Les pays émergents

Message par Sinoue » 01 Nov 2011, 15:21

Niquel, merci beaucoup RedSpirit. Ca permet de mieux comprendre comment marche le FMI. Ce qui m'étonne, c'est que c'est le fameux Lula qui était très critique envers le FMI. Il redoutait que le Brésil soit tenu au cou par la corde du FMI comme l'avait été l'Argentine lors de leur crise du début des années 2000. C'est peut-etre parce-qu'il a bien compris le rôle néfaste de cette institution que ses compatriotes cherchent à y gagner de l'influence, dans le but d'y assurer une position de force pour en dépendre le moins possible.

Il va pas très bien d'ailleurs Lula, quelqu'un a des nouvelles de ses séances de chimio?
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Message par Sinoue » 07 Déc 2011, 22:17

(Sinoue @ vendredi 5 août 2011 à 01:12 a écrit : Ca fait partie de la rubrique "idées" du monde aussi.

Ca me permet d'enchainer sur ce texte:

a écrit :L'inquiétante expansion de la marine chinoise
Point de vue | LEMONDE.FR | 04.08.11 | 09h26   •  Mis à jour le 04.08.11 | 09h28

par Edouard Pflimlin, chercheur associé à l'IRIS et journaliste au Monde.fr

Le Japon a exprimé, le 2 août, ses inquiétudes concernant l'expansion maritime de la Chine vers le Pacifique et "l'opacité" de son budget militaire. Dans son rapport annuel sur la défense (Defense of Japan 2011), le ministère de la défense japonais prévoit que la Chine, "compte tenu de la récente modernisation de ses forces aériennes et navales", va étendre ses activités en mer de Chine méridionale, en mer de Chine orientale et dans l'océan Pacifique.

Or Pékin a confirmé mercredi 27 juillet qu'elle remettait en état un porte-avions de conception soviétique acheté à l'Ukraine, le Varyag, et, selon des sources proches du pouvoir, qu'elle aurait parallèlement entrepris la construction de deux autres porte-avions, de conception chinoise. Ce sont des moyens idéaux pour projeter des forces sur des théâtres d'opération lointains. Ces développements récents ne font que confirmer l'expansion continue de la marine de guerre chinoise.

Pendant longtemps, celle-ci a été reléguée au second plan. De l'établissement de la République populaire de Chine, en 1949, jusqu'aux années 1980, Pékin était surtout intéressée par la protection de ses côtes vis-à-vis d'une possible invasion. Avec les réformes lancées par Deng Xiaoping à partir de 1978, les enjeux se sont élargis. L'amiral Liu Huaqing a favorisé la transition vers une doctrine de "défense active des mers proches". Elle impliquait pour la marine de couvrir une aire beaucoup plus grande qu'auparavant, englobant les eaux à l'intérieur et autour de la "première chaîne d'îles", selon la terminologie chinoise, qui va du Japon aux îles Ryukyu et de Taïwan aux Philippines jusqu'à Bornéo. Avec la montée en puissance de la Chine dans le monde, la marine évolue maintenant vers une nouvelle stratégie d'"opérations dans les mers lointaines" avec des responsabilités qui s'étendent au-delà de la "seconde chaîne d'îles", partant du Nord du Japon jusqu'au Nord des îles Mariannes et Guam où se trouve importante base navale américaine.

Les trois flottes (celle de la Mer de l'Est, dont le QG est à Shanghaï, la flotte du Sud, basée à Zhanjiang, et la flotte du Nord, à Qingdao) ont été modernisées en ce sens. En 2010, la marine comptait 225 000 hommes, au moins 58 sous-marins, dont six nucléaires, plus de 50 frégates et au moins 27 destroyers. Elle est devant le Japon, la première flotte d'Asie, si l'on exclut la marine américaine. Et en tonnage, elle est la troisième du monde. Les Etats-Unis, qui sont un acteur militaire clef du Pacifique, s'en inquiètent. Le "déclin" américain est toutefois relatif. Si l'on considère le tonnage cumulé, la marine américaine a un avantage de 2,63 contre 1 vis-à-vis des flottes russe et chinoise combinées… Et qualitativement, elle est très supérieure.

Néanmoins, la Chine fait peur parce qu'elle a d'importants différends territoriaux maritimes avec ses voisins. Et aussi parce qu'elle est devenue le deuxième importateur mondial de pétrole, ce qui ne fait qu'accentuer les revendications territoriales chinoises. Le grave incident naval entre la Chine et le Japon autour des îles disputées de Diaoyu (en chinois) ou Senkaku (en japonais) en mer de Chine orientale en septembre 2010 a conduit à de vives tensions entre Pékin et Tokyo. Au sud, en mer de Chine méridionale, d'autres différends empoisonnent les relations entre Pékin et ses voisins. Outre les Paracels, l'archipel des Spratly (Nansha en chinois), constitué d'îlots et de récifs, est revendiqué par six pays. Pékin a commencé à y débarquer des troupes à partir de 1988, ce qui a donné lieu à des affrontements meurtriers entre les marines chinoise et vietnamienne.

Comme dans les Senkaku, la présence d'hydrocarbures off-shore complique la donne. Ces dernières années, les incidents – collisions entre bateaux ou accusations d'incursion dans les eaux territoriales – n'ont pas été très graves, mais ils ont provoqué à chaque fois de vives réactions diplomatiques.

Elle conduit aussi les voisins à moderniser leur appareil militaire. Après l'incident des Senkaku, le Japon a été conforté dans l'idée de restructurer ses forces : l'accent est porté sur la protection des îles lointaines du sud du Japon et la sécurité des routes maritimes. Le nombre de sous-marins va passer de 16 à 22. Mais d'autres pays asiatiques accroissent aussi leur flotte de sous-marins, et étoffent leur flotte de guerre, au point que certains parlent de course aux armements. Aux Philippines, qui bordent la mer de Chine méridionale, le gouvernement a soumis fin juillet au Parlement un projet de budget 2012 qui prévoit une augmentation des dépenses militaires annuelles de 5 à 8 milliards de pesos (83 à 133 millions d'euros). "Le programme de porte-avions chinois illustre la modernisation de l'armée chinoise. Les Philippines ne peuvent pas tenir ce rythme", prévient toutefois Rommel Banlaoi, directeur de l'Institut philippin de recherche sur la paix, la violence et le terrorisme.

Aussi, un réseau de nations, avec pour pivot les Etats-Unis, émerge dans la région qui essaie de contrebalancer la puissance chinoise ascendante, en accroissant leur coopération militaire. Des navires de guerre américains ont ainsi fait récemment escale au Vietnam. Cependant, Washington manifeste une certaine prudence et soutient aussi la volonté des pays de la région de régler les disputes dans un cadre multilatéral. La Chine et l'Association des Nations d'Asie du Sud-Est (Asean) ont adopté jeudi 21 juillet une "feuille de route" modeste, première approche vers un règlement collectif des nombreuses controverses.

