une politique de l'enfance

[Valiere]

UNE POLITIQUE DE L’ENFANCE
Du patronage au centre de loisirs »
De Francis LEBON
Editions L’Harmattan
Logiques sociales
247 pages
juillet 2005
24 €
En vente dès septembre 2005

Le Centre de Loisirs, oeuvre maîtresse de l’éducation populaire

Il s’agit là d’une oeuvre fort complète que beaucoup attendaient car il est vrai que très peu d’études ont été consacrées à cet espace éducatif essentiel qu’est le centre de loisirs.
L’auteur s’est donné le temps et les moyens de bâtir un document circonstancié, apportant ainsi un éclairage sur l’histoire des premiers patronages et sur la situation actuelle et les enjeux.
Il a questionné différentes archives municipales et associatives disponibles et rencontré de très nombreux acteurs, n’hésitant pas à s’immerger lui-même dans le milieu de l’animation dans le cadre de sessions de formation ou en exerçant la fonction d’animateur.

La laïcité de l’école et la séparation des églises et de l’Etat combattues par la hiérarchie catholique ont conduit l’Eglise à développer des patronages dans toutes les paroisses... Face à cette offensive visant à concurrencer l’influence de l’école républicaine, les instituteurs ont mis en place des patronages laïques...

Dans la première partie de son livre, Francis LEBON nous retrace cette « rivalité », l’action sociale des mouvements d’éducation populaire d’obédiences diverses ainsi que l’apparition entre les deux guerres de patronages particuliers, « prolétariens », mis en place par les municipalités communistes...
Toute cette évolution est présentée et expliquée ainsi que les mutations profondes qui ont suivi la Libération avec les interventions municipales, la crise des patronages catholiques dans les années 60 et l’œuvre entreprise par les organisations d’éducation populaire pour développer une politique des loisirs et faire évoluer les modes d’accès et d’organisation avec le passage du patro, au centre de loisirs...
« Initiée par le Front populaire, l’intervention réglementaire de l’Etat en tant qu’administration publique centrale s’accentue à partir du gouvernement de Vichy, puis avec la Libération »

Dans la deuxième partie, Francis LEBON nous présente les centres de loisirs d’aujourd’hui, de leur reconnaissance par l’administration à leur développement, sans oublier leurs relations parfois difficiles avec l’institution scolaire.
Le champ d’étude est national et aussi localisé puisque l’auteur s’est attelé à une recherche poussée sur la réalité, le présent et le devenir en perspective des centres de loisirs du Val-de-Marne.
L’étude sociologique des animateurs est particulièrement éclairante sur les origines sociales et les motivations entre les étudiants à la quête d’un petit boulot intéressant voire passionnant et ceux qui cherchent une insertion directement professionnelle.

Mais aujourd’hui se pose la question du statut des animateurs, de leur reconnaissance sociale et pécuniaire.
« l’autonomie du métier se relève précaire, en raison de la mobilité des animateurs et du caractère subalterne et souvent accessoire de cette forme d’encadrement des enfants »

Pourtant, avec le développement du temps libre, conçu de plus en plus comme un temps éducatif conséquent, le centre de loisirs, de plus en plus municipalisé mais oeuvre maîtresse de l’éducation populaire est plus qu’un dispositif institutionnalisé.

Les centres de loisirs sont les continuateurs et héritiers des patronages d’autrefois, mais fruits d’une volonté politique d’éducateurs, militants d’éducation populaire, ils ont évolué avec leurs temps et poursuivent leur mutation en s’inscrivant dans le respect des droits de l’enfant.
« En un peu plus d’un siècle, on passe donc d’un discours orthopédique sur l’enfance, fondé sur la régularité et la discipline ( silence, mobilité et dépendance de l’enfant), à un discours puérocentrique voire pédocratique ( parole, mouvement, compétence et autonomie de l’enfant)