Tu te souviens je suppose, qu'il fut un temps, avant le mien, où l'on disait "Les infirmes".
Tu es (je suppose) convaincu aujourd'hui que l'expression est péjorative, et tu ne l'emploies pas.
En voici l'étymologie
Réfection savante, d’après le latin infirmus (« faible, physiquement ou moralement ») de l’ancien français enferm « malade, faible »
Il est donc normal qu'une appellation sur l'affection du handicap ne comporte ni privatif, ni truc qui te plaque au sol pour la vie avec ton manque.
Il est normal qu'on marche sur des oeufs avec le vocabulaire sur le handicap et les gens qui en souffrent, c'est compliqué.
Et enfin et surtout d'une façon plus générale, il est normale que les mots évoluent.
Il y a quelques années, j'étais à la piscine. Une jeune femme handicapée mentale nageait (100 fois mieux que moi au demeurant, une magnifique brasse coulée). Mais de temps en temps, il lui prenait l'envie, entre 2 longueurs, ce qui était plutôt sympa et rigolo, de s'approcher des autres nageurs, et de leur dire "Bonjour, je m'appelle Nadjet. Ca va vous ? Comment vous vous appelez ?"
Sa mère n'était pas contente, elle était gênée que des gens fussent gênés et mal à l'aise, alors elle disputait sa fille et s'excusait auprès des gens "Excusez-là, elle est malade !". Mais elle était gênée à tort la plupart du temps, car pas mal de gens, comme moi, se marraient et papotaient avec Nadjet.
"Non, elle n'est pas malade" me disais-je, "elle est handicapée. C'est très différent. Et elle est très sympa et elle nage 100 fois mieux que moi, je suis jalouse !"
Bon, sa mère devait pas rigoler tous les jours non plus, car par moment, Nadjet était de mauvais poil et piquait sa crise...