Reste que, selon l'expert naval Philippe Langloit, la marine chinoise pourrait connaître un développement encore plus massif et plus rapide en raison de la part modeste consacrée à la défense par rapport au PIB. Il estime aussi que : "Les marines sont toujours d'un point de vue historique, les instruments de l'expansion coloniale." La marine chinoise va maintenant de plus en plus loin de ses bases. Pour assurer la sécurité de ses voies de communication, venant du golfe Persique, Pékin construit "un collier de perles" de bases permanentes le long des côtes de l'Océan Indien. Et elle intervient au lointain pour participer à la lutte contre la piraterie au large de la Somalie. Récemment, elle a même déployé un navire en Méditerranée, une première, pour évacuer des ressortissants dans la crise libyenne. La question reste donc de savoir ce que la Chine fera de sa puissance navale.



De ce que je retiens de ce texte, comme de plusieurs autres provenant de journalistes encore plus spécialisés dans le domaine militaire: La Chine développe certes sa flotte militaire, mais proportionnellement peu par rapport au volume des échanges qu'elle représente dans le monde.

De ce que je retiens de ce texte, comme de plusieurs autres provenant de journalistes encore plus spécialisés dans le domaine militaire: La Chine développe certes sa flotte militaire, mais proportionnellement peu par rapport au volume des échanges qu'elle représente dans le monde. Le texte semble dire que l'expansion des budgets militaires vise plus à affermir une domination régionale plutot qu'un projet de développement global sur tous les océans.

Tirpitz avait mis 20 ans à construire une flotte allemande qui inquiete l'Angleterre il y a un siècle. Le texte dit que ça fait 30 ans qu'ils essaient, et ils n'ont pas l'air offensifs. Reste donc a se demander si la Chine peut etre considérée comme une puissance impérialiste, malgré sa situation de deuxieme puissance commerciale du monde.

On remarque que l'état chinois ne semble pas autant déstabilisé que ceux de la zone euro par "la crise des dettes". Il est clair qu'avec l'affaiblissement du Japon, l'état chinois devient le plus fort régional. Mais quels interets sert-il? Celui de la bourgeoisie chinoise uniquement, ou sert-il la finance internationale en maintenant de la stabilité locale en tant que gendarme contre les révoltes de travailleurs?

Ta derniere remarque va dans ce sens: son gouvernement concentre tout de même un certain pouvoir économique qui lui permet d'influer sur les évènements.

Voilà la suite (et pas la fin) du feuilleton:

a écrit :Le président chinois, Hu Jintao, demande à la marine d'être prête au combat
LEMONDE.FR avec AFP | 06.12.11 | 15h17  •  Mis à jour le 06.12.11 | 18h58

Le président chinois, Hu Jintao, a appelé la marine à être prête au combat et à poursuivre sa modernisation afin de sauvegarder la sécurité nationale, a rapporté l'agence d'information Chine nouvelle, mardi 6 décembre . Il lui a ainsi demandé "d'accélérer sa modernisation" et de "mener des préparatifs intensifs pour le combat militaire" afin de "sauvegarder la sécurité nationale et la paix mondiale", alors que les ambitions maritimes de la Chine provoquent l'inquiétude de ses voisins et des Etats-Unis.
Hu Jintao s'exprimait à Pékin devant des responsables de la puissante commission militaire centrale, dont il est le chef, et en présence de son très probable successeur à la tête du pays, le vice-président Xi Jinping, numéro deux de la commission. Selon un communiqué publié sur le site du gouvernement, la rencontre portait sur l'armement de l'Armée populaire de libération (APL) et les derniers développements concernant la marine. "Notre travail doit se concentrer sur le thème de la défense nationale et du renforcement des capacités militaires", a expliqué le chef de l'Etat.

PRÉSENCE MILITAIRE DES ÉTATS-UNIS

L'armée chinoise avait annoncé qu'elle devait mener fin novembre des manœuvres navales dans "l'ouest de l'océan Pacifique", dans un contexte de tensions accrues sur des territoires disputés avec ses voisins. Cet "entraînement de routine (...) ne vise aucun pays particulier" et la liberté de naviguer de la Chine "ne doit pas être entravée", avait-elle assuré.

Cette annonce est intervenue juste après un voyage en Asie-Pacifique du président américain Barack Obama, au cours duquel il a annoncé que les Etats-Unis allaient renforcer leur présence militaire en Australie. Dans un discours prononcé le 16 novembre à Canberra, Barack Obama avait insisté sur le fait que les Etats-Unis étaient dans la région "pour [y] rester".

"La Chine a le droit de développer ses capacités militaires et de se préparer, tout comme nous le faisons", a réagi mardi George Little, l'un des porte-parole du Pentagone, tout en rappelant les fréquents appels de Washington à ce que Pékin se montre "transparent" en matière militaire. La question de la transparence entre les deux principales puissances du Pacifique "fait partie de la relation que nous essayons de bâtir avec l'armée chinoise", selon M. Little.


UNE MARINE DE PLUS EN PLUS PUISSANTE

L'APL, plus grande armée du monde, reste essentiellement une armée de terre, mais la marine joue un rôle accru alors que la Chine apparaît de plus en plus soucieuse de défendre ses ambitions maritimes. Le Pentagone avait émis une mise en garde plus tôt cette année contre les importants budgets alloués par la Chine à sa marine, notamment en armement sophistiqué. Fin novembre, le premier porte-avions chinois, qui incarne les ambitions navales de Pékin, a effectué sa deuxième sortie.

Le sujet des ambitions de Pékin dans les régions maritimes à l'ouest du Pacifique s'est aussi invité au sommet annuel de l'Association des nations d'Asie du Sud-Est (Asean) ainsi qu'au sommet de l'Asie orientale le mois dernier à Bali (Indonésie).

En effet, le Vietnam, les Philippines et Taïwan se heurtent à la Chine pour revendiquer la souveraineté sur le petit archipel des Spratleys, des îles de la mer de Chine méridionale riche en hydrocarbures, que Pékin considère siennes. Pékin et Hanoi se disputent aussi les Paracels. Ces différends territoriaux provoquent des pics de tension chroniques entre la Chine et ses voisins – Philippines ou Vietnam ces derniers mois, Japon à la fin 2010.
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Message par Sinoue » 13 Déc 2011, 19:10

Un long article intéressant qui rejoint en partie ce que je disais en début de fil.

