Souad "Brûlée vive"

[Pascal]

Tombée enceinte alors qu'elle n'est pas mariée, Souad, jeune fille de 17 ans en Cisjordanie, est condamnée à mort par ses proches afin de "sauver l'honneur de la famille". Brûlée vive par son beau-frère, elle arrive à s'enfuir, d'où ce témoignage.

Plus que seulement un témoignage sur les crimes "d'honneur", toute la première partie décrit les conditions de vie d'une femme de la campagne cisjordannienne. Le livre commence d'ailleurs ainsi :
" Je suis une fille et une fille doit marcher vite, la tête courbée vers le sol, comme si elle comptait ses pas. Son regard ne doit pas se lever, ni s'égarer à droite ou à gauche de son chemin, car si son oeil rencontrait celui d'un homme, tout le village la traiterait de charmuta." Et d'ailleurs, jusqu'à la page 78 (le moment où elle tombe amoureuse), la "vie" que décrit Souad n'est quasiment faite que de coups, d'humiliations et de soumission constante au système patriarcal. Chaque page décrit l'oppression que subit un être humain, uniquement parce qu'il est né femme.

[lallemande]

"Souad brûlée vive" est intéressant en tant que témoignage. Il décrit une oppression vraiment horrible. C'est l'horreur absolue: Souad a même perdu une soeur dont elle a oublié jusqu'au prénom, car cette soeur a été assassinée par son père ou son frère. J'hésite cependant grandement à le faire lire. ça se lit vite, certes, c'est du sensationnel, mais ce n'est pas un livre de combat et à ce titre, même à moi qui ne lis pas que de la littérature de combat, il pose pas mal de problèmes. En gros, il ne donne pas le moral. Sur le même sujet, mais pas dans la même région, je préfère "la fmme lapidée" de l'iranien Freidoune Sahebjam. La fin est horrible également, mais l'intrigue décrit très bien le processus qui peut amener la lapidation d'une femme dans un village reculé (mais pas coupé du monde, tu le verras si tu lis le livre).

[Pascal]

Effectivement, le livre décrit une oppression horrible, à tel point que j'ai ressenti en le lisant des émotions proches de celles que j'ai ressenti en lisant "Si c'est un homme" de Primo Levi, quelque chose comme "l'oppression absolue". Et bien sûr, ce n'est pas un livre qui donne le moral.

C'est un témoignage, écrit pour le compte d'une association humanitaire, et donc, il ne donne bien sûr aucune perspective de combat pour en finir avec cette barbarie (si ce n'est que l'action humanitaire). Mais j'ai trouvé que c'était un témoignage poignant, bien écrit, qu'on sent l'oppression à chaque ligne, et à ce titre, je trouve que c'est un bon livre pour décrire une réalité, que pour le "grand public", ce genre de livre peut amener ne serait-ce qu'à prendre conscience de ce qu'est cette oppression et de la barbarie que sont les crimes "d'honneur".