La révolution inconnue de Voline

Message par ravine chien » 28 Fév 2005, 00:06

Petites précisions:
La lettre écrite à Wrangel (chef de la dernière armée blanche) est le fait de Pétritchenko, mais aussi de quatre autres dirigeants de Cronstadt. Elle est daté du 31 mai et débute par un "Votre excellence"!!!
La voici dans son intégralité

a écrit :                Votre excellence,

  Nous avons pris connaissance du contenu de votre lettre au professeur Grimm, et nous sommmes tout à fait prêts à répondre aux questions que vous y posez. Le soulèvement de Cronstadt avait comme seule fin de renverser le parti bolchévik et n'était limité par aucun programme de parti et par aucun lien avec des organisations antibolchéviques et n'envisageait pas d'imposer au reste de la population de la Russie aucune forme d'administration de l'Etat car nous considérions qu'après le renversement des communistes, le peuple russe déciderait lui-même librement de la formr de l'administration de l'Etat qui lui convient.
  Le slogan "tout le pouvoirs aux soviets et pas aux partis" avait été avancé afin d'unir tous les partis antibolchéviques et les masses populaires. La signification politique de ce slogan est très importante, car il arrache aux communistes l'arme qu'ils utilisent habilement pour réaliser les idées communistes sous la forme de prétendu "soviets du peuple". L'insurrection a montré mieux que tout l'utilité de ce mot d'ordre qui a provoqué le départ d'une certaine quantité de communistes de base des rangs de leur parti et qui a rencontré un large écho dans la population ouvrière et paysanne.
  L'agitation développée pendant trois ans par les bolchéviks a tellement banalisé tous les autres slogans dans la conscience obscurcie du peuple qu'il n'y avait plus de possibilité de les utiliser avec succès dans la lutte contre les communistes. Nous trouvant aujourd'hui sur le territoire de la Finlande, nous désirons continuer la lutte pour le renversement du joug communiste et tchékistes. Les soldats internés dans les camps représentent essentiellement des artilleurs des forts de Cronstadt, des troupes du 560ème régiment d'infanterie et un détachement du train de l'infanterie de marine. Vu le mélange systématique de la population d'autres territoires dans l'armée rouge, la garnison de Cronstadt était formée auix trois quarts de natifs d'Ukraine, depuis longtemps ennemis des bolchéviks. Lle dernier contingent était formé de natifs du Kouban, qui avaient auparavant servi dans l'armée de Denkine. Il  y a trés peu de vieux sous-officiers et en particulier d'officiers d'infanterie. Il n'y a presque pas de soldats qui n'ont pas participé aux combats.
Les instigateurs et les initiateurs de l'insurrection ont été des matelots, mais vu les circonstances de la chute de Cronstadt, il en est arrivé relativement peu ici. Le départ d'une partie des matelots en URSS a enlevé des camps les éléments les plus turbulents et les plus désordonnés; ceux qui sont resté constituent une masse unie sur tous les plans.
  Partisans d'une lutte active contre les communistes, les Cronstadtiens ne sont pas enclins à repousser toutes les formes possibles de conduite de cette lutte, que ce soit par l'intervention, la venue d'armées volontaires russes, ou une insurrection à l'intérieur de la Russie, pour obtenir le renversement le plus rapide possible du joug des communistes.
  Après le renversement des communistes nous jugeons indispensable l'instauration d'une dictature militaire pour lutter contre l'anarchie possible et pour garantir au peuple la possibilité d'exprimer librement sa volonté dans le domaine de l'édification de l'Etat.
  Nous nous soucions en ce moment de former une troupe sûre, qui, en cas de circonstances favorables, pourrait constituer le noyau pour le développement d'une lutte victorieuse contre les bolcheviks.
Nous vous considérons comme un lutteur désintéressé pour la libération de notre chère patrie, et nous vous adressons notre salut à vous et à la vaillante armée russe et nous croyons avec vous que l'heure de la libération de la Russie souffrante est proche.

Pétrichenko, ancien président du comité révolutionnaire de Cronstadt
Ivanov, commandant de la brigade du camp du fort Ino
Krasnekov, commandant d'un régiment d'infanterie
Chritoforov, ancien commandant du navire de ligne Petropavlovsk
Couvoîsier, commandant d'un bataillon de marine


Cette lettre est publiée dans le n°110 des cahiers du C.E.R.M.T.R.I.(juin 2003). Ce numéro est consacré à Cronstadt et comporte de nombreux documents relatifs à l'insurrection:
Tracts, lettres de matelots, résolution de la flotte de la Baltique, programme des insurgés, journal d'Alexandre Berkman, Izvestia de Cronstadt....
ravine chien
 
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Message par Puig Antich » 28 Fév 2005, 00:37

Je vois qu'on s'amuse bien ici, on est ouvert à la discussion, et on n'est surtout jamais trop sûr de soi.

