le camarade François de Massot est mort !

Re: le camarade François de Massot est mort !

Message par Gayraud de Mazars » 12 Oct 2023, 11:42

Salut camarades,

On peut lire dans la Tribune des Travailleurs du mercredi 11 octobre 2023, n°410, dans le journal du POID et de la TCI, cet hommage de ses camarades à François De Massot.

Hommage à François de Massot (1932-2023)
CR_MUMBAI_2.jpg
François De Massot
CR_MUMBAI_2.jpg (36.43 Kio) Consulté 1424 fois

François de Massot, conférence de Mumbai, 2016 photo La Tribune des travailleurs

Notre camarade François de Massot nous a quitté le 2 octobre. François avait rejoint la IVe Internationale à l'âge de 18 ans, en 1950. Depuis cette date, et tout au long des soixante-treize années écoulées, il a agi avec constance comme un combattant de la IVe Internationale, défendant en toutes. circonstances son programme et la nécessité de sa construction.

Lorsqu'il rejoint le trotskysme, François vient d'être exclu des Jeunesses communistes et du PCF auquel il avait adhéré deux ans plus tôt. D'emblée, il situe son combat dans le cadre qui reste sien toute sa vie, ce qu'il appelait et rappelait avec insistance et en toutes circonstances : l'unité mondiale de la lutte de classe. Pour François, il n'y avait aucune séparation entre les tâches de construction du parti dans la lutte de classe en France et les tâches de construction à l'échelle internationale.

Dès qu'il rejoint la IVe Internationale , il participe aux brigades de jeunes qui se rendent en Yougoslavie à l'initiative de l'organisation trotskyste française. Il ne s'agissait pas de soutenir Tito (la IVe Internationale n'était pas titiste), mais cette présence aux côtés des travailleurs et des jeunes en Yougoslavie exprimait le refus de céder devant les diktats de la bureaucratie stalinienne qui, depuis le Kremlin , dénonçait comme fascistes tous ceux qui ne se pliaient pas à ses exigences.

Fidèle à la IVe Internationale , à son programme, refusant en toutes circonstances de céder devant l'appareil international du Kremlin, François s'est très naturellement rangé du côté de la majorité de la section française lors de la crise de 1950-1953. Cette majorité qui, avec Bleibtreu et Lambert, refusait le diktat des partisans de Pablo qui voulaient interdire la libre discussion dans la IVe Internationale et qui voulaient imposer à la section française de se soumettre à la direction du Parti communiste français.

Ce compagnonnage avec le camarade Lambert se poursuivra toute sa vie, ce qui n'empêchea nullement l'expression de désaccords et de nuances qui furent, conformément aux traditions qui sont les nôtres, librement débattus.

En 1958, lorsque le trotskysme est réduit à sa plus simple expression en France, une poignée de militants en assure la continuité, François entre au comité central de l'organisation. Depuis cette date, sans discontinuer soixante-cinq ans durant, il participera à la direction de la section française et de l'Internationale jusqu'au dernier jour de son existence.

Répétons-le, les tâches en France et les tâches de l'Internationale se sont toujours combinées pour François. Il se liera à ces jeunes qui, à l'époque de la guerre d'Algérie, refusant la capitulation du Parti socialiste devant la bourgeoisie colonialiste et ultérieurement devant de Gaulle, cherchèrent la voie du combat anti-impérialiste dans le cadre de la constitution du Parti socialiste autonome de l'époque.

Dans les années 1960, il participera à la construction de l'Organisation communiste internationaliste qui s'enracine dans la classe ouvrière dans la région de Nantes, se liant aux militants de la région, ceux qui allaient jouer un rôle décisif dans le déclenchement de la grève générale, et participant à l'organisation des comités de grève, tout en dépendant à cette activité le recrutement à la IVe Internationale. C'est d'ailleurs en partie sur la base de cette expérience qu'il écrira au compte de l'organisation l'ouvrage La Grève générale de 1968,dont la Tendance communiste internationaliste (TCI) vient récemment d'assurer la republication. Un livre qui permet encore aujourd'hui, à cinquante-cinq ans de distance, de combattre sur l'axe ouvrier face à la politique de trahison des appareils dans la grève générale.

