire, en miroir, que la démonstration de ses limites a été faite ?

Je ne sais pas vraiment à quoi tu fais référence quand tu parles de morale. Les forces qui existent dans le monde incarné, c'est :
- un antiracisme moraliste d'apparence, comme la LICRA par exemple, qui pense que le racisme est une affaire d'attitude, de préjugés individuels, etc, donc que le "racisme anti-blanc" c'est la même chose que n'importe quel autre.
- un antiracisme politique, qui identifie les structures de pouvoir et qui s'y attaque. Dans ce camp, dont il faut être, il peut y avoir cent approches (nationalisme révolutionnaire, réformisme, etc), dont celle qui fait le lien entre la lutte contre le capitalisme et le racisme.
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Re: Les politiciens agitent l'épouvantail du burkini...

Message par com_71 » 01 Sep 2016, 18:14

Gaby a écrit :Et le trotskysme, c'est à partir de quand que l'on pourrait dire, en miroir, que la démonstration de ses limites a été faite ?


Je m'attendais à cette réponse.

Le trotskysme (bolchevisme-léninisme faut-il le rappeler) n'a eu la responsabilité de la direction effective de la classe ouvrière qu'en Russie de 1917 à 1923, période pendant laquelle le trotskysme ne peut être distingué, sur le plan des principes, du léninisme.

La défaite du bolchévisme dans sa lutte à mort (enfin presque, heureusement) contre le stalinisme n'est pas significative de "limites" du premier ni d'une "validation" du second.

La réflexion de Gaby n'est que l'acceptation du fait accompli, tout le contraire d'une attitude militante.

Gaby a écrit :Je ne sais pas vraiment à quoi tu fais référence quand tu parles de morale.
Là-dessus, je remets ma réponse à un peu plus tard.
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Re: Les politiciens agitent l'épouvantail du burkini...

Message par com_71 » 02 Sep 2016, 11:53

En attendant, des extraits d'un article de ldc de 1985 :
Ceux qui rejettent le racisme, mais admettent le nationalisme

La lutte contre le racisme et le nationalisme, fait partie du combat permanent des révolutionnaires internationalistes. C'est en fait le même combat, et c'est la raison pour laquelle les prolétaires conscients ne combattent pas le racisme de la même façon ni pour les mêmes raisons que les petits bourgeois dont l'anti-racisme s'arrête là où commence leur nationalisme.

A proprement parler, le combat anti-raciste de la classe ouvrière ne peut pas se limiter à la lutte contre le racisme sous peine de représenter un piège. Beaucoup de gens ayant des intérêts différents peuvent se rencontrer sous la bannière de l'anti-racisme. Et la lutte anti-raciste, conçue comme une simple bataille humanitaire, visant à la réconciliation des hommes entre eux, n'est pas un combat prolétarien. Ce n'est pas pour rien qu'en 1848 Marx avait pris la peine de substituer à la vieille devise de la Ligue des communistes « Tous les hommes sont frères », la nouvelle exhortation révolutionnaire « Prolétaires de tous les pays unissez-vous ! ». Marx précisait qu'il y avait trop de personnages dans le monde dont il ne désirait pas être le frère !

« On a accusé les communistes de vouloir abolir la patrie, la nationalité. Les ouvriers n'ont pas de patrie. On ne peut leur ravir ce qu'ils n'ont pas (...) Abolissez l'exploitation de l'homme par l'homme, et vous abolirez l'exploitation d'une nation par une autre nation. Du jour où tombe l'antagonisme des classes à l'intérieur de la nation, tombe également l'hostilité des nations entre elles (...) Que les classes dirigeantes tremblent à l'idée d'une révolution communiste ! Les prolétaires n'y ont à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. PROLÉTAIRES DE TOUS LES PAYS, UNISSEZ-VOUS ! »

Le Manifeste Communiste se terminait par ces mots qui, simplement prophétiques en cette première moitié du 19e siècle, seraient repris quelques décennies plus tard par des centaines de milliers d'ouvriers organisés dans les organisations de masse de la social-démocratie des différents pays d'Europe, puis par les millions d'ouvriers qui dans le monde entier porteraient leurs espoirs vers l'Internationale Communiste révolutionnaire des années 20.