J'ai pas envie de réfléchir des plombes sur ce sujet galvaudé qui est là tout spécialement, comme tant d'autres sujets, pour nous faire tourner en rond ; mais la manière dont vous acceuillez quelqu'un qui montre sa volonté de discuter et d'unité, c'est vraiment :altharion:


[ allez hop ... j'suis un anticommuniste :bleh: ]


Ha oui au fait, les anarchistes, ça existait (presque) pas à Cronstadt.
Puig Antich
 
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Message par Puig Antich » 28 Fév 2005, 01:21

a écrit :Ben alors va faire le malin sur des forums anti-communistes, c'est pas ça qui manque...


T'as des adresses ? On pourra faire une attaque groupée pour nous réconcilier :ph34r:
Puig Antich
 
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Message par ravine chien » 28 Fév 2005, 02:05

Une autre lettre écrite par les mêmes et adressée au chef blanc Grimm.



a écrit :                Honorable monsieur le professeur,

  Depuis trois ans et demi la Russie saigne sous le joug communiste. L'expérience montre que les actions isolées, ne permettent pas de renverser les communistes qui les écrasent facilement. Pour sauver le pays de la violence, de l'arbitraire et de la ruine totale, il est indispensable de renverser au plus vite les communistes. Commes nous en sommes partisans, nous jugeons de notre coté nécessaire de nous unir avec tous les groupes antibocheviks aux conditions suivantes.
          1. La possession de la terre aux paysans doit être confirmée.
          2. La liberté des syndicats pour les ouvriers.
          3. La reconnaissance de l'autodétermination des états frontaliers.
          4. L'expérience des Cronstadiens ayant montré que le slogan "tout le pouvoir aux soviets et nons aux partis" constituait une manoeuvre politique adéquate, car elle sucitait la scission dans les rangs communistes, était populaire dans les masses et était capable d'unir tous les partis (ce qui est nécessaire dans la lutte contre les bolcheviks), nous jugeons nécessaire de mener notre activité ultérieure en russie soviétique avec ce slogan jusqu'à la victoire sur les communistes.
          5. Tout en acceptant les indications et en utilisant les informations, nous jugeons nécessaire que l'on nous accorde la liberté d'action pour agir à Petrograd ou dans un autre lieu si les circonstances l'exigent et si la possibilité s'en présente.
          6. Bien que la forme extérieure du vêtement ne soit pas une question essentielle, vu qu'au cours de trois années d'agitation les communiste ont innoculé à la masse inconsciente l'idée que tous les porteurs d'épaulettes étaient ses ennemis jurés, nous jugeons indispensable de mener la lutte sans épaulettes.
  L'exposé des points ci-dessus ne préjuge pas de leur élaboration détaillée, elle n'est pas dictée par l'appartenance des Cronstadiens à un quelconque parti politique,  mais par l'expérience qu'ils ont tirée de trois année de lutte contre le communisme.


Pétrichenko, ancien président du comité révolutionnaire de Cronstadt
Ivanov, commandant de la brigade du camp du fort Ino
Krasnekov, commandant d'un régiment d'infanterie
Chritoforov, ancien commandant du navire de ligne Petropavlovsk
Couvoîsier, commandant d'un bataillon de marine

                                                    Fort Ino 31 mai 1921
ravine chien
 
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Message par artza » 28 Fév 2005, 08:26

a écrit :les anarchistes, ça n'existaient presque pas à Cronstadt


C'est tout à fait vrai. Peu nombreux à Kronstadt les anarchistes ne jouèrent aucun rôle significatif ou particulier au cours des évênements. Ils s'en emparèrent ultérieurement pour conforter leurs préjugés anti-bolcheviks.

a écrit :quand à la terreur, aux massacres commis par les bolcheviks du temps de Lénine déjà


Désolé Karib mais ça c'est la chanson de la réaction.
Du temps de Lénine déjà il y eut une guerre civile riche en massacres.
Les bolcheviks et ceux qui luttaient à leur côté ou sous leur direction (l'Armée rouge c'est pas les bolcheviks loin s'en faut!) ne furent pas des anges mais ils ne furent pas non plus les pires massacreurs liberticides jamais vu.
Comment ont-ils pu gagner si ce n'est en apparaissant aux yeux de millions de paysans comme ceux qui étaient contre le retour des "maîtres" bien qu'ils fassent supporter les réquisitions, la conscription des jeunes etc...?