Pour François, cette activité était indissociable de son engagement sur le plan international, suivant sans jamais relâcher son intérêt les processus dans la classe ouvrière britannique, les luttes au sein du Labour Party et des syndicats, les puissants mouvements de grève de la classe ouvrière de ce paie. Mais il était aussi partie prenante du combat difficile pour reconstituer la IVe Internationale aux États-Unis, ne ménageant aucun effort pour aider au regroupement de militants trotskystes après le naufrage de ce qui fut naguère la section de la IVe Internationale, le Parti Socialiste des Travailleurs. Tout autant intéressé, actif à discuter sur place, sur le terrain, avec des militants du Pérou, d'Afrique du Sud, de Hong Kong ou d'Espagne, du Pakistan, de Chine, du Bangladesh… sur tous les continents, François aura été pour des générations entières de militants ouvriers et de travailleurs le visage de la IVe Internationale. Il l'a fait avec sa fidélité aux principes, sa connaissance approfondie de la théorie, mais aussi avec cet art de la pédagogie qui était le sien, entraînant sans cesse et sans relâche pour convaincre.

François était aussi un rédacteur infatigable, que ce soit pour les revues de l'Internationale, dans La Tribune internationale naguère, La Vérité, ou encore dans Informations ouvrières , dont il assurera la responsabilité durant de nombreuses années autour de la grève générale. Et dans la dernière période, dans les organes du Comité d'organisation pour la reconstitution de la IVe Internationale et dans La Tribune des travailleurs.

Dans la dernière grande crise qui a frappé la IVe Internationale , François, une nouvelle fois et sans la moindre hésitation, s'est rangé du côté de la continuité et de la fidélité au programme. Avant même que cette crise ne disloque la IV e Internationale, dans les discussions internes à l'organisation en France comme au plan international, François avait pris position contre le courant liquidateur qui, dans les années 2010, après la disparition du camarade Lambert, s 'attaquait ouvertement à l'existence même de la IVe Internationale . Un fil de la continuité relie le jeune François de Massot qui, au début des années 1950, combattait le pablisme liquidateur à celui qui, soixante ans plus tard, combattait les liquidateurs de la IVe Internationale.

Lorsque la crise frappera la IVe Internationale , il reprendra son bâton de pèlerin pour impulser la vente de La Tribune des travailleurs dans la ville de Dijon, participant à la construction de l'organisation dans la région, s'exprimant dans les cercles d' études marxistes et dans les conférences de cadres. Ses interventions dans les congrès auront marqué des militants de toutes les générations.

Daniel Gluckstein, Olivier Doriane


« Un véritable pilier de la Quatrième Internationale »

Alan Benjamin, responsable de l'organisation Socialist Organizer des États-Unis, rappelle dans quelles conditions il a rencontré François
«Au début de l'année 1978, j'étais au Pérou. Le FOCEP – une coalition d'organisations trotskystes (POMR, PST et PRT) et d'éminents intellectuels de gauche – a présenté la fameuse « Moción Roja », ou motion rouge, à la session inaugurale de l'Assemblée constituante.

Elle déclarait que l'Assemblée constituante était désormais souveraine et non subordonnée au régime militaire du général Morales Bermúdez . Selon cette motion, l'Assemblée constituante devait désigner un gouvernement chargé de répondre aux revendications de la classe ouvrière et de la paysannerie.

Lorsque la majorité des délégués élus à l'Assemblée constituante a voté contre la Moción Roja, la FOCEP a appelé les travailleurs et les paysans péruviens à intensifier leurs mobilisations pour soutenir leurs revendications. En réponse, le régime militaire a déchaîné son appareil répressif – balles en caoutchouc, canons à eau, gaz lacrymogènes – contre les milliers de manifestants qui s'étaient rassemblés sur la place centrale de Lima. C'est à ce moment précis, en courant pour nous refuge, que j'ai rencontré le camarade François.

