Les anarchistes russes partisans d'une dictature militaire pour chasser les youpins ?
Les arguments volent de plus en plus haut.
Prendre prétexte d'une lettre de Petrichenko (que je ne connaissais pas non plus, et donc, mêmes réserves que précedemment), ça ne veut strictement rien dire.
La révolte des marins de Cronstadt un épisode contre-révolutionnaire ?
Quelle blague !
Quelle blague sanglante !
Quant à Wrangel, faut-il rappeler les râclées que lui ont flanquées les troupes makhnovistes ?
Quant à la terreur, aux massacres commis par les bolchéviks du temps de Lénine déjà, la collectivisation forcée, l'interdiction de tous les partis politiques, le règne de la police, les exécutions sommaires.... tout cela, bien sûr, c'est de la propagande bourgeoise. Et pure invention, bien sûr, la confiscation du pouvoir aux soviets au profit du seul parti bolchévik.
Des inventions, tout ça.
Les critiques déjà émises par Rosa Luxemburg avant son assassinat, étaient donc aussi nourries par la propagande bourgeoise ?
Les critiques émises par Gorter aussi ?
L'effarement de tant de révolutionnaires devant la dérive sanglante et autoritaire des bolchéviks, c'était aussi une "déviation petite bourgeoise ?"
Quant à l'"Etat ouvrier", dont tu parles, Zelda, c'est là évidemment un point essentiel de divergence.
Les anarchistes comme le courant marxiste d'ultra-gauche ont toujours contesté cette analyse de l'Etat soviétique.
Pour nous, très rapidement, dès la mise au pas de la révolution, l'Etat soviétique a été l'instrument de domination d'une caste de bureaucrates dont la tâche a consisté à gérer le capitalisme et à opprimer la classe ouvrière.
C'est là une ligne de partage qui nous a durablement divisés.
Cela dit, les temps ont changé, même si nous sommes toujours persuadés que tirer les enseignements de l'échec de la révolution russe c'est remonter bien avant le stalinisme. C'est remonter à la conception léniniste du parti et de l'Etat dont tout cela découle. Les temps ont changé parce que même si le capitalisme reste fondamentalement le même, les conditions de sa domination, elles, ont changé.
Et heureusement, malgré l'entêtement et l'aveuglement de certains, je ne confonds pas les bolchéviks de 1921 avec ceux de 2005.
Même si ceux-ci se réclament de ceux-là.