(zejarda @ mardi 29 novembre 2005 à 21:49 a écrit :(Faber @ mardi 29 novembre 2005 à 19:07 a écrit : et Edwi Plenel alors ? c'est pas tous les jours qu'un respectable ex-soixante huitard masque sciemment un génocide :bleu-vomi:
I semblerai que le nouveau bouquin de Péan lui donne raison. La france n'a rien a voir dans le génocide rwandais, d'apres lui.
CODE Rwanda, polémiques autour du génocide
La sortie du livre-enquête de Pierre Péan tend à relativiser le génocide des Tutsis en 1994 et risque d'empoisonner les relations déjà tendues entre Paris et Kigali.
l'article, que l'on pourrait metre dans un nouveau fil peut-être.
http://www.liberation.fr/page.php?Article=341167
Je mets ici, l'article de Liberation.
a écrit :Rwanda
Rwanda, polémiques autour du génocide
La sortie du livre-enquête de Pierre Péan tend à relativiser le génocide des Tutsis en 1994 et risque d'empoisonner les relations déjà tendues entre Paris et Kigali.
par Christophe AYAD et Jean-Dominique MERCHET
QUOTIDIEN : mardi 29 novembre 2005
Jusqu'où peut aller le politiquement incorrect ? Le pavé (1) que vient de jeter Pierre Péan dans la mare choque au-delà de tout ce qu'on a pu lire sur le sujet du génocide au Rwanda. Péan, enquêteur chevronné, n'est pas un obscur activiste gravitant dans les cercles nostalgiques du «Hutu Power» de la banlieue de Bruxelles. Péan, en général, c'est du lourd, des infos, des scoops... Noires fureurs, blancs menteurs est tout autant une enquête sur le génocide rwandais qu'un pamphlet contre tous ceux qui auraient «gobé» un «conte médiatique», le «récit simpliste» communément admis d'un génocide dont le véritable auteur, selon Péan, serait Paul Kagame, l'actuel président du Rwanda, qu'il accuse non seulement d'avoir voué à une mort certaine et en connaissance de cause les Tutsis de l'intérieur, mais aussi d'avoir massacré en plus grand nombre encore les Hutus.
Ni la presse ni la communauté internationale n'ont sans doute assez enquêté sur les crimes du Front patriotique rwandais (FPR) de Paul Kagame (actuellement au pouvoir à Kigali) avant, pendant et après le génocide de 1994. Le régime Kagame, en niant toute identité ethnique, impose au Rwanda une autocratie qui ne dit pas son nom, où les opposants, et même toutes les voix déviantes, sont pourchassées, et réduites au silence. Mais de là à faire de Kagame «un Führer qui serait devenu directeur de Yad Vachem, le musée de la Shoah...», il y a plus qu'un pas, la relativisation d'un des deux seuls génocides du XXe siècle à avoir été pleinement reconnus par l'ONU (ce qui n'est toujours pas le cas génocide arménien).
Sans nuance. Péan, qui semble très préoccupé de la postérité de François Mitterrand et du rayonnement de la France face à «l'Empire» anglo-saxon on suppose se livre aussi à un éloge sans nuance de l'action de la France au Rwanda. Les relations, déjà exécrables, entre Paris et Kigali risquent d'en pâtir encore un peu plus. L'ouvrage reprend et confirme les conclusions du juge Bruguière sur l'attentat du 6 avril 1994 qui a coûté la vie au président hutu Habyarimana et déclenché le génocide : le coupable ne serait autre que Kagame. L'instruction du juge antiterroriste, initiée par la plainte des familles des servants français du Falcon 50 présidentiel, est bouclée depuis cet été, mais il n'a toujours pas transmis ses conclusions au parquet. Elles pourraient se traduire par l'ouverture d'une information judiciaire visant le président rwandais en exercice. Paris n'en veut à aucun prix, tant les retombées risquent d'être dévastatrices. Kigali a des moyens de représailles, à travers la plainte contre X déposée à Paris au Tribunal des armées par des rescapés du génocide (lire page 4) qui accusent des militaires français d'avoir aidé les génocidaires, voire d'avoir participé aux exactions lors de l'opération Turquoise.
