par Proculte » 07 Juin 2007, 23:22
Alparslan Türkeş
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Alparslan Türkeş (20 novembre 1917 - 4 avril 1997) est le fondateur du parti nationaliste Milliyetçi Hareket Partisi (MHP) en Turquie (Parti de l'action nationaliste) et des partis qui ont précédés celui-ci, dont les idéologies sont un nationalisme pan-turc.
Biographie [modifier]
Une rumeur non-vérifiée veut que son vrai nom soit Hüseyin Feyzullah : il naît à Lefkoşa (Nicosie) à Chypre le 20 novembre 1917, d'une famille d'immigrés circassiens, originaire d'un village près de Kayseri en Turquie. Par la suite, il adopte le pseudonyme d'Alparslan Türkeş. Alparslan était un empereur Seldjoukide au XIe siècle, les Seldjoukides étant considérés d'une manière très contestable par l'idéologie nationaliste turque, comme les ancêtres en ligne droite des Turcs actuels. Quand au nom Türkeş, on peut le considérer comme destiné à mettre en avant son appartenance turque.
Il est surnommé par les nationalistes turcs le Başbuğ, ou leader en français, qui est l'équivalent du mot Führer en Allemand : c'est un ancien mot turc utilisé aujourd'hui exclusivement pour désigner Türkeş.
Ses débuts [modifier]
Alparslan Türkeş s'était lié avec les services d'espionnage allemands durant la deuxième guerre mondiale. Intégrant le Parti Nationaliste Républicain des Campagnes (CKMP) dans les années 1960, il en devient en 1965 le président. En 1969, le CKMP devient le Milliyetçi Hareket Partisi (Parti du Mouvement Nationaliste) et adopte comme symbole un drapeau rouge avec 3 croissants de lune, un ancien drapeau turc utilisé sous l'empire Ottoman. Türkeş emploie une idéologie similaire a celle des nazis en effet, il invite la petite bourgeoisie, les artisans ruinés, les chômeurs et les travailleurs déclassés à adhérer aux sections d'assault armées pour préparer la prise de pouvoir selon le modèle hitlérien. Pendant cette période dans l'ensemble du pays, les hommes de mains de Türkeş organisent le massacre des "Rouges" en abbatant et poignardant des centaines d'enseignants, d'étudiants, d'ouvriers, d'hommes politiques de gauches et de militants syndicaux. Il devient adjoint du Premier ministre en 1975, en faisant partie du gouvernement de coalition. Türkeş brüle de devenir le Führer turc, mais les généraux le devancent le 12 septembre 1980 et le général Kenan Evren devient président. Il est condamné à la peine de mort et son parti est interdit, pour "tentative de renverser le régime contitutionnel pour établir une dictature fascsite" avec l'aide de la CIA. Il est finalement acquitté après être resté en prison 4,5 ans. En 1987, son interdiction de participer à la vie politique est levée, il entre au MÇP (Parti Travailliste Nationaliste) et en est élu président. Il revient au parlement en 1991 grâce à une coalition avec le Refah Partisi (Parti religieux islamique). En 1992, grâce à un changement de la loi, le MÇP reprend le nom de Milliyetçi Hareket Partisi. En 1995, il perd sa place au parlement.
Lui et les groupes nationalistes qu'il a dirigé ont pu acquérir beaucoup de pouvoir grâce à l'aide qu'ils pouvaient fournir face à la lutte contre les communistes en Turquie, et les rebelles Kurdes. Ils étaient aidés financiérement et en armement par la CIA dans le programme Stay-behind. En parallèle, le gouvernement a fermé les yeux sur les trafics que réalisaient les mafias liées à l'extrême droite ce qui n'a fait que renforcer leur important pouvoir, qu'elles conservent encore aujourd'hui.
Parmi les modèles de Türkeş on peut noter l'écrivain d'extrême droite Nihal Atsiz, de la première moitié du XXe siècle, écrivant sur la vie des Turcs des steppes d'Asie Centrale il y a plusieurs siècles. Pour résumer rapidement cette pensée, on peut donner une des citations les plus connues de l'auteur, présente sur un site lui étant dédié.
"Les Juifs sont les ennemis cachés de tous les peuples. Les Russes, les Iraniens, les Grecs sont nos ennemis historiques.
Les Bulgares, les Allemands, les Italiens, les Anglais, les Français, les Arabes, les Serbes, les Croates, les Espagnols, les Portuguais, les Roumains sont nos nouveaux ennemis. Les Japonais, les Afghans et les Américains sont nos ennemis de demain.
Les Arméniens, les Kurdes, les Circassiens, les Abkhazes, les Bosniaques, les Albanais, les Pomaks (Turcs chrétiens de Bulgarie), les Laz (peuple de la mer noire), les Lezgis (peuple du Daghestan), les Géorgiens, les Tchétchènes sont nos ennemis de l'intérieur."
C'est une idéologie qui vise donc à glorifier une race turque, existant et restée pure depuis des siècles, niant les mélanges incontestables qu'a provoqué l'empire Ottoman. Comme son mentor Nihâl Atsiz, Alpaslan Türkeş voit les Turcs comme une race, qui serait directement descendante des Huns, ce qui est assez paradoxal au vu des origines caucasiennes de ses parents. Comme réponse au fait que "La Turquie est une mosaïque de peuples", Alparslan Türkeş répond simplement "De quelle mosaïque parlez-vous enfin ? Nous c'est du plomb qu'on veut." Ainsi, il avait déclaré "Nous devons exterminer les Kurdes, les Arméniens, les Arabes et les Juifs" en 1976 à Berlin devant 2000 militants de son parti (Le Monde du 6 avril 1997).
Ses idées sur le plan économique, présentées dans le programme des "9 lumières", prônent le développement des campagnes, le développement technique, le développement du pays, sans pour autant donner la manière d'y arriver. Les campagnes turques peu développées ont toujours été la base d'un soutien important pour les idées d'Alparslan Türkeş, ce qui explique par ailleurs les foules importantes que ce parti arrive à rassembler lors de meetings dans les campagnes turques, où le poids de ces idées chez les immigrés turcs à l'étranger, arrivés des campagnes dans les années 1960.
Il est mort d'une crise cardiaque le 4 avril 1997. Son enterrement a été retransmis en direct à la télévision turque avec la présence de nombreuses personnalités turques et une cérémonie d'État a été organisée pour l'occasion.