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Les élèves sont victimes de la concurrence entre établissements scolaires
Par Louise Fessard
Loin de créer une saine émulation, la mise en concurrence des établissements scolaires est préjudiciable pour tous les élèves. Voici, brossée à très gros traits, la conclusion du livre Ecole: les pièges de la concurrence, qui paraît le 9 septembre, sous la direction de la statisticienne Danièle Trancart et des sociologues Sylvain Broccolichi et Choukri Ben Ayed. C'est une vraie remise en cause de bon nombre d'idées reçues à l'heure où le président de la République, Nicolas Sarkozy, qui a engagé la suppression de la carte scolaire en 2007, ne jure que par la multiplication des évaluations, des palmarès d'établissements et du libre choix des familles.
On savait déjà, grâce à un rapport de la Cour des comptes, que l’assouplissement de la carte scolaire, censé profiter aux élèves les plus modestes et améliorer la mixité sociale, contribue de fait surtout à la ghettoïsation des collèges «ambition réussite» (les plus défavorisés) en les vidant de leurs meilleurs élèves.
Ecole : les pièges de la concurrence démontre que la logique de marché scolaire et de compétition, à l'œuvre dans l'école française bien avant l'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir, pénalise aussi les élèves des classes moyennes, et, même, à degré moindre les plus favorisés. Non seulement le système scolaire français est injuste, mais il est devenu inefficace.
«Si en France, nous trouvons banale et ordinaire la dureté de la compétition scolaire dès l'entrée à l'école élémentaire (...), nous devons reconnaître sa faible efficience: depuis quelques années notre système éducatif accumule les mauvais points dans les classements internationaux», remarquent les auteurs.
L'ouvrage brosse un tableau très sombre du système scolaire français, «l’un des plus sélectifs socialement du monde développé», où le poids de l'origine sociale sur la réussite d'un élève est devenu deux fois plus fort qu'en Finlande, et de la politique d’éducation prioritaire, censée remédier à ces inégalités mais «négociée a minima partout».
Il faut entendre aussi le désarroi des familles, des élèves et des enseignants d'un collège de ZEP des Yvelines, dont les témoignages ont été recueillis sur plusieurs années, confrontés à la frontière sociale et, presque physique, qui les sépare du bon collège du village «en haut», au brouhaha permanent en cours qui empêche les plus motivés de travailler, à l'inversion des valeurs scolaires décrite par un enseignant, au turn-over des personnels qui détruit toute velléité de changement, ainsi qu'à la sourde oreille de leur hiérarchie administrative.
Suite sur :
http://www.mediapart.fr/journal/france/240...#comment-624665
La suite de l'artcile présente la méthodologie des auteurs :
En fonction des résultats moyens selon l'origine sociale des élèves, ils ont calculé quels seraient pour des établissements leurs résultats attendus. Ils ont ensuite constaté les plus gros écarts par rapport à ces résultats attendus (dans un sens ou dans l'autre), et ont mené des enquêtes qualitatives locales pour expliquer ces écarts manifestes.
Le bilan de tout cela : selon eux, c'est la dynamique de la concurrence entre établissements qui tire (presque, sauf le haut du panier) tout le monde vers le bas. Plus on est à un endroit où s'excerce une concurrence entre établissements proches, plus on constate de dégâts sur le niveau des élèves. Pour cexu des zones en difficluté, évidemment, mais aussi pour les enfants des classes moyennes ou populaires qui ont profité de l'assouplissement de la carte scolaire pour éviter leur établissemnt de secteur, et qui sont plutôt largués dans les établissements d'élite, et en tout cas moins en réussite que leurs homologues dans des établissements ruraux moins soumis à la pression de la concurrence.