Les bolcheviks le lendemain de la prise du pouvoir n'ont pas dissous tous les partis, interdits tous les journaux et internés tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec eux. Ca ne c'est pas passé comme celà, tu devrais le savoir.

a écrit :je ne confonds pas les bolcheviks de 1921 avec ceux de 2005


Ceux de 1921 si j'ai bien compris tu es pour leur tirer dessus.
artza
 
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Message par manu31 » 28 Fév 2005, 10:48

Il faudra bien qu'un jour les anars qui reprochent aux bolcheviks d'avoir réduit Cronstadt disent quel destin la révolution russe aurait connu s'ils ne l'avaient pas fait. (N'est-ce pas, Victor et Karib? ;) )

Même si on ne tient pas compte des lettre au Général Wrangel citées plus haut, même si l'on suppose que les révoltés étaient pour le triomphe de la révolution dans le monde, on ne peut pas nier que cette rébellion aurait été le plus grand service rendu aux blancs. J'ai l'impression que certains anars ne sont pas du tout matérialistes, et qu'ils croient vraiment que l'histoire aurait toléré une troisième voie entre -faut-il le rappeler- le premier état ouvrier depuis la Commune et les armées impérialistes coalisées qui venaient rétablir l'ordre capitaliste, le tsarisme et l'obscurantisme de l'église orthodoxe.

Il ne suffit pas de traiter les trotskistes de "dogmatiques", ou de dénoncer la "dérive autoritaire et sanglante des bolcheviks" pour échapper à la question.

A ce propos, faut-il rappeler que dans ses mémoires, Victor Serge reproche précisément aux bolchéviks de... ne pas être assez fermes dans l'application de leur politique et d'être trop indulgents envers les agents provocateurs.
manu31
 
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Message par Karib » 28 Fév 2005, 10:51

Chers héritiers de la Tchéka,
je vous rappelle que ce n'est pas moi qui ai lancé le fil sur Voline...
Tout au contraire, je pensais, naïvement, je m'en rends compte, qu'il était possible de dialoguer en mettant l'accent sur ce qui nous réunit et non sur ce qui nous divise. A quoi bon, finalement, remettre sur le tapis l'écrasement de la commune de Cronstadt et des insurgés makhnovistes ? N'y avait-il pas à trouver des terrains de réflexion et d'action communes pour lutter contre le capital ?
Mais apparemment, hors de l'Eglise, point de salut.
Avant de me retirer sur la pointe des pieds, laissez-moi vous raconter une anecdote :
Il y a quelques années j'ai rencontré un ancien dirigeant de Lutte Ouvrière. Un homme tout à fait sympathique, drôle, agréable compagnon de table et de conversations. Alors que je lui faisais part, moi le marxiste plutôt libertaire, de la sympathie que j'éprouvais pour Lutte Ouvrière malgré son discours bétonné, et que nous évoquions quelques militants connus de nous deux, il m'a mis en garde.
Certes, les militants de base de LO et les libertaires sont souvent très proches dans les entreprises, dans les luttes syndicales et politiques. Certes, ils ont souvent noué des liens de camaraderie, voire d'amitié, certes ils partagent beaucoup de choses, beaucoup d'attitudes et de réflexes communs. Une même rage contre le sort qui nous est fait.
Certes, me disait-il.
Mais prends garde. Une partie de leurs dirigeants, mais pas tous, heureusement, sont d'impitoyables bureaucrates qui n'hésiteront pas à te faire fusiller le jour venu.
Ces gens-là sont persuadés au plus profond d'eux-mêmes de détenir la vérité. C'est leur raison de vivre, l'ultime explication de leur conduite politique. Chez eux, me disait-il, jamais de place au doute. Et malheur à celui qui se met à réfléchir par lui-même en s'écartant des textes sacrés. L'inquisition n'est pas loin.
Et de me raconter son long calvaire au sein de l'organisation lorsque les pères de l'Eglise l'ont soupçonné de loucher vers l'hérésie.
Je vous en fais grâce.
On ne peut souhaiter qu'une chose : que chez les meilleurs d'entre vous, le dogme ne tue pas complètement le désir.
S'il nous est donné un jour de voir s'embraser une lutte d'envergure contre le capital, je reste persuadé que pour la plupart, nous nous retrouverons ensemble contre les éternels tchékistes. Les éternels massacreurs.
Karib
 
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