[QUOTE]Economies émergentes : la fête est-elle finie ?
LEMONDE.FR | 13.12.11 | 18h09 • Mis à jour le 13.12.11 | 18h37

Le Fonds monétaire international (FMI) ratisse large, et ce n'est pas moins de 150 pays, de l'Afghanistan au Zimbawe, qu'il classe dans un groupe "pays émergents". Parmi ceux-ci, les "BRICS" (selon l'expression inventée en 2001 par Jim O'Neill, économiste chez Goldman Sachs) – Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud – font figure de superstars.
Affichant des taux de croissance à faire pâlir d'envie les économies développées, ils apparaissaient au début des années 2000 comme les grands gagnants de la décennie à venir. A tel point qu'on a presque cru, pendant un court moment, qu'ils échapperaient complètement au brutal retournement économique de 2007-2008, qui a plongé les pays riches dans la crise des subprimes, puis dans une crise de la dette dont ils ne voient pas la fin.

Si les modèles de développement des cinq membres du groupe ont chacun leurs spécificités – difficile en effet de comparer l'Inde et la Russie, aux régimes politiques et dynamiques économiques fort différents –, l'accélération de leur croissance au début du siècle témoigne de profondes modifications structurelles au sein des économies émergentes, qui ont constitué autant d'arguments en faveur de la théorie du découplage.

Cette théorie, déterrée au début de la crise des subprimes, affirme que les pays émergents vont, à terme, se désolidariser des pays développés pour poursuivre leur croissance à leur propre rythme, sans être touchés par les fluctuations des "vieilles" économies.

Quatre ans après les premiers soubresauts de la crise, cette théorie se vérifie-t-elle ? Si le Brésil, la Chine et l'Inde voient leur dynamisme sensiblement ralenti ces derniers mois, les taux de croissance enregistrés cette année et ceux envisagés pour l'année prochaine restent bien au-dessus de ceux des pays riches.

Une décennie de croissance spectaculaire
Les chiffres des dix dernières années sont impressionnants : en pourcentage du PIB, à monnaie constante, le Brésil part de moins de 2 % de croissance en 2001 pour arriver à 6 % en 2007. Après une légère contraction en 2009, le PIB repart à la hausse, et la reprise s'établit à 3,7 % en 2011. Du côté de la Russie, le membre le plus "à la traîne" des BRICS, le PIB a crû de 5 % en 2001, 8,5 % en 2006 et d'un peu plus de 4 % en 2011.

Du côté de l'Inde, la poussée est marquée : la plus grande démocratie du monde enregistre un petit 3,8 % en 2001, avant de frôler les 10 % en 2007, pour redescendre à un peu moins de 8 % en 2011. La Chine est de son côté le pays de tous les superlatifs, avec 8,3 % de croissance en 2001, pas moins de 14 % en 2007 et 9,5 % en 2011. L'Afrique du Sud, petit nouveau du groupe, n'a pas à rougir : de 2,7 % de croissance en 2001, elle passe à 5,6 % en 2006 pour s'établir à 3,4 % en 2011 (source : FMI).

Si ces chiffres vertigineux sont en grande partie dus à un phénomène de "rattrapage", ils traduisent également une solidité économique récemment acquise par les pays émergents. Oubliés les plans d'ajustement structurels des années 80, les crises financières et les banqueroutes des années 90 : les BRICS représentent désormais à eux seuls près de 40 % de l'économie mondiale. Et c'est sans compter sur les autres "outsiders" : le Mexique, la Corée, Israël, la Turquie, l'Indonésie, pour ne citer qu'eux.

Des avantages structurels
En 2007, lorsque la crise des subprimes éclate aux Etats-Unis, les pays émergents semblent immunisés. Tout d'abord parce qu'ils ont, en une dizaine d'années, accumulé des excédents considérables. A l'inverse, les pays développés n'ont cessé de creuser leurs déficits : en 2006, celui des Etats-Unis atteignait 6,2 % du PIB, alors que la balance des paiements chinoise enregistrait un excédent équivalent à 9,4 % de son PIB la même année.

Les émergents ont également profité du mouvement de libéralisation et de dérégulation des marchés au tournant des année 1990-2000 pour développer leurs places financières. Enfin, l'adoption de politiques de changes relativement rigides empêche ces pays de retomber dans la spirale de la crise financière, comme dans les années 90, et permet d'accumuler des réserves de devises. Ajoutons à cela le cas particulier des pays producteurs de pétrole, pour lesquels chaque hausse du cours de l'or noir se traduit par des rentrées d'argent supplémentaires.

Par ailleurs, les Indiens et les Chinois épargnent énormément : le taux d'épargne dépasse les 50 % du PIB en Chine, et frôle les 35 % en Inde (contre 18 % en France et 12 % aux Etats-Unis).

Combinés, ces facteurs permettent un financement interne efficace du développement économique, même si la taille encore modeste des marchés financiers, sévèrement régulés (c'est notamment le cas de l'Inde), rend toujours indispensables les financements externes et les investissements étrangers.

Ces réserves atteignent de tels sommets, notamment dans le cas de la Chine, que les émergents apparaissent de plus en plus comme les grands créanciers du monde : le montant total des réserves qu'ils détiennent représente les deux tiers des réserves mondiales (PDF). La Chine est devenue en quelques années le premier investisseur de la planète.

Cette indépendance financière, variable d'un émergent à un autre, permet pour les mieux placés d'enregistrer une croissance solide et surtout les rend beaucoup moins vulnérables aux chocs économiques mondiaux, soulignait début 2008 une étude publiée par un ancien directeur du FMI (accès payant). Pourtant, quelques mois plus tard, des économistes de la BNP Paribas constatent les premières répercussions de la crise des subprimes sur les économies des BRICS, et des autres.

Des faiblesses révélées par la crise
Ce puissant développement ne se fait en effet pas sans dommages collatéraux, ni sans révéler des fragilités qui pourraient, sous le coup de la crise touchant les pays développés, ralentir l'expansion économique des émergents.

Premier danger d'une croissance aussi forte et rapide : les risques inflationnistes. Et ce risque est loin d'être un détail, surtout dans des géants démographiques comme l'Inde, où plusieurs dizaines de millions de personnes ne mangent encore pas à leur faim. Or le développement d'un marché intérieur est une des clés de la pérennisation de la croissance, surtout en période de crise mondiale, quand le commerce se contracte. En plus de l'inflation, le spectre des bulles – boursière, immobilière, sur les matières premières – terrorise la population : le prix du sac de riz grimpe, les loyers flambent, le secteur du BTP s'écroule et ce sont des millions de travailleurs immigrés qui sont obligés de rentrer au bercail.

L'étude de la BNP n'est cependant pas alarmiste à ce stade : les émergents bénéficient en effet de marges de manœuvre budgétaire importantes, de fondamentaux plus solides que dans les années 80 et 90 et surtout, ils sont très peu exposés aux crédits "subprimes", qui sont alors en train de faire tomber tant de banques aux Etats-Unis et en Europe. Les BRICS n'ont donc pas à craindre de "credit crunch" (tarissement du crédit) dans l'immédiat, ce qui leur permet de maintenir un écart de croissance "significatif" avec les pays développés, estiment les analystes de la BNP.