C'est à dessein que les intellectuels qui sont aujourd'hui à la tête du mouvement anti-raciste parlent toujours de racisme mais jamais de nationalisme. Le racisme les gêne, pas le nationalisme. Et pourtant, qu'est-ce que le racisme, sinon la haine de l'étranger ? Ces intellectuels savent bien que la notion de race n'est pas scientifique et que le racisme n'est qu'un avatar du nationalisme et de la xénophobie. Seulement, s'ils rejettent le racisme, ils admettent le nationalisme. Ce qui revient à prétendre que le racisme n'a pas de support rationnel, mais que le nationalisme en a un. Mais les travailleurs, les gens simples, eux, qui n'ont pas la possibilité d'utiliser des abstractions pour masquer leurs préjugés, ne font pas la différence. Comment faut-il définir le sentiment du Français qui n'aime pas les Espagnols, et de l'Espagnol qui méprise les Portugais ? Le sentiment de l'ouvrier algérien qui n'aime pas les Marocains ? Comment qualifier les motivations de ces Français aux noms polonais et italien qui ont cru pouvoir justifier le meurtre d'un Marocain en déclarant qu'ils n'aimaient pas les Arabes ? Est-ce du racisme ou de la xénophobie ?

A quoi correspond le sentiment des immigrés d'hier ou d'avant-hier qui manifestent du mépris et de l'hostilité à l'égard des immigrés récents, sinon à cette perversion des opprimés qui consiste à chercher dans leur appartenance nationale l'illusion qu'ils échappent au sort des derniers arrivés ? Et qu'est-ce que le nationalisme, sinon une manière d'enjoliver son propre esclavage en faisant mine de croire que la source de ses malheurs est à mettre au compte des esclaves d'à côté ?

Où donc, ceux qui prétendent qu'on peut se débarrasser du racisme tout en étant nationaliste mettent-ils la frontière entre le racisme et le nationalisme ? Ils mettent tout bonnement une frontière de classes entre les deux.

Le racisme, c'est le nationalisme sale, le nationalisme cru, sans masque, dépouillé de toutes ces fadaises prétendument culturelles auxquelles les pauvres n'ont de toute façon pas accès. Le racisme, c'est le nationalisme des pauvres. Le nationalisme grossier, inculte et violent des misérables, le nationalisme de ceux qui n'ont pas la ressource de séparer les actes des idées, et les préjugés de leurs conséquences pratiques.

Le nationalisme honorable, lui, le nationalisme propre, le nationalisme tout court, n'est jamais que la couverture politique de la xénophobie des gens cultivés, ou, plus exactement, et pire, la xénophobie entretenue au sein des classes pauvres par la gent « éclairée ».

Car tous ceux qui veulent concilier l'antiracisme avec le nationalisme ne contribuent en vérité qu'à agrémenter les préjugés nationalistes d'une idéologie humanitaire. C'est leur façon de dédouaner le nationalisme au nom de l'antiracisme, leur façon « douce » de corrompre le milieu ouvrier en donnant aux préjugés nationalistes et xénophobes l'auréole morale de la « tolérance culturelle ».

Et quelle différence y a-t-il entre le nationalisme agressif d'un Le Pen et le nationalisme éclairé de l'anti-raciste Chevènement qui se contente pour sa part de vouloir faire chanter « qu'un sang impur abreuve nos sillons » aux enfants des écoles ? La différence entre le cynisme et l'hypocrisie, entre l'idéologie des exécuteurs de basses oeuvres et celle de ceux qui « à leur corps défendant » lancent le pays dans les guerres coloniales. La différence entre la mentalité d'un homme comme Le Pen qui participait aux basses besognes de la répression en Algérie et la mentalité d'un lettré français comme Mitterrand à la tête du ministère de l'Intérieur ou du ministère de la Justice qui l'avait sous ses ordres. Mitterrand, l'homme de gouvernement, fit sans frémir le choix de participer à la direction d'une répression qui fit des centaines de milliers de morts pour la seule raison qu'il considérait que « L'Algérie c'est la France ». Le Pen, lui, n'était pour l'homme de gouvernement, qu'un mal nécessaire lorsque la raison d'État l'exigeait. Chez les politiciens bourgeois fussent-ils de gauche, la haine envers les exploités et les opprimés qui se révoltent est toujours plus implacable que leur aversion pour le racisme et la torture, toujours plus profonde que la crainte que leur inspirent les racistes et les tortionnaires.

Le combat prolétarien contre le racisme n'est pas séparable du combat contre l'exploitation. Parce que toutes les oppressions, toutes les inégalités, toutes les discriminations prennent appui sur l'exploitation et sur l'opposition des classes sociales.

Lutter contre le racisme et la xénophobie, avec esprit de suite, sans hypocrisie, c'est montrer aujourd'hui sa haine des exploiteurs, son refus d'être faible et sa volonté de changer le rapport des forces entre le prolétariat et la bourgeoisie.

Oui, le prolétariat conscient se doit d'être solidaire du combat anti-raciste de SOS racisme, sans pour autant en adopter l'idéologie.

Car les seuls anti-racistes conséquents ne peuvent être que les internationalistes, ceux qui se déterminent par rapport aux frontières de classes, pas par rapport aux frontières nationales.


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