Ambiguïtés. Pour l'armée française, le Rwanda reste un cadavre dans le placard. Officiellement, tout va bien. «Nous sommes le seul pays à avoir déclenché une opération humanitaire, alors que la communauté internationale ne voulait rien faire», répète-t-on dans les états-majors. Pourtant, sous la pression de la presse et d'ONG comme Survie, une mission parlementaire d'information pointait, dès décembre 1998, les ambiguïtés des interventions françaises dans un rapport de près de 2000 pages. Sous la plume du socialiste Paul Quilès, le rapport concluait toutefois que «notre pays peut et doit être fier de l'action qu'il a conduite».
Droite et gauche françaises n'ont jamais polémiqué sur les choix opérés par François Mitterrand et assumés par Edouard Balladur, en pleine cohabitation au moment du génocide. En 2003, Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères, utilisait l'expression ambiguë «des génocides» rwandais, accréditant la thèse de massacres commis de part comme d'autre. Une telle unanimité résisterait-elle à un déballage judiciaire ?
(1) «Noires fureurs, blancs menteurs. Rwanda 1990-1994», Mille et une nuits, 544 pp., 22 €.
Et toujours dans le meme dossier:
a écrit :Rwanda
A charge contre Kagame, à décharge pour la France
Le livre fait de l'actuel président rwandais le vrai responsable du génocide.
par Christophe AYAD
QUOTIDIEN : mardi 29 novembre 2005
Dans Noires fureurs, blancs menteurs, Pierre Péan n'ambitionne pas moins que présenter une nouvelle histoire du génocide rwandais, une histoire qu'il fait débuter en 1990 et non le soir du 6 avril 1994. Décryptage des quatre principaux points de la démonstration de Péan.
L'attentat du 6 avril 1994 et l'absolution des extrémistes hutus
Péan se fonde sur son enquête personnelle et sur les conclusions de l'instruction menée par le juge Jean-Louis Bruguière pour affirmer, avec certitude, que le Falcon 50 transportant le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue burundais a été abattu par des hommes du Front patriotique rwandais (FPR).
Mais cette hypothèse est largement fondée sur le témoignage d'Abdul Ruzibiza (1), un ancien soldat du FPR qui aurait fait partie du commando Network ayant abattu l'avion. Kigali conteste à Ruzibiza, aujourd'hui réfugié en Norvège, toute légitimité, l'accusant d'être un sous-fifre qui exagère son rôle. D'autres remettent en cause l'authenticité des tubes lance-missiles trouvés sur place et incriminent les réseaux extrémistes hutus dans l'attentat.
La responsabilité de Paul Kagame dans l'attentat du 6 avril est certes possible, voire vraisemblable. Là où la thèse de Péan devient contestable, c'est dans sa volonté d'absoudre, par là même, le régime Habyarimana du génocide. Comme si, avant l'étincelle, il n'avait pas fallu toute une préparation : formation de milices, mise en place de listes de Tutsis et d'opposants hutus à éliminer, propagande conditionnant la population, achats d'armement, de machettes, etc.
Le génocide minimisé
En décidant d'ouvrir son enquête en 1990, Pierre Péan entend prendre en compte les crimes commis par le FPR dans les zones qu'il contrôlait. S'il est vrai que cette enquête reste à faire, tout comme celle sur les exactions du FPR dans les mois et années qui ont suivi son arrivée au pouvoir en juillet 1994, Péan minimise systématiquement la spécificité du génocide des Tutsis, qu'il estime connu de tous, pour s'étendre longuement sur les massacres commis par le FPR. Il en arrive à évoquer le «martyre des Hutus (...) réduits au statut d'Untermenschen». Cette sortie, doublée de considérations sur le caractère duplice et secret de l'éducation donnée aux enfants tutsis, puise aux pires clichés de l'analyse «ethniciste» du Rwanda. «Peut-on encore, s'interroge Péan, parler du génocide des Tutsis alors que, depuis 1990, le nombre de Hutus assassinés par les policiers et militaires obéissant aux ordres de Kagame est bien supérieur à celui des Tutsis tués par les miliciens et les militaires gouvernementaux ?»