Atterrissage en douceur ou retournement de conjoncture ?
Trois ans plus tard, alors que la crise des subprimes a laissé la place à celle de la dette, les économistes sont plus pessimistes car depuis plusieurs mois certains indicateurs font moins bonne figure qu'avant. Dans une note interne publiée début décembre, HSBC souligne le ralentissement de la production manufacturière en Inde en cette fin d'année, combiné à une baisse de l'emploi dans ce secteur. En cause, une baisse des commandes et des délais de livraison allongés, du fait de coupures de courant, mais aussi l'inflation, qui renchérit le prix des achats pour les industriels indiens. Pour Leif Eskesen, chef économiste chez HSBC pour la zone Inde et Asean, c'est bien la demande interne qui est affectée.

En Chine, la tendance au ralentissement est encore plus marquée : pour les économistes de HSBC, la hausse de la production manufacturière a enregistré en novembre son point le plus bas depuis mars 2009. Là encore, "la demande intérieure faiblit, et la demande extérieure ne peut que ralentir encore". Pour autant, les indices ne sont pas encore dans le rouge, soulignent les économistes de HSBC, et surtout, "les tensions inflationnistes se résorbent plus vite que prévu, ce qui libère de la marge de manœuvre à Pékin et lui permet d'organiser un atterrissage en douceur".

Au Brésil, la croissance a marqué un arrêt brutal (lien abonnés) après trois ans de hausse continue : après une excellente année 2010 (plus de 7 % de croissance), portée par de généreuses mesures de soutien à la consommation des ménages, la croissance ne devrait pas dépasser les 3,5 % en 2012. Mais, contrairement aux économies développées, les marges de manœvre sont plus nombreuses : avec des taux directeurs à 11 % et des mesures de relance en préparation, Brasilia a encore plusieurs leviers à actionner, surtout avec un taux de chômage qui ne dépasse pas les 6 %. De quoi faire rêver Barack Obama, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron réunis.

Audrey Fournier
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Message par Vania » 13 Déc 2011, 21:41

a écrit :La production industrielle ralentit en Inde

La croissance de la production industrielle de l'Inde est devenue négative pour la première fois en plus de deux ans avec une contraction de 5,1 % en octobre sur un an, selon les chiffres publiés lundi 12 décembre, reflétant l'impact de la politique monétaire agressive du pays. En octobre l'an dernier, la production industrielle avait progressé de 11,3 % sur un an. En septembre, cet indicateur avait déjà marqué le pas, progressant de seulement 1,9 %, bien loin des attentes du marché, lequel tablait sur 3,7 %.

La production manufacturière, qui représente environ 75 % de cet indicateur, s'est contractée de 6 % sur un an. L'activité minière a chuté de 7,2 % tandis que la production de biens d'équipements a plongé de 25,5 %. Pour Siddhartha Sanyal, directeur et économiste en chef chez Barclays Capital à Bombay, ces chiffres ont pris les analystes par surprise. "Les chiffres actuels sont significativement plus faibles que nos attentes, a-t-il souligné auprès de l'AFP. Chaque sous-segment a baissé, ce qui aggrave la situation. A l'évidence, il y a une assez forte pression sur le secteur industriel."

UNE INFLATION QUI FLIRTE AVEC LES 10 %

Les résultats mensuels de cet indicateur risquent de doucher un peu plus les espoirs de voir des pays émergents tels que l'Inde soutenir la croissance mondiale au moment où l'Europe et les Etats-Unis sont à la peine. La Reserve Bank of India (RBI) a pratiqué treize relèvements des taux depuis mars 2010 pour tenter d'enrayer une inflation qui flirte avec les 10 %, gros point noir de la troisième puissance économique d'Asie. Elle doit tenir une réunion de politique monétaire vendredi, mais, selon toute vraisemblance, aucun nouveau relèvement des taux ne devrait être décidé.

Depuis des mois, le milieu des affaires met en garde la banque centrale contre sa politique, arguant que ce resserrement monétaire bride la croissance de l'Inde, dans un contexte d'incertitudes sur les perspectives de l'économie mondiale. Alors que l'Inde visait au début de l'année une croissance annuelle de 9 %, elle a ramené ses ambitions à un taux de 7,5 %. Ces prévisions s'avèrent toutefois plus optimistes que celles sur lesquelles tablent des économistes indépendants, qui anticipent plutôt un taux inférieur à 7 %. L'Inde avait enregistré une croissance de 8,5 % pour l'année 2010-2011.


Les "analystes" et autres "spécialistes" ès économie ont beau voir encore une croissance de 7% pour l'Inde (peut-être c'est un chiffre de profits escomptés pour les trusts) le taux d'inflation et les chiffres de baisse de production en disent bien plus long. Pour la classe ouvrière indienne et plus largement les classes populaires d'Inde, cela se traduit sans doute par une nouvelle croissance... de la misère.

J'oubliais le lien : http://www.lemonde.fr/asie-pacifique/artic...#ens_id=1617393
Vania
 
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Message par Sinoue » 25 Déc 2011, 22:54

a écrit :Le « sous-impérialisme brésilien » refait surface
Un concept élaboré par un marxiste hétérodoxe dans les années 1960 est redevenu d’actualité : celui de sous-impérialisme brésilien.

A l’époque, le Brésilien Ruy Mauro Marini (1932-1997) visait l’expansionnisme de la dictature militaire de son pays. Aujourd’hui, cette notion est utilisée contre l’action de Brasilia, sous les présidences de Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) et de Dilma Rousseff (2011-…), tous les deux du Parti des travailleurs (PT, gauche).

Puissance émergente, le Brésil investit en Amérique latine et en Afrique, suscitant des résistances parmi les forces de gauche, les écologistes et les populations concernées.

Les multinationales brésiliennes, comme Petrobras, Vale ou Odebrecht, rencontrent des méfiances jadis réservées aux entreprises américaines ou européennes.

La Banque nationale de développement économique et social (BNDES), créée en 1952 pour soutenir des projets au Brésil, est désormais très active au-delà des frontières.

Cette banque publique brésilienne rivalise avec la Banque interaméricaine de développement (BID) et la Banque mondiale. En 2010, le BNDES a déboursé 1,3 milliards de dollars pour des investissements brésiliens à l’étranger.

Parmi les bénéficiaires des crédits de la BNDES figurent les géants du BTP brésilien Odebrecht, Andrade Gutierrez, Queiroz Galvão, OAS et Camargo Correa, présents dans 16 pays latino-américains. A Cuba, les Brésiliens sont les maîtres d’œuvre et les financeurs de l’élargissement du port de Mariel, un projet stratégique.