Il m'a aidé, en tant que jeune militant travaillant à l'Université nationale agraire, à comprendre la signification historique des événements que nous étions en train de vivre. Sans ses explications, il est probable que je n'aurais pas saisi et assimilé ce qui se passait.

Cette expérience au Pérou et les nombreuses discussions avec lui ont confirmé dans mon esprit la pertinence et le bien-fondé du Programme de transition de la IVe Internationale .

Elle a suscité en moi un grand respect pour François, qui, pendant des décennies, a été mon camarade, mon ami et mon mentor. Il était un véritable pilier de la Quatrième Internationale, auquel il a consacré l'essentiel de sa vie d'adulte..

Je regrette profondément que François ne soit pas parmi nous pour la conférence des 3, 4 et 5 novembre à Paris. Mais le simple fait que cette conférence ait lieu est un témoignage de la lutte permanente qu'il a mené pour la Quatrième Internationale.

Le camarade François nous manquera beaucoup. Du mieux que nous pouvons, nous essaierons de suivre ses traces. »


« Salut rouge au camarade François ! » Le message des militants indiens

«Au travers de nos échanges qui s'étalent sur une période de près de trois décennies, nous avons mesuré combien le camarade François avait une intelligence aiguisée. Il était une personne politique d'une grande envergure. Les intérêts de la classe ouvrière étaient toujours au premier plan de ses paroles et de ses actes. Sa contribution à l'organisation de conférences asiatiques en Inde et des conférences mondiales a été considérable. Sa capacité à dégager un consensus entre des camarades d'orientations politiques différentes a soudé un nombre d'entre nous en Inde. Sa connaissance de l'histoire et de la situation politique de l'Inde était étonnante.

Sa personnalité aimable, sa nature amicale et bienveillante attiraient des personnes de tous âges. Sa discipline de travail était admirable. Tout comme son aspect raffiné, ses qualités exemplaires resteront fraîches dans nos mémoires.

La classe ouvrière a perdu un autre camarade à une période cruciale de la tourmente mondiale.

Nous sommes aux côtés de son épouse Diana et de ses collègues du parti en cette heure de deuil. »

Nambiath Vasudevan, MA Patil, Milind Ranade


Fraternellement,
GdM
"Un seul véritable révolutionnaire dans une usine, une mine, un syndicat, un régiment, un bateau de guerre, vaut infiniment mieux que des centaines de petits-bourgeois pseudo-révolutionnaires cuisant dans leur propre jus."
Avatar de l’utilisateur
Gayraud de Mazars
 
Message(s) : 2494
Inscription : 23 Avr 2014, 12:18

Re: le camarade François de Massot est mort !

Message par com_71 » 13 Oct 2023, 16:32

Zorglub a écrit :J'avais souvenir également d'autres conférences internationales dans les vieilles LDC. Mais peut-être était-ce celles que étaient organisées sous l'égide de l'UCI, plus tard ?

Oui, entre 1972 et 1976 je crois. La liste des organisations invitantes étant d'ailleurs variable.
Celle de 1973 fut l'occasion d'une discussion sur la crise du Moyen-Orient :
https://mensuel.lutte-ouvriere.org/docu ... tionale-de
L’intérêt ne pense pas, il calcule. Les motifs sont ses chiffres. K. Marx, « Débats sur la loi relative au vol de bois » 1842.
Avatar de l’utilisateur
com_71
 
Message(s) : 6006
Inscription : 12 Oct 2002, 00:14

Re: le camarade François de Massot est mort !

Message par Zorglub » 13 Oct 2023, 20:34

Merci pour cette recherche.
Zorglub
 
Message(s) : 984
Inscription : 27 Fév 2009, 01:26

Précédent

Retour vers Divers

Qui est en ligne ?

Utilisateur(s) parcourant ce forum : Aucun utilisateur inscrit et 20 invité(s)