L'historien Gérard Prunier, auteur de l'histoire la plus complète du génocide (2) et à l'origine de l'estimation de 800 000 à un million de morts tutsis et hutus modérés, nous expliquait récemment être en train de revoir nettement à la hausse le nombre de Hutus tués par le FPR. Sans arriver malgré tout à une telle assertion.
La défense et illustration de la France
Péan ne fait pas que défendre le rôle de la France avant et pendant le génocide, il le salue. Dans un prétoire, on appellerait cela une défense de rupture. Manifestement «briefé» par l'entourage de François Mitterrand, et alimenté par les archives de son fils Jean-Christophe, il entreprend une défense et réhabilitation d'un des épisodes les plus troubles et contestables de sa présidence. Il insiste longuement sur les pressions qu'aurait exercées Mitterrand sur Habyarimana, allant jusqu'à le dépouiller de ses pouvoirs à partir d'avril 1992. En revanche, il ne s'étend pas sur la coopération militaire entre Paris et Kigali, sans nier les affrontements directs entre soldats français et rebelles tutsis. Péan omet ainsi que des soldats français ont été amenés à opérer un tri ethnique à des barrages. Et que toute la formation de la gendarmerie rwandaise a joué un rôle moteur dans le génocide, comme les livraisons d'armes aux ex-Forces armées rwandaises (FAR) alors que l'embargo était en vigueur.
Les seuls dignes de blâme, aux yeux de Péan, sont l'ONU et l'administration Clinton, ainsi que la Belgique, où le lobby pro-Kagame aurait sévi sans retenue. Selon lui, si seule la France a été clouée au pilori, c'est pour la simple raison qu'elle n'a pas présenté d'excuses au Rwanda, contrairement à l'ONU, aux Etats-Unis et la Belgique ! Péan y voit un complot «des stratèges de l'Empire [américain, ndlr] pour lesquels l'affaiblissement de la France en Afrique reste un objectif prioritaire...».
Le «complot médiatique»
Pour Pierre Péan, la victoire du FPR n'aurait pas été possible sans l'aide d'un puissant lobby d'activistes, d'humanitaires, d'universitaires et de journalistes «droits-de-l'hommistes» qui auraient constitué l'arme la plus efficace de Kagame. Dans son dernier tiers, Noires fureurs, blancs menteurs se transforme en brûlot aux relents nauséabonds. Des listes sont dressées, des personnalités définies par leur origine ethnique, le choix de leurs compagnes (tutsies évidemment), leurs engagements politiques («militant sioniste») ou personnel (franc-maçon, protestant, etc.). Péan y voit toute une génération de «messieurs Bons sentiments», d'«idiots utiles» qui auraient fait gober leur «désinformation» et leur «imposture humanitaire» à la terre entière, à commencer par l'ONU, qui a instauré le Tribunal pénal international pour le Rwanda (TPIR). Comme si les tenants d'une autre vision de l'histoire, tel l'historien belge Philippe Reyntjens ou le Français Bernard Lugan, avaient été interdits de publier...
(1) «Rwanda, l'histoire secrète», lieutenant Abdul Joshua Ruzibiza, éditions Panama, novembre 2005.
(2) «Rwanda : 1959-1996», éd. Dagorno, 1997.
Alors, je précises tout de suite que je n'ai pas lu le livre, mais j'ai par contre entendu Péan sur France Inter ce soir. Et je dois dire que je suis resté confondu devant tant de cynisme de sa part.
Son seul objectif, manifestement, est de dedouaner la france des evenements Rwandais. Celle ci aurait tout tenté pour eviter les massacres, attisés par le grand Satan Americain. Il y aurait eu une campagne de presse d'un lobby (!?!) pour salir le gouvernement Francais, et particulierement F Mitterand.
Revisionniste, c'est le seul mot qui m'est venus à l'esprit à l'ecoute de l'emission.