Cependant, le projet d’une route traversant l’Amazonie bolivienne, confiée à OAS, a provoqué une crise majeure, qui a obligé le président Evo Morales à reculer. En Equateur, c’est Odebrecht qui s’est trouvée en conflit avec le président Rafael Correa. Au Nicaragua, les travaux de Queiroz Galvão sur l’hydroélectrique de Tumarin sont également critiqués.

Au Pérou, la construction de l’hydroélectrique d’Inambari, avec participation brésilienne, a été suspendue à la suite de protestations de la population. Les usines hydroélectriques de Pakitzapango (sur le fleuve Ene) et Tambo (sur la rivière du même nom), encore à l’étude, pourraient subir un sort identique, malgré les affinités entre le président péruvien Ollanta Humala et les Brésiliens, qui l’ont aidé à se faire élire.

En Argentine, l’exploitation du potassium de Rio Colorado par le géant minier Vale est bloquée. En dépit de la fuite de capitaux argentins, le rachat d’entreprises locales par des firmes brésiliennes suscite l’appréhension.

Au Paraguay, la gestion de l’hydroélectrique binationale d’Itaipu est un motif de mécontentement récurrent contre « l’impérialisme brésilien ». Autre sujet de friction : la prospérité des propriétaires terriens « brasiguayos » (Paraguayens d’origine brésilienne), dans un pays qui n’a pas fait de réforme agraire.

Le Paraguay, comme la Bolivie, est une nation dépendante de son puissant voisin. Le Mercosur (le marche commun sud-américain) n’a pas réussi à compenser les asymétries entre le Brésil et l’Argentine, d’un côté, et le Paraguay et l’Uruguay, de l’autre côté. Faute d’intégration régionale, le dynamisme de l’économie brésilienne est un facteur de déséquilibre chez ses voisins.

Si à cela s’ajoute l’activisme de Brasilia sur la scène internationale, grâce à un outil diplomatique sans équivalent dans la région, l’implication des Brésiliens dans l’ébauche d’une politique sud-américaine de défense et de sécurité, on comprend pourquoi le spectre du « sous-impérialisme » refait surface. Et pourquoi Brasilia se méfie de mots comme leadership ou hégémonie, préférant mettre en avant les discours sur l’unité continentale. Sans vraiment convaincre.
Sinoue
 
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Message par Sinoue » 23 Fév 2012, 20:08

a écrit :Dépenses militaires : les pays émergents relancent la course aux armements
Analyse | LEMONDE.FR | 23.02.12 | 12h17  •  Mis à jour le 23.02.12 | 12h47

par Edouard Pflimlin


La Russie va dépenser 580 milliards d'euros sur 10 ans pour moderniser son armée, a lancé Vladimir Poutine, premier ministre sortant et candidat à la présidentielle de mars 2012. Il a insisté sur la construction de 400 missiles balistiques intercontinentaux d'ici à 2022 ou de 600 chasseurs de cinquième génération T-50 en collaboration avec l'Inde, vieux partenaire de Moscou et membre depuis 2004 de l'organisation de coopération de Shanghaï, dirigée par le couple russo-chinois. Cette militarisation à outrance de la Russie est-elle réelle ou juste un effet d'annonce pour profiter de la réduction du budget militaire des Etats-Unis – qui reste le premier du monde – et rattraper la Chine ? En effet, quelques jours avant l'annonce de la Russie, le groupe de recherche américain IHS estimait que la Chine augmenterait de 18,75 % par an son budget militaire jusqu'en 2015 (180,8 milliards d'euros). Là aussi, les experts s'interrogent sur réalité des chiffres officiels, tant un épais voile d'opacité couvre l'armée chinoise, laquelle s'oriente aussi vers du matériel de pointe : missiles anti-porte-avions, avion furtif J-20...
Ces annonces sont emblématiques de la "course aux armements" à laquelle se livrent de nombreux pays émergents, notamment ceux de l'Asie-Pacifique, depuis que le Pacifique est devenu le nouveau centre de gravité de la pensée stratégique américaine. En 2011, les dépenses de défense des émergents asiatiques avaient augmenté de 14 %. Un record mondial. La Chine caracole en tête mais l'Inde n'a pas dit son dernier mot. En février, New Delhi a commandé 126 Rafale français pour riposter à la menace pakistano-chinoise. Les autres puissances montantes ne sont pas en reste : Indonésie (+ 8,8 %), Vietnam (+ 8,92 %) ou Taïwan (10 % par an). Ce dernier va rénover ses 145 chasseurs F-16 pour 3,7 milliards de dollars. La Corée du Sud s'apprête à acheter 60 appareils mais hésite encore entre le modèle : F-35 ou F-15 américains, Eurofighter européen ou Gripen suédois ? Quant au Japon, la commande de 42 F-35 aux caractéristiques furtives a été passée pour 21 milliards de dollars là aussi, pour contrer la menace chinoise. "Mais la montée en puissance de la Chine n'est pas le seul facteur de motivation", explique l'expert de l'IHS Paul Burton. "Il y a un certain nombre de problèmes de sécurité persistants, provoqués par la concurrence sur l'utilisation des ressources naturelles inexploitées, incitant les Etats à accroître leur effort de défense".



Si l'Asie-Pacifique s'emballe, d'autres émergents leur emboîtent le pas. C'est le cas du Brésil dont les dépenses ont augmenté de 30 % entre 2001 et 2010 et qui veut consolider sa position de principale puissance militaire de l'Amérique du Sud. En projet, l'achat pour 33 milliards de dollars sur 20 ans, selon l'IISS, de nouveaux avions de combat, notamment le Rafale, en compétition avec d'autres modèles occidentaux. Enfin, l'Afrique du Sud, principale puissance militaire africaine, connaît, elle aussi, une croissance solide de son budget militaire.

Deux facteurs expliquent ces évolutions chez les puissances émergentes. L'un est économique : tous ces pays jouissent d'une croissance forte et durable. Mécaniquement, leurs dépenses de défense croissent en valeur absolue, mais pas nécessairement en valeur relative. Ainsi, en 1989, les dépenses militaires chinoises représentaient 2,5 % du PIB chinois, pour atteindre un point bas en 1997 de 1,6 % du PIB, remontant à 2,2 % du PIB en 2009, selon le SIPRI.

L'autre est stratégique : les pays émergents voient dans ces dépenses le moyen d'être reconnus comme puissances de premier plan. Mais pour accomplir ce saut qualitatif, il leur faut d'abord faire face aux conflits environnants, au moins par la dissuasion militaire et imposer leur leadership pour deux raisons. D'une part, l'Inde, en conflit de longue date avec le Pakistan au Cachemire, affronte à présent la rébellion naxalite. La Turquie fait face à la résistance des Kurdes. La Chine doit gérer la crise des Ouïgours et la montée du panturquisme ; la Russie est confrontée aux tensions dans le Nord-Caucase.

D'autre part, les rivalités inter-émergents les poussent à s'armer toujours davantage. L'Inde est préoccupée par la force militaire croissante de la Chine, étant donné leurs différends frontaliers dans l'Himalaya et leur rivalité dans l'Océan indien. La Chine s'inquiète de la présence militaire des Etats-Unis en Asie, en particulier en raison du conflit potentiel concernant Taïwan et du contrôle des routes maritimes. La Russie considère que la Turquie, membre de l'OTAN, ne doit pas s'immiscer dans les affaires du Caucase et de l'Asie centrale, alors qu'elle est contrariée par le déploiement du bouclier antimissile en Europe et en Turquie.

"Cette forte croissance (…) des équipements militaires" n'est pas qu'une source d'inquiétudes, elle "est est un répit bienvenu pour les industriels de l'armement occidentaux", d'après l'agence Fitch. Elle est aussi une opportunité pour les émergents. La Chine a ainsi présenté plusieurs de ses matériels militaires au dernier salon aéronautique de Singapour, le plus important d'Asie, très prisé par les industriels occidentaux. Car en Occident, la tendance est à la réduction des budgets militaires. En Europe, ils ont diminué de 2,8 % en 2010, selon le SIPRI. Aux Etats-Unis aussi, le budget militaire va baisser en raison des problèmes budgétaires et de la réduction des opérations extérieures (Afghanistan, Irak). Mais cette baisse ne doit pas toucher la zone Asie-Pacifique. "Nous renforcerons notre présence dans la région", a déclaré le président Obama en janvier. Cette réorientation stratégique se traduit par une concentration de moyens au Japon, en Corée du Sud et en Australie.

D'où les craintes de la Chine et de la Russie. Cette explosion des dépenses des émergents n'est pas près de s'arrêter. Au contraire, la question du programme nucléaire de l'Iran pousse les dépenses à la hausse, notamment chez ses voisins du Moyen-Orient. Si la fin de la guerre froide avait laissé espérer toucher les dividendes de la paix, 20 ans après la chute de l'URSS, les espoirs ont déchanté.
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Message par Sinoue » 16 Avr 2012, 18:30

C'est un article qui résume bien les dissensions qu'il subsiste entre un pays émergent et un état impérialiste tout puissant. Ca montre bien en quoi les bourgeoisies quelles qu'elles soient ont intérêt à conserver des taux d'échange aussi fixes que possible. J'aimerai bien comprendre le rapport entre l'état de crise de l'économie mondiale, et la nécessité de favoriser les exportations en baissant le cours de sa monnaie nationale; pcq c'est en permanence avantageux pour un pays comme la Chine d'avoir un cours qui baisse. Est-ce que le rapport entre import et export tend a se resserer en ce moment?

a écrit :La Chine assouplit encore un peu son contrôle des taux de changes
LE MONDE | 14.04.2012 à 14h37 • Mis à jour le 16.04.2012 à 10h18

Par Harold Thibault

La Banque centrale chinoise a annoncé samedi 14 avril qu'elle allait élargir la bande de flottement du yuan, la monnaie nationale, par rapport au dollar. Le yuan va pouvoir flotter de plus ou moins 1 % autour du cours pivot qu'elle établit quotidiennement par rapport au dollar américain, à partir de lundi 16 avril.

Même si le pays continue à tenir en bride le cours de sa devise (son cours n'est pas déterminé par la loi de l'offre et de la demande comme pour la plupart des grandes monnaies de la planète), il s'agit quand même d'un assouplissement conséquent. Depuis 2007, le yuan ou renminbi ("la monnaie du peuple") ne pouvait progresser que de 0,5 % par jour par rapport au cours fixé par les autorités. Avant, la marge n'était que de 0,3 %.

Cette annonce est une nouvelle étape dans la politique chinoise des petits pas vers la libéralisation de sa politique de change et vers l'internationalisation du yuan. L'objectif à long terme de Pékin est de faire du yuan une monnaie de réserve internationale, reflétant l'importance du pays dans les échanges mondiaux.

TENSIONS DIPLOMATIQUES

L'annonce intervient dans un contexte de tensions diplomatiques entre la Chine et ses partenaires commerciaux, notamment les Etats-Unis, qui l'accusent depuis des années de conserver sa monnaie à un niveau artificiellement bas. Une situation qui a pour effet de favoriser, selon eux, les exportations chinoises. Le Républicain américain Mitt Romney a demandé, mi-février, que la Chine soit qualifiée de " manipulatrice" pour son contrôle des changes, un statut donnant lieu à des mesures de rétorsion de la part des Etats-Unis.

Les Etats-Unis ont toutefois annoncé, vendredi 13 avril, qu'ils retardaient la publication d'un rapport sur le contrôle des changes chinois, à quelques jours d'un sommet du G 20, les 19 et 20 avril, qui sera suivi d'une réunion de haut niveau du Fonds monétaire international. L'élargissement de la bande de flottement quotidienne du yuan pourrait y être perçu comme un gage de bonne foi de Pékin.

Cette décision chinoise intervient par ailleurs un mois après que le premier ministre a estimé, lors du congrès annuel du Parti communiste, que le taux de change de la monnaie chinoise " est proche d'atteindre son niveau d'équilibre".

La politique de change chinoise génère des tensions intérieures. Pékin a laissé le yuan s'apprécier de 21 % par rapport au dollar de 2005 à 2008, puis a suspendu le mouvement pendant deux années de crise, afin de porter secours aux provinces où l'emploi repose sur les exportations. Depuis 2010, Pékin laisse de nouveau le yuan progresser face au dollar, ce qui suscite l'ire des industriels des régions côtières dynamiques. Un dollar valait 6,2884 yuans le 10 février dernier, un record pour la monnaie chinoise depuis dix-huit ans.

Harold Thibault
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Message par Sinoue » 12 Mai 2012, 13:13

Rue 89

a écrit :Le lent glissement des plaques géopolitiques mondiales


Le Yéti
yetiblog.org
Publié le 11/05/2012 à 10h52
Bon, c’est pas tout ça, les petites salades électorales franco-françaises, l’insurrection civique grecque ! Nous vivons tous sur une planète et celle-ci est présentement affectée par un lent mais vaste glissement de ses plaques géopolitiques. Au point, comme le précise l’historien Paul Kennedy, cité par El Correo latino-américain, de nous faire changer d’ère.

« La lente accumulation de forces transformatrices, en grande partie invisibles, presque toujours imprévisibles, finissent tôt ou tard par transformer une époque en une autre distincte. »

La quête d’indépendance des Brics

De quoi cette phrase mystérieuse retourne-t-elle ? Selon Paul Kennedy, quatre « forces transformatrices » travaillent à cette mue planétaire :

l’érosion du dollar comme monnaie de référence mondiale ;
la paralysie du projet européen ;
l’ascension de l’Asie ;
la décrépitude des Nations unies.
Dernier épisode en date, les représentants des Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud), réunis en sommet les 28 et 29 mars à New Delhi, ont lancé le projet de création d’une banque commune à leurs cinq pays. Objectif : échapper à la férule de la Banque mondiale et du FMI sous contrôle occidental.

Parallèlement, le yuan apparaît de plus en plus comme une monnaie d’échange bilatéral en lieu et place d’un roi dollar dévalué, y compris et c’est nouveau avec des pays comme le Japon, mais aussi l’Australie.

En bref, note Raúl Zibechi, le journaliste d’El Correo, c’est tout le système créé à Bretton Woods il y a 70 ans qui est sur le point de s’effondrer. Et ce n’est pas la fuite en avant actuelle des planches à billets occidentales – « le tsunami de liquidités », selon Angela Merkel – qui risque d’arranger la situation.

Réarmement généralisé

Le problème avec le lent glissement de ce genre de plaques, c’est qu’il ne va pas toujours sans frottements douloureux, sinon séismes meurtriers. La prépondérance économique devient beaucoup moins supportable lorsqu’elle s’accompagne d’une montée en puissance politique. Surtout pour les plaques qui dominaient jusque-là et se retrouvent dans une très inconfortable position inférieure.

Il y a belle lurette que les Etats-Unis font beaucoup plus figure de puissance militaire que d’empire économique. Et cela bien que leurs dernières interventions en la matière (Afghanistan, Irak...) s’achèvent plutôt mi figue mi raisin (un peu plus figue que raisin).

Conscients qu’une hégémonie chinoise ne serait guère mieux supportée par l’empire déchu que par les autres forces émergentes, les membres des Brics se lancent eux aussi dans une inquiétante course aux armements.

La Chine a annoncé le doublement de son budget d’armement d’ici 2015. En 2011, la Russie est entrée au top 3 des dépenses d’armement devant l’Angleterre et la France, avec un budget de la défense 2012 en très forte hausse.

Si l’Inde et le Brésil penchent pour le Rafale français, ce n’est pas seulement pour faire la nique à Boeing, mais parce que le constructeur du premier leur assure une cession complète de sa technologie, donc une totale indépendance de production.

Les pressions américaines sur ces deux gouvernements sont telles, qu’après avoir les avoir faits longtemps hésiter (le Brésil), elles pourraient bien aboutir au résultat inverse qu’espéré par indisposition galopante de ses interlocuteurs.

Orages en vue

En résumé, une situation qui se tend sous les effets dévastateurs des « perturbations » annoncées par les météorologues du Leap :

rechute de la crise aux Etats-Unis sous l’effet de la récession européenne,
décélération des Brics,
impasse pour les dettes des banques centrales,
tempête sur les marchés des changes,
aggravation de la crise iranienne,
nouvelle faillite des marchés et des institutions financières...
Météo déprimante, n’est-ce pas ? Ben oui, tout ça vous a un petit côté « ciel qui vous dégringole sur la tête ». Mais après tout, mieux vaut savoir d’où vont surgir les orages, non ?
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Message par Sinoue » 01 Juin 2012, 19:03

Ca donne suite à l'article précédemment posté par Vania. C'est plus une "réponse aux arguments des réactionnaires", mais ce n'est pas non plus un fait "divers". J'ai mis en gras cet appel à la grève générale relayé par une brève d'aujourd'hui de LO. :ph34r: Une grève générale dans un pays d'un milliard d'habitants ça doit être quelque chose... encore faudrait-il qu'une majorité des habitants aient un emploi...

a écrit :L'économie indienne rattrapée par la crise mondiale
Le Monde.fr | 01.06.2012 à 18h43

Par Anna Villechenon

Alors qu'elle jouissait depuis plusieurs années d'un taux de croissance autour de 9 %, à faire pâlir d'envie les pays développés, l'économie indienne n'a progressé "que" de 5,3 % au premier trimestre 2012, enregistrant son plus faible score trimestriel depuis 2002-2003, quand les analystes s'attendaient à une progression de 6,1 %.

Sur la même période, la quatrième puissance économique d'Asie a enregistré une contraction de 0,3 % de la production de son secteur industriel. "L'activité est plombée par les services [qui forment 59 % du PIB indien], qui décélèrent en deça de 8 % [contre 8,9 % précédemment]", selon les économistes de Standard Chartered Bank. "En particulier, le commerce de gros et de détail - qui est un bon indicateur pour la consommation - ralentit fortement", analysent-ils. Quant aux secteurs agricole, de la construction et des mines, ils n'ont progressé que modestement par rapport aux dernières années.

Après avoir connu un "boom" économique entre 2003 et 2008, l'économie indienne doit aujourd'hui faire face à des problèmes structurels, dans un contexte de crise économique mondiale où la méfiance des investisseurs a des conséquences de plus en plus lourdes.

FUITE DES CAPITAUX ÉTRANGERS

"C'est un ralentissement cyclique, que l'on observe dans l'ensemble des pays émergents. L'Inde est affectée par la crise bancaire et monétaire internationale. Depuis neuf mois, les investisseurs retirent leurs capitaux du pays, et notamment les banques qui ont besoin de liquidités pour augmenter leurs réserves. Ce tarissement de l'investissement est d'autant plus lourd pour l'Inde, dont la balance des paiements est dans le rouge", explique Jean-Joseph Boillot, conseiller au Club du Centre d'études prospectives et d'informations internationales et spécialiste de l'économie indienne.

"Huit à dix milliards de dollars sont retirés chaque mois, affectant en grande partie les prêts aux grandes entreprises indiennes dits ECB (External commercial borrowing)", censés justement faciliter l'accès à l'investissement pour les étrangers, qui représentent la moitié des investisseurs à la Bourse de Bombay, détaille-t-il. Or, l'Inde, contrairement à la Chine, possède des réserves de change limitées : "Elles ont baissé de 30 milliards de dollars ces derniers mois, sur un total de 300 milliards environ", précise M. Boillot.

UN CLIMAT DES AFFAIRES DÉGRADÉ

Outre le prix d'une conjoncture mondiale défavorable, Delhi commence à payer celui de son environnement des affaires "très médiocre, qui tient la 83e du classement de la Banque mondiale [le Doing Business report, qui juge l'attractivité d'un territoire], juge M. Boillot. Quand la croissance de l'Inde était de 8 ou 9 % de 2003 à 2008, ce n'était pas gênant, mais en temps de crise, c'est un critère important pour les investisseurs, qui font la chasse aux actifs de qualité", souligne-t-il. Très touché par ce phénomène, le secteur de l'informatique, qui a enregistré de nombreuses pertes de contrats avec les entreprises étrangères ces derniers mois.

Par ailleurs, les entreprises doivent compter avec une inflation toujours très élevée (7,2 % au mois d'avril), dans un pays où plus de 455 millions personnes vivent avec moins de 1,25 dollar par jour, selon les données de la Banque mondiale. En octobre, l'envolée des prix alimentaires avait même frôlé les 10 %. "Il y a une incertitude sur la consommation, qui pousse les entreprises à freiner leurs investissements en matière de développement. Par exemple, les ventes de voitures ont fortement décéléré ces derniers mois", indique M. Boillot. A la fuite des capitaux, s'ajoute désormais la faiblesse du marché intérieur.

AUSTÉRITÉ CONTRE DÉVUALATION

L'Inde doit également faire face à un déficit budgétaire trop élevé (5,8 % du PIB), alors qu'elle s'était fixé l'objectif de le limiter à 3,9 % du PIB en 2012, précise M. Boillot. Dans un pays où l'économie parallèle est très développée, Delhi a du mal à collecter des impôts. Le gouvernement de centre-gauche de Manmohan Singh a donc décidé de prendre des mesures d'austérité. Jeudi, les compagnies pétrolières publiques ont annoncé la hausse de près de 12 % des prix du pétrole à la pompe, provoquant un appel à la grève générale.

Cette mesure vise, entre autres, à répercuter une dévaluation de la roupie, qui augmente considérablement la facture du pétrole importé (80 % du total), qui pèse à lui seul pour un tiers des achats du pays à l'étranger. La devise indienne est actuellement la monnaie asiatique la plus mal en point, avec la perte d'un quart de sa valeur sur les douze derniers mois.

LA BANQUE CENTRALE IMPUISSANTE

La banque centrale indienne, sur laquelle pèsent de nombreuses attentes, doit faire face à un véritable dilemme concernant sa politique monétaire : si elle baisse ses taux, elle relance la croissance mais fait chuter le cours de la roupie et augmenter l'inflation - ce qui est très difficile à faire passer politiquement. En revanche, si elle augmente ses taux, elle fera grimper le cours de sa monnaie et diminuer l'inflation, mais également la croissance.

"C'est le gouvernement qui a les cartes en mains, notamment sur deux défis importants : l'acquisition de terres, dont certaines sont occupées, afin que de nouvelles entreprises puissent s'installer et l'augmentation de la capacité du pays à générer de l'énergie, via notamment la construction de centrales nucléaires."

C'est sans compter sur l'inertie de la bureaucratie indienne. "Ces deux dossiers sont victimes d'un imbroglio législatif qui les empêche d'avancer", regrette M. Boillot, pointant la difficulté du gouvernement à faire adopter ses décisions. Derniers exemples en date, l'annulation de l'ouverture de la grande distribution aux multinationales étrangères - dont Carrefour et Wal-Mart - ou la levée des restrictions qu'il avait imposées quelques semaines plus tôt sur les exportations de coton vers l'étranger. Des fluctuations qui risquent, à terme, de faire perdre du terrain à l'Inde, face à sa rivale économique chinoise.

Anna Villechenon
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Message par Sinoue » 02 Sep 2012, 09:47

a écrit :La rivalité entre le Brésil et le Mexique, sur fond de concurrence entre les BRICS et les MIST. Lemonde.fr





Le ralentissement des économies des BRICS suscite un engouement pour les MIST. Si l’acronyme du Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud est assez connu depuis son invention par Goldman Sachs, le deuxième n’a pas encore fait sa percée : il désigne le Mexique, l’Indonésie, la Corée du Sud et la Turquie.

Tandis que le Brésil connaît une croissance médiocre (0,8 % au deuxième trimestre), le Mexique devrait finir l’année avec 4 % d’augmentation du produit intérieur brut (PIB). L’économie mexicaine bénéficie du redémarrage des Etats-Unis et du renchérissement des exportations chinoises à cause de la valorisation du yuan. Contrairement au taux d’intérêt record en vigueur au Brésil (11 % en janvier, 7,5 % fin août), le Mexique s’en tient à 4 % depuis 2008.

La relance de l’économie brésilienne, par les appels de la présidente Dilma Rousseff au secteur privé, portera-t-elle ses fruits ? Elle y joue en tout cas sa réélection en 2014.

Le Brésil et le Mexique sont les principaux pays émergents d’Amérique latine. Chacun a ses atouts dans la compétition internationale.

Les Mexicains ont l’avantage et l’inconvénient de trop dépendre des Etats-Unis, tandis que les Brésiliens ont réduit leur vulnérabilité par une ouverture à d’autres marchés. Les exportations du Mexique sont diversifiées, tandis que le Brésil peine à se dégager du poids des commodities. Leur concurrence face aux investisseurs et aux marchés étrangers se double d’une regrettable rivalité diplomatique

De manière générale, les BRICS réduisent leur croissance insolente, qui leur permettait de pavoiser face à la crise de l’Europe. Tandis que les MIST attirent l’attention des investisseurs et des analystes par une croissance conséquente et une attitude plus modeste.

Les marchés seraient-ils prêts à s’enticher des MIST après avoir été déçus par les BRICS ? Ce serait oublier la différence appréciable entre les deux regroupements. Le Brésil, la Russie, l’Inde et la Chine font presque quatre fois le PIB des MIST. Le nombre des consommateurs potentiels des BRICS frôle les 3 milliards de personnes, soit six fois le marché des MIST. Malgré leur ralentissement conjoncturel, les BRICS restent des poids lourds.

La Colombie dépasse l'Argentine

Les émergents des BRICS et des MIST se retrouvent au G 20, qui regroupe les vingt principales économies du monde. Ils doivent compter avec ceux qui se bousculent déjà au portillon, les CIVETS, c’est-à-dire la Colombie, l’Indonésie, le Vietnam, l’Egypte, la Turquie et l’Afrique du Sud.

La Colombie est désormais la deuxième économie d'Amérique du Sud, après le Brésil (et la troisième d'Amérique latine après le Brésil et le Mexique). En termes démographiques, les Colombiens (46,6 millions) avaient déjà dépassé les Argentins (40 millions). Le PIB rattrape maintenant le dynamisme de la société colombienne, malgré le handicap d'un conflit armé interne qui est un véritable cancer. Le PIB de la Colombie est de 362 milliards de dollars, celui de l'Argentine est de 347 milliards de dollars (chiffres prévus pour 2012).

Tandis que l’Indonésie et la Turquie figurent dans les deux acronymes MIST et CIVETS, et l'Afrique du Sud ferme le ban aux BRICS et aux CIVETS, l’Argentine, présente au G 20, ne figure nulle part. A cause du défaut de la dette, sans doute, mais aussi du protectionnisme et de l’insécurité juridique. Les places sont chères.

Sinoue
 
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