« Les nouveaux chiens de garde »
de Serge Halimi
nouvelle édition /le Seuil actualisée et augmentée novembre 2005
145 pages/6 €
Révérence, connivence au service de la pensée unique.
Edouard Daladier ne mâchait pas ses mots :
« Deux cents familles sont maîtresses de l’économie française et en fait de la politique française »
Ce jugement lucide prononcé en 1934 est encore d’actualité en ce début du 3 ème millénaire…
200 familles en 1934, combien aujourd’hui ! ?
Moins, beaucoup moins, une vingtaine à peine de familles détient tous les leviers…
Certaines familles sont des nouveaux venus, d’autres comme les Rothschild perdurent et prospèrent.
Les mesures prises à la Libération contre la concentration du pouvoir médiatique et pour une certaine indépendance de la presse sont oubliées, enterrées mêmes !
Aujourd’hui « les nouveaux chiens de garde » ne cherchent même plus à masquer les liens de subordination qui les attachent aux milieux financiers :
ils sont les serviteurs zélés de leurs maîtres, les chiens de garde du système.
Mais parfois et c’est tant mieux : les rouages ne fonctionnent pas…
Certains n’ont d’ailleurs pas encore digéré l’épisode du référendum constitutionnel.
Rappelons nous ! :
D u nouvel observateur au Figaro , presque tous les hebdomadaires et quotidiens ont mené une campagne à « tambour battant » pour un OUI « franc » et massif au projet de constitution européen…
Mais voilà : les citoyens et les citoyennes n’ont pas marché dans la combine.
Ils ont dit : NON, affirmant par là -même le refus de devenir les victimes consentantes du libéralisme, aux mérites tant vantés par celles et ceux qui, à gauche et à droite détiennent le pouvoir économique et politique.
Cette nouvelle édition actualisée et augmentée que nous propose Serge Halimi constitue une analyse percutante et sombre mais combien réaliste de l’univers médiatique.
Tous pourris ! ? peut-être pas mais ceux et celles qui l’ouvrent finissent par se taire ou ne disposent que d’un haut parleur peu puissant et peu efficace.
Le bétonneur de TF1, Francis Bouygues avant d’être encensé lors de son décès par le tout Paris mondain et politique de droite et de gauche a jeté le masque : «Nous sommes privés. Nous sommes évidemment une chaîne commerciale.
Il y a des choses que nous ne souhaitons pas faire, par exemple :
du culturel, du politique, des émissions éducatives » !
Cette déclaration n’est pas étonnante dans la bouche d’un grand « entrepreneur », ce qui est le plus surprenant c’est l’évolution du monde journalistique :
« En ne rencontrant que des « décideurs » en se dévoyant dans une société de cour et d’argent, en se transformant en machine à propagande de la pensée de marché, le journalisme s’est enfermé dans une classe et dans une caste »
« Il a perdu des lecteurs et son crédit » ! Tant pis pour lui et à nous de reconstruire du neuf !
Jean-François CHALOT