Comment César a inventé la Gaule... et la Germanie

Message par Vania » 14 Fév 2013, 21:21

En lien ici ( http://www.college-de-france.fr/media/chri...neaures0405.pdf ) un cours donné par Christian Goudineau au collège de France.
IL y explique, textes antiques à l'appui, comment la "Gaule" et sa frontière sur le Rhin, avec en face des "Germains", est une invention césarienne. Comme l'ont fait ensuite les puissances européennes en Afrique, le Rhin est alors une frontière artificielle. Suit après une série de citations, surtout des XIXe et XXe siècles, montrant comment en France les nationalistes ont su exploiter le texte de César, dans une propagande anti-allemande.
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Message par Jacquemart » 14 Fév 2013, 21:35

J'ai souvenir d'une discussion très savante (mais très intéressante) sur ce point dans les bouquins de Jean-Louis Brunaux, le grand spécialiste français des Gaulois (et dont certains sont très courts et très accessibles, comme "Les gaulois expliqués à ma fille").

Si je me souviens bien (ce qui n'est pas sûr) il dit que César en rajoute, mais qu'il n'invente pas : il y a bel et bien une différence réelle entre les peuples gaulois et les Germains - ne serait-ce que sur le plan des structures sociales : les Gaulois formaient manifestement des sociétés étatiques, alors que les germains, non.

Mais bon, fiez-vous davantage à l'original qu'à mes vagues souvenirs... ;)
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Message par Vania » 14 Fév 2013, 22:03

Oui, c'est juste. Le degré de complexification sociale n'était pas le même de part et d'autre du Rhin. L'Etat était né ou était en train de naître dans ce qui deviendra la Gaule de César, mais pas encore de l'autre côté du Rhin. Ce sera d'ailleurs le problème auquel sera confronté Auguste lorsqu'il essayera de repousser la frontière de l'empire vers l'Elbe. Ces armées sont largement supérieures militairement, mais il n'y dispose pas d'une élite sociale locale suffisamment stable et développée sur laquelle s'appuyer pour contrôler le territoire.
Mais il en était de même dans une partie de la "Gaule", sa partie nord, qui ne disposait pas de villes. César y est en difficulté, pas de place centrale, pas de capitale à prendre.
Ce qui est frappant dans les textes grecs qu'exploite Goudineau, c'est la difficulté des auteurs grecs qui sont proches dans le temps de César à gérer une tradition littéraire antérieure qui leur parle d'une Celtique, d'une Galatie de part d'autre du Rhin, quand César dit le